Chapitre 11 : Le venin d'Acromentule
Hola tout le monde !
Nouveau chapitre, quelques modifications - mais pas grand-chose - et je vais retourner à ma relecture du Seigneur des anneaux. ça me donne tellement envie de revoir les fiiilms. Mais les livres sont incroyables aussi, Tolkien est génial
(Mais attention les néo-lecteurs, les nouvelles versions ont une traduction et ... *respire profondément* et ... *ravale un sanglot* ILS ONT CHANGE TOUS LES NOMS c'est HORRIBLE. Bilbo BESSAC va à FENDEVAL et la FRATERNITE de l'anneau traverse les MONT DES BRUMES. Non mais QUELLE IDEE je suis bien contente d'avoir les vieux livres et la vieille traduction. N'ACHETEZ PAS LES NOUVELLES VERSIONS malgré de très belles couvertures)
Bref, coup de gueule fini Perri retourne à sa lecture. Bonne lecture à vous !
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Chapitre 11 : Le venin d'Acromentule
-Je n'en reviens toujours pas que vous ayez osé une feinte de Porskoff, bougonna Henry. C'était hyper risqué !
-Arrête, on a réussi, non ? Oh, attention !
Lucy retint Henry par le bras pour l'empêcher de marcher sur un des Niffleurs qui gambadaient autour d'eux, cherchant frénétiquement l'or des farfadets qu'Hagrid avait caché à la lisière de la forêt. La course était presque finie, et Lucy avait cessé de courir après la créature qui gambadait joyeusement dans la neige qui était tombée la semