Chapitre 34 : Draco Dormiens Nunquam Titillandus

Et bien ce chapitre est long 

Bien ! C'est l'une des premières scènes que j'ai imaginée en écrivant cette fanfiction, vraiment l'une des premières que j'avais en tête. Il n'est quasiment pas modifié, bonne lecture ! 

***

Chapitre 34 : Draco dormiens nunquam titillandus.

-Adam ! Adam réveille-toi !

-Hmmmm.

-Adam s'il te plait ...

-Hmmm...

-Adam ... Gethin a encore crié...

Cette fois, Adam s'efforça d'ouvrir les yeux. Aux vues de leurs degrés de brûlure et de la faible lueur d'une baguette à côté de lui, il devait encore faire nuit, et il n'avait pas assez dormi. Il se redressa sur les coudes et posa les yeux sur la tignasse brune d'Arwen Bones.

-Quoi ?

Arwen était encore un pyjama, et tenait sa baguette tremblante devant elle. Ses yeux étaient grands, alertes, malgré une pointe de sommeil qui voilait son regard.

-Gethin. Il a encore dû faire un cauchemar ... ai pas ... (Elle bailla à s'en décrocher la mâchoire) réussi à le calmer.

Adam soupira et se laissa lourdement tomber sur ses oreillers. Une nuit tranquille, Geth, râla-t-il pour lui-même. C'est trop demandé ? Puis il lorgna Arwen, qui se frottait les yeux, assise au bout de son lit.

-Hum ... Miss ? Qu'est-ce que tu faisais dans la chambre des garçons ?

-Je n'y étais pas, répondit-t-elle d'un ton las. J'étais dans la Salle Commune. Je n'arrive pas trop à dormir en ce moment, je m'agite et ça embête les filles alors je me mets sur le canapé ... J'ai juste entendu Gethin crier. Ça m'a fait peur alors ...

Adam contempla ce petit bout de jeune fille d'à peine douze ans, son teint pâle, son air fatigué. Déjà que tous les premières années étaient angoissés par les événements, mais avec son cousin qui faisait partie des agressés, la jeune fille ne devait pas être en reste. Adam posa une main sur son épaule.

-Mais là tu dors debout, miss. Allez, essaie de dormir. Tu en as besoin pour suivre les cours de ton père ...

Arwen esquissa un petit sourire qui se teinta d'effronterie.

-Moi ? Je n'ai pas besoin de travailler en sortilège. Ça le rend fou, il a peur que je sois comme lui ... Enfin. Tu as raison, je vais essayer. Bon courage avec Gethin.

Elle se leva et se dirigea dans un état second vers la porte au bord de laquelle elle se cogna avec un « Aïe » sonore. Adam étouffa un rire contre son oreiller.

-Ne te moque pas, marmonna Arwen. Essaie d'être myope sans lunette la nuit ...

-Alors mets tes lunettes.

-Je les ai perdues. Encore. Bref. Bonne nuit !

Arwen sortit prudemment, les deux mains devant elle. Adam resta quelques secondes, le visage plongé dans l'oreiller, sans la moindre volonté de relever la tête. Puis il se fit violence, s'arracha à la chaleur des draps, et se munit de chaussure et d'un pull, et glissa sa baguette dans sa poche. Dans le lit d'en face, une tête fit son apparition et demanda d'une vois pâteuse :

-Adam ? Encore ton frère ?

-Ouaip, Daniel. Rendors-toi, je reviens.

Il se leva et laissa son ami se rendormir. Il était tellement fatigué que sa vision était floue et les lignes droites tremblaient devant lui. Il poussa la porte des premières années, et repéra son frère, en boule au pied de son lit, le front collé à ses genoux. La vue de Gethin, prostré ainsi en position fœtale, lui déchira le cœur et fit remonter à la surface de mauvais souvenirs. Il s'agenouilla immédiatement à ses côtés et mit prudemment une main sur son épaule.

-Geth ?

Gethin sursauta, mais se détendit en reconnaissant la présence de son frère. Il leva les yeux sur lui, des yeux embués et hantés. Repoussant le malaise qui s'éprenait de lui à chaque fois, Adam écarta du front de son frère des mèches humides de sueurs.

-Encore ?

Gethin, la respiration haletante, hocha faiblement la tête. Adam caressant sa joue avec tendresse, ne serait-ce pour le calmer.

-Tu veux un verre d'eau ? Des couvertures ?

-Non, répondit Gethin, le souffle court. Je ... je veux sortir.

Adam hocha la tête, sans être particulièrement rassuré. Il se leva pour lui donner un pull et ses chaussons. Gethin faisait beaucoup de cauchemars, des cauchemars étrangement vivant qui le laissaient toujours haletant dans son lit, et ce depuis qu'il était jeune. La nature de ses cauchemars glaçait le sang d'Adam, et il savait d'expérience qu'après l'un d'entre eux, Gethin s'enfermait dans un mutisme de plusieurs heures, le temps de se remettre de ses images, et qu'une balade nocturne lui faisait le plus grand bien. Ce fut pour cela qu'une fois vêtu, il emmena son frère à l'extérieur de la Salle Commune. Il avait hésité un instant, de peur que l'agresseur de Poudlard ne leur tombe dessus, mais le visage livide et la respiration sifflante de Gethin acheva de le convaincre que son frère avant besoin de prendre l'air. Alors il poussa la porte et sortit sa baguette de sa poche.

-Lumos, souffla-t-il, et une lueur au bout de sa baguette vint illuminer le couloir.

Les sorciers dans les portraits aux alentours plissèrent les yeux, agacés d'être ainsi tiré de leur sommeil. Adam les ignora et fit progresser son frère le long du couloir, sa baguette brandie devant lui. Ce n'était pas la première fois qu'ils faisaient ça, mais jusque là, ils ne s'étaient jamais fait prendre par un préfet pour par Mrs. Sullivan, et les rares fois où il avait craint d'apercevoir Peeves, Gethin trouvait un miraculeux passage secret pour les sortir du mauvais pas.

-Alors, entonna doucement Adam à voix basse. Ça a été les cours aujourd'hui ?

Gethin hocha doucement la tête, le visage toujours pâle, mais la respiration plus régulière. Une conversation badine le détendait souvent, même s'il ne se contentait que de hocher la tête. Adam lui lança un regard en coin, se dit vaguement qu'un jour il avait tremblé de peur devant Alexandre Wallace et que Lucy lui avait sauvé la mise. Mais ce n'était pas le moment de s'aventurer sur ce sujet-là.

-Moi aussi ça a été. Même si Grims était d'une humeur massacrante, elle nous a collé une interro surprise. M'enfin, le jour où elle sera de bonne humeur, c'est le même jour où Morgan acceptera de mettre une jupe de son plein gré.

Un sourire releva la commissure des lèvres de Gethin. Il lança un regard entendu à son frère. Sur le coup, Adam crut que c'était la référence à leur sœur de treize ans, un vrai garçon manqué, mais Gethin eut un sourire équivoque et dit d'une voix enraillée :

-Tu as l'accent gallois qui revient quand tu me parles. C'est drôle.

Adam le fixa, surpris, puis secoua la tête avec un sourire.

-Goinoid*.

-Toi-même.

Ils continuèrent leur route. Au fil des pas, le visage de Gethin se détendait et reprenait des couleurs. Pour autant, Adam ne le questionna pas sur ses cauchemars. Il le ferait demain, et demanderait dans la foulé ce qu'il s'était passé avec Wallace. Il ne savait pas comment s'était fini la discussion entre les Weasley, mais il avait vaguement entendu, depuis son lit, Dominique et Hugo sortir de la chambre pour retourner dans la Tour de Serdaigle. Il avait un bref résumé à Daniel, avant de s'enfoncer dans ses draps. Gethin et Arwen n'étaient pas les seuls à avoir des troubles du sommeil. Adam mettait des heures à s'endormir, l'esprit embrouillé par tout ce qui se passait en ce moment, avant d'être vaincu par l'épuisement. Et quand ce n'étaient pas les événements qui le maintenaient éveillé, c'était les cours. Les BUSE risquaient de promettre.

