Chapitre 5 : La Gazette des Weasley
Hey Hey Hey ! Nouveau chapitre, une fois encore avec peu d'ajout - juste quelques modifications. Bonne lecture !
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Chapitre 5 : La Gazette des Weasley.
Le sourire de Lucy ne quittait pas ses lèvres. Ça faisait deux semaines que Montague avait repris l'entrainement, et les trois séances avaient été presque parfaites. Ils avaient fait la première avec les batteurs sur le banc, afin de ne pas angoisser Montague pour son retour. Lucy avait failli pleurer de joie quand il lui avait fait une première passe. Certes, il avait fallu mettre la mécanique en route, et trouvé de nouvelles combinaisons avec Eléonore, mais tout cela c'était mis en place naturellement, et Lucy avait rapidement retrouvé ses réflexes naturels. Encore un peu d'entrainement, et peut-être qu'elle ne regretterait plus amèrement le départ de Daphnéa. Quand Lucy avait réintroduit les cognards, Montague avait voulu faire la séance sur le banc (histoire de voir comment se débrouillaient les deux batteurs, disait-il). Mais au bout de dix minutes, les filles allèrent à sa rencontre, arguant que de toute manière, il ne pourrait pas empêcher lors d'un match les batteurs adverses de lui envoyer des cognards, qu'il fallait qu'il s'habitue à leur présence au plus vite. Cette séance fut laborieuse, mais à la fin, Montague arrivait à se concentrer sur le jeu sans faire attention aux balles folles et noires que semblaient maitriser les batteurs. Lucy était confiante : il serait prêt pour le premier match, Serpentard-Serdaigle (Gryffondor et Poufsouffle ouvraient le bal).
Ce problème étant réglé, l'énigme de l'inondation des dortoirs de Serpentard battait son plein. Les Mousquetaires avaient été officiellement mis hors de cause par Greengrass (au grand damne de Pucey et de Wallace), mais aucune piste ne les avait remplacés. Rien, absolument rien, ne pouvait expliquer comment les fenêtres des premières années avaient ainsi céder sous la pression du Lac Noir.
-Une dispute de première année, peut-être qu'un sort aura ricoché, proposa Rose alors qu'ils travaillaient, Scorpius, Albus, Lucy et elle, à la bibliothèque. Ça aurait pu briser une fenêtre.
Ils avaient pris soin se mettre loin des yeux de Mrs Pince. Elle en voulait toujours de manière maladive à Lucy pour la séquence dernière. La jeune fille lança un regard dubitatif à sa cousine.
-On les a interrogés plusieurs fois, avec Luke. Et crois-moi, quand Luke mène un interrogatoire, tu préfères t'enfuir en courant. Rien à faire. Ils jouaient à la bataille explosive quand les fissures sont apparues.
-Comme ça, comme par magie ? s'étonna Albus.
-C'est vraiment impensable que ce soit simplement dû à la pression du Lac ? enchérit pour la dixième fois Scorpius.
-Les fenêtres sont faites pour tenir cette pression, et un sortilège est régulièrement réitéré. Les fenêtres ne sont pas en cause.
-Mais alors quoi ? s'agaça Scorpius en levant les yeux au ciel. Le calamar Géant ?
-Ce n'est pas idiot, ça.
-Je plaisante, Rosie.
Rose leva les yeux au ciel, et replongea le nez dans le devoir d'Arithmancie qu'elle était en train de terminer. Lucy n'avait pas eu d'autres choix que de venir s'introduire dans le groupe de quatrième année dans une bibliothèque rendue bondée par la pluie qui battait le parc. Seule Hope manquait au groupe. « Elle est avec un garçon », avait avoué Rose avec un sourire malicieux.
-Il n'y ... a aucun risque que le même incident arrive dans les chambres des filles ? demanda Albus avec inquiétude.
-Tous les sortilèges ont été refaits, même dans nos chambres. Il faudrait un miracle pour que nos fenêtres cèdent.
Scorpius et Albus échangèrent un regard inquiet et Rose pinça des lèvres. La nouvelle avait affolé toute l'école et Lucy savait que certains garçons avaient préféré dormir dans les canapés plutôt que de retourner dans leur dortoir. Mais avant qu'elle ne puisse les rassurer, une pile de livre s'abattit devant elle, faisant sursauter toute la table. Lucy leva les yeux sur Jina, qui les fixait tout trois avec hauteur, ses magnifiques cheveux noirs ramener en une épaisse tresse sur son épaule.
-Si tu veux parler avec des adultes, Luce, Norie et moi on est plus loin ...
-Des adultes ? répéta Rose avec humeur. Ce qui fait de nous les bébés ?
-On parlait juste de l'inondation des dortoirs à Serpentard, intervint Lucy avant que Jina ne puisse répondre.
Le regard de Jina s'adoucit immédiatement et elle se laissa tomber sur la dernière chaise de libre pour écouter Lucy résumer les maigres avancées de l'enquête. Elle finit par pousser un soupir à fendre l'âme :
-Il fut un temps où Poudlard était un endroit calme rempli de ragot joyeux. Pas de tentatives d'assassinat...
-Stephen Bennett sort depuis le début d'année avec Mary Arlett, commença Rose en jouant avec sa plume. Louis semble filer le parfait amour avec Catherine, Max Yaxley s'est retrouvé en retenue après avoir tagué le département de sortilège ...
-Dommage, le tag était beau, évalua Scorpius.
-... et on raconte que les enfants de Victoria Bennett sont à Poudlard ...
-La Gardienne ? s'étonna Lucy, intéressée. Sérieux ?
Rose eut un haussement d'épaule et contempla ses ongles vernis de mauve. Elle avait également glissé une barrette dans ses cheveux, dans une marque inhabituelle de coquetterie.
-Il paraît. Hope les connait, elle m'a montré la fille, elle est assez gentille. Ah, et pour finir ma Gazette, l'ensemble de Poudlard se demande pourquoi Jina Kane n'est pas encore avec James Potter.
Rose eut alors un adorable sourire. Les joues de Jina s'empourprèrent et Lucy pouffa derrière son livre de numérologie.
-Mais enfin, qu'est-ce que vous avez tous à vouloir me mettre avec ce crétin ? Sérieusement, vivez vos propres histoires plutôt que d'en vivre une imaginaire par procuration !
-Mais c'est tellement plus drôle et moins douloureux, commenta Rose avec un adorable sourire. Mais je t'écoute, si tu ne veux pas de Jim, des vues sur quelqu'un ?
Jina fit mine de réfléchir, le menton appuyé sur sa main.
-Bennett est carrément sexy.
-Mais il est avec Mary Arlett, fit remarquer Rose en écarquillant les yeux.
-De toute façon, ne rêve pas, intervint tranquillement Lucy. Tu finiras avec James, foi de Weasley.
Un petit silence s'abattit sur la table, et Lucy releva prudemment les yeux du parchemin sur lequel elle était penchée, et sut en remarquant les quatre paires d'yeux braqués sur elle qu'elle aurait dû restée penchée sur ce stupide parchemin. Un sourire narquois s'étira sur les lèvres de Jina. Sa vengeance promettait d'être terrible ... Ses yeux étincelaient.
