Chapitre 32 : Le chant du phénix

Et je craque pour lui. Pourquoi? 

-Parce que comme ça vous allez lire les deux parties à la suite comme avant

- Parce que c'est un de mes passages préférés de Lucy

- Comme ça demain on pourra retrouver un autre point de vue ! Une idée? (Ceux qui savent : CHUUUUT) 

***

Chapitre 32 : Le chant du phénix.

Elle traina une heure entière à la lisière la forêt interdite, sans rien faire d'autre que d'observer la neige qui tombait des branches des arbres, les oiseaux qui fouillaient le sol blanc pour trouver de la nourriture. Elle observa même de loin un groupe de troisième année qui assistait au cours de Hagrid. Lucy sourit en remarquant que certains donnaient de la laitue à des bêtes visqueuses et peu ragoûtante. Les Véracrasses ne lui manquaient absolument pas. Se détournant de ce cours peu intéressant, elle flâna encore à la lisière de la Forêt Interdite, observant les sombres branchages mollement secoués par le vent. Elle n'avait jamais osé y aller. Les Mousquetaires se vantaient de s'y introduire régulièrement, mais elle ne s'était jamais risquée à entrer à l'intérieur. De ce qu'elle savait, les Centaures avaient pris plus de place dans la Forêt et malgré leur aide pendant la Guerre, beaucoup restaient hostile aux humains. Son oncle Ron leur avait raconté qu'il y avait nid d'Arcromentules caché, et que de même, y aller sciemment serait du suicide. Même le garde-chasse ne s'y risquerait pas. Et le demi-frère de Hagrid, le géant Graup, se baladait régulièrement à l'intérieur (du haut des tours du château, on voyait parfois sa tête jouxtant la cime des arbres), et malgré toute l'affection qu'elle avait pour Hagrid et toute la fascination qu'exerçaient les Créatures Magiques sur elle, elle n'était pas tout à fait sûre d'être prête à croiser un géant. Alors elle se contenait de marcher à la lisière et de jeter un bref coup d'œil aux immenses troncs de la forêt. Elle s'efforçait de ne penser à rien, respirait en marchant, observait l'intérieur de la forêt avec un mélange de curiosité et de crainte. Elle commençait juste à se détendre quand une voix derrière elle la fit sursauter.

-Alors, tu rentres ?

Elle fit un véritable bond et se colla à un arbre, le cœur palpitant. Lysander se tenait devant elle, une écharpe d'un bleu criard au cou, ses lunettes sur son nez et celles qui lui permettait de voir les Joncheruines sur sa tête, un sac sur chaque épaule. Ses cheveux blonds et emmêlés tombaient maintenant sur ses épaules et Le Chicaneur dépassait de son sac.

-Lys ! Tu m'as foutu la frousse !

-Ce n'était pas mon intention. Qu'est-ce que tu fais ici ?

Les grands yeux bleus de Lysander la dévisageaient derrière ses lunettes dont le verre était couvert de tâche de doigts, et opaques. Comment pouvait-il voir avec des verres aussi sales ? Lucy sourit doucement et sortit sa baguette. Lysander fit un pas en arrière.

-Reste ici ! ordonna Lucy en lui agrippant un pan de son écharpe, un sourire aux lèvres. Recurevite.

Le verre des lunettes s'éclaircit, et celui-ci cligna les yeux, surpris. Il retira ses lunettes de son nez et observa à travers avant de les remettre.

-Je me disais bien qu'il faisait bien sombre. Merci, Lucette.

-Un plaisir, Lys. Qu'est-ce que tu fais ici ?

-Je viens de te poser la même question et tu ne m'as pas répondu, fit remarquer son lointain cousin. Alors je ne vois pas pourquoi je répondrais.

Lucy eut un vague sourire. Elle n'était pas sûre que les rumeurs dont lui avait parler Louis et Shannon étaient parvenus aux oreilles de Lysander Dragonneau, tant il était hermétique à ce genre de chose. Et elle n'était pas sûre d'avoir envie d'en parler.

-J'avais besoin de prendre l'air, éluda-t-elle. A ton tour, maintenant.

Lysander dut deviner qu'elle ne disait pas tout, mais respecta le fait qu'elle ne veuille pas en parler en enchainant :

-Je viens souvent trainer ici. Il y a des créatures intéressantes dans la forêt, alors quand j'ai du temps, j'y passe.

-Pour voir quoi ? Les Centaures, les Acromentules ou Graup ?

-Hagrid m'a emmené voir Graup, à un moment, lui apprit Lysander avec un sourire. C'est ... fascinant, de parler avec un géant.

De l'avis de Lucy, c'était plus effrayant que fascinant, mais entre ces deux notions, la frontière était mince pour Lysander.

-Et puis, ajouta-t-il, l'air énigmatique. Il n'y a pas que ça dans la forêt. Sinon, elle serait bien triste.

-Lys, tu ne peux toujours pas voir les Sombrals, crut-t-elle bon de lui rappeler.

-Non, mais je ne parle pas des Sombrals. Tu veux voir ?

Il s'était avancé vers les arbres et commençait à pénétrer dans la Forêt. Lucy écarquilla les yeux.

-Lys ! On n'a pas le droit, c'est interdit par le règlement !

-Et ?

-Et tu n'es pas préfet-en-chef ? Déjà que tu ne supportes pas de mentir quand moi je le transgresse, tu vas ouvertement l'ignorer ?

-Lucy, rit Lysander en commençant à s'enfoncer dans la Forêt. Je fais ça depuis ma troisième année. Et ce n'est pas en restant dans les murs de Poudlard que je vais apprendre quelque chose, personnellement. Alors, tu viens ?

Il continuait à s'enfoncer et sa voix ne lui parvenait plus que faiblement. Lucy hésita et jeta un œil du côté du cours que Hagrid dispensait. Les élèves nourrissaient à présent les Véracrasse, un air de dégoût sur le visage. Puis elle reporta son attention sur la lisière et vit que la chevelure blonde de Lysander avait disparu. Elle paniqua, et cessa d'hésiter pour entrer dans la forêt :

-Lys ! Attends-moi !

Elle tenta de ne pas trébucher sur les immenses racines qui soutenaient les arbres pour rejoindre son cousin. Lysander s'était immobilisé, appuyé contre un tronc d'arbre, un sourire entendu aux lèvres.

-Un jour, tu te rendras compte que la seule chose qui compte pour toi, c'est l'aventure, asséna Lysander alors qu'elle s'approchait laborieusement. Le sang de Newt Scamander coule dans tes veines.

-Je ne le nie pas, admit Lucy en regardant autour d'elle. Il fait si sombre ...

Les arbres étaient si resserrés que leurs branchages, même dépourvus de feuilles, laissaient à peine passer la faible lumière. Lysander se remit en marche en sifflotant joyeusement un air que Lucy ne connaissait absolument pas – et elle soupçonnait que cet air n'existait que dans la tête de Lysander. Ils s'enfoncèrent dans la forêt, suivant ce qui semblait être un sentier recouvert par la neige. Ils marchèrent l'un à côté de l'autre, en silence. Le cœur lourd, Lucy jetait des regards inquiets autour d'elle. Finalement, Lysander bifurqua et quitta le chemin. Pas rassurée pour deux noises, Lucy s'immobilisa. Le préfet-en-chef la fixa du regard, impassible, et elle finit par céder en le suivant. Ils débouchèrent finalement dans une clairière avec un enclos à l'intérieur. Dans lequel était allongé une majestueuse créature aux plumes d'un gris perle et aux yeux orange inquiétant.

-Un hippogriffe, souffla Lucy, émerveillée.

Lysander sourit doucement et fouilla son sac. Lucy détailla la créature. Grande, les ailes puissantes, le regard hautain, les griffes tranchante, elle semblait dangereuse et redoutable, pourtant Lucy ne put s'empêcher d'être attirée irrémédiablement par l'enclos.

-Stop, ordonna Lysander en l'attrapant par la taille, une main toujours dans son sac. Tss Tss. Pas avancer sans que je ne te l'aie permis !

-Et pourquoi j'aurais besoin de ta permission ?

-Lucette, ce ne sont pas des trucs tout mignons, les hippogriffes. Il faut savoir les apprivoiser.

Sur ce, il sortit une masse longue et informe de son sac. Lucy mit un moment à comprendre qu'il s'agissait d'un furet mort. Au lieu d'être dégoutée, elle se mit à frémir d'excitation en comprenant ce qu'il allait faire.

-Je peux venir, Lys ? S'il te plait !

-Pas question, je ne veux pas que Buck te défigure, refusa catégoriquement son cousin en s'éloignant. Observe et apprends, Lucette.

Sur ce, et en ignorant le regard envieux de sa cousine, Lysander passa souplement au-dessus de la barrière. L'hippogriffe redressa la tête et darda un regard menaçant sur le jeune homme, mais une fois un pied à terre, Lysander s'inclina profondément. Il y eut une seconde d'attente, une seconde atroce où Lucy se demanda si la créature n'allait pas préférer mettre un coup de bec sur la nuque de son cousin. Mais finalement, elle courba majestueusement la tête. Lucy eut un sourire.

-Bien joué.

-Ce n'est qu'une formalité, affirma Lysander, l'air pédant sans le vouloir. Il commence à me connaître.

Il s'approcha prudemment et tendit le furet à l'hippogriffe. Son bec saisit la créature inerte avec une telle vivacité qu'un instant, Lucy craignit qu'elle n'emporte avec elle la main de son cousin. Mais aucune frayeur ne se lisait sur le visage de Lysander. Au contraire, il semblait apaisé. Loin du grand jeune homme décalé et raillé qu'il était à Poudlard, le Serdaigle était enfin dans son élément, à l'aise et décontracté. Il s'accroupit pour caresser le bec de la créature. Elle se laissa faire. Lucy s'approcha de la barrière, fascinée de la connexion qui semblait s'établir entre l'homme et l'animal.

-Il s'appelle Buck, c'est ça ?

-Oui. Hagrid en garde d'autre, mais il les laisse en liberté. C'est pour le cours des Sixièmes années, tu comprends ? Et comme il a vu que j'avais un bon feeling avec, il m'a autorisé à revenir. Au début il venait toujours avec moi, au cas où – il m'a raconté qu'il avait déjà eu des ennuis parce qu'un de ses hippogriffes avait blessé un élève. Mais maintenant je les ai assez côtoyés pour venir seul.

-Où sont les autres ?

Lysander leva les yeux au ciel et Lucy fit de même, mais elle n'aperçut que les branches oppressantes au-dessus d'elle, qui se refermaient sur la clairière telles des doigts décharnés.

-Ils volent ? devina-t-elle avec perplexité. Mais comment ça se fait que je ne les ai jamais vu ?

-Ils restent très peu à Poudlard, expliqua Lysander. Hagrid les appelle quand il en a besoin pour les cours ... Mais le reste du temps, ils sont en vadrouille.

-Et Buck ?

L'hippogriffe se lissait les plumes de son bec avec dignité et darda son regard orangé sur Lucy quand son nom fut prononcé. Celle-ci, prudente, préféra baisser les yeux. Elle connaissait la fierté des hippogriffes, et ce que pouvait coûter ce qu'il considérait comme un affront. Lysander caressa son encolure avec douceur.

-Buck commence à être ... un noble, ancien et vénérable hippogriffe, entonna-t-il prudemment, par souci de ménager la susceptibilité de la créature. Les grandes vadrouilles ne sont plus faites pour lui. Et je pense qu'il aime être au calme. Et il est attaché à Hagrid, aussi. Ça fait plus de vingt ans qu'il s'occupe de lui.

Lucy hocha doucement la tête en signe de compréhension. Incapable de s'en empêcher, elle demanda presque timidement à son cousin :

-Tu crois que je peux essayer ?

Lysander la contempla un instant, accoudée à la barrière, frémissante d'impatience. Puis il sourit doucement, et se releva.

-Evidemment. C'est parti, Lucette.

Avec un mélange d'appréhension et s'excitation, Lucy enjamba prudemment la barrière. Les grands yeux orange de Buck se posèrent sur elle.

-Incline-toi, lui souffla précipitamment Lysander.

Lucy s'exécuta sans broncher, ni crainte d'offrir ainsi sa nuque au bec coupant de l'hippogriffe. Son cœur battait à tout rompre et elle sentait le regard scintillant de Buck sur elle. Il eut une longue attente, encore plus longue que pour Lysander, durant laquelle elle n'entendit que son cœur battant la chamade. Lysander était immobile au milieu de la clairière, son regard passant de l'hippogriffe à sa cousine. Puis, après une attente interminable, Buck daigna courber l'échine. Lucy mit un moment à s'en rendre compte car elle fixait le sol neigeux depuis quelques minutes, et ce fut Lysander qui la fit réagir en éclatant de rire.

-Tu peux te relever, Lucette !

-Sérieux ? s'étonna celle-ci, stupéfaite.

Buck s'était redressé, et Lucy était persuadée d'avoir vu dans ses yeux orange une lueur moqueuse.

-Je peux m'approcher, du coup ? s'assura-t-elle.

-Oui, mais sois prudente, toujours. Pas des gestes brusques ...

-... Pas d'insulte, beaucoup de flatterie et beaucoup de furet, acheva Lucy en tendant la main vers son cousin. Donne-moi un furet.

-Dominique hurlerait, fit remarquer Lysander en sortant l'animal mort à sa cousine. Donne-lui bien, c'est mon dernier.

-Dom est une chochotte, grommela Lucy en soupesant le furet. Elle a peur des araignées, au Terrier. Fred devait faire trois fois le tour de leur chambre pour vérifier qu'il n'y en ait aucune. Ça agaçait Molly.

-Je sais, une fois elle a hurlé dans la chambre de Lorcan, toute la maison s'est précipitée, et le seul problème, c'était le bébé Acromentule que mon père avait fait venir pour l'étudier car il s'était échappé.

-Il y a une légère différence de proportion, non ?

-Ça reste un arachnide. Bon, vas-y, Buck lorgne ton furet et si ça continue il va venir te le prendre de force – et ta main avec.

Lucy lui donna un coup de coude dans les côtes et s'approcha lentement de l'hippogriffe. Une fois qu'elle fut à portée de bec, elle leva doucement la main qui tenait le furet inerte. A peine suspendit-elle son geste que le bec de Buck avait agrippé le cadavre de l'animal, et avant que Lucy ne puisse sursauter, il l'avait englouti.

-Et bien, vénérable hippogriffe, tu as de l'appétit, remarqua-t-elle, un sourire au coin des lèvres.

Buck poussa un cri strident, comme pour approuver – ou réclamer un troisième furet. Mais Lysander rit et lui montra le sac vide pour prouver qu'il n'avait plus rien. Mais Buck, loin d'être convaincu, se dressa sur ses pattes et entreprit de fourrer son bec dans le sac que lui tendait le préfet. Lysander rit encore et caressa l'encolure de la créature. Lucy la dévorait des yeux.

-Il est sublime, souffla-t-elle.

Buck redressa la tête, poussa un nouveau cri, puis continua à scruter Lysander à la recherche de furet. Après avoir tourné plusieurs fois autour d'un préfet très amusé par la situation, il finit par se rendre à l'évidence, et se rallongea en croisant les pâtes, l'air boudeur.

-Désolé Bucky, sourit doucement Lysander en se permettant une caresse sur son bec. Ce sera pour une prochaine fois. Tu peux t'approcher, Lucette.

