Chapitre 13 : Les conséquences de nos actes
Chapitre 13 : Les conséquences de nos actes.
Dix minutes plus tard, ils étaient tous installés dans l'infirmerie d'Hannah Londubat, les garçons emmitouflés dans d'épaisses couvertures, et les Mousquetaires l'air morne. Hannah allait de Roxanne à Louis, qui reprenait doucement conscience, pestant, sa natte blonde se balançant furieusement dans son dos.
-Plonger dans le Lac Noir à cette époque de l'année, bougonna-t-elle en donnant une potion à Will.
-Mais je n'ai rien !
-Pour l'instant, mais je ne préfère pas te voir dans mon infirmerie parce que tu as un vilain rhume, Will. Bois. Qu'est-ce qu'il vous ait passé par la tête à tous les deux ?
-On n'allait pas laisser Louis et ... l'autre se noyer dans le Lac, marmonna Albus en prenant la potion qu'Hannah lui tendait. Atchoum !
Il se pinça le nez pour contenir son éternuement, et Hannah lui lança un regard entendu. Alors qu'elle retournait voir Louis, Lucy se glissa auprès de son Attrapeur. Will tremblait encore, et ses lèvres avaient bleuies, mais la glace dans ses cheveux était partie.
-Merci, lui souffla-t-elle en posant une main sur son bras. D'être venue me chercher. Et d'avoir été repêché Pucey. Tu n'étais pas obligé de le faire.
-Que veux-tu, Capitaine, commenta l'Attrapeur, ses lèvres s'étirant difficilement en un sourire. Même à Serpentard, on a le sens de l'honneur et du devoir, ce n'est pas moi qui vais t'apprendre ça.
-Mais elle a raison, intervint Lily en se posant en tailleur devant le lit sur lequel Will et Lucy étaient assis. Tu n'étais pas obligé de la faire. Merci d'avoir aidé mon cousin, McColley.
Will baissa un regard surpris sur la benjamine, et un éclair d'espièglerie passa dans ses yeux.
-Une Potter qui me remercie ? Jour de gloire, railla-t-il d'un ton qui lui ressemblait déjà plus.
Lucy sourit et lui ébouriffa affectueusement les cheveux.
-Je te reconnais mieux là !
-Mais je suis sérieuse, insista Lily. T'étais pas obligé de venir chercher Lucy pour aider mon cousin. Je ne sais pas ce qui se serait passé si ... (la voix de Lily se brisa un peu sur la fin, mais elle reprit rapidement contenance pour armer son appareil). Bref, souris McColley, je veux me souvenir de ce moment !
-Potter ! protesta Will en mettant une main devant son visage.
Lucy esquissa un sourire, et tapota l'épaule de son Attrapeur avant de se lever pour s'asseoir à côté d'un autre Attrapeur. James la suivit du coin de l'œil, l'air suspicieux. Jina était assise de l'autre côté de lui, essayant vainement de lui arracher un mot, alors que Rose et Shannon Finnigan servaient d'assistante à Hannah.
-Je vais être obligée de te coller une retenue, annonça Lucy d'une voix détachée. Le sort que tu as lancé à Pucey ...
-Il l'avait mérité, cingla-t-il d'une voix tout aussi détachée. Tu as vu ce qu'ils ont voulu faire à Louis et Roxy ? Dix contre deux !
-Mais ce n'était pas à toi de faire justice, James.
-A bon ? Ça ne te dérangeait pas quand c'était pour te sauver la peau, persiffla son cousin, les yeux toujours obstinément rivés vers le mur d'en face.
Lucy reçut la réplique comme une gifle. Elle savait qu'il faisait référence au fait qu'il lui avait demandé de faire payer à Wallace les agressions sur Gethin, chose qu'elle ne n'avait pas pu faire elle-même par peur des représailles de sa propre Maison. Elle ravala sa culpabilité, et se drapa du peu de dignité qui lui restait pour toiser son cousin.
-Peut-être. Mais ce n'est pas la même chose, pas la même situation. Alors soit dans la salle de Métamorphose jeudi à dix-sept heures. Je ne te retiendrais pas longtemps. Désolée, James, mais je n'ai pas le choix.
La mâchoire de James se contracta et il continua de fusiller le mur d'en face du regard. Lucy échangea un regard avec Jina avant qu'il ne finisse par lâcher du bout des lèvres :
-Stupide préfète-parfaite.