-Et toi, petite pucette ? susurra-t-elle. Côté cœur, il n'y a pas eu grand-chose depuis Lionel Boot l'année dernière ...
-Pourquoi vous vous êtes quittés, déjà ? renchérit Albus avec un sourire amusé. Vous êtes resté un bout de temps ensemble ...
-Six mois, maugréa Lucy en les fusillant du regard. Et on s'est quitté comme ça, la lassitude. Trop longtemps qu'on était ensemble, je suppose.
-Et maintenant ?
Jina et Rose étaient tous deux penchées vers elle, un identique air de curiosité sur le visage. Si la question n'avait pas été si gênante, Lucy se serait moquée de leurs airs de commères finies. Rose lui lança un regard compatissant, discrètement cachée derrière son livre de numérologie pour échapper à un interrogatoire.
-Rien du tout, répliqua fermement la Serpentard. Vive le célibat.
-Aucune fille digne de ce nom ne dirait ça, chantonna Albus avec un sourire espiègle.
-Qu'est-ce que t'en sais ? Tu es une fille ?
-Ah ah ! s'esclaffa Jina. Je le savais, petit-Potter !
Albus rougit furieusement pendant que Scorpius s'étranglait de rire, à moitié caché dans ses mains.
-Rôh, tais-toi, crétin ! Tu veux qu'on s'occupe de ton cas ?
-Non, répondit précipitamment Scorpius en cessant net de rire. Bon Lucy, alors ? Qui ?
-Luke ? proposa Rose avec un petit sourire. Vous êtes toujours ensemble depuis la première année ...
-Ah non ! protesta vivement Jina. Je mets mon véto !
-Tu as raison, et puis, avec ça, Papy Weasley ferait une crise cardiaque. Mais je ne vois pas qui d'autre ...
-Et pourquoi pas Adam ? Ça commence toujours avec une dispute, tu le sais bien !
-Alors pourquoi tu n'es pas encore avec Jim ?
Jina donna une pichenette sur la tempe d'une Rose hilare.
-Sinon, je peux dire mon avis ?
-Non ! répliquèrent-ils tous trois.
La jeune fille eut un sourire désabusé, alors que leurs débats repartaient encore et toujours sur le couple James-Jina. Louis et Roxanne tentaient depuis des années de les mettre ensemble, mais les deux y avaient toujours été fermement opposé. James et Jina, c'était une évidence depuis qu'elle était entrée en première année.
La table finit par chasser Jina quand elle interrogea Albus avec trop d'insistance et la cloche finit par sonner. Lucy se dépêcha d'aller en Soin aux Créatures magiques. Ses parents et sa sœur avaient tous milité pour qu'elle ne prenne pas cette option en troisième année, mais Lucy avait tenu bon, y trouvant même un certain plaisir à les contrarier. Le pire dans tout ça, c'était que cette matière était devenue son bol d'air. Ce qui avait d'abord été une provocation c'était révélé être salvateur pour elle : elle avait fini par apprécier cette matière et celui qui la dispensait, à savoir, le garde-chasse, Hagrid. Lucy courut dans le parc, et descendit rapidement jusqu'à la hutte du demi-géant où étaient amassés les Serpentard et les Gryffondors qui assistaient au cours. Hagrid lui fit un grand sourire en la voyant arrivée, à bout de souffle.
-Pas trop tôt, Lucy ! Je suppose que l'exception sera quand tu arriveras à l'heure !
-Désolée, s'excusa la jeune fille avec un sourire sincère.
Elle se glissa à coté de Luke, qui lui lança un regard de biais, un sourire amusé aux lèvres. Hagrid rassembla les élèves, et les mena vers la bordure de la forêt interdite.
-Alors, tu étais passée où ? s'enquit Luke alors qu'ils se mettaient en marche.
-Bibliothèque. Interrogatoire forcé de Jina. Et toi, tu ne t'es pas trop ennuyé, sans moi ?
-Oh si, tellement que j'ai profité de cette heure sans toi pour te concocter un filtre d'amour pour que tu me quittes plus, plaisanta joyeusement le préfet avec un sourire cynique.
Lucy savait qu'il se moquait d'elle, pourtant, après la conversation qu'elle venait d'avoir avec Jina, elle ne put s'empêcher de rougir. Luke le remarqua, et éclata de rire.
-Ne te bile pas, Weasley !
-Aucun risque, grommela la jeune fille.
Sans attendre qu'il renchérisse, elle rejoignit le groupe d'élève qui s'était formé à la lisière. D'immenses branches d'arbre jonchaient le sol derrière le garde-chasse. Les yeux noirs et chaleureux d'Hagrid pétillèrent derrière ses mèches hirsutes parcourues de veines blanches.
-Bien, bonjour à tous. Aujourd'hui, nous allons observer des petits animaux d'un ennui monstre, mais dont vous aurez sans doute besoin pour les BUSE ...
-S'il me sort les Véracrasses, je te jure que je file à la Weasley, souffla quelqu'un proche de Lucy.
-Des animaux qui se trouvent ... sur cette branche.
La branche en question était une immense branche d'arbre encore parcourue de ramures aux feuilles fanées par l'automne. Les élèves échangèrent des regards perplexes, mais Lucy eut un sourire entendu.
-Des Botrucs.
-Exact Lucy ! exulta Hagrid avec fierté. Dix points pour Serpentard. Comme je vous le disais, les Botrucs ne sont pas les créatures les plus fascinantes à étudier – si vous aviez vu mes Scrouts ! Ça, c'étaient des créatures ...
La classe échangea un regard alarmé. Les septièmes années leur avaient parlé des Scrout à Pétard – qui avait causé assez de dégât pour que McGonagall interdise à Hagrid d'en reproduire – et en aucun cas ils accepteraient d'être mis devant eux. Hagrid leur parla des Botrucs encore quelques minutes avant de leur ordonner de se mettre en binôme pour faire un croquis des petites créatures. Luke faucha immédiatement Lucy par le coude et elle poussa un profond soupir.
-Non mais sérieux, qu'est-ce qui se passera le jour où je voudrais me mettre avec quelqu'un d'autre ?
-Tu ne te mettras pas avec quelqu'un d'autre. Tu ne vaux rien sans ma présence, Weasley. Ou peut-être que tu veux qu'on demande à Scampers ?
Lucy s'empourpra et jeta un petit regard à Adam. Il s'était mis avec Daniel Chambers, son camarade de Gryffondor et ils s'étaient déjà penchés sur les branches avec un intérêt modéré.
-Mais c'est que tu mattes, Weasley, remarqua Luke d'un ton suggestif.
-Mais non ! Oh n'importe quoi ... Viens par-là, on va travailler.
Elle l'entraina à l'opposé de l'endroit où se trouvait Adam Scampers, sous les éclats de rire de Luke. Ils s'agenouillèrent devant les branchages et tentèrent de trouver les Botrucs qui y étaient dissimulés. Lucy avait déjà réalisé la moitié d'un croquis quand une voix tonna dans son dos :
-Salut Hagrid ! Je peux parler à Lucy deux minutes ?
-Merlin qu'est-ce qu'elle fait là ? ragea Luke en se retournant.
Roxanne venait de faire son entrée dans leur cours de sa démarche sautillante et enthousiaste qui fit soupirer Lucy. Hagrid, absolument pas regardant – et incapable de refuser quoique soit à Roxanne – lui indiqua sa cousine d'un geste de la main et Roxanne se précipita vers Lucy avec un grand sourire.
-Comment va ma cousine préférée ?
-Who. Depuis quand je suis ta cousine préférée ?
-Depuis que tu m'as couverte l'année dernière quand Sullivan a failli me retrouver en train de piller les cuisines. D'ailleurs, qu'est-ce que tu faisais dans les couloirs à cette heure ? Tu ne m'as jamais raconté !
Lucy baissa le nez sur les branches pour ne pas rougir. En réalité, ce soir-là, elle avait eu rendez-vous avec son petit ami de l'époque, Lionel Boot, mais elle avait préféré passer cela sous silence pour éviter les moqueries de sa cousine. Luke lui jeta un regard de biais et elle tordit ses lèvres pour effacer son sourire.
-Et aussi parce que j'ai besoin de ton insigne de préfète-parfaite, ajouta Roxanne en s'agenouillant entre les branches.
Ce faisant, elle donna un coup de pied dans les brindilles et Lucy lui jeta un regard noir.
-Arrête d'abîmer cet arbre, les Botrucs deviennent méchants quand on s'attaque à leur habitat naturel.
-On s'en fout. Zabini sait tenir sa langue ? Bien. Tu sais, les séances traditionnelles Weasley qu'on faisait à la rentrée ?
-Les bilans de rentrée ? On en a plus fait depuis le départ de Fred ...
Un sentiment de nostalgie pinça le cœur de la jeune fille. Victoire et Fred partis coup sur coup, ça avait été une partie de l'âme des Weasley qui s'étaient envolé de Poudlard, et Dominique, la nouvelle doyenne, n'avait pas réellement pris le relai. Si bien que cela faisait deux ans qu'il n'y avait pas eu de traditionnelle réunion post-rentrée pour le Clan Weasley.
-Exact. Mais finalement, Dom a décidé de reprendre son rôle de Doyenne, alors ... Débriefe post-rentrée ce soir !
-Ce soir, répéta Lucy en écarquillant les yeux. Une réunion post-rentrée en octobre ? Dom est sérieuse ?
-Oh, Lulu, ne soit pas si dubitative ! soupira Roxanne en arrachant machinalement une autre feuille.
-L'arbre, Rox.
-Ça fait deux ans qu'on râle parce Dom ne prend pas son rôle au sérieux. Maintenant qu'elle le prend, on ne va pas se plaindre, non ? Je veux dire, il s'est passé plein de truc depuis la rentrée – toi qui deviens Capitaine, Louis qui sort avec Catherine ... On a de quoi faire un sacrée débriefe !
-Rox ... Quand tu dis ce soir, c'est après le couvre-feu ?
L'air délicieusement coupable de Roxanne donnait sa réponse à Lucy. Et le sourire sadique que ses lèvres esquissaient n'était pas de meilleurs augures.
-En réalité ... Si. D'où l'utilité de l'insigne ...
-Mais c'est une blague ? intervint Luke, visiblement exaspéré.
-Zabini, va voir ailleurs si j'y suis, rétorqua Roxanne.
Et ce fut exactement ce que Luke fit, plutôt que d'être mêlé de près ou de loin à une réunion illégale. Résignée, Lucy soupira profondément en rejetant sa tête en arrière avec lassitude. Les sous-entendus étaient plus qu'explicites.
-Je savais que ça allait finir comme ça ...
-Allez, Luce, dit oui ! Tu sais que si on a dû arrêter, c'est parce la dernière fois qu'on a fait une réunions Weasley, on s'est fait choper par Sullivan ...
-Ça, c'était parce que James et Louis avaient trouvés très drôle de lui donner une fausse baguette magique ...
-Un détail, éluda Roxanne en haussant les épaules. Bref, du coup on a préféré éviter, mais ça fait trop longtemps, s'il te plait, Lulu, dis oui ! On a besoin d'une garantie, d'une couverture ... Je t'en prie ?
Lucy contempla un petit moment sa cousine, qui avait joins ses mains au niveau de son cœur en une prière, les yeux presque larmoyants. Sa bouche se tordit. Elle mentirait en disant que les petites réunions Weasley ne lui avaient pas manqué. Pour autant, maintenant qu'elle avait l'insigne de préfète sur la poitrine et que tout Serpentard avait les yeux rivés sur ces moindres faits et gestes, elle se répugnait à enfreindre le règlement. Ses natures de fille Weasley et de préfète de Serpentard s'affrontèrent un instant, et finalement, la famille prit le dessus sur la Maison, et elle céda.
-D'accord. Je m'arrangerais pour les rondes avec Lysander. Je ferais en sorte d'être de garde ce soir.
-Lulu, je t'aime ! jubila Roxanne en sautant au cou de sa cousine pour plaquer un baiser sur sa joue. Tu es la meilleure ! Ma cousine préférée !
Dans son élan, elle donna un grand coup aux branchages, et Lucy lui attrapa nerveusement le bras.
-Tu vas finir avec un Botruc qui te suce le sang ! la prévint-t-elle, un sourire lui échappant.
-Ces trucs minuscules ? Ça suce le sang ?
-Non, mais ça peut être sacrément hargneux. Pire que des lutins de Cornouailles.
Elles échangèrent un sourire complice. Elle ne comptait plus le nombre de fois où Oncle Ron leur avait raconté l'épisode calamiteux des lutins de Cornouailles lors de sa deuxième année d'étude. Les yeux de Roxanne brillèrent, et elle frappa joyeusement des mains.
-Bien, la question étant réglée, je t'autorise à retourner à ton croquis de Botruc !
-M'autorise, ricana Lucy en déplia son parchemin. Redonne un coup pour que j'en repère un ... Non, ne le fais pas, je plaisantais ! ajouta-t-elle précipitamment en voyant Roxanne lever une main pour le faire. Tu veux vraiment te vider de ton sang ?
-Ce ne sont pas des vampires non plus, Lulu, rit Roxanne en froissant une feuille morte.
Sa cousine soupira et repéra une petite créature timide sous une branche. Un sourire attendri effleura ses lèvres, et elle s'allongea sur l'herbe afin d'observer la petite chose timide qui recula sous sa branche pour se dissimuler.
-Coucou petit truc. Tu ne veux pas me faire un sourire pendant que je te dessine ?
Le Botruc ne voulait visiblement pas, parce qu'il s'esquivait encore au regard de Lucy. Fort heureusement, celle-ci avait la main rapide et avant déjà réussi à esquisser quelques traits sur son parchemin.
-Tu dessines vraiment trop bien, soupira Roxanne en observant l'esquisse de sa cousine. Tu ne veux pas faire ma carte du ciel ?
-Rox ? Tu squattes mon cours, là.
-Pardon, pardon ... A ce soir, Luce !
Roxanne repartit tout aussi joyeusement, non sans avoir échangé quelques mots avec Hagrid. Lucy la regarda partir et croisa en même temps le regard désapprobateur de Luke. Elle le comprit avec embarras : elle outrepassait largement ses droits et abusait de son pouvoir. Mais c'était pour la bonne cause, non ? C'était pour la famille ...
Encore fallait-il convaincre Lysander.
***
-Lys, s'il te plait !
Lysander Dragonneau leva les yeux au ciel. C'était le soir même, dans le Hall. Lucy avait réussi à coincer le préfet-en-chef qui allait manger avec Dominique et Lorcan, son jumeau. Sa cousine lui avait facilité la tâche en tirant Lorcan, son petit-ami, de force dans la Grande Salle. Lysander lui lança un regard suspicieux.
-Pourquoi tu veux avoir ta ronde ce soir ? Pour être avec Louis ?
Les yeux d'un bleu indéfinissable de Lysander la scrutaient, sans artifice ni a priori. C'était l'une des qualités qu'elle appréciait le plus chez le préfet-en-chef. Son authenticité, sa franchise. Il n'y avait pas plus intègre que Lysander Dragonneau, et c'était bien pour ça qu'elle se répugnait tant à lui mentir. Avec sa longue silhouette élancée et sa tignasse de cheveux blonds qui lui arrivait presque aux épaules et dans laquelle il avait négligemment glissé ses lunettes de vue, il ressemblait parfois trop à un hibou ahuri.
-J'ai séance de Quidditch demain (chose vraie : elle avait échangé sa séance avec James justement pour avoir une excuse valable). Je veux prendre tout mon temps pour l'entrainement, et si je suis bloquée par la ronde que je dois faire ...
-Lucy, le premier match c'est Serdaigle-Serpentard. Tu crois vraiment que je vais te faciliter la tâche en te donnant les rondes qui t'arrangent ?
-Mais Lys, tu t'en fiches du Quidditch d'habitude ! s'écria Lucy, incrédule.
-Pas Lorcan.
Lucy grimaça. Lorcan était le commentateur des matchs de Quidditch, et si Lysander était relativement indifférent au sport, Lorcan compensait largement pour la paire. Et Lucy pouvait faire tous les efforts qu'elle voulait, elle n'aurait jamais plus d'influence sur Lysander que Lorcan. Elle prépara alors ses grands yeux, mais le préfet de Serdaigle éclata de rire.
-Lucy, je te connais depuis que tu es gamine, tu es ma petite-cousine, je connais toutes tes combines, ça ne marche plus !
-Cousine éloignés, protesta Lucy en croisant les bras sur sa poitrine.
Lysander la gratifia d'un sourire complice. Ils descendaient tout deux du célèbre Norbert Dragonneau, l'auteur de Vies et habitats Animaux Fantastiques, les jumeaux par leur père, et Lucy par sa mère, Audrey. Et malgré le fait que leur parenté remontait à un sacré bout dans l'arbre généalogique, leurs parents respectifs s'étaient évertués à garder intacte les liens familiaux. Ça n'avait pas été facile. Percy Weasley se répugnait grandement à se trouver encore dans la même pièce que la mère des jumeaux, Luna Lovegood, et Molly et Lorcan avaient passé leur temps à se disputer pour des raisons futiles. Mais ça n'avait pas empêché Lucy de passer d'excellent été avec ses cousins lointains – même si elle devait avouer que si elle entendait encore une fois parler de Ronflaks Cornus, elle cassait sa baguette et allait vivre avec les moldus. Mais au final, elle avait presque passé plus de temps avec Lysander étant petite qu'avec certains de ses cousins Weasley.
-Cousine quand même, Lucette, répliqua Lysander en utilisant leur surnom d'enfant. Et à ce titre, je te connais très bien. Et tu fais ton tic des mauvais coups ...
-Quel tic ? s'étonna Lucy. Je n'ai aucun tic !
-Si si. Quand tu mens, tu croises toujours machinalement les doigts.
Lucy écarquilla les yeux, et son regard tomba sur ses mains. Elle avait croisé les bras sur sa poitrine, et effectivement, ses doigts étaient croisés. Elle desserra les bras, et lissa l'ourlet de sa jupe, les joues rougissantes.
-Et c'est que maintenant que tu me le dis ? ragea-t-elle. Depuis quand tu as remarqué ça, Lys ?
-Depuis que tu as neuf ans. Au début je pensais que tu faisais ça à cause des Joncheruines, mais ...
-Lys.
Lysander eut un sourire penaud, et enfonça ses mains dans ses poches de pantalon. Lucy secoua la tête, désespérée.
-Ne me jette pas dans le Lac Noir, plaisanta-t-il à pince-sans-rire. N'empêche qu'un jour, je prouverais leur existence. Je te le promets, Lucette.
-Moui. Bien ne compte pas sur moi pour t'aider.
Lucy savait que l'ambition de Lysander était de prendre la suite de ses parents, et même les surpasser en trouvant les preuves irréfutables que son grand-père Lovegood avait toujours eut raison sur les Joncheruines et les Ronflaks Cornus. Elle entendait ce discourt depuis l'enfance, et Lysander ne cessait de la supplier de l'aider, car selon lui elle avait l'esprit bien plus Dragonneau que Weasley. Elle n'était pas certaine de comprendre pourquoi, mais toujours était-il que son esprit très terre-à-terre (merci papa) l'empêchait de l'aider dans son entreprise.
-Sinon, Lys ... Tu me l'échanges, ma ronde ?
-D'accord, céda le préfet de Serdaigle après un temps de réflexion.
-Super ! Lys, je t'ado...
-Mais j'ai deux conditions.
Lucy se stoppa dans son élan. Elle s'apprêtait à sauter au cou de son cousin éloigné, mais sa dernière phrase l'avait figée en plein geste.
-Je t'adore moins, alors. Je t'écoute ?
-Tout d'abord, si Charlie vient pendant les vacances de noël, je veux vous passiez à la maison.
Oncle Charlie était un des (nombreux) frères du père de Lucy, et également le parrain de la jeune fille. Lucy l'avait toujours adoré, et avait passé son enfance à l'écouter raconter des histoires de dragons quand il revenait de Roumanie (où son père avait toujours refusé de l'emmener), et elle savait qu'il s'entendait bien avec le père des jumeaux (l'intérêt pour les créatures magiques les avait rapprochés, sans doute).
-Ça peut être possible, mais je ne suis pas sûre qu'il revienne pour ces vacances. Je te tiendrais au courant. La deuxième ?
-La vérité, exigea Lysander avec un sourire. Pourquoi tu veux ta garde ce soir ? Qu'est-ce que tu mijotes ?
Lucy soupira profondément. S'il y avait une personne sur terre à laquelle elle détestait mentir, c'était bien Lysander, et pour cause. Il finissait toujours par la fixer avec ce regard sincère et sans artifice, et la faisait littéralement fondre.
-Tiens ta langue, monsieur le préfet-en-chef, mais les Weasley se réunissent. Ne t'inquiète pas, on ne fera pas de bruit, et on sera sage. Je te donne ma parole.
Un sourire entendu s'étira sur les lèvres de Lysander. Il passa une main dans sa tignasse pour dégager ses yeux.
-Oui, je me doutais que c'était quelque chose du genre. Tu as de la chance que ce soit moi le préfet-en-chef, Lucette, je ne suis pas très protocolaire. Par contre, je déteste mentir, alors ...
-Ne t'inquiètes pas, tout se passera bien, je te le promets.
Lucy comprenait aisément ce que son cousin éloigné voulait dire. S'il se passait quoi que ce soit, et que McGonagall demandait des comptes à Lysander, il n'arriverait pas à faire autre chose que les dénoncer. Mais c'était tout ce que la jeune fille pouvait espérer obtenir de lui, et elle pensait pouvoir réussir à contenir ses autres cousins. Elle sourit de toutes ses dents, et s'autorisa cette fois à sauter au cou du préfet de Serdaigle.
-Tu es le meilleur cousin du monde, Lys !
-Moui, c'est d'ailleurs pour ça que tu ne fais que des soirées avec les Weasley ...
Quelqu'un de non-averti aurait pu croire que Lysander plaisantait. Mais non seulement Lucy commençait à le connaître par cœur, mais en plus, comme elle l'avait dit, Lysander ne savait se dissimuler : sa déception se sentait, et elle serra le cœur de la jeune fille. Elle s'écarta de lui, une moue triste aux lèvres.
-Molly vient à la prochaine sortie de Pré-au-Lard ... On pourrait peut-être se retrouver là-bas, non ? Une bierraubeurre aux Trois Balais entre descendants de Nobert Dragonneau ...
-Molly et Lorcan vont encore s'arracher les cheveux, ricana-t-il avec un petit sourire. Mais oui, ce n'est pas une mauvaise idée. Alors à plus tard, Lucette.
-A plus, Lysou.
Elle se mit sur la pointe des pieds pour l'embrasser sur la joue – Lysander était sacrément grand !
-Et soyez sage. Je suis préfet-en-chef, s'il se passe quelque chose, je prendrais tout ...
-Non, refusa Lucy avec sérieux. S'il se passe quelque chose, j'assumerais tout. C'est moi qui suis censée être de garde.
Lysander lui servit un sourire presque attendri. Ils s'avancèrent vers la Grande Salle ensemble.
-Avec autant de droiture, comment est-ce que tu t'es retrouvée à Serpentard ?
Lucy haussa les épaules, ignorant le coup de poing invisible qui venait de lui heurter l'estomac. Lysander avait cette capacité à poser les questions gênantes et dérangeantes, poussé par sa franchise innocente et sans artifice.
-Je suis vicieuse et ambitieuse, je suppose que ça doit suffire au Choixpeau. Et toi, qu'est-ce que tu fous à Serdaigle alors que tu n'es pas capable d'avoir le moindre comportement rationnel ?
-Touché ! admit Lysander avec un sourire. Bonne ... ronde, petite cousine.
-Bon appétit, petit cousin.
Lysander lui fit un clin d'œil avant de retourner à la table des Serdaigle. Lucy le regarda s'éloigner, et croisa le regard de sa cousine Dominique, assise avec Lorcan que son frère venait de rejoindre. Les yeux bleus de sa cousine lui dardèrent sur elle en une question silencieuse, et Lucy lui servit un sourire complice. Sa cousine se détendit, et lui rendit son sourire avant de retourner à sa conversation avec Lorcan. Lucy alla prévenir ses cousins à la table de Gryffondor de sa réussite, avant d'aller manger comme à son habitude avec Luke, Eléonore, et Montague. Le couple étant plongé dans une grande conversation, seul Luke remarqua son retard. Son regard sombre s'attarda sur elle, méfiant.
-Au fait, je suis de ronde, ce soir. Tu devrais faire le devoir de métamorphose sans moi.
-Tu déconnes ? J'avais besoin de toi, Weasley ! Ta ronde devait être demain !
-Entrainement, demain, répliqua Montague à la place de Lucy. Elle n'a pas le temps pour les rondes.
Lucy lança un regard reconnaissant à son poursuiveur, que celui-ci ignora volontiers. Mais pas volontairement. Le regard de Montague se voila momentanément, et ses yeux fixèrent le vide pendant quelque instant. Puis, sa tête parut plonger dans son assiette, et Eléonore le rattrapa à temps, paniquée.
-Marcus !
Luke et Lucy se levèrent d'un bon pour venir en aide à la septième année, mais Montague se redressa dans la seconde qui suivit, paillonnant des yeux, l'air étourdi. Il leva le regard sur sa petite amie, qui s'était levée pour le maintenir par les épaules. Il secoua la tête pour s'ébrouer et tapota la main d'Eléonore.
-Je vais bien, ne t'en fais pas.
-Marcus ...
-Tu ferais mieux d'aller à l'infirmerie, argua Luke, inquiet.
-Mais non, s'agaça Montague en se redressa parfaitement. Je vais bien, ça va passer. Ça passe toujours.
Il caressa encore la main de sa petite amie en lui jetant un regard rassurant, mais Eléonore pinça des lèvres, suspicieuse.
-Je préférerais quand même qu'on aille à l'infirmerie ...
-Et moi aussi, intervint Lucy en pointant sur lui une fourchette menaçante. Et ce pour des raisons purement égoïstes.
-Lucy, siffla Eléonore sur le ton de l'avertissement.
Les yeux de Montague se posèrent sur son capitaine, et celle-ci s'attendait à ce qu'il proteste, assurant qu'il allait bien, et qu'il serait capable de jouer le match qui se profilait. Mais une lueur de doute assombrissait le regard habituellement clair du poursuiveur, et Lucy comprit qu'il était le premier à s'inquiéter sur la question.
-Je vais peut-être faire un passage préventif, céda-t-il finalement, très dignement.
Le soulagement explosa dans les yeux d'Eléonore, mais aussi dans ceux de Lucy, qui ne put retenir un petit soupir de contentement. C'était la première fois qu'elle assistait à un vertige de Montague, ces dernières séquelles de la blessure de la saison passée, mais elle préférait être prudente. Ils décidèrent tout trois de l'accompagner au cas où il rechuterait en route, et ce malgré les protestations de Montague. Sauf qu'au moment de sortir de la Grande Salle, Lucy aperçut au loin son groupe de cousin qui complotait dans un coin du Hall. Tous lui lancèrent un regard entendu, et elle réprima le soupir qui lui montait de la poitrine. La réunion post-rentrée commençait déjà. Elle leur fit rapidement signe de partir sans elle, mais James s'élança à sa rencontre. Elle entendit le grondement sourd qui montait dans la gorge d'Eléonore, comme un chat courroucé, et vit rapidement le regard noir de Montague se poser sur le capitaine de Gryffondor. Aussi Lucy décida-t-elle de faire quelque pas vers son cousin pour éviter une confrontation directe.
-Pas la peine de me surveiller, j'arrive, grommela-t-elle une fois arrivée à sa hauteur.
-On ne comptait pas t'attendre, de toute façon. Toi, et ton retard légendaire, on est au parfum.
Lucy le fusilla du regard, et il la gratifia d'un sourire goguenard. Puis il regarda à droite gauche de façon furtive, et sortit quelque chose de sa poche pour le fourrer dans celle de sa cousine.
-Tiens, pour nous trouver. Tu sais comment t'en servir.
Lucy baissa les yeux sur ce que James venait de lui donner, et un sourire espiègle s'étira sur ses lèvres. Elle se hâta de le cacher dans son sac.