Gethin commençait à avoir meilleure mine, et Adam songeait à le faire remontrer dans la Salle Commune, mais son frère réclama quelques minutes de plus.

-Maman t'a envoyé une lettre ? s'enquit Adam, toujours d'un ton badin. On rentre bien pendant les vacances.

-Je sais, répondit Gethin, la voix toujours faible.

-Meredith vient quelques jours avec Debbie, ajouta-t-il. Je ne sais pas si on va survivre à ses hormones, mais il faut se préparer psychologiquement. Et Debbie, on la laisse à Morgan, elle adore s'occuper d'elle.

Gethin sourit encore. Meredith, leur grande sœur, était enceinte de son deuxième enfant, et sa première de deux ans était déjà bien assez énergique au goût de ses oncles. Mais vite, une ombre passa sur son visage.

-Toujours aucune nouvelle d'Alan ?

Adam s'efforça de ne pas tressaillir. C'était une question pour le moins inattendue, mais le visage de Gethin était grave. Il lutta contre son malaise et se contenta de secouer la tête. Gethin n'insista pas. Pourquoi l'aurait-il fait ? Cela faisait cinq ans qu'il demandait quand Alan, leur grand frère, allait revenir au pays. Mais personne n'avait la réponse. De ce qu'Adam savait, Alan était toujours à Londres, et ne voulait plus entendre parler du Pays de Galles. Plus que tous dans la famille, il était celui qui avait le plus souffert de l'alcoolisme de leur père, accusant les coups à la place de ses frères et sœurs. A la place de Gethin, notamment. Quand leur père avait quitté la maison, Alan venait d'être majeur. Il s'était inscrit dans une école à Londres et était parti du village gallois sans laisser de trace. Adam savait que Gethin s'était senti coupable du départ d'Alan et espérait toujours son retour. Mais le jeune homme était désabusé. L'aîné en avant trop bavé pour revenir. Même s'il avait ressenti son départ comme une trahison à l'époque, Adam comprenait maintenant l'envie d'un nouveau départ qu'avait pu avoir son frère. Lui avait eu la chance d'avoir Poudlard pour s'échapper – autre chose qui avait fait fuir Alan, du reste. Il aurait juste voulu avoir des nouvelles de temps à autres.

Un cri strident fit sursauter les deux garçons, et un instant plus tard, une boule de poile leur passa entre les jambes, manquant de les faire vaciller.

-C'est un chat, s'étonna Gethin alors que la baguette d'Adam éclairait la fuite du félin aux poils noirs.

-Finement observé.

Les deux garçons sursautèrent à nouveau et firent volte-face, sur la défensive. Adam agrippa le bras de son frère pour le pousser derrière lui, mais sa baguette n'éclaira que le visage fatigué de Lucy Weasley, ses cheveux roux tombant comme une cascade sur ses épaules, son insigne de préfète brillant sur sa poitrine. Soulagé, il baissa sa baguette. Elle devait sans doute faire sa ronde. Adam sentit Gethin se crisper un peu plus derrière lui, et sentit le regard suspicieux de Lucy descendre sur son frère. Il serra la mâchoire. C'était reparti. Lucy eut un petit sourire, qui n'atteignit pas ses yeux.

-J'ai peur d'avoir marché sur sa queue. J'ai dû l'effrayer.

-Tu vas nous coller ? demanda naïvement Gethin, toujours caché derrière Adam.

Le jeune homme n'avait pas songé à cette possibilité et lança un regard interrogateur à la préfète, un regard presque suppliant. Lucy les observa tous les deux, sans rien laisser transparaitre de ses émotions, et secoua la tête.

-Non, pas si vous retournez dans vos dortoirs tout de suite. Ce n'est pas prudent de promener dans les couloirs, par les temps qui courent. Vous devriez le savoir.

-Gethin avait besoin de prendre l'air, les défendit Adam, devant le reproche voilé de Lucy.

-Je comprends, mais il n'empêche que c'est dangereux.

L'amertume avait percé sa voix, et elle lança un autre regard méfiant à Gethin. Son frère était tellement caché derrière lui qu'il doutait que Lucy puisse voir la moindre partie de son corps, et d'un côté, Adam trouvait ça risible. Pas Lucy, a priori. Le Gryffondor sentait la tension épaissir l'air entre Gethin et la préfète, et avant que la patience de la Serpentard arrive à son point de rupture, Adam jugea préférable de se retirer.

-On retourne dans notre dortoir. Je te le dis, Gethin avait juste ... besoin de prendre l'air.

Lucy haussa les épaules, l'air indifférente, et ça blessa quelque peu Adam. Il comprenait la réserve de Lucy vis-à-vis de Gethin, notamment après que son frère lui eut raconté ce qui s'était passé avec Molly Weasley. C'était également pour cela qu'il s'était éloigné d'elle, immédiatement après. Il avait eu peur de craquer, de trahir Gethin devant les regards perçants et désespérés de la préfète. Mais cela avait attisé la rage de Lucy plus qu'autre chose, ce qui devait expliquer la froideur dont elle faisait preuve. Et ce qui se passait en ce moment ne devait pas aider.

Elle fit un mouvement sec de baguette.

-Allez-y. Et si je vous revoie, c'est la colle.

-D'accord.

Adam força Gethin à sortir de sa cachette et le poussa devant lui, sous le regard inquisiteur de la préfète. En passant devant elle, Adam croisa brièvement le regard bleu de Lucy. Il n'était pas aussi froid que son visage. Il était résigné, fatigué, n'aspirant qu'à retrouver la paix d'un lit chaud et rien d'autre. Il éprouva l'envie de s'immobiliser et de poser toutes les questions qu'il brûlait de lui poser ces derniers jours, savoir comment elle allait. Mais avait qu'il ne puisse prendre la décision de lui-même, ce fut elle qui l'arrêta en prenant son bras. Il se tourna vers elle, surpris.

-Juste ... En venait ici, vous n'avez pas vu Lysander ? On était censé se retrouver devant la Salle des Trophées pour que je le relève de sa ronde mais ... Il n'y était pas.

L'inquiétude perçait le regard de Lucy, et les frères Scampers échangèrent un regard perplexe. Adam s'apprêtait à répondre qu'ils n'avaient pas vu le préfet-en-chef, mais une voix s'éleva derrière lui, faible, mais déterminée.

-Si, on l'a croisé, tout à l'heure. Il nous a dit de rejoindre nos dortoirs. Pas vrai Adam ?

Adam mit un moment à se rendre compte que c'était Gethin qui venait de prononcer ces mots. Son frère lui lançait un regard insistant peu discret, aussi le Gryffondor s'efforça de réagir vite et d'instinct en répondant :

-Oui, oui, c'est ça.

Lucy écarquilla les yeux, et lança un regard soupçonneux à Gethin et Adam. Finalement ne trouvant d'autre solutions que les croire, elle hocha doucement la tête, passant une main troublée dans ses cheveux roux.

-Parfait ... Bien ... je vais aller le chercher, alors où est-ce que ... ?

-On vient avec toi, dit immédiatement Gethin. On va te montrer.

Lucy lui renvoya un regard à la fois étonné et suspicieux. Bien qu'il ne comprenne pas les motivations de son frère, Adam était bien en accord avec sa dernière phrase.

-Tu as l'air inquiète, l'appuya Adam, au plus grand soulagement de son frère. C'est que tu penses que Lysander a pu être agressé. Imagine que ce soit le cas, et que l'agresseur court toujours, tu veux vraiment y aller toute seule ?

-Et je ne peux pas rentrer seul à la Tour pour les mêmes raisons, pépia Gethin. Alors on y va ?

Lucy leur lança un regard méfiant et torturé, l'air déchiré entre sa suspicion envers eux, et son envie de retrouver Lysander sain et sauf. Finalement, elle poussa un soupir de reddition.

-D'accord, mais après, je vous raccompagne fissa à votre dortoir. Ça vous va ?

-Ça marche, accepta Adam, le cœur battant à tout rompre.

Gethin prit immédiatement les devants, d'un pas si déterminé qu'il en semait presque ses aînés. Adam ne comprenait absolument rien à ce qui venait de se passer, aussi rattrapa-t-il son frère avant Lucy pour lui souffler :

-Gethin ! Je peux savoir ce qu'il se passe ?

-Je ne sais pas encore. Il faut qu'on trouve le préfet.

Adam sentit un poing invisible frapper son estomac. Il n'aimait pas du tout le ton d'urgence avec lequel son frère venait de prononcer cette phrase, ni la blancheur qui s'était à nouveau installée sur les joues de Gethin. Avant qu'il n'ait pu l'interroger plus, Lucy les rattrapa à grandes foulées, et le trajet jusque Lysander se fit dans un silence pesant. Adam ne cessait de lancer des regards emplit d'interrogation à son frère, le cœur battant, ce qui devait paraître encore plus suspects aux yeux de Lucy, mais celle-ci semblait repliée dans son inquiétude pour son cousin. Laissant Gethin prendre un peu d'avance, Adam se permit enfin de lui poser la question qui lui brulait la langue depuis des jours.

-Comment ça va ?

Lucy sursauta, et tourna un regard troublé vers Adam. Il avait parfaitement conscience qu'au vue de la situation actuelle, la question était stupide, mais il n'avait pas pu s'en empêcher. Mais Lucy ne parut pas s'en formaliser, et parut même se radoucir quelque peu, perdant de sa froideur.

-Je fais aller. Pas facile d'être la paria de Poudlard.

-C'est n'importe quoi.

Un sourire s'étira faiblement sur les lèvres de Lucy. C'était peu, mais c'était déjà ça.

-Heureuse que tu le penses.

-Evidemment que je le pense. Enfin, Lucy, le seul terrain où tu es capable de faire du mal à quelqu'un c'est le Quidditch ! Je veux bien admettre que quand on regarde les évidences, on peut croire que tu es coupable. Mais quand on te connaît un peu et qu'on creuse ce qu'on sait, ça ne colle pas.

-Alors tu penses me connaître un peu ? ricana-t-elle.

Malgré tout, elle avait semblé se détendre après les mots d'Adam. Peut-être que cela lui faisait du bien d'entendre enfin de la bouche de quelqu'un qu'elle n'était pas coupable.

-Assez pour songer que rien de cela n'est de ta faute. Tu es innocente, quand bien même tu pourrais être ... une incroyable peste quand tu t'y mets.

Lucy eut un petit sourire tordu.

-Mais une peste jolie, pas vraie ?

-Quoi ?

-Laisse tomber, je suis épuisée.

Elle paraissait vraiment l'être, pourtant, si les sens d'Adam ne le lâchaient pas, elle paraissait également rougir. Il s'efforça de ne rien laisser paraître de son trouble, mais il savait très bien ce à quoi elle faisait référence. Un jour, il avait dit à Louis et elle qu'il y avait trois catégories de Weasley : les enfants de célébrités, ceux qui faisaient parler d'eux par leur beauté, et les pestes, et avait publiquement placé Lucy dans les trois cases. A la fois une pique et un compliment voilé qu'il n'osait pas lui faire en face. Pourtant, Lucy n'était généralement pas citée comme les plus jolies filles de Poudlard, contrairement à Roxanne et sa beauté exotique ou Dominique et ses traits parfaits. Mais Adam ne pouvait s'empêcher de lui trouver du charme, avec son sourire malicieux, ce long nez dont elle se servait si bien pour flairer les mauvais coups, et ses yeux bleus et limpide – sans doute la plus belle chose chez elle. Cependant c'était mal la connaître que de ne pas concéder qu'elle avait un sacré caractère.

Et si Adam devait être parfaitement honnête avec lui-même, ce sacré caractère lui avait toujours plu. C'était peut-être pour cela qu'il cherchait sa compagnie depuis le début de l'année. Qu'il avait l'impression qu'une situation ambiguë s'était installé entre eux depuis quelques semaines. Que son ventre se nouait chaque fois que Lionel Boot l'avait appelé « chérie ».

Finalement, ils arrivèrent au rez-de-chaussée et passèrent devant la porte de la Grande Salle, éclairé des baguettes de Lucy et Adam. Celui-ci frissonna en songeant que c'était ici que James Potter s'était fait agresser. La même chose parut traverser l'esprit de Lucy, car elle se tendit imperceptiblement. Aussitôt qu'ils pensaient cela, un grondement sourd les fit tous sursauter. Ils se tournèrent vers les escaliers qui menaient aux sous-sols du château.

-C'était quoi, ça ? souffla Adam, braquant sa baguette sur l'escalier.

Mais c'était vide, et la cage fut soudain aussi silencieuse qu'un tombeau. Lucy prit vivement le bras d'Adam.

-Si j'étais Lysander, je dirais que c'est sans doute des Joncheruines qui sont entrés dans notre cerveau et nous embrouille. Il dit qu'il en a repéré avec ses lunettes dans le Hall, une fois. Allez, dépêchons-nous.

Gethin reprit la tête, courant presque devant les cinquièmes année. Même si Adam était plus que sceptique sur l'explication de la préfète, la nervosité dans la voix de celle-ci l'avait dissuadé de contester et il suivit son frère jusqu'à un virage. Une fois-là, Gethin, quelques mètres devant, alluma sa propre baguette et leur cria :

-Il est là !

Lucy, à côté d'Adam, poussa un gros soupir de soulagement avant de jurer :

-Par Merlin. Je vais l'étrangler.

-Pas trop fort, j'espère, plaisanta Adam.

-Juste assez pour que ce soit la dernière fois qu'il me fasse une frayeur pareille.

Adam hocha la tête, comprenant l'inquiétude de la jeune fille. Pourtant, quand ils tournèrent au virage, elle refit violemment surface lorsqu'ils virent Gethin accroupi devant une silhouette sur le sol. Une silhouette à la chevelure blonde.

Le sang d'Adam se figea dans ses veines.

-Non.

Lucy n'attendit pas son reste : lâchant sa baguette sur le coup de l'émotion, elle se précipita sur son cousin, repoussant sèchement Gethin.

-Lys !

Elle le secoua vainement, mais le préfet restait comme une poupée de chiffon dans ses bras. Adam eut l'impression qu'on lui coupait les jambes, et d'entendre les gémissements de Lucy à travers un long brouillard. C'était impossible ... Pas encore ... La potion était obsolète ... Puis soudain la voix de l'espoir de Gethin s'éleva, plus nettement.

-Mais non enfin ! Ses yeux, regarde ses yeux ! Ils sont fermés, pas vitreux !

Adam sursauta en entendant cela, et l'espoir lui fit retrouver ses jambes. Il se précipita vers Lucy et Lysander, sa baguette bien en main, alors que Lucy examiner son visage, les yeux écarquillés. Gethin avait raison. C'était bien Lysander – le visage pâle, l'insigne de préfet-en-chef, les lunettes de travers. Mais ses yeux étaient fermés. Il semblait juste ... dormir. Le cœur battant à en sortir de la poitrine, Adam pointa sa baguette sur son sternum et rassembla toute la lucidité.

-Enervatum.

Aussitôt, les paupières de Lysander s'ouvrirent sur ses yeux, d'un bleu éclatant, s'écarquillant sur le noir. Il se redressa d'un coup, paniqué, et Lucy et Adam le bloquèrent le posant les mains sur son épaule.

-Lys ! (Lucy prit vivement son visage entre ses mains et planta son regard dans le sien). Lys, c'est moi ! Calme-toi, tout va bien !

-Tout va ... (Le regard de Lysander passa entre eux, complétement exorbité, complétement fous). Tout va ... Non !