Lucy lui lança un regard torve, et se leva pour rejoindre Will, que Hannah venait d'autoriser à sortir. Jina l'interrogea des yeux, mais la jeune fille ne put que hausser les épaules avec impuissance. Elle s'enquit rapidement de l'état de Roxanne mais elle semblait bien portante, plus mortifiée par la situation que blessée physiquement. Elle se fendit simplement d'un « je te l'avais dit, Luce ». Louis, lui, aurait besoin de rester une nuit à l'infirmerie : Hannah avait entourré sa tête de bandages et lui avait donné trois potions différentes. Rose resta avec Albus, toujours en observation et Lucy repartit en compagnie de Will, toujours sa couverture sur les épaules, et Shannon Finnigan. L'Attrapeur se tourna vers la Poufsouffle, avant de questionner sa préfète du regard.
-Shannon ? Merci pour Albus, intervint-t-elle alors, consciente de l'avoir complétement oublié.
La jeune blonde haussa les sourcils, surprise qu'on lui adresse la parole, et Lucy se sentit un peu honteuse.
-De rien, c'est normal. L'essence de Murlarp, c'est magique pour ce genre de choses. Je l'ai raccompagné parce que je voulais vérifier que ça agisse bien en chemin.
-C'est très gentil de ta part, la remercia Lucy en posant une main sur son bras. Et pareil pour nous avoir aidé avec Louis et Roxanne, tu n'étais pas obligée de ...
-Ce n'est rien, Lucy, fit la Poufsouffle avec un sourire tranquille. Je n'allais pas vous laisser comme ça, en plus, Louis semblait bien amoché ... Bon, je retourne dans ma Salle Commune.
-A côté des cuisines, soupira Will avec envie. Avec tout ça, on a loupé le dîner ...
Shannon les observa quelques secondes, puis un petit sourire retroussa ses lèvres, et elle leurs ordonna de rester ici. Quelques minutes plus tard, elle revint, les bras chargés de victuaille. Will, jusque là moribond, retrouva la vitalité qui le qualifiait d'ordinaire.
-Shannon, tu es une Sainte, annonça-t-il solennellement alors qu'elle déposait la nourriture dans ses bras.
-Et pour une fois, on est d'accord ! rit Lucy avec un sourire pour sa camarade. Tu es incroyable !
-Tu pensais quoi, que seuls les Mousquetaires ont accès à la cuisine ? plaisanta la jeune fille. Mon père était à Gryffondor : j'ai quand même hérité de quelques petits trucs.
-Tu es une Sainte, répéta Will en la regardant avec des yeux émerveillés.
-C'est ton père qui a lien de parenté avec Victoria Bennett ?
Lucy voulut se mordre la langue mais c'était trop tard : les yeux de Shannon s'écarquillèrent et Will poussa un long sifflement admiratif.
-Victoria Bennett, sérieux ... ?
-C'est ma tante par alliance, rectifia Shannon, vaguement gênée. La femme de mon Parrain.
-Le prof de sortilège ? devina Lucy, heureuse d'avoir fait les liens.
Les joues de Shannon s'empourprèrent et elle recula d'un pas jusqu'à se coller au mur. Lucy se demanda un instant si elle ne cherchait pas à s'y fondre.
-C'est le frère de ma mère, oui ...
-Mais tu es VIP en fait, Finnigan ! s'exclama Will, abasourdi. Ma sœur était fan de Bennett petite – et d'Amanda Kirk aussi ...
Les joues de Shannon rougirent violemment et elle jeta un petit coup d'œil derrière elle, comme si elle cherchait une échappatoire. Lucy eut pitié d'elle et donna un coup de coude insistant à Will pour qu'il cesse de la fixer avec ces yeux ronds.
-Désolés, on est trop curieux. En tout cas, merci encore Shannon !
La jeune fille lui servit un sourire reconnaissant, et elle s'en alla vers sa Salle Commune avec un signe de main. Will et Lucy retournèrent vers celle de Serpentard. L'Attrapeur n'avait pas attendu d'être posé et avait déjà mordu dans une brioche, s'extasiant toujours de la parentée de Shannon. Lucy eut un sourire attendri. Elle avait elle aussi les mains pleines des cadeaux de Shannon Finnigan, mais elle avait l'estomac bien trop noué pour ne serait-ce penser à avaler quoique ce soit. Ils arrivèrent devant le mur qui dissimulait leur Salle Commune, et Will annonça la bouche pleine « Myrddin » avant qu'ils ne rentrent. Lucy resta figée sur le bas de porte en remarquant Pucey, toujours détrempé, entouré de tous ses compagnon, assis à une table de Serpentard. Son estomac se noua plus encore. Will se figea à côté d'elle, et ils échangèrent un regard. Lucy inspira profondément, et mit résolument ses victuailles dans les bras de son Attrapeur. Will lui lança un long regard compatissant.