-Entendu. J'arrive tout de suite.
James lui fit un sourire complice, lui ébouriffa affectueusement les cheveux, et s'en fut retrouver les autres. Lucy se tordit les lèvres pour effacer son sourire de son visage, et retourna vers les Serpentard pour mener Montague à l'infirmerie. Hannah évalua d'un coup d'œil le problème dès qu'ils passèrent la porte de la pièce, et les autorisa à rester. D'après elle, ce ne serait pas long. Lucy fixa l'horloge de l'infirmerie avec angoisse. Une demi-heure d'attente pour qu'Hannah concocte la potion expresse pour dissiper les vertiges de Montague, et encore un quart d'heure pour qu'elle l'examine. Quand ils sortirent de l'infirmerie, ça faisait vingt minutes que le couvre-feu était passé.
-Allez, les abandonna Lucy alors qu'ils s'apprêtaient à descendre pour rejoindre la Salle Commune. Moi je file à ma ronde.
-Bonne chance Lucy, chantonna tranquillement Eléonore en embarquant Montague par la main.
Luke resta un instant devant les escaliers, fixant Lucy d'un air entendu. Celle-ci rongea son frein en regardant le couple disparaître, et finit par lâcher :
-Quoi ?
-Tu te souviens de la conversation dans la bibliothèque, Weasley ? Laisser des passe-droits à tes cousins, tu risques de t'attirer de graves ennuis.
-Je ne ...
-Oh, à d'autres ! ricana Luke en levant les yeux au ciel.
Les mains enfoncées dans les poches, les cheveux bruns suavement coiffés pour dégager son visage, et un petit sourire aux lèvres, il était l'incarnation de l'assurance.
-Je sais très bien que toi et tes cousins comptaient dépasser le couvre-feu. Je ne suis pas aveugle, je suis Serpentard et préfet, comme toi, je te rappelle. Oh, je ne t'en fais pas, je ne dirais rien, ajouta-t-il avec un autre sourire en avisant le regard d'avertissement de son amie. Mais j'espère simplement que tu sais ce que tu fais. Couvrir des cousins ...
-Je ne couvre rien du tout. Au contraire, je participe, et ...
-Dans ton cas, c'est du pareil au même. Si encore tu étais préfète de Gryffondor, je ne dis pas ... Mais tu es à Serpentard, Weasley. N'oublie jamais ça.
-Ça ne risque pas, assura Lucy avec un sourire froid. Ne t'en fais pas, s'il y a une chose que je ne suis pas près d'oublier, c'est celle-là. Je suis une Serpentard, mais je suis aussi une Weasley. Je ne peux pas renier ma nature.
-Je te l'accorde. Mais contrôle-la. Avec cet insigne sur la poitrine, ce n'est pas comme si tu étais n'importe qui. Alors fais attention à toi, Weasley.
Lucy scruta le visage de son amie, essaya d'y discerner de la réprobation, de la déception ou encore de la menace. Mais le visage de Luke, quoique résigné et fatigué, était fendu d'un sourire sincère. C'étaient des conseils gratuits, une inquiétude pour la réputation d'une amie. Lucy sentit une bouffée d'affection poussée pour son compagnon des premiers jours, et elle se mordilla la lèvre avant de se jeter dans ses bras. Luke ne réagit pas, sans doute prit de court. Lucy savait qu'il n'était pas très tactile – sa famille l'avait élevée de façon froide et austère, et elle savait qu'il n'avait jamais su comment réagir à ses élans d'affection. Pourtant, il daigna lui tapoter gentiment la tête avant de la repousser gentiment.
-Je t'ai déjà dit que tu étais le meilleur ami que je puisse avoir ? souffla Lucy avec un sourire mutin.
-Jamais, tu es trop fière pour dire ce genre de chose, rit Luke une fois remis de sa surprise. Mais merci, tu flattes mon égo.
-Zut alors.
Pourtant, la jeune fille sourit, embrassa son ami sur la joue, et partit rejoindre ses cousins. Elle jeta un regard derrière son épaule pour faire un signe de main à Luke, mais il était déjà redescendu dans la Salle Commune. Assurée d'être seule, elle sortit de sa poche ce que James lui avait donné dans le Hall. Un vieux morceau de parchemin vieillis et corné, mais qui était bien plus précieux que ne le pouvait le suggérer sa misérable apparence. Lucy le déplia tout en marchant, puis posa sa baguette en son centre.
-Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.
Aussitôt, des lignes se dessinèrent d'elle-même, et l'encre magique noircie le parchemin, révélant une carte fabriquée il y a des dizaines d'années. La Carte du Maraudeur. Lucy sourit dans le noir. Si James était d'une farouche possessivité en ce qui s'agissait des héritages familiaux, il avait appris au fil des années à faire confiance, et mettait parfois les objets Potter à disposition de ses cousins uniquement. Lucy ne lui avait jamais réclamé la carte, mais elle connaissait son existence et savait comme faire. C'était sa première utilisation, et un frisson d'excitation la parcourue.
-Alors ..., murmura-t-elle à la carte. Dis-moi où se cachent mes cousins ...
Après avoir examiné la carte sous toutes ses coutures, elle les trouva finalement dans une salle du deuxième étage, et se dépêcha de s'y rendre, prenant soin de ranger précieusement la carte après avoir dit « méfait accompli ». Elle identifia la Salle, mais aussi les éclats de rire des Weasley à l'intérieur. Avec un sourire espiègle, elle ouvrit la porte ... et se prit un jet d'eau en pleine figure.
-Hey ! protesta-t-elle en sortant sa baguette d'un geste vif.
Elle cria un « protego ! », et le jet cessa, mais le mal était fait : elle était trempée. Puis un déclic se dit entendre, et son sang ne fit qu'un tour.
-Lily Luna Potter !
-Désolée, pouffa la benjamine, pas l'air désolée pour autant.
Son éternel appareil photo entre les mains, elle se tenait droit devant Lucy, un sourire éclatant aux lèvres. Celle-ci jeta un regard noir à l'ensemble de la pièce, qui s'était mise à pouffer de rire.
-Vous accueillez bien mal celle qui se sacrifiera pour sauver vos fesses, persiffla-t-elle en repoussant une mèche de cheveux roux trempée qui lui tombait dans les yeux.
-Pour te punir d'être en retard, chantonna Louis avec flegme.
-De la faute de Montague. Je devais l'emmener à l'infirmerie.
-Ça veut dire qu'il est incertain pour le prochain match ? se réjouit Roxanne en se redressant du bureau sur lequel elle était allongée.
-Non !
Roxanne eut une moue déçue. La nouvelle du retour de Montague ne l'avait pas réjouie outre mesure, car elle avait peur de se revivre un match comme en troisième année, où l'attaque de Serpentard n'avait fait qu'une bouchée d'elle. Lucy embrassa la pièce du regard. Roxanne était assise du le bureau, ses cheveux tressés tombant négligemment dans son dos. Albus et Rose étaient prostrée en tailleur sur la même table, un sourire désolé aux lèvres, et Hugo à leur pied, l'air d'attendre patiemment. James et Louis, qui semblaient être les deux qui l'avaient arrosé (fort étonnant ...), étaient écroulés l'un sur l'autre, pliés en deux par l'hilarité, et Lily se tenait toujours triomphalement devant elle. De l'autre côté de la pièce, Dominique attendait dignement, les jambes élégamment croisées, un sourire amusé sur ses lèvres.