Il agrippa vivement Lucy par les épaules et la secoua comme un prunier.

-Non Lucette tout ne va pas bien ! Où il est ? Tu l'as vu ? Dis-moi que tu l'as vu !

-Oh ! s'interposa Adam en arrachant Lucy à la poigne folle de son cousin. Calme-toi, Lysander ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

-Vu quoi ? s'enquit Lucy en se redressant le plus dignement que possible. Qu'est-ce que ... ?

-Mais le dragon, enfin !

Les yeux de Lysander étaient complétement exorbités, et même Lucy paraissait un peu gênée par l'attitude et la réponse étrange de son cousin. Adam hocha la tête, pas impressionné pour deux sous. Plus que Lorcan, Lysander avait toujours mis Adam mal à l'aise, sans qu'il ne sache pourquoi. Savoir sa sécurité entre les mains d'un être aussi étrange n'était pas le plus rassurant pour Poudlard.

-Lysander, entonna-t-il posément. Tu as été stupéfixié. Tu as sans doute dû prendre un coup sur la tête. Mais tout va bien, on ...

-Tout ne va pas bien, par Norbert Dragonneau, Scampers ! s'égosilla Lysander, faisant reculer Lucy et Adam d'un pas. Il y avait un dragon ! Je l'ai vu !

-Nous, la seule chose qu'on a vu, c'est un chat.

-Lys, intervint Lucy, avec un regard peu amène pour Adam. Tu sais très bien que c'est impossible qu'il y ait un dragon dans Poudlard. Franchement, qui ... ?

Alors qu'elle tentait de raisonner son cousin, et qu'Adam tentait d'échanger un regard plus que dubitatif avec son frère, il remarqua que celui-ci fixait le préfet-en-chef avec le plus grand des sérieux. Et Adam avait même l'impression que c'était de la peur qui brillait au fond des yeux gris de son frère. Il lui mit une main rassurante sur l'épaule.

-Geth, il n'y a aucun dragon à Poudlard, affirma-t-il. Ne t'en fais pas ...

Mais Gethin leva un regard pénétrant sur son frère, un regard qui glaça le sang d'Adam tant il en connaissait la portée. Le regard qui Savait. Sa main se figea sur son épaule, et un nouveau grondement sourd monta des entrailles du château. Lucy, qui discutait encore avec Lysander, se tut instantanément.

-Je crois qu'il y a vraiment un dragon dans le château, Adam, annonça sombrement Gethin.

-Draco dormiens nunquam titillandus, ajouta Lysander dans un filet de voix. On ne chatouille pas le dragon qui dort ...

-C'est impossible ..., bredouilla Lucy.

-Lysander, s'enquit résolument Adam, faisant taire la terreur que lui inspirait cette éventualité. Qu'est-ce que tu as vu ?

Pour ce genre de chose, Adam se fiait entièrement à Gethin. Si Gethin disait qu'il y avait un dragon dans le château, alors un dragon était dans le château, aussi impensable cela était-il. Lysander prit une immense respiration pour commencer :

-Je ... Je faisais ma ronde tranquillement quand ... je suis arrivé ici et ... Il est arrivé aussi. Dans le Hall (il fixa sa cousine avec horreur). Une silhouette blanche.

-Avec un masque, acheva-t-elle d'un souffle.

-Et ... Oh Lucette je te jure, je l'ai vu comme je te vois, il trainait un dragon derrière lui ... Noir comme la nuit ...

-Magyar ? demanda immédiatement Lucy avec une avidité presque indécente. Norvégien à Crêtes ? Noir des Hébrides ?

-Aucune idée, je m'y connais moins que toi en dragons, mais ... Il avait des yeux ... Grands et violets ...

-Alors c'est un Noir des ...

Elle s'interrompit brutalement, comme si quelque chose la frappait. Elle se tut quelques secondes et finalement son regard tomba sur Gethin, perplexe. Adam fronça les sourcils, mais sentit son frère se glisser derrière lui, comme pour se soustraire au regard de Lucy. Le jeune homme décida d'enchainer.

-S'il y a un vraiment un dragon ici ... (Un nouveau grondement parvint des entrailles du cachots et ils se jetèrent des regard affolés). OK, on peut affirmer qu'il y a vraiment un dragon ici.

-Il n'était pas très grand, sans doute pas encore pubère, évalua Lysander, la panique luisant dans ses yeux bleus. A trois, peut-être qu'on aurait pu le stupéfixier mais ... Je n'ai plus ma baguette.

-Alors prends Gethin, décida Adam, le cerveau en surchauffe. Allez chercher McGonagall, Londubat, Bones, Harry Potter s'il le faut, mais quelqu'un qui puisse nous aider !

-Et vous abandonner avec un dragon ? Ça ne va pas la tête ?!

-Je ne te laisse pas seul avec un dragon ! se récria Gethin en lui prenant vivement le bras.

-Il n'est pas seul, intervint Lucy en brandissant la baguette. Les dragons, je les connais. Cette espèce-là, je l'ai côtoyée dans la réserve au Pays de Galles. On peut le faire sortir des cachots avant qu'il ne soit trop proche de ma Salle Commune.

Le sang d'Adam se glaça dans ses veines et il lut l'angoisse secrète de Lucy. Dans les entrailles du château d'où venaient les grondements, il y avait les Serpentard. Lysander et Gethin parurent aussi comprendre le danger immédiat, et cessèrent aussitôt de contester.

-Adam a raison, l'appuya Lucy avec un regard désolé pour son cousin. Sans baguette, tu ne nous servirais à pas grand-chose. Et j'ai un début de plan. Dans lequel il faut savoir voler.

Elle servit un regard entendu à Adam et il hocha la tête. Oui, savoir voler, c'était mieux pour échapper à un dragon, de son humble avis.

-Alors allez-y, et vite, ajouta-t-elle d'un ton péremptoire. Avant qu'on ne retrouve que des carcasses brulées chez les Serpentard.

Les yeux luisants de dépit, Lysander hocha sèchement la tête, et embrassa sa cousine sur le front pour lui souhaiter bonne chance. Quant à Gethin, il se jeta au cou d'Adam. Il le serra contre lui, pensant naïvement que c'était pour l'encourager, mais il souffla quelques mots à son oreille :

-Odor mobilis. Vous allez survivre. N'oublie pas de la retenir.

Et il se dégagea aussi sec pour rejoindre Lysander. Après un dernier regard en arrière, les deux garçons disparurent dans le couloir, et Lucy se tourna vers Adam, un rictus aux lèvres.

-Prêt ?

-Il faut bien, dit Adam, le cœur battant à tout rompre et pas prêt pour deux sous. Alors, spécialiste des dragons, quel est ton plan ? On a besoin de balais ?

-Etape un, oui, les balais. Appelle-le tiens. Etape deux, tes talents en sortilèges. Etape trois, attiré le dragon dans la Grande Salle. Etape quatre, le faire sortir.

-De la Grande Salle ? s'étonna Adam. Comment tu veux faire ça ?

-Par les fenêtres. S'il est prépubère comme le dit Lysander, alors il passera.

Un nouveau grondement secoua le couloir, et Adam sera fort sa baguette dans ses doigts pour empêcher ses doigts de trembler. Lucy, quant à elle, était livide, mais ses yeux brillaient de résolution. Ils avancèrent prudemment dans le Hall et dans un filet de voix, lancèrent leur « accio balais ! ». Un nouveau grondement les ébranla, et pour la plus grande horreur d'Adam, il vit brièvement les lueurs d'un feu qui se consume dans la cage d'escalier, avant qu'elles ne s'évanouissent.

-Par Merlin ..., souffla Lucy, et Adam se rendit compte qu'elle tremblait.

Sans réfléchir, il lui agrippa la main, et elle se raccrocha à ses doigts, les yeux rivés sur les escaliers qui s'enfonçaient dans le sous-sol.

-Comment ça se fait que personne de Serpentard ne l'entende ? s'enquit Adam.