-Bonne chance, Capitaine.
-Merci, Will.
Et elle se tourna vers la Salle Commune pour y entrer d'un pas décidé. C'était parti.
***
La dispute ne fut pas de tout repos. Eléonore fut obligée de courir chercher Luke en renfort pour calmer le jeu, ce qui fut relativement étrange car Luke était sous la douche à ce moment-là. Or, une chose des plus importantes à savoir sur Luke Zabini, c'était que la douche était pour lui un moment sacré. Il débarqua donc vêtue de sa plus belle serviette, le torse et les cheveux ruisselant d'eau, et sa plus belle voix de ténor, avait hurlé à tout le monde de se la fermer. Il avait entériné les retenues de Lucy, promis qu'il superviserait lui-même la retenue de James (quand même, il risquait que Lucy soit trop gentille ...) et enfin, enleva cinq points à sa sœur pour l'avoir dérangé avant de retourner à sa douche. La venue de Luke avait eu pour mérite de laisser la paix à Lucy, car le préfet était respecté par tout le monde. Le nom Zabini avait encore beaucoup d'écho. Et il fallait le dire, son apparition avait mis la moitié des filles en hyperventilation (sauf Alexandra, qui s'était contenté de remonter au dortoir, rouge comme un souafle). Tout le monde alla se coucher après cela, sauf Eléonore, Will et Lucy. Les deux joueurs avaient fait de leur mieux pour rassurer leur capitaine. Et pour cause, Lucy se sentait au bord de la crise de nerf. Elle se doutait qu'il y aurait un jour une confrontation entre ses cousins et leurs détracteurs, mais elle n'avait pas pensé qu'elle serait si tôt. Et elle n'avait pas anticipé le déchirement que cela apportait. Ses natures Weasley et Serpentard, ses deux allégeances, semblaient faire un joyeux combat dans son ventre, la tiraillant sans cesse, et elle en aurait presque pleuré de frustration.
Le dernier jour de cours arriva. Lucy avait eu du mal à faire sa valise car elle appréhendait grandement son retour chez elle, dans l'appartement Londonien qu'elle avait toujours habité avec ses parents. Toute sa famille étant au Ministère, elle passerait sans doute ses journées seule. Ou au Terrier. Mais avec ce qu'il s'était passé au bord du lac, elle redoutait cette éventualité autant qu'une discussion en tête à tête avec son père. Ce fut pour cela qu'elle arriva à la table du petit-déjeuner le visage fermé, la mine morose. Eléonore la couva d'un regard inquiet pendant qu'elle se laissait tomber à coté de Luke.
-Mauvaise nuit ? devina-t-elle en remarquant les cernes de Lucy.
-Mauvaise nuit, mauvaise semaine, mauvaise période, mauvaise année, maugréa la préfète. Aïe !
Elle se frotta le genou à l'endroit où Montague, assis en face d'elle, venait de la frapper. Il posa un regard pénétrant à sa coéquipière.
-On a gagné le premier match – et plutôt bien – donc je t'interdis de dire que c'était une mauvaise période. Et je refuse que tu dises que c'est une mauvaise année et que tu tires cette tête au prochain entrainement. Sinon, je te jure que je quitte mon poste.
-Fais ça, et je te jure que je demande à Crockmou de te manger tout cru, gronda Lucy en le menaçant de sa fourchette.
Montague eut un sourire de coin, entendu, et s'apprêta à répliquer quand Eléonore intervint d'une voix exagérément enjouée :
-Oh, voilà le courrier !
Lucy leva la tête et vit effectivement une dizaine de hiboux s'engouffrer par les fenêtre, lettre et journaux au bec. Eléonore attrapa sa Gazette du Sorcier, et se plongea dans sa lecture alors que Montague décrochait de la patte de sa chouette une lettre. Lucy s'apprêtait à lui demander d'une voix moqueuse si c'était sa mère, mais une chouette hulotte vint lui couper l'herbe sous le pied en se posant côté d'elle. Elle fronça les sourcils en décrochant la lettre, surprise de recevoir du courrier.