-On est désolés, Lucy, s'excusa la Doyenne au nom du groupe. Maintenant installe-toi, qu'on puisse commencer ... Gazette des enfants Weasley, dixième édition !
-Et Potter, rectifia Lily serrant son appareil photo contre sa poitrine.
-Et Potter, soupira Dominique en lançant un regard noir à l'appareil. Bon alors, en première page de la Gazette nous avons ... le premier match de Quidditch de la saison ! Jim, tu le sens comment ?
James reporta entièrement son attention sur cette dernière, et grogna quelque chose d'incompréhensible, la joue écrasée contre son poing.
-J'ignorais que tu parlais le Troll, tacla joyeusement Roxanne. Un talent de plus, James Potter ! Sinon, oui Dominique, ne t'inquiète pas, on écrasera Poufsouffle !
-Tu commentes toujours le match avec Lorcan ? s'enquit Rosie.
Dominique eut un sourire éclatant. Depuis trois ans qu'elle sortait avec Lorcan Dragonneau, ils avaient pris l'habitude de commenter ensemble les matchs de Quidditch, ce qui donnait parfois un résultat ... surprenant. C'était par ce biais que Dominique avait réussi à prendre confiance en elle après des années à se dévaloriser par rapport à ses frères et sœurs. Rousses quand ils étaient blonds, un peu ronde quand ils étaient fins, elle avait toujours complexé avant de trouver sa voix dans les tribunes du stade.
-Et à Serpentard ? fit Albus en donna un coup de coude à sa cousine. On est prêt pour affronter Jina ?
-Jina c'est le problème de Will, rétorqua Lucy en haussant les épaules. C'est lui l'attrapeur. Et tu ferais bien de venir un peu, toi, qu'on te forme pour l'année prochaine !
Albus soupira et se recroquevilla sur lui-même.
-Lucy, je ne pense pas que je me présenterais.
-Très bien ! Hé, les cousins ! (Elle agita largement le bras avec un grand sourire). Objectif de l'année : convaincre Al de se présenter !
-Tu ne penses pas qu'on va aider Serpentard, Luce ? rit Roxanne pendant qu'Albus enfouissait sa tête entre ses mains.
-Non, mais on va aider Albus !
Finalement, après cela, la soirée ne se passa pas trop mal. James retrouva sa bonhomie habituelle, et passa sa soirée à faire des blagues pour détendre l'atmosphère avec Louis, Roxanne ponctua les discussions de petite piques judicieuses et juteuses, Rose apporta son piquant, Albus sa sérénité. Lily tenta de prendre des photos en douce, et Hugo arriva à se détendre. Ils eurent le droit à une course poursuite dans le couloir entre Louis, James et Roxanne après que celle-ci avait arrosé Louis. Les trois Mousquetaires s'étaient écrasés sur le sol, tous trois pliés en deux, pêle-mêle sur le sol de pierre. Le sourire de Lucy ne quitta pas ses lèvres durant la séance, et elle oublia presque qu'elle était censée être de garde, et faire ses rondes. Pour peu, elle oublierait la promesse faite à Lysander et Luke ne de ne pas oublier son rôle de préfète. Mais bien sûr, c'était quelque chose pour elle d'inenvisageable, et quand la grande aiguille des heures d'approcha de la verticale, se confondant avec celle des minutes, elle se leva, rompue de fatigue et se fit violence pour frapper énergiquement dans ses mains.
-Allez les gosses, ce n'est pas comme si j'avais un épuisant entrainement à mener demain, mais ... un peu quand même. Alors ouste !
-Louis, Roxanne et moi on comptait aller faire un tour dans le parc...
-Pas question ! refusa Lucy en dardant un regard d'avertissement vers James. Je prends déjà des risques pour cette réunion, hors de question que je vous laisse trainer plus que nécessaire dans les couloirs ! Sinon ...
-Tu nous jettes dans le Lac Noir ? se moqua Louis en reprenant son expression préférée.
-Non, mais une colle suffira. « Je ne dois pas mettre ma cousine chérie en danger, cette grande sorcière et meilleure poursuiveuse ... »
-Et la plus modeste, ajouta narquoisement Roxanne.
-Et la plus jolie, enchérit loyalement Lily avec un sourire.
-Bref, on a compris, grommela Louis en lorgnant Lucy. Et suppose que si j'utilise mes pouvoirs ...
-Alors si tu fais ça, je te jure que ma vengeance sera terrible, sourit doucement la jeune fille. Pire des paillettes ou des caleçons roses ...
-Je n'ai toujours pas réussi à ravoir la couleur, d'ailleurs, grommela le Gryffondor.
-Et on trouve encore des paillettes dans des coins, confirma sombrement James en s'étirant. Rose, ne détourne pas les yeux, je sais que c'est toi. Et Hope parce que c'est une petite saleté dans son genre.
Finalement, le groupe se mit en mouvement, et Lucy sortit la carte de Maraudeur pour vérifier que la voie était libre avant que la carte ne lui soit arrachée des mains.
-Mon bien, Lulu ! fit tranquillement James en sortant sa baguette. Méfait accompli. Bien.
Il rangea la carte dans sa poche, et sourit narquoisement à Lucy. Celle-ci lui rendit son sourire, ouvrit la porte de la salle, et lui céda le passage avec une politesse feinte. Avec le même air, James fit une révérence moqueuse pour la remercier et passa tranquillement la porte, triomphant.
-Crétin, grommela Lucy en sortant sa baguette.
-Tss !
Une main s'abattit sur son poignet et elle reconnut le regard vert et les cheveux ébouriffés d'Albus. Il haussa un sourcil.
-Tu es préfète, lui rappela-t-il avec un sourire. Tu es au-dessus de ça.
-Et sois plus maligne que lui, ajouta Rose en s'engageant dans le couloir.
Lucy gratifia ses cousins d'un sourire reconnaissant, leva sa baguette dans le bouloir sombre.
-Lumos.
Le bout de sa baguette s'éclaira vivement, et Rose, Dominique et Louis l'imitèrent. Ils avancèrent ensemble dans le couloir du deuxième étage, sauf les Serdaigle qui prirent un autre chemin jusque leur tour. Lucy décida d'accompagner les Gryffondors, histoire d'être sûre qu'aucun ne s'échapperait en route et qu'ils arriveraient à bon port. Elle ne faisait pas confiance à Louis malgré son propre rôle de préfet. C'était aussi pour elle une manière de faire une première – et dernière – ronde pour entériner le mensonge qu'elle avait servi à Lysander. Roxanne, Louis et James vagabondaient en tête, plaisantant discrètement, Lily et Rose sur leurs talons. Albus et Lucy fermaient la marche – il préférait l'accompagner pour ne pas être surpris dans le couloir.
-Tu sais ... tu ferais un super poursuiveur.
-Je peux être le meilleur poursuiveur du monde, je serais toujours moins bon que ma mère, Luce.