-Si nous on l'entend, alors il doit être encore loin de la Salle Commune, évalua Lucy d'une petite voix.

Elle se tourna vers les portes immenses de la Grande Salles, closes. Elle s'avança vers elles, la main toujours accrochée à celle d'Adam, l'entrainant dans son sillage, pour secouer les poignées, mais elles ne s'ouvrirent pas.

-Lucy ...

-Il doit avoir un moyen de les ouvrir, murmura Lucy pour elle-même. Ce n'est même pas la peine d'essayer avec la porte d'entrée, et passer par les étages pour rejoindre la Tour d'Astronomie, c'est beaucoup trop dangereux ... Les seules fenêtres assez grandes sont ici ... Il faut qu'on ouvre ces portes, Scampers.

-« Dites « amis » et entrez », plaisanta Adam, pour se détendre quelque peu. C'est l'énigme pour entrer dans la Moria, explicita-t-il devant le regard perplexe de Lucy.

-La quoi ?

-La Moria, une mine, dans Le seigneur des anneaux ... Et Gandalf dit « mellon » et ... Oh, laisse tomber. Dis-moi ... Ton balai ne va pas passer par là ?

Il désigna les escaliers, où l'écho de nouvelles éphémères flammes venaient de briller. Lucy hocha sèchement la tête.

-Si, alors prie. Il faudra faire vite, et pour ça, il faut qu'on ouvre ces portes. Dis quoi que tu as une idée.

-Ça m'étonnerait qu'Alhomora marche ... Bon, bah si un dragon doit aller dans cette pièce, autant utiliser les grands moyens. Recule.

Lucy recula vivement et Adam brandit sa baguette. Avant qu'il n'ait pu songer au sortilège, un sifflement fendit l'air derrière eux. Lucy se retourna juste à temps pour recevoir son balai dans sa main. Elle tourna le regard vers les étages pour guetter celui d'Adam, mais celui-ci s'inquiétait davantage de l'étrange silence qui régnait dans l'escalier depuis que le balai de Lucy en avait jailli. Le dragon devait l'avoir vu, forcément. La même idée parut traverser l'esprit de la préfète, car elle lança un regard paniqué à Adam. Celui-ci tenta désespérément de garder la tête froide, malgré les sueurs qui coulait dans sa nuque sous l'effet de l'angoisse.

-Diffindo, lança-t-il en se tournant vers les portes.

Il fut ravi de voir la serrure émettre un cliquetis, mais elle ne céda pas. Lucy poussa un juron et brandit sa baguette.

-Ensemble, exigea-t-elle. Diffindo.

Cette fois, la serrure explosa et le son de la cassure emplit le Hall. Lucy se précipita vers les portes pour les pousser alors qu'Adam lançait un regard anxieux à l'escalier, où l'ombre de nouvelles flammes venaient de jaillir, plus proche.

-Lucy ... Je crois que le dragon approche.

-Et ton balai, où il en est ?

Aussitôt la question de Lucy prononcée qu'un nouveau sifflement déchira l'air et Adam tendit la main pour le réceptionner. Ni une, ni deux, ils enfourchèrent leurs balais et s'élevèrent. Des pas lourds commençaient à retentir depuis le sous-sol.

-Vite, souffla Lucy. Il faut l'éloigner de ma Salle Commune.

-Ça il le fait tout seul, le bruit l'a attiré, répliqua Adam sur le même mode. Lucy, c'est quoi l'étape deux ? Celle où il nous carbonise ?

-Si c'est un bébé, il sait à peine faire quelques flammes, pas très chaudes, et brèves. Je ne sais pas quel âge il a, mais l'espère qu'il sait un peu voler ...

-Lucy ! Qu'est-ce que je dois faire ?

La jeune fille réfléchit un instant, et son regard alla de la Grande Salle maintenant ouverte aux escaliers, les flammes se faisaient dangereusement proche. Adam sentit son sang se glacer dans ses veines et espéra de toute ses forces que Lucy n'ait pas à mettre son plan à exécution et qu'un professeur les sortirait de là. Ce n'était pas une attitude très Gryffonrienne, mais c'était sa vie qu'il jouait.

-Il y a un sortilège, entonna-t-elle alors, toujours dans un murmure. Je ne le connais pas, mais je me disais que toi, peut-être ... on pourrait s'en sortir sans, mais ça serait plus simple si ...

-Lucy, crache le morceau et vite !

-Pour imiter une odeur, continua-t-elle à voix très basse, alors qu'ils commençaient à entendre le râle de la créature. Ça produit un nuage de fumé qui a une odeur, celle que tu lui donnes ... Je ne le connais pas, mais je sais que Victoire l'a utilisé une fois pour ... peu importe. Ça nous permettrait de l'attirer dans la Grande Salle, si on lui donne une odeur – de mémoire, le Noir des Hébrides chasse surtout du cervidé ... Oh par Merlin Adam dis-moi que ...

-Odor mobilis.

Lucy lui jeta un regard à la fois éperdu et soulagé. Adam se força à sourire, et remercia cent fois son frère et ses talents. Le jeune homme fit discrètement comprendre à Lucy de voler jusque le fond de la Salle et de commencer à briser les fenêtres. Elle hocha la tête, se mordant la lèvre. Elle exécuta un rapide demi-tour, mais avant de foncer vers la Salle, elle prit le bras d'Adam et déposa un léger baiser sur sa joue.

-Fais attention, d'accord ?

-Ne t'en fais pas, la rassura-t-il, encore sur le coup de cette surprenante marque de tendresse. Toi aussi, du reste.

-T'inquiète, dit-elle avec un sourire. J'ai survécu à une chute, je te rappelle.

Et elle fonça dans la Grande Salle. Adam n'eut pas le temps de rire à l'allusion qu'il voyait émerger des flammes de l'escalier. Pas des ombres. Les vraies flammes, cette fois. Et à leur bout, le museau noir comme le charbon d'un dragon. Le cœur battant à tout rompre, Adam se dissimula derrière les portes. Bientôt, la créature entière émergea dans le Hall. Il la contempla, moitié fasciné, moitié effrayé. C'était ça un bébé dragon ? Long d'au moins cinq mètre, les écailles noires comme d'un charbon, et des ailes décharnées, comme celle d'une chauve-souris, trainant à terre derrière lui, la créature lançait son regard violet et avide sur la pierre du château. Aucune trace d'un quelconque maitre. Adam posa sa main sur sa poitrine, comme pour empêcher son cœur d'en sortir, et brandit sa baguette. Ses doigts tremblaient.

-C'est pas vrai ... Odor mobilis ! souffla-t-il en songeant à un cerf pour donner l'odeur au sort.

Une brève fumée brune sortit du bout de sa baguette mais s'interrompit aussitôt. Il était trop stressé pour un sort qu'il exécutait pour la première fois. Pour autant, les yeux étincelant du dragon se tournèrent vers la Grande Salle, et il releva la tête pour humer l'air, comme si ses naseaux avaient brièvement senti le sort d'Adam. Il ouvrit la gueule pour déclencher quelques flammes, qui parurent effrayantes à Adam, mais qui, comme l'avait prédit Lucy, ne durèrent pas. Adam souffla pour extirper l'air de ses poumons, joua ses épaules pour se détendre, et pointa à nouveau sa baguette sur le dragon pour essayer de nouveau, avec plus de conviction.

-Odor mobilis !

Cette fois, la fumée brune était plus épaisse, et insinua dans le Hall. Le cou du dragon se tendit et ses naseaux se dilatèrent. N'y croyant pas d'avoir réussi, Adam faillit perdre sa concentration et rater le sort, mais parvint à se maintenir, et rejoint Lucy à l'autre bout de la Grande Salle, laissant une nappe de fumée brune derrière lui, qui allait attirer le dragon ... droit sur eux. Il survola la Grande Salle, songeant qu'elle avait l'air bien sinistre de nuit. Lucy fronça du nez quand il arriva.

-C'est ça que ça sent, un cerf ?

-Je suppose, répondit Adam avec urgence, lorgnant la porte. Il arrive, tu en es où avec les fenêtres ?

-Nulle part. J'ai effrayé les elfes de Maison qui préparer le Grande Salle pour demain, je crois ... Bref. Les fenêtres. Elles sont protégées magiquement ... Je ne sais pas comment les fragiliser. Et j'ai essayé tous les sorts que je savais. Même si ...

Les portes volèrent en éclat, et ils se crispèrent sur leurs balais, déboussolé. Le bébé dragon venait de trouver la voie du cervidé ... sans y trouver de cerf à son bout. Adam sentit l'adrénaline gonfler ses veines quand il avisa les yeux violets fixés sur lui, avec avidité. Lucy, elle, tremblait comme une feuille. Le dragon poussa un cri, tellement strident qu'ils se courbèrent, les mains sur les oreilles, et se dressa sur ses pattes arrière en déployant ses ailes sur toute leur amplitude. Ses crocs luisaient dans l'obscurité et sa queue, qui se finissait par une pointe évoquant une flèche, fouettait l'air, menaçante. Adam sentit que son cœur allait s'arrêter de battre. Il avait l'impression d'être devant la mort en personne. Sa gueule se remplit à nouveau de flammes qui l'effrayèrent

-Lucy ! Un plan !

Elle regarda le dragon, qui s'était remis sur ses pattes avant pour avancer vers eux avec agilité, repoussant les tables, détruisant la vaisselle.

-Protego ! lança-t-elle.

Un instant plus tard, le dragon se heurta au bouclier, et secoua la tête d'agacement, avant de pousser un nouveau cri qui figea le sang dans les veines d'Adam.

-Ça ne le retiendra pas longtemps, fit-il observer.

-Je sais et encore c'est parce qu'il est petit, avec un adulte, ça ne passerait pas ! Les fenêtres ! Il faut les briser !

-Qu'est-ce que les jeunes maitres font ici ?

Adam sursauta en voyant une créature se matérialiser derrière Lucy avec un « crac » sonore, à cheval sur son balai. La jeune fille étouffa un cri en bondissant, et faillit perdre le contrôle. La créature en question était petite, avec d'immenses oreilles qui lui tombaient de chaque côté du visage, un nez en forme de groin et une voix désagréable. Il portait un pendentif sur le sternum. Lucy écarquilla les yeux.

-Kreattur ?

-Une Weasley, bougonna ce qui semblait être un elfe de Maison. Qu'est-ce qu'une Weasley fait ici en pleine nuit ? Qu'est-ce qu'elle fait là alors que Kreattur est en train de tout ranger ?

-Enfin, tu ne vois pas le dragon, Goinoid ? s'agaça Adam alors que la créature lançait des flammes sur le bouclier de Lucy.

-Si, je le vois. Il n'a rien à faire ici.

-Kreattur, fit Lucy, les yeux brillants, comme si elle venait d'avoir une idée. Tu peux briser une fenêtre ?

L'elfe de maison plissa des yeux méfiants en direction de Lucy, puis avisa le dragon, dangereusement proche. Il parut s'en remettre à Lucy pour ce qui était de sauver leur peau, et claqua des doigts. Aussitôt, la fenêtre devant Lucy se brisa, et une pluie de verre s'abattit sur eux. Adam sentit certains éclats leur rentrer dans la peau, et ne put retenir une grimace. Il eut un « crac » sonore, et aussitôt, l'elfe avait disparu.

-Froussard, grommela Adam.

-Scampers ! Le sort !

Adam sursauta, et se retourna pour voir le dragon faire jaillir quelques flammes, agacer par ce verre qui venait de tomber sur lui. Il envoya une nouvelle volée de flamme et cette fois, le bouclier n'y résista pas et vola en éclat. Ni une, ni deux, Adam invoqua à nouveau le sort et ils s'élancèrent par la fenêtre.

-Il peut voler ? cria Adam à Lucy.

Un cri strident, et le bruit caractéristique d'un battement d'aile, donna sa réponse à Adam. Les deux Poursuiveurs s'élancèrent dans le parc, le froid leur mordant la peau, le vent leur asséchant les yeux. Puis Lucy piqua vers le sol une fois qu'ils furent assez éloignés du château à la lisière de la forêt, et non loin de la cabane de Hagrid, et leva sa baguette d'où jaillirent des étincelles rouges, sans doute pour donner sa position aux professeurs. Adam, toujours en l'air, arrêta le sort avant de rejoindre Lucy au sol. Avec un peu de chance, il resterait en l'air, et il vit à la tête de Lucy que c'était ce qu'elle espérait. Mais le dragon s'écrasa sur le sol et darda un regard violet et vorace sur les deux adolescents, se dressant sur ses pattes arrièrent d'un air menaçant. D'instant, Adam lança un nouveau bouclier et força Lucy à rester derrière lui. Mais la jeune fille observait le dragon, fascinée, les yeux plissés par la concentration.

-Il a faim.

-Sans déconner ! Et au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, c'est nous le repas !

-Les Noirs des Hébrides ne sont pas des mangeurs d'hommes. Tu ne comprends pas ? Il est affamé ! Regarde sa maigreur, regarde sa taille, il est sous-alimenté, il agit comme s'il avait un an mais il fait six mois à peine ... (un éclair traversa ses yeux et elle pointa sa baguette sur la cabane de Hagrid). Accio Furets !

Quelques secondes plus tard, une petite dizaine de furet mort virent s'amasser devant Lucy. Adam regarda les carcasses venir les unes après les autres, déboussolé. La jeune fille en fit léviter un et le mena jusqu'à qu'il heurte le bouclier d'Adam. Le museau du dragon en fit autant quand il voulut s'emparer du furet. Lucy repoussa Adam et s'avança un peu, mais il lui tint fermement le bras.

-Où est-ce que tu vas ?

-Lui donner à manger, répliqua sèchement la jeune fille en se dégageant. Retire ton bouclier.

-Pour qu'il nous carbonise ? Pas question !

-Adam, tu vis où Pays de Galles, tu te rends compte du nombre de dragon que tu as dû croiser sans t'en rendre compte ? Sans doute pas, soupira-t-elle en voyant le regard éberlué qu'il lui servait. Toujours est-il qu'il y en a un certain nombre, et ils ne t'ont pas tué. Ce ne sont pas des créatures mauvaises, loin de là. Laisse-moi faire, s'il te plait.

Son regard suppliant se plongea dans celui d'Adam. Celui-ci avait conscience qu'elle était spécialiste dans le regard qui faisait céder tout le monde autant qu'elle l'était en dragon, mais ce plan-là ne lui plaisait pas du tout. Pourtant, la foi inébranlable dans les yeux de Lucy le fit soupirer, mais malgré sa crainte, il abaissa le bouclier. Aussitôt, la tête du dragon s'empara du furet et le goba entier. Lucy se plaça devant les autres, et leva une main. Ses doigts crispés sur sa baguette, Adam se sentait prêt à intervenir alors que le dragon baisser les yeux sur Lucy. Il voulut se précipiter sur le tas de furet, mais Lucy déploya un bouclier sur lequel il s'écrasa le museau. Puis elle l'annula aussitôt.

-Tu en veux encore ? demanda celle-ci d'une voix douce. Tiens, prends. Mais pas la peine de venir par la force.

Et elle en fit léviter un nouveau, que le Noir des Hébrides avala tout rond, sans prendre la peine de le déchiqueter. Puis il tenta de forcer à nouveau le passage, mais cette fois, Lucy hurla « incendio » et des gerbes, bien plus amples que celles que le dragon pouvait produire, le firent reculer et crachoter, les yeux mauves écarquillés.

-C'est un bébé, expliqua Lucy à un Adam abasourdi. Il est impressionnable.

Et elle envoya un nouveau furet au dragon, tenu à présent en respect.