-Il y a quelque chose d'intéressant en dehors des murs de Poudlard ? s'enquit Luke à sa sœur alors que Lucy dépliait sa lettre.
-Oui, répondit Eléonore, les yeux scrutant avec stupeur la première page. Ereba Millaners démissionne !
-Quoi ?! s'exclamèrent tous les gens aux alentours.
Certains se levèrent pour lire par-dessus l'épaule de la sixième année. Ereba Millaners était la Ministre de la Magie depuis huit ans. Elle venait juste d'être réélue – d'une très courte tête – l'année dernière et ce fut pour cela que l'annonce prit tout le monde de court.
-Apparemment, elle serait malade ... (Eléonore tourna une page, et grimaça). Outch ... La Dragoncelle ... La pauvre.
-Ça ne pardonne pas, commenta Luke en haussa les épaules. On sait qui va la remplacer ? (Il donna un coup de coude à Lucy). Une idée, Weasley ?
-Pardon ?
Après l'annonce de la démission d'Ereba Millaners, elle s'était replongée dans la lecture de sa lettre. Quand elle releva le nez du parchemin, son sourire était si éclatant que Luke eut un vague mouvement de recul. Montague dressa un sourcil.
-On parle de Dragoncelle, et elle, elle sourit comme si c'était la meilleure chose du monde, grommela le Poursuiveur.
-Quoi ? Oh non, ça c'est tragique ! affirma la jeune fille, souriant toujours d'une oreille à l'autre. Vraiment horrible, dommage, c'était vraiment une bonne Ministre ... enfin je crois, je ne suis pas du tout la politique ... Il faut que j'aille voir Lys !
-Quoi ? Weasley !
Mais Lucy avait déjà bondi, et traversait la Grande Salle en courant, sa lettre à la main. Lysander était assis de l'autre côté de la table des Serdaigle avec Lorcan et Dominique, lisant passivement Le Chicaneur (dont la première page devait sans doute se consacrait à la façon dont les Joncheruines et les nargole avaient favorisé la Dragoncelle de la Ministre).
-Lys !
Lucy s'arrêta à côté de son cousin éloigné et agita la lettre devant son nez, un sourire extatique aux lèvres. Les yeux exorbités de Lysander suivirent le mouvement de la lettre avant de se poser sur Lucy, perplexe.
-Euh ... Oui ?
-C'est Charlie ! lui apprit Lucy en se retenant de sauter partout dans la Grande Salle. Il revient pour Noël !
-Sérieux ? s'enthousiasma Lysander en sautant sur ses pieds pour lui arracher la lettre des mains.
-Pour de vrai ? enchérit Dominique en se mettant sur la pointe des pieds pour la lire par-dessus l'épaule de Lysander. Lys, baisse-toi, tu es trop grand je ne vois rien ! Rôh !
Faute de mieux, elle grimpa sur sa chaise pour pouvoir lire la lettre par-dessus Lysander. Le sourire de celui-ci s'agrandissait au fur et à mesure de sa lecture, et il la retendit à Lucy en lui faisait promettre mille fois de venir chez lui avec Charlie pendant les vacances de Noël. La jeune fille fut surprise de pouvoir s'éloigner de la table des Serdaigle sans avoir fait un Serment Inviolable à Lysander et se tourna vers la table des Gryffondor pour prévenir ses cousins. Son sourire se figea quand elle croisa en premier Roxanne, Louis et James. Son cœur se serra. Elle n'avait plus reparlé au Capitaine de Gryffondor depuis ce qui s'était passé devant le Lac, et Luke lui avait reporté qu'il n'avait pas apprécié le fait que ce soit lui qui supervise la retenue que Lucy lui avait infligé. Elle resta quelques secondes indécises, suspendue entre les deux tables, et ce fut un éclat qui la réveilla :
-Gethin ? Qu'est-ce qui se passe ?
Le nom fit sursauter Lucy, et elle vrilla les yeux devant elle. Gethin était assis en face d'elle, et une de ses camarades aux cheveux bouclés qui avait mis la main sur le bras. Le gamin était plus blanc que neige, et avait le regard fixé sur son assiette, comme s'il refoulait des nausées. Mais celles-ci parurent trop fortes, car un instant plus tard, Gethin se levait précipitamment et courrait à travers la Salle, une main sur les lèvres.