Elle savait qu'il y avait quelque chose comme ça dans la tête de son cousin. Difficile de trouver son identité dans une famille pleine de star et de fort caractère ...
-Arrête de toujours te comparer aux autres, soupira Lucy. Je suis sûre que tu ...
Elle ne put acheter sa phrase : elle buta sur quelque chose, et trébucha. Elle ne sut se rattraper et s'étala de tout son long. Sa baguette lui échappa, et alla s'écraser un peu plus loin.
-Lucy !
Albus se précipita vers elle, mais trébucha à son tour et tomba sur elle. La jeune fille étouffa un gémissement quand elle sentit le poids de son cousin sur elle.
-Al, tu as pris combien de kilos cet été ? grommela-t-elle en le poussant pour qu'il se redresse.
-Ce n'est pas ma faute ! Si mamy Weasley n'avait pas sans cesse fait ses délicieuses brioche tout l'été ... Lumos.
Le sort d'Albus illumina son visage blafard. Il s'était redressé et éclairait ce qui les avait fait tomber.
-Bien sûr, railla Lucy en le rejoignant. De toute façon, c'est toujours la faute des brioches ... Oh par Merlin !
Son regard venait de croiser celui vitreux d'un garçon aux yeux bleus délavés et aux cheveux blonds décolorés. Ils étaient fixes, vitreux, comme mort. Lucy et Albus restèrent un instant figés comme des statues de sel, le regard rivés sur le garçon étendu devant eux.
-Par Merlin, pesta Albus, les yeux écarquillés.
L'éclat de son cousin réveilla Lucy, qui s'ébroua et se releva pour se précipiter vers le garçon. Sa cravate aux couleurs vertes et argent, et le blason sur sa robe indiquaient qu'il était de sa Maison. Mais ce furent les traces de furoncles sur son visage et son air de pékinois qui lui donnèrent son identité.
-Alexandre Wallace, souffla-t-elle en passant outre son aversion pour le garçon pour le secouer. Alexandre espèce de grand crétin, réponds-moi !
Elle le secoua encore, mais le tourmenteur de Gethin Scampers demeura inerte, les yeux rivés sur le vide. L'urgence s'éprit irrationnellement de la préfète. Lucy mit sa main sur la gorge du garçon pour voir s'il était au moins en vie. Son pouls avait l'air de battre contre ses doigts, et Lucy laissa échapper un soupir de soulagement.
-Al, reste avec lui ! ordonna-t-elle en se redressant. Essaie de le réveiller.
Son cousin hocha précipitamment la tête, et alla vers Wallace pour le secouer, le pinçant, l'apostrophant. Lucy courut ramasser sa baguette qu'elle avait laissé tomber, et se figea alors qu'elle se redressait. La lumière que sa baguette projetait autour d'elle éclaira le mur devant elle, de façon violente et soudaine, faisant apparaître le sombre message qu'il véhiculait. Un message qui glaça le sang de la préfète.
-Par Merlin...
-Lucy ! l'appela Albus. Il ne se réveille pas !
La panique perçait la voix de son jeune cousin, et Lucy s'efforça de garder l'esprit clair pour compenser. Après un dernier regard empli d'effroi pour le mur, elle se précipita vers Albus et Wallace. Elle pressa la pointe brillante de sa baguette contre la poitrine du Serpentard.
-Finite incantacem, chuchota-t-elle avec urgence, espérant de tout cœur que ce soit un sortilège.
Mais le sortilège n'eut aucun effet et Wallace demeura inerte. L'angoisse s'éprit de la jeune fille, et lui fit enfoncer un peu plus profondément sa baguette dans le poitrail du garçon.
-Enervatum, continua-t-elle, mais ce n'était pas d'avantage un sortilège de stupéfuixion. Episkey.
Mais rien ne marchait. Lucy se redressa, lâchant défectueusement sa baguette, qui roula un peu plus loin. Elle se prit le visage entre les mains. Elle sentait le regard indécis et paniqué d'Albus sur elle. Il fallait qu'elle garde la tête froide. Alexandre était vivant. Mais rien ne paraissait pouvoir l'animer pour autant. C'était un véritable légume. Sans doute leur infirmière, Hannah Londubat, serait-elle faire quelque chose ... mais Lucy était impuissante. C'était ça. Il fallait l'emmener à l'infirmerie. Les pensées s'ordonnèrent enfin dans l'esprit de la jeune fille, et quand elle se tourna vers Albus, elle était plus calme, sa respiration plus sereine, son regard déterminé.
-Retourne dans la Salle Commune.
-Quoi ?
-Retourne dans la Salle Commune ! Si quelqu'un sait que tu étais hors du couloir, alors tu auras de gros ennui. On aura de gros ennuis.
-Mais ... Et Wallace ...
-Je m'en charge ! le coupa sa cousine en lui prenant vivement le bras. Al, retourne dans ta chambre, et ne parle de ça à personne. Tu m'entends ? Personne. Pas Londubat, pas Greengrass, et encore moins McGonagall. Tu n'as rien vu. Tu es rentré après dîner, et les autres aussi, vous n'êtes pas sortis. Compris ?
Elle serra fort le bras de cousin, enfonçant ses ongles dans les fibres de son pull. Elle devait commençait à lui faire mal car une grimace déforma les lèvres d'Albus, mais elle n'en avait que faire. Il fallait qu'il comprenne, et si pour cela elle devait entamer sa chaire, alors elle le ferait.
-Albus Severus Potter !
-D'accord, céda-t-il, avant de la dévisager, inquiet. Mais qu'est-ce que tu vas faire ?
-L'emmener à l'infirmerie. Hannah saura mieux moi quoi faire pour lui. Maintenant file !
Elle lâcha enfin son bras, et Albus se le massa en se redressant. Sans un mot, mais avec un regard chargé d'angoisse et de culpabilité, il s'éloigna dans le couloir et la lumière disparut dans un angle. Lucy soupira profondément, et passa ses deux mains dans ses cheveux, tentant désespérément de faire en sorte que la raison garde le pas sur la panique. Après quelque seconde de gifle mentale, elle se releva, et agita sa baguette.
-Mobilicorpus.
Le corps flasque d'Alexandre Wallace s'éleva quelque centimètre au-dessus du sol, et elle fit un nouveau mouvement de baguette pour le faire avancer. Elle passa devant le mur qu'Albus avait ostensiblement ignoré, pour son plus grand soulagement. Presque sans le vouloir, elle s'arrêta devant, le souffle court, la baguette brillant devant elle. Son cœur se serra si fort qu'elle crut un instant qu'il allait s'arrêter de battre. Devant elle s'étendait un message écrit en lettres capitales, grossières ... et aussi rouges que le sang. Elle le lut plusieurs fois, pour être sûre qu'elle ne rêvait pas. Mais si c'était le cas, ce n'était pas un rêve. C'était un cauchemar. Un cauchemar issu tout droit du passé.
« LES ESPRITS DU PASSÉ N'ONT JAMAIS RIEN OUBLIÉ. LE TEMPS DE LA JUSTICE VIENT DE S'OUVRIR. ENNEMIS DES HERITIERS, PRENEZ-GARDE ».
***
Alors, c'est toujours validé? La nouvelle version vous plait?
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