-Ça fait combien de temps que tu n'as pas mangé ? S'enquit Lucy, toujours d'une voix douce, immobile dans la nuit.

Elle fit voler un nouveau furet qu'attrapa la créature de ses crocs aiguisés. Comprenant que la nourriture venait à lui sans effort, et qu'il ne servait à rien de forcer le passage, le dragon s'installa sur ses pattes avant, grondant entre ses crocs, fixant Lucy de ses yeux luisant, un éclair dangereux dans le regard. Pour autant, la jeune fille ne se démonta pas et continua de lui parler doucement. Finalement, le dragon finit par s'adoucir quelque peu et se laissa même aller à s'allonger, les yeux mauves rivés sur les furets que Lucy lui faisait parvenir.

Adam suivit le parcourt des carcasses, fasciné par la maitrise de la jeune fille. Si elle avait peur, elle ne le montrait pas. Elle continuait de parler d'une voix douce et apaisante, regardant le dragonneau avec de grands yeux calmes. Régulièrement, elle faisait léviter un furet qui finissait encore les crocs du dragon. Elle avait fini par s'assoir, continuant à badiner tranquillement, et Adam remarquait, alors qu'il ne restait plus que quelques furets à coté de Lucy, qu'il mâchait à présent ses proies, comme si sa faim s'assouvissait. Ses yeux s'étaient faits moins lumineux, et il apparaissait moins menaçant – enfin si un dragon pouvait être autre chose que menaçant. A présent, il fixait Lucy de ces yeux mauves, ses paupières écailleuses plissées. Adam avait peur que d'un coup, il ne décide d'aiguiser ses crocs sur Lucy, et se rapprocha prudemment d'elle.

-On va manquer de furet, lui murmura-t-il.

-Ça va aller, le rassura-t-elle en faisant léviter un nouveau. Il a moins faim.

-Ce n'est pas avec quelques furets qu'on va nourrir cette grande carcasse.

-Je sais. Mais les profs ne devraient plus tarder ... et d'ici là, il sera assez calme.

Adam était dubitatif, d'autant plus que le dragon commençait à s'agiter à nouveau. Chaque cri qui émanait de lui faisait manquer un battement à son cœur. Pourtant, il n'attaqua pas, dardant sur Lucy un regard farouche. Lucy venait de lancer son avant dernier furet quand Adam entendit les premiers bruissements. Le dragon l'entendit également, car il se redressa sur ses pattes et gronda sourdement. Lucy sauta sur ses pieds et leva les deux mains en signe de paix.

-Doucement, fit-t-elle au dragon. Ils ne te feront pas de mal si tu restes tranquille.

-Lucy ...

Il prit nerveusement le bras de Lucy, peu rassuré qu'elle s'approche ainsi du dragon, rassasié ou non. Mais elle n'en fit qu'à sa tête et se détacha pour rassurer le dragon. Adam lança un regard alerte autour de lui, mais il ne vit personne. Sans doute les professeurs s'étaient-ils dissimulés pour ne pas effrayer la bête. Ce sentiment fut confirmé quand il entendit la voix de Londubat, juste derrière lui :

-Adam, reculez, maintenant !

Le jeune homme, prit de cours, réagit en quart de tour en se jetant derrière. Une seconde plus tard, une multitude d'éclairs rouges fusaient vers le dragon, qui se tordait de tout son corps reptilien. Face contre terre, Adam se redressa sur les coudes et vit Lucy, à quelques mètres de lui, qu'on avait sans doute dû également poussée. Elle posa un regard désorienté sur Adam, puis se releva vivement pour découvrir derrière elle le spectacle du dragon, qui gémissait, de faibles flammes sortant de sa gueule avant de s'étouffer. Les éclairs rouges de stupéfixion continuaient de pleuvoir sur lui.

-Non ! cria Lucy en bondissant sur ses pieds.

Adam se rappela alors du dernier avertissement de Gethin, avant qu'il ne parte. « N'oublie pas de la retenir ». Et en voyant les yeux épouvantés de Lucy, Adam comprenait. La jeune fille tenta de s'élancer vers le dragon, mais il parvint à se relever et à la retenir par la taille, in extremis. La préfète se débattait, et il reçut un violent coup de pied au tibia.

-Aïe ! Lucy, calme-toi !

-Il faut qu'ils le laissent tranquille ! C'est un bébé, il ne sait pas ce qu'il fait, il ne veut rien de mal !

-Le bébé aurait pu incendier ta Salle Commune ! la sermonna Adam en la forçant à lui faire face, ses mains agrippant fermement ses poignets. Lucy, c'est aussi pour son bien – et le nôtre.

-Mais ils vont le blesser, gémit la jeune fille, des larmes lui montant aux yeux.

Adam faillit lâcher prise, surpris du soudain émoi de son amie. Au même moment, le Noir des Hébrides s'écroula enfin, sa tête s'écrasant non loin du seul furet qu'il n'avait pas pu manger, en un dernier cri d'agonie. Une larme dévala la joue de Lucy et Adam réagit d'instinct en la prenant dans ses bras. La jeune fille enlaça sa taille, tremblante, et il lui caressa les cheveux pour la calmer. Par-dessus la tête de Lucy, Adam vit les professeurs Bones, Londubat, Campbell, McGonagall et Grims se défaire de leur sortilège de dissimulation et Hagrid sortir hâtivement de sa masure, arbalète à la main et Crockmou auprès de lui. Bones fut le premier sur eux et agrippa l'épaule d'Adam. Son regard vert étincelait et sa baguette tremblait dans sa main gauche.

-Milles gargouilles ... Vous allez bien ?

Adam n'eut pas le temps de répondre, pris de court par la baguette tremblotante de son professeur. McGonagall courut vers eux, aussi vite que lui permettait sa robe de chambre à motif écossais.

-Par tous les mages, dit-t-elle d'une voix troublée. Weasley, vous êtes blessée ?

-Elle va bien professeur, répondit Adam à sa place, le souffle court, alors que Lucy se détachait de lui pour faire face à la directrice.

-Et vous Adam ? s'enquit Londubat en arrivant près d'eux.

-On va bien, les rassura Lucy d'une voix enrouée. Juste ... sous le choc.

-Vous saignez, remarqua alors Campbell en prenant le bras de Lucy.

Elle releva délicatement sa manche, retirant quelques petits bouts de verre qui s'étaient plantés dans la chemise de Lucy. Adam observa ses propres bras. A présent, il les sentait, ces petites piqûres que le verre tranchant avait provoquées en tombant sur lui. Londubat s'occupa de l'aider à s'en débarrasser, alors que McGonagall continuait de darder sur eux un regard inquiet.

-Bien, fit-t-elle, l'air anxieux. Je ... Vous avez fait du bon boulot. Je ... C'est incroyable ...

-Oui, fit tristement Campbell, passant une main dans ses cheveux bouclés. Dragonneau et Scampers sont immédiatement venu me chercher, mais j'étais sortie et ils ont dû pousser jusqu'au bureau du professeur Londubat ... sinon nous serions arrivés plus tôt...

-Je n'arrive pas à croire qu'un dragon ait pu s'introduire dans le château ...

-On l'a fait introduire, Minerva, intervint Grims. Du moins c'est ce que Dragonneau a dit ...

-Lysander ? demanda alors Lucy. Où est-il ?

-Et Gethin ?

-Dragonneau est à l'infirmerie, et Scampers au dortoir, répondit la directrice. Et vous deux, vous allez immédiatement rejoindre Dragonneau. Neville, je vous les laisse.

-Bien, Minerva.

Londubat prit le bras d'Adam, et celui de Lucy pour les pousser vers le château. La jeune fille lança un dernier regard plein de regret pour le dragon, maintenant inerte sur le sol, avant que Londubat de l'emmène. Adam, lui, jeta un dernier regard à Bones, face au professeur Grims. Sa main et sa baguette tremblaient toujours.