-Geth !
Lucy tourna la tête pour voir Adam, assis non loin des Mousquetaires, se lever d'un bond de sa chaise. Il se mit à courir à son tour pour rejoindre son frère, et servit au passage un sourire crispé à Lucy avant de disparaître par la porte. La course d'Adam avait pris tout le monde de cours, mais de ce fait, les yeux de cousins se posèrent sur Lucy, toujours debout au milieu des tables de Serdaigle et Gryffondor. Leur conversation d'interrompit, et le cœur de Lucy se serra. Grillée. Elle rassembla donc toute sa dignité, et s'avança vers ses cousins avec un sourire avenant. Elle hésita entre se morfondre ou soupirer de soulagement quand elle constata que seul James ne le lui rendait pas.
-Charlie revient pendant les vacances, sourit-t-elle à Roxanne en s'asseyant sur la chaise d'Adam.
-Super ! Un mec cool pour contrer l'influence néfaste de ton père !
Lucy donna un coup de coude à sa cousine, qui éclata de rire. Louis eut un sourire désabusé devant eux. Il gardait de l'épisode du lac un pensement à la tempe qui ne faisait étrangement qu'ajouter à son charme.
-Exceptionnel. Franchement, c'est vrai qu'on ne voit jamais Charlie ... Ce n'est pas ton parrain en plus, Luce ? Ça fait combien de temps qu'il n'est pas revenu ?
-Au moins trois ans, répondit Roxanne à sa place, un grand sourire aux lèvres. C'est trop cool, moi qui m'attendais à un long, ennuyeux et épuisant débat sur la place de l'Angleterre dans l'échiquier politique sorcier international ...
-C'est bon, vous avez fini ? râla Lucy, un sourire démentant son ton.
Louis et Roxanne pouffèrent et toquèrent leur point l'un contre l'autre sous les yeux désespérés de Lucy. Seul James était resté stoïque face à la nouvelle, et se contenter de touiller négligemment ses céréales dans son bol. Louis donna un coup de coude à son cousin.
-Alors ? C'est cool, non ?
-Tu as entendu ? Il paraît que Ereba Millaners a la Dragoncelle ..., fit James en lisant à l'envers l'exemplaire de La Gazette étalé devant Roxanne.
Louis grimaça devant l'exemplaire et en lut vaguement les gros titres avant de renifler avec mépris.
-Sérieux, Roxanne, arrête ton abonnement. Ils ne font que relayer la voix du Ministère, c'est atroce. Si tu veux un bon journal, lis La Voix du Chaudron, c'est beaucoup mieux documenté et eux ils ont compris que si Millaners refuse d'amender le projet pour le mariage et l'adoptions pour les couples homosexuels, c'est seulement pour faire plaisir aux vieilles familles de Sang-Pur ...
-Louis ? Ferme-la, le tança Roxanne avec fermenté. Et Jim ... ça va, arrête de faire ta diva. Lucy a fait ce qu'elle devait faire, exactement comme toi.
-Ah non, même surveiller mon heure de colle c'était trop pour elle, railla-t-il méchamment, sortant enfin de son mutisme.
-Je t'ai déjà que ma Maison me réduisait en charpie si c'était fait autrement ! persiffla Lucy en plissant les yeux.
James se contenta pour toute réponse d'un regard torve et d'un ricanement. Lucy s'efforça de ronger son frein. L'allégresse qui s'était emparé d'elle après la lecture de la lettre de Charlie venait d'être balayé par un vent de froideur et d'indifférence.
-Jim. On peut parler, s'il te plait ?
James leva les yeux vers sa cousine, et la dévisagea sans rien dire. La situation parut peser à Louis, qui donna un coup de pied à son cousin pour le faire sortir de sa torpeur avant d'ébouriffer les cheveux de sa cousine. Il se pencha vers elle, et souffla :
-Merci pour la dernière fois. Je trouve que t'as été parfaite, même si t'as collé Jim. Mais vois le bon côté des choses : tu auras fini par me jeter dans le Lac Noir, Lulu.
Lucy ne put empêcher un petit rire s'échapper de ses lèvres, et Louis sourit, l'air ravi de l'avoir égayée. Il plaqua un baiser sur la tempe de sa cousine. Roxanne s'était elle aussi levée en lui souhaitant bonne chance, et rejoignit Louis en trottinant. Lucy croisa le regard de James, et ils s'observèrent un instant, sans parler. Puis Lucy lâcha du bout des lèvres :
-Ça va durer longtemps ?