Lucy, qui était restée en retrait dans sa contemplation, sursauta et avança timidement. Buck la lorgna un instant mais la laisser s'approcher. Finalement, elle se risqua à lisser une de ses plumes soyeuses et il ferma les yeux en posant sa tête sur ses pattes griffues. Lucy sentit ses épaules se détendre et s'accroupit auprès de la créature, qui semblait plus tranquille maintenant. Ses mains allaient sur son plumage sans qu'il ne bronche comme elle le craignait.

-Il est plus ... calme que je ne le pensais, avoua-t-elle doucement à son cousin.

-Il n'est plus tout jeune, rappela Lysander en s'accroupissant à sa hauteur pour caresser l'encolure de Buck. Il est moins belliqueux, je suppose. Et il a l'habitude de la présence des humains. Ça le rend moins farouche.

-Et puis on lui a ramené des furets.

Lysander pouffa. Ils continuèrent un instant de cajoler Buck, le caressant, partageant ce qu'ils savaient tout deux des hippogriffes, racontant quelles autres créatures ils pouvaient rencontrer. Lysander était très professionnel dans ces cas-là : précis et l'esprit scientifique, on sentait l'âme du Serdaigle rencontrant celui des Dragonneau et il apparaissait moins comme un savant fou décalé, mais comme un vrai chercheur. Voir Lysander aussi détendu, aussi lui-même, et parler de sa passion avec son cousin dû décrisper Lucy, car après une heure de discussion, ses entrailles s'étaient complétement dénouées. Ils étaient à présent assis de part et d'autre de Buck, et Lysander avait poussé le vice jusqu'à s'appuyer sur lui. Si au début, la créature lui avait jeté un regard d'avertissement, elle avait fini par pousser un bref cri de résignation avant de poser sa tête sur ses pattes croisées.

-Heureusement que c'est la dernière année, grommela Lysander en caressant le bec de Buck. Je commence à en avoir assez d'être enfermé à Poudlard.

-Si ça t'énerve tellement d'être à Poudlard ... alors pourquoi McGonagall a fait de toi un préfet-en-chef ?

Lysander haussa vaguement les épaules, la tête appuyée contre le cou de Buck.

-Une idée de Campbell. Elle m'a nommé préfet parce que j'étais le garçon le plus sérieux de notre année. Et elle pensait que ... bah, ça m'aiderait à m'intégrer. Qu'après ça, les gens me respecteraient un peu plus, et que d'un autre coté, en prenant des responsabilités je serais moins ... Tu sais. Bizarre. Dans la lune. Mon côté loufoque, quoi.

-C'est loin d'avoir marché, alors.

-Effectivement, c'est même de pire en pire. Mais j'ai quand même bien fait mon devoir de préfet parce que je respecte le règlement à la lettre, et que je ne supporte pas de mentir. Et puis, il paraît que McGonagall y tenait, comme pour prouver que quelqu'un comme moi ... pouvait être quelqu'un d'important.

-Bien sûr que quelqu'un comme toi peut être quelqu'un d'important, Lys. Ne me dis pas que tu en doutais ?

Lysander eut un petit sourire triste.

-A vrai dire, je me fiche d'être important. Et je suis très fier d'être « quelqu'un comme moi ». Pour rien au monde je ne changerais. Je veux quitter cette école. Et après je m'envolerais. Je n'ai pas encore décidé si j'allais en Australie ou en Amérique du Sud – on connaît tellement mal ces continents ! Et je ne te parle pas de l'Afrique ! Je reviendrais surement. Prendre des nouvelles de mes parents, assister au mariage de mon frère avec Dom, venir te chercher pour qu'un jour tu viennes avec moi ... Tu vois, tu ne le nies même plus ! ajouta-t-il triomphalement quand il remarqua le sourire amusé, mais envieux de Lucy. Tu ne nies même plus que tu n'as pas la moindre envie de mettre les pieds au Ministère !

Lucy ne répondit pas, se contentant de secouer la tête l'air désabusé. Evidemment qu'elle n'avait pas la moindre envie d'aller au Ministère. Evidemment qu'elle avait soif d'aventure, qu'elle avait passé son enfance à rêver d'aller en Roumanie avec son parrain voir les dragons, de visiter le monde comme son ancêtre Nobert Dragonneau, à la recherche des créatures les plus insolites, parcourir les montagnes l'Himalaya avec Lysander dans les coins les plus reculés, inconnus des moldus où des créatures se logeraient encore dans un habitat inviolé et naturel. Tout cela elle en rêvait. Elle en rêvait tellement que ça lui semblait impossible. Alors elle se contenta de sourire.

-Un jour tu t'en iras ici d'aussi, continua Lysander, voyant dans son sourire un signe d'encouragement. Et le monde s'offrira à toi. Fais attention à ne pas le louper.

-J'y veillerais, promit-t-elle. Merci, Lys.

-Un plaisir. Maintenant que ça va mieux, tu vas me dire pourquoi tu es vraiment venue à la lisière ?

Lucy soupira profondément, et se laissa elle aussi aller sur Buck, dépitée. Lysander, ou de la manière de ne rien oublier. Elle sentait ses grands yeux bleus, sans artifices ni jugement, la scruter dans la semi-pénombre. Et malgré son manque d'envie de revenir sur sa discussion avec Shannon et Louis, elle se dit que s'il y avait quelqu'un à qui elle pouvait parler de cela, c'était justement Lysander. Alors d'une voix enrouée par l'indignation et la déception, elle révéla ce que lui avait dit son cousin et sa camarde. Lysander écouta, se redressant, impassible, une brindille entre les mains. Quand elle finit son récit, elle entendit un bruit sec. Lysander venait de casser la brindille.

-C'est parfaitement grotesque, grommela-t-il d'une voix où elle sentait pointer la colère. Toi, responsable des agressions ? Tu ne ferais pas de mal à une mouche ! Enfin, peut-être à Scampers au prochain match de Quidditch, mais ce n'est pas pareil.

Lucy eut un petit rire. Le soupçon d'énervement dans la voix de Lysander la surprenait un peu, lui qui semblait tellement détaché du monde. Elle ne pensait pas que ça l'affecterait. De toute évidence, c'était le cas.

-Et puis l'argument comme quoi tu enquêtes trop ... C'est parfaitement idiot. On enquête tous, d'une manière ou d'une autre. On cherche tous à savoir ce qui se passe. On a tous peur.

-Même toi ? tenta de plaisanter Lucy avec un demi-sourire.

-Evidemment. Tellement que ... Je ne peux pas rester les bras croisés. Alors ... je ne sais pas. A défaut de pouvoir prévenir les attaques, je pense qu'on pourrait les guérir.

Lucy se redressa, surprise. Mais Lysander semblait étrangement sérieux. Sérieux comme elle ne l'avait jamais vu. Il avait ramassé une autre brindille et la faisait tourner entre ses doigts.

-J'ai parlé à Hagrid, il y a quelque temps. Quand on est allé voir Buck, justement. Et il m'a parlé, en me demandant ... oh, je t'en prie Lucy, garde ça pour toi.

-Le venin d'Acromentule.

Lysander lui jeta un regard surpris derrière ses lunettes, mais acquiesça doucement.

-Comment tu sais ?

-Une bévue qu'il a fait. Il y a quelques semaines. Si tu sais pour le venin, alors ... si tu as été voir en bibliothèque ...

-La potion expérimentale, oui. L'état végétatif. Pour toujours.

Une pointe d'horreur glacée avait percé la voix de Lysander. Lucy n'en revenait pas. Même Lysander Dragonneau, celui qui ne semblait avoir d'yeux que pour les Joncheruines et les Ronflaks Cornus, le nez baissé sur Le Chicaneur, avait été aussi loin qu'elle dans ses recherches sur la potion. Son cœur se mit à battre la chamade.

-On en a parlé à Greengrass. Le Sérum de Basilius.

-Oui, j'en ai parlé à Campbell aussi. Elle a semblé mal à l'aise et a refusé de me dire la moindre chose. Elle m'a juste dit de me taire, et qu'elle, Londubat et Hannah s'en occupaient. Mais ... tu ne trouves pas qu'ils mettent du temps ?

-C'est compliqué de faire un antidote quand on n'a pas les ingrédients, fit remarquer Lucy avec défaitisme. Et ce n'est pas dans le sang des victimes qu'on aura les rendements les plus précis ...

Lysander se tut, lui concédant ce point. Lucy donna une dernière caresse à Buck et se rampa pour s'asseoir en tailleur devant son cousin.

-Tu as essayé ? s'enquit-t-elle en un souffle. De trouver un antidote ?

Tout le monde sous-estimait Lysander. Mais l'avantage quand on était le fils de Luna Lovegood et Rolf Dragonneau, c'était qu'on avait dès le plus jeune âge une connaissance accrue des plantes et animaux qui hantaient ce monde. Si quelqu'un devait avoir les connaissances d'herbologie nécessaire à la fabrication d'une potion, c'était Lysander. Et son hochement de tête le lui confirma.

-Oui, j'y ai songé. J'ai coupé ce que je savais des effets de la potion avec ce que j'ai lu sur le Sérum de Basilius et le venin d'Acromentule. Pour l'instant j'en suis au point mort ... Ce n'est pas évident, ce sont juste des suppositions, mais généralement je devine bien. En cinquième année, Campbell m'a presque supplié d'aller faire des études pour devenir médicomage. J'ai dit « oui, professeur. Mais pour les bêtes. » Je crois l'avoir désespéré.

Il mit ses lunettes sur sa tête pour se pincer l'arête du nez. Lucy put alors observer les cernes que cachaient ses verres et mangeaient presque son visage. Elle fronça les sourcils.

-Ne me dis pas que tu passes tes nuits à réfléchir à ça ?

-Non, lui assura Lysander en remettant ses lunettes, masquant quelque peu ses cernes. Mais un peu. Et le travail sur les ASPIC. Et mes recherches. Et ce soir j'ai ronde. Bref. Vivement que tout cela finisse.

-Je vais prendre ta ronde, proposa Lucy en mettant une main sur le genou de son cousin. Toi, va te reposer. Et j'ai dit te reposer, Lys. Tu mets toutes tes recherches dans ton placard et tu dors. Hey ! (Elle lui donna un coup dans le bras en voyant qu'il riait). Promets-moi, Lys !

-D'accord, céda-t-il en se calmant. Je te laisse ma garde et je dors ce soir. De toute façon, Lorcan a commencé à remarquer mes veillées et il surveille aussi maintenant. Alors ne t'en fais pas, je dormirais.

-C'est parfait.

Lysander sourit un instant, et se laissa de nouveau aller contre Buck. L'hippogriffe piaffa brièvement avant de reposer sa tête contre ses pattes.

-Et toi, ne te laisse pas affecter par ce que les gens disent. C'est stupide et tu le sais. N'arrête pas d'enquêter pour autant. Il faut qu'on sache ce qu'il se passe et je trouve que la communication des profs est plus que lacunaire. Alors on prend le droit. Et tant pis pour ceux qui trouvent ça suspect.

-C'est que Lysander Dragonneau s'affirme, se moqua Lucy.

-Lysander s'est toujours moqué de ce qu'on pensait de lui, rectifia-t-il. A toi de faire la même, petite cousine.

Lucy hocha la tête, lui promettant de faire de son mieux. Lysander sourit encore et se redressa pour sauter sur ses pieds et tendit la main à sa cousine.

-Allez viens. Je veux te montrer une dernière chose. Peut-être que ça te remontera le moral.

-On va où ? demanda Lucy en prenant sa main.

Cette fois elle n'hésita pas : sa curiosité était piquée. Et à présent, elle se sentait étrangement en confiance avec son cousin. Celui-ci sourit énigmatiquement et l'entraina hors de l'enclot.

-Salut Bucky !

L'hippogriffe poussa un bref cri, se remit sur ses pattes, s'ébroua et de ses puissantes ailes, prit son envol. Lucy l'observa se hisser vers les hauteurs des cieux, laissant Lysander la guider. Elle ne se rendit même pas compte qu'ils s'enfonçaient dans la forêt, de plus en plus. Après quelques minutes de marche, elle finit tout de même par demander :

-Rassure-moi ... On ne va quand même pas voir Graup ?

-Non non. Mais on ne va pas loin. Au pied de la montagne.

Lucy se stoppa presque net, retrouvant quelque peu de sa peur. C'était tout de même très profondément dans la forêt et l'air autour d'elle s'épaississait autour d'elle. La pénombre se renforçait. Mais Lysander tira sur sa main.

-Allez Lucette, viens. C'est un entrainement pour l'Himalaya.

La jeune fille sourit timidement, et ravala son appréhension pour suivre son cousin, tout en gardant précautionneusement sa main dans la sienne. Ils marchèrent encore un longtemps moment, slalomant entre les immenses racines, retrouvant parfois un chemin, le quittant aussitôt, jusqu'à que la pente se fasse plus raide. Les arbres étaient si resserrés à cet endroit que les rayons du soleil ne passaient plus du tout, et ils furent forcés d'allumer leurs baguettes. Finalement, Lysander s'immobilisa et lâcha sa cousine pour grimper dans un arbre. Après une seconde d'hésitation, Lucy le suivit, et ils se hissèrent jusqu'à une branche, assez haute pour donner le vertige à ceux qui l'avaient, et trop basse pour atteindre décemment la cime des arbres. Lucy lança un regard interrogateur à son cousin, le cœur battant.

-Qu'est-ce que nous faisons tapis ici ?

-Nous attendons. Très patiemment.

-Patiemment comment ? J'ai cours, Lys.

-Moi aussi, mais j'avais d'ores et déjà décidé qu'aujourd'hui ce serait une pause. Alors ça en sera une pour toi aussi.

Lucy fronça les sourcils. Elle n'aimait pas particulièrement sécher les cours, mais les yeux pétillants de Lysander piquaient trop sa curiosité pour qu'elle ne reste pas. Et elle avouait avoir peur de retourner au château seule.

-Et on attend quoi ?

-Tu verras Lucette. En attendant, tais-toi.

-Et combien de temps ?

-Aucune idée. Chut.

-Mais qu'est-ce qu'il y a à voir ?

-Tu vas te taire ?

Lucy grommela dans sa barbe et s'adossa au tronc de l'arbre. Après un quart d'heure où rien ne se passa et où Lysander ne cessa de fixer la cime des arbres, elle finit par sortir un parchemin de son sac et entreprit à dessiner un oiseau-tonnerre d'après ses souvenirs du livre de son arrière-grand-père. Des heures passèrent, où Lysander ne bougea pas d'un pouce. Le jour déclina, et bientôt, leurs baguettes furent leurs seules lumières. Son ventre commençait à gronder. Elle avait entamé de représenter un Vert Gallois, la baguette dans la bouche pour se laisser les mains libres, quand elle l'entendit. Une vague mélodie, lente, douce et mélancolique. Les premières notes lui serrèrent le cœur, et elle en laissa tomber sa plume, qui alla s'échouer en contre-bas. Lysander se redressa, et agrippa la branche du dessus pour se mettre debout, l'air en alerte. Le chant les survolait, comme une douce neige. Les notes descendaient lentement, à un rythme mélancolique, des flocons de neige qui auraient cristallisé en eux une envoutante mélodie. Et un cri déchirant. Ces flocons étaient emplis de solitude, un gouffre de peine et de perte. Et pour finir, des flocons plus doux, moins triste. Des flocons qui, lorsqu'ils fondent, apportaient l'espoir. Les larmes montèrent aux yeux de Lucy. Puis c'était fini.

Lysander et Lucy restèrent un long moment silencieux, le Serdaigle debout, une main sur la branche du dessus, la tête baissée comme en recueillement, la Serpentard assise, hébétée, désorientée. Les larmes s'étaient figées sur ses joues. Elle ne sut dire combien de temps avait durer le chant. Et elle ne comprenait pas pourquoi elle avait pleuré. Que s'était-il passé ?

-Par Merlin, souffla-t-elle après quelques minutes. Merlin tout-puissant ... Qu'est-ce que c'était ?

Lysander ne bougea pas dans un premier temps. Il resta la tête baissée, debout sur l'arbre, avant de se redresser pour sourire tristement à sa cousine.

-Un phénix, Lucette.

Un phénix, se répéta Lucy, émerveillée malgré les larmes qui mouillaient ses joues. C'était le chant d'un phénix. Elle vrilla son regard sur la cime des arbres, imaginant le majestueux oiseau volait au-dessus d'eux.

-On ne l'entend jamais, du château, continua Lysander d'une voix douce. Il vole dans les montagnes. C'est ici qu'on l'entend le mieux. J'ai même réussi plusieurs fois à l'apercevoir, mais il est farouche.

-J'ignorais qu'il y avait un phénix dans la forêt.

-De ce que je sais ... c'était celui de Dumbledore. Il y était très attaché. Alors à sa mort, il s'est réfugié dans la forêt. Et il pleure sa douleur. Il s'appelle Fumseck.

***

Lucy erra un moment dans les couloirs du château, avant d'aller à la ronde qu'elle avait prise à Lysander. Ils étaient lentement remontés vers Poudlard, une heure après avoir entendu le phénix. La nuit était complétement tombée sur l'école. Ils avaient passé la journée dans la forêt, à parler, dessiner, écouter le phénix. Ils n'avaient pas mangé, mais quand Lucy quitta Lysander, elle ne fut pas déçue quand elle constata qu'ils avaient également sauté le repas du soir. Elle n'avait pas faim, à vrai dire. Sa tête était emplie du chant du phénix. Et malgré la tristesse du chant, elle se sentait beaucoup mieux maintenant qu'elle l'avait entendu. Ça avait agi comme une sorte d'exutoire, comme pleurer après une déception et s'endormir apaiser. Simplement la solitude du phénix s'était profondément ancrée en elle, et elle avait fui la compagnie à son entrée dans le château. Lysander était monté se coucher sans demander son reste, et elle avait brièvement vu Stephen Bennett, le préfet de Poufsouffle, lui sourire avant d'aller faire sa ronde. Elle-même devait songer à faire la sienne. Il était vingt-et-une heure passée et après ce qu'il s'était passé avec Maeve, un couvre-feu avait été instauré, et seuls les préfets pouvaient le transgresser dans le cadre des rondes.

Elle n'avait pas reparlé des rumeurs avec Lysander, mais était maintenant déterminée à les ignorer. Elle se savait innocente et c'était ce qui comptait. En revanche, une personne dans cette école n'était pas innocente. Elle était même loin de l'être. Et il fallait la trouver. A tout prix. Elle réfléchissait à cela pendant sa ronde, se concentrant à peine sur ce qu'elle faisait. Elle descendit du premier étage, refaisant dans sa tête la liste de ce qu'elle savait sur cette personne.

- Elle avait vécu la guerre.

- Elle devait avoir combattu aux côtés de Harry. Voire même avait-elle été persécutée. Ou si ce n'était pas un combattant ou une victime directe, ça devait être une fille ou un fils qui subissait les conséquences du traumatisme.

- Elle avait des connaissances fines en potion.

- Elle voulait se venger d'un fait commis pendant la guerre. Voire même de la guerre en elle-même.

- Il était à Poudlard. En tant qu'élève, professeur, ou au sein du corps administratif, mais il était à l'école.

Tout cela était assez compliqué. Et assez effrayant. Elle admettait qu'elle pouvait correspondre à cette description. Ses deux parents s'étaient battus aux cotés de Harry, et avaient souffert de la guerre en perdant des proches. Elle était une sorcière raisonnablement douée. Elle était élève à Poudlard.

Mais non. Ce n'était pas elle. Jamais.

Elle aurait aimé que Lysander ait accès à la Potion. Il saurait peut-être arriver à quelque chose, car il était un œil neuf, une manière insolite de voir un problème qui pourrait s'avérer bénéfique dans ce genre de cas.

Elle était plongée dans ses pensée, profondément, faisant mentalement des fiches, le cerveau bouillonnant, mais bouillonnement sainement. Sa journée avec Lysander et le chant du phénix l'avait apaisé, mais également galvanisé : toute l'énergie qui l'avait quitté après l'agression de Maeve lui revenait d'un coup.

A vingt-deux heures trente, elle décida qu'elle avait assez potassé sur cela, et qu'elle devait enfin se concentrer sur sa ronde. Elle fit le tour du deuxième étage et le premier et décida d'aller au rez-de-chaussée avant de retourner se coucher et passer la main au suivant. Elle croisa la Dame Grise et Nick Quasi-Sans-Tête discutant dans un couloir et ils la saluèrent. Elle se dirigeait vers la Grande Salle pour une dernière inspection quand un bruit sourd attira son attention. Précisément là où elle allait. Les cauchemars de l'agression de Maeve l'assaillirent et elle saisit sa baguette.

-Stephen ? appela-t-elle, espérant vainement que c'était le second préfet de garde qui avait fait ce bruit.

Mais les sons de pas étaient précipités, comme quelqu'un s'enfuyant à tire-d'aile. Le cœur battant, elle s'élança dans le couloir et prit sèchement le virage qui menait à la Grande Salle. Une petite silhouette vêtue de blanc s'élançait au bout du couloir, courant, sa longue cape trainant derrière lui. Le cœur de Lucy manqua un battement mais malgré le tremblement qui éprenait sa main elle s'efforça à hurler, tout en s'élançant à sa poursuite :

-Stupéfix !

Mais le tremblement dévia son sort et la silhouette sursauta, perdant de la vitesse, et faisant teinter quelque chose à terre. Le cœur battant à tout rompre, Lucy tenta une nouvelle fois :

-Pétrificus totalus !

Mais son adversaire para rapidement le sort et passa le virage qui menait à un autre couloir. Lucy accéléra, avec la force du désespoir et lança un nouveau sort de stupéfixion à l'aveuglette dans le couloir. Mais quand elle regarda plus précisément dans le corridor et la seule chose qu'elle vit sur les dalles glacées, ce fut le corps inerte de Stephen Bennett, ses cheveux bruns, face contre terre, sa baguette gisant à quelques centimètres, comme s'il la tenait quand il était tombé. L'horreur s'éprit de Lucy.

-Oh par Merlin ...

Sa tête tourna pour voir le couloir de la Grande Salle, avec l'impression que ses entrailles se gelaient peu à peu. La première chose qu'elle vit ce fut une fiole près d'elle, qu'elle ramassa par automatisme. Une fiole avec un fond de potion à la robe pourpre vaguement familière. La seconde fut la silhouette étendue devant la porte de la Grande Salle.

Dont elle reconnaitrait la chevelure hirsute entre mille.

Par Merlin.

Sans se préoccuper de Stephen qui gisait toujours derrière elle, elle s'avança vers la Grande Salle, le cœur au bord des lèvres. Chaque pas était interminable. Il n'y avait que deux personnes à Poudlard qui avait cette chevelure. Et les deux faisaient partie de ses cousins.

James ou Albus. C'était James ou Albus qui gisaient là.

Non. Pas eux. Pas ma famille.

Ça n'a pas de sens.

Pas eux. Pitié.

A chaque pas, une supplication. Pour finalement s'agenouiller devant le corps inerte de l'élève, lourdement, comme une marionnette à laquelle on aurait coupé les fils. Elle vit le visage pâle, les grands yeux fixés sur le vide. Vitreux. Affreusement vitreux. Lucy se sentit prise de nausée et posa la main sur sa bouche pour ravaler un cri.

Des yeux bruns affreusement vitreux.

-Oh James ... Non Jim, réveille-toi, je t'en supplie, réveille-toi !

Elle lâcha brusquement la fiole qu'elle tenait pour agripper son cousin. Elle le secoua, le gifla, hurla, pleura, enfonça ses ongles dans son bras, lui jeta tous les sorts de guérison qu'elle connaissait. Rien ne marcha et James demeura inanimé dans ses bras. Le reste s'effaça autour d'elle. Elle s'acharna jusqu'à ne plus avoir de souffle, et finit par de recroqueviller, la tête dans les mains, tremblant de tous ses membres. Ce fut comme ça que McGonagall, Sullivan, et Londubat la trouvèrent, suivis de Nick Quasi-Sans-Tête et la Dame Grise, agenouillée devant le corps de son cousin. Mrs. Sullivan la força rudement à se relever.

-Je l'ai madame la directrice ! Je l'ai !

-Lâchez-la, enfin ! aboya McGonagall avant de poser les yeux sur James. Oh par Merlin ...

-Professeur, grelotta Lucy, qui s'était effondré dès que Sullivan l'avait lâché. Je crois ... je n'ai ...

-Minerva ! appela Londubat d'une voix presque stridente. Il y en a un autre ici ! Je crois que c'est Stephen Bennett !

-Non, intervint Lucy, des larmes dévalant toujours ses joues. Je ... Je ne l'ai pas fait exprès, j'ai ... j'ai voulu ...

-Qu'avez-vous fait, Miss Weasley ? répliqua sèchement Sullivan. Votre propre cousin ?!

Lucy, malgré la douleur qui lui étreignait la poitrine, eut un sursaut de révolte. Ses larmes se figèrent sur ses joues.

-Non ! Je n'ai rien fait, ce n'est pas moi, je ... Pitié ! (Elle se tourna vers McGonagall avec désespoir). Professeur, je n'ai rien fait ! Ce n'est pas moi !

-Ah oui, et c'est quoi ça ?

Sullivan ramassa la fiole à côté d'elle, et la secoua devant son nez, comme une arme triomphale.

-L'arme du crime ?

-Quoi ? Non ! Je l'ai trouvée ! C'est la silhouette à la cape blanche ... Madame, vous devez me croire !

Mais même les yeux de la directrice exprimaient le doute. Son regard tomba sur James et Lucy le suivit. Immédiatement les sanglots qui nouèrent la gorge quand elle vit les yeux vitreux de son cousin, qui hanteraient à coup sûr ses cauchemars.

Ce n'est pas moi, Jimmy. Je te jure que ce n'est pas moi. 

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