Quelques minutes plus tard, ils étaient installés dans l'infirmerie, emmitouflés dans des couvertures. Lysander dormait, et Hannah Londubat avait admis lui avoir donné un somnifère tant il était agité. Une fois l'infirmière retournée dans son bureau, Adam se glissa jusque la silhouette recroquevillée de Lucy, assise sur son lit, les jambes repliées contre elle. Elle fixait un coin de l'infirmerie et Adam remarqua alors qu'un rideau était tiré, dissimulant un lit. Sans doute celui dans lequel James reposait en ce moment. Son cœur se serra et il remarqua que les larmes avaient à nouveau emplis les yeux de Lucy.

-Tu n'as jamais rien fait pour le blesser, fit-il remarquer alors, pour occuper son esprit. Tu as tout fait pour que le dragon s'en sorte indemne ...

Lucy hocha doucement la tête et tamponna le coin de ses yeux avec un pan de sa couverture.

-Je n'ai jamais supporté qu'on fasse le moindre mal à une créature, avoua-t-elle d'une petite voix. Surtout que ... C'était en bébé. En soit, il n'était pas dangereux. Il est facilement impressionnable, il ne peut voler que sur des courtes distances, il peut à peine produire du feu ...

-Un bébé, c'est déjà assez effrayant en soit, Lucy. Et ses petites flammes auraient pu blesser quelqu'un.

-Mais ce n'était pas le cas ! On avait bien géré ! Tout le monde était en sureté, le dragon était calme, ils n'avaient pas besoin de le stupéfixier ...

De l'avis d'Adam, ce que les professeurs avaient fait était la meilleure des solutions, mais Lucy ne semblait pas prêtre à entendre cela. Elle était bouleversée. Pourtant, maintenant que le feu de l'action était passé, c'était autre chose qui inquiétait Adam.

-Comment un dragon a pu s'introduire dans Poudlard ? souffla-t-il, pour lui-même.

Lucy lui jeta un regard pénétrant, les yeux encore humides d'émotion.

-Les défenses de Poudlard ne sont pas imperméables. Ma mère m'a raconté qu'à sa première année, un professeur avait fait entrer un troll dans les cachots ... Là ... Lysander l'a dit. Une silhouette blanche, avec un masque. C'est ... C'est la même personne que j'ai vu agresser James et Maeve.

Adam et Lucy se turent, frappés d'horreur. Comme Lorcan l'avait prédit, l'agresseur trouvait un autre moyen que sa Potion pour nuire.

-Et comme par hasard il l'a libéré près des cachots ... A côté des Serpentard ... J'ai l'impression qu'on est des victimes à part entière.

-Et ce serait la même personne à l'origine de vos problèmes de fenêtre en début d'année, enchérit Adam.

-Voilà, approuva Lucy, le visage crispé. Franchement qui pourrait imaginer un dragon dans ...

Elle s'interrompit, les yeux soudain dans le vague. Adam fronça les sourcils, mais avant qu'il ne puisse lui demander ce qu'il n'allait pas, elle posa le regard sur lui, suspicieux, presque accusateur. Le même regard qu'elle avait posé sur Gethin un peu plus tôt. Un regard qui n'augurait rien de bon, et qui effrayait Adam presque autant que le dragon. Avant qu'il n'ait pu comprendre, Lucy sortit sa baguette :

-Accio carnet de Gethin, souffla-t-elle, regardant Adam droit dans les yeux.

Le sang du jeune homme se glaça dans ses veines et il sauta sur ses pieds, affolé. Comment avait-elle pu ... ? Lucy se leva elle aussi, sans lâcher Adam du regard. Ils s'affrontèrent un instant, tous deux baguettes à la main. Le jeune homme guettait la porte de l'infirmerie, entrouverte, par laquelle pouvait se glisser le carnet, le cœur battant à ses tempes. Après quelques secondes, la voix de Lucy claqua comme un fouet :

-C'est ça, le nœud du problème, pas vrai ? C'est pour ça que Laureen le pourchassait ...

-Lucy ... Ne fais pas ça, je te jure, si tu as un peu d'égard pour nous, laisse-moi récupérer ce carnet.

-Trop tard, fit durement la jeune fille en levant les yeux.

Adam suivit son regard et vit le carnet se glisser dans l'infirmerie. Ils échangèrent un regard déterminé, et Adam grimpa sur le lit pour l'attraper avant elle. Mais s'était sans compter la vivacité de Lucy, et le sortilège de saucisson le frappa de plein fouet au moment où il tenait le carnet en main. Il retomba durement sur le lit, incapable de bouger, le cœur battant à tout rompre, et vit avec horreur Lucy récupérer le carnet.

-Désolée Adam, chuchota-t-elle, l'air sincère. Mais je dois savoir ...

Elle entreprit d'ouvrir le carnet et Adam tenta de se défaire du sortilège. Mais il ne put que voir les yeux de Lucy s'écarquiller au fur et à mesure, impuissant. Il avait envie de lui hurler d'arrêter, de lui arracher le carnet des mains, de préserver coûte que coûte le secret de son frère, mais il avait l'impression qu'on lui avait enfoncé un chiffon dans la bouche.

-Par Merlin, laissa échapper Lucy, s'asseyant au pied d'Adam.

Le trouble se lisait sur son visage pâle et Adam cessa d'inutilement se débattre, vaincu. Il savait ce que contenait ce carnet. Mais il n'y avait jamais regardé. Ça appartenait à Gethin. Et ça l'effrayait. Finalement, après quelques minutes d'interminable attente, elle arriva à la page qui semblait lui tenir à cœur et la lissa pour la montrer aux yeux d'Adam.

-Voilà, dit-t-elle d'une voix qui tremblait de dépit. Je l'ai vu dessiné ça, il y a quelques semaines. Ça ne te rappelle rien ?

Adam posa les yeux sur la double page, et il sentit que son cœur allait s'arrêter de battre. Un dragon était impeccablement dessiné, ses grandes ailes semblables à celle des Chauve-Souris déployées, ses yeux violets étincelant. Devant lui, deux silhouettes lui faisait face, de dos. Un garçon aux cheveux cuivre, une fille aux cheveux roux. Entre le dragon et les adolescents, on devinait une masse informe, qu'Adam identifia comme ... un furet. Il ferma les yeux admettant sa défaite, avec l'horrible impression d'avoir trahi Gethin, bien plus qu'Alan avait pu le trahir en quittant la maison. Il rouvrit les yeux quand il sentit la baguette de Lucy sous son menton. Son regard était impitoyable.

-Je vais défaire le sortilège. Et cette fois, tu vas me raconter toute la vérité. Pas d'entreloue. Je veux savoir pourquoi Gethin a dessiné il y a quelques semaines une scène qui vient juste de se passer. D'accord ? Cligne une fois pour oui, deux fois pour non.

Adam la regarda dans les yeux, tiraillé. Ça ne servait à rien de faire des mystères maintenant qu'elle avait le carnet entre les mains. Elle était assez intelligente pour comprendre. Alors même cela lui arrachait le cœur, il cligna une fois des yeux. Lucy hocha la tête lentement, et défit le sort. Adam se détendit sur le lit, et plaqua ses mains sur son visage, le souffle haletant. Désolé, Gethin. Je n'ai pas pu te protéger. Je suis désolé. Il se redressa lentement. Lucy attendait, les bras croisés, le carnet entre eux deux ouvert sur le dragon. Son regard le fixait, troublé.

-C'est impossible, souffla-t-elle avait qu'Adam n'ait pu se préparer. Gethin ne peut pas être ... un Voyant ?

-Oh que si, ricana-t-il avec dépit. Bien sûr que si. J'espère que tu as la nuit, parce que l'histoire va être longue. 

***

TADAM (Je vous jure les relecteur.ice.s si vous avez spoilé ne serait-ce qu'un peu, ne serait-ce qu'une allusion, je vous arrache la tête) 

La suite demain, si vous êtes sages ! (Et que j'ai survécu à ma rando) 

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