-Je n'ai pas encore décidé.
Lucy tenta de contenir la frustration qui montait en elle. Ses poings se serrèrent et elle serra les dents.
-Par Merlin, Jim ! Si je ne te collais pas, je finissais moi-même dans le Lac Noir !
-Ce n'est pas la colle que je te reproche, répliqua le Mousquetaire. Je comprends parfaitement que tu ne dois pas montrer de préférence. Regarde Louis, il est préfet aussi et ça lui arrive d'être parfois coincé alors je sais que ...
-Alors quoi ? le coupa Lucy, exaspérée. Qu'est-ce que tu me reproches ?
Les yeux de James roulèrent dans leurs orbites et il donna un coup de cuillère rageur dans ses céréales.
-Je n'ai pas aimé le fait que tu me punisses du sort contre Pucey alors qu'il venait de jeter Louis à l'eau – tu te rends compte qu'il aurait pu mourir ? – Alors que pour sauver t'empêcher d'avoir des problèmes avec ta Maison, tu nous demandes sans vergogne de nous déchainer contre un gars pour des raisons inconnues de nous.
-Ce n'était pas la même chose, Jim, répondit lentement Lucy, après quelques secondes de silence. Pucey était stupéfixié quand il est tombé à l'eau. Si Will n'avait pas plongé, il serait mort aussi. C'est criminel.
-Et ce qu'il a fait à Louis, ce n'était pas criminel, peut-être ?
-Ce n'est pas ce que j'ai dit. Mais j'avais la situation en main.
-Et Louis était à l'eau.
-Bon sang, Jim ! Je dois déjà me battre contre l'ensemble de ma Maison, s'il te plait, je voudrais éviter de me battre avec ma famille !
James releva les yeux sur elle, et il la jaugea quelques instants. Son regard était moins froid, ce qui encouragea quelque peu la jeune fille.
-Je suis d'accord que je n'aurais pas dû te demander de punir Wallace. J'aurais peut-être dû prendre mes responsabilités ... et de ma faute, tout Serpentard pense que c'est vous qui l'avez agressé ...
-Par ta faute ... Oh, Lucy ...
James eut un geste surprenant compte tenu de la teneur de leur discussion : il avança le bras et prit la main de sa cousine dans la sienne.
-Ce n'est pas de ta faute, OK ? Tu as eu raison de nous demander, et je ne regrette pas d'être intervenu, ce mec était un crétin fini. Tu ne me l'auras pas demandé que j'aurais fini par le faire. Je veux bien te croire quand tu dis que t'as déjà assez de problème comme ça : ne te rajoute pas de la culpabilité en plus.
Lucy fixa la main de James tenant la sienne, la gorge serrée. Il serra ses doigts.
-Je suis désolé. Je suis sur les nerfs, en ce moment. Depuis l'attaque de Wallace, même les profs se méfient de nous. Le nombre de fois où on nous a insulté dans les couloirs ...
-Je ne savais pas, souffla Lucy. Enfin, je m'en doutais, mais ...
James eut un pauvre sourire.
-Oui, on va dire que c'est une sale période. Je te jure. Ça fait des semaines qu'on n'a pas été pillé les cuisines. Bref.
-Triste histoire.
-Ouais.
Ils restèrent un instant l'un contre l'autre, silencieux. Puis Lucy tendit timidement la main.
-On fait la paix ?
James la contempla un moment, impassible, puis un petit sourire retroussa ses lèvres, et il prit la main tendue par sa cousine.
-Ouais, on fait la paix. En plus j'aurais été dégouté qu'à cause d'une dispute aussi stupide tu ne m'offres pas la boussole de balai que tu m'as acheté pour Noël.
-Comment tu es au courant ? s'étonna Lucy.
Elle lui avait effectivement acheté une boussole à balai après qu'il s'était plaint pendant une heure après un de ses entrainements que la sienne soit cassée. James lui fit un petit clin d'œil.
-Mousquetaire, Lulu, ça te dit quelque chose ? Rien ne nous échappe.
-Je vois ça. C'est quoi, mon cadeau, à moi ? Puisque tu sais le mien ...
-Un balai et une serpillère, pour que tu puisses retirer une bonne fois pour toutes les paillettes que tu as mis dans ma chambre en début d'année.
-Tu déconnes ? Tu es un sorcier, ou quoi ?
Les yeux de James roulèrent dans leurs orbites, mais un mince sourire effleura ses lèvres. Lucy ne put s'empêcher de sourire aussi, heureuse d'avoir pu résoudre ses griefs avec son cousin.
-Un sorcier fainéant. Bref. Mais bon, en preuve de bonne volonté, je me rappelle que je t'avais volé un livre en début d'année ...
-Les Cinq Leçons sur la Métamorphose. Tu ne me l'as pas volé, tu me l'as emprunté parce que Greengrass t'avais donné des devoirs supplémentaires après que tu lui as dit que de toute manière, tu ne bosserais pas une matière dont la professeure était la Directrice de Serpentard.
Et l'anecdote répandit un goût amer dans la bouche de Lucy. James parut lui-même prendre conscience de la violence de ses propos car il se trouva une passion soudaine pour la contemplation du plafond, couvert de nuage d'un gris perle qui n'avaient rien de menaçant.
-Oui, bon, bref. Comme je n'ai pas été sympa ses derniers jours, je veux bien te le rendre en guise de pardon. Tu m'accompagnes à la tour ?
-Tu ne peux pas me le ramener ?
-La flemme de redescendre. Bon, tu viens, oui ou non ?
Lucy soupira profondément, et se leva à la suite de son cousin. Ils traversèrent la Grande Salle et James ébouriffa affectueusement les cheveux de sa cousine, prouvant ainsi que la dispute était définitivement oubliée. La jeune fille était tellement heureuse que ce soit le cas qu'elle en oublia de rechigner en lissant ses mèches. Ils grimpèrent et les marches, et arrivés au milieu de l'escalier, Lucy demanda :
-Attends, ça veut dire que si on ne s'était pas disputé, tu ne m'aurais jamais rendu mon livre ?
-Luce, j'ai un millier de chose en tête : aller piller les cuisines, préparer mon équipe à gagner la Coupe, emmerder les profs – Greengrass en tête de liste – empêcher des abrutis de Serpentard de s'en prendre à mes cousins – mais on ne va pas redébattre là-dessus ... Bref, te rendre un bouquin ne fait pas parti de mes priorités.
-Merci. Dorénavant, te prêter un bouquin ne feras pas non plus parti de mes priorités.
-Oh, ne le prends pas comme ça, Luce ! Attends ... Il se passe quoi ?
Ils venaient d'arriver au pied de l'escalier qui menait au portrait de la Grosse Dame. Escalier qui était pour l'heure bouché par une dizaine de Gryffondor, chuchotant avec frénésie, debout sur les marches l'air perdu. Lucy fronça les sourcils, et se mit sur la pointe des pieds pour apercevoir quelque chose, mais son horizon était bouché. Une fille blonde dévala les escaliers, et James l'attrapa par le bras.
-Hope ! Qu'est-ce qu'il se passe ?
-C'est la Grosse Dame, fit Hope d'une voix tremblante. Elle ... Elle a été poignardée !
Lucy sentit son sang se glacer dans ses veines. Immédiatement, le spectre d'une photo lui vint à l'esprit, et son cœur se serra d'angoisse. Hébété, James lâcha Hope, que Louis avait chargé d'aller chercher McGonagall. Les deux cousins échangèrent un regard chargé d'appréhension.
-Luce. Je crois qu'on va avoir besoin de son insigne.
Lucy hocha doucement la tête en tentant de maitriser les battements de son cœur. Elle rassembla son courage pour fendre la foule, James sur ses talons.
-Place, je passe ! Laissez-moi passer, je suis préfète ! lança-t-elle à la cantonade.
Malgré un insigne frappé du sceau de Serpentard, les élèves perplexes la laissèrent passer, et elle retrouva vite Louis, Roxanne, et Rose devant le tableau de la Grosse Dame. Lucy se figea quand elle vit la peinture. Une grande déchirure coupait la toile en diagonale, et le tissu pendait misérablement sur le côté. James gronda sourdement à côté d'elle.
-Qui a fait ça ?
-Pas nous, pour sûr, affirma cyniquement Louis. Hope Shelton est allée chercher McGonagall.
-Shelton-Douzebranche, rectifia vertement Rose. La prochaine fois je te laisse te débrouiller avec elle ...
-Et la Grosse Dame ? demanda Lucy. Où est-elle ?
Ses cousins échangèrent un regard, aucun d'eux n'ayant la réponse. Le cœur de Lucy battait la chamade.
-Où est Lily ? lança brusquement James.
Nouvel échange de regard. Seul le silence lui répondit, et la mâchoire de James se contracta.
-Qui l'a ? s'enquit-t-il auprès de Louis et Roxanne.
Ils s'entreregardèrent, et le préfet sorti un parchemin de sa poche. La carte du Maraudeur. Louis déplia la carte et prononça la forme rituelle avant de l'examiner. Ses fins sourcils se rejoignirent au-dessus de son nez.
-Il y a quelque chose de bizarre ... Non, ne t'en fais pas, elle va bien, affirma-t-il précipitamment quand il vit le regard paniqué de James. Elle est dans son dortoir, mais ...
James n'en attendit pas plus : il franchit la distance qui le séparait du portrait de la Grosse Dame déchiré, et, faisant fi de toute morale, tambourina le panneau de bois.
-Lily ! LILY !!
-Jim, souffla Rose en lui mettant une main sur le bras.
Mais son cousin le repoussa sèchement, et continua de martyriser la porte en hurlant le nom de sa sœur. Quelques secondes plus tard, une petite voix leur parvint.
-Jimmy ? Ne me dis pas que tu as oublié le mot de ...
Sa phrase fut alors noyée dans un pur cri de terreur. Les Weasley échangèrent un regard paniqué, et James se mit à tambouriner de plus belle.
-Lily ! Qu'est-ce qui se passe ?
Cette fois, sa voix était rejointe par Rose et Roxanne. Lucy sentit son sang battre à ses tempes, et se rapprocha de Louis. Elle lui lança un regard affolé, et il lui prit la main pour la rassurer. Mais la pression lui indiquait qu'il était dans le même état qu'elle. Après quelques secondes d'attente d'une incroyable lenteur, le panneau de bois s'ouvrit de l'intérieur. Les Weasley se reculèrent et Lily jaillit du trou du portait, blême et tremblante. James se précipita vers elle et elle se jeta dans ses bras.
-Lily, c'est tout, je suis là ...
-Jim ... Il y a ... je crois ...
Lily n'arrivait visiblement pas à faire une phrase entière, visiblement sous le choc. Louis fut le premier à repousser le panneau contre le mur et à entrer dans la Salle Commune. Lucy lui emboita le pas pendant que les autres tentaient d'arracher des informations à Lily. Louis fit quelque pas dans la Salle Commune, puis se figea à quelques mètres de l'entrée.
-Par Merlin ! jura-t-il en se baissant.
-Louis ? s'enquit Lucy en avançant vers son cousin. Tu as trouvé ce qui a fait hurler Lily ?
-Je vous jure que si c'est une araignée ..., grommela Rose, qui la devançait, avant de s'immobiliser aux cotés de Louis. Oh par Merlin ...
Lucy s'avança prudemment à leur hauteur, et baissa les yeux sur ce sur quoi Louis était penché, baguette à la main. Elle sentit une main lui tordre douloureusement les entrailles quand elle vit un corps, allongé de tout son long contre un mur de la Salle, flasque et inerte. La bille lui monta à la gorge, et elle plaqua une main contre sa bouche, horrifiée.
-Lucy, souffla Louis tout en s'affairant. Va-t'en.
-Pourquoi ...
Elle comprit pourquoi lorsqu'il se décala un peu pour poser sa baguette contre le torse du corps. Elle vit le visage de la victime. Des cheveux bruns qu'elle reconnaitrait entre mille pour les avoir si souvent caresser. Des yeux bleus, ici vide et vitreux, si familier après avoir passé des heures à les regarder. Elle plaqua ses deux mains contre sa bouche pour contenir le cri qui lui venait spontanément aux lèvres.
-Lionel ...
Louis réagit immédiatement, et l'attira contre son torse, appuyant fermement sa tête contre son épaule.
-Ne regarde pas, Luce, lui souffla-t-il à l'oreille. Tu en as assez vu.
Lucy ne répondit pas, tremblante et figée. Elle était trop choquée pour articuler le moindre son, et sentit avec horreur les larmes lui monter aux yeux.
Il avait recommencé.
Et il s'en était pris à Lionel Boot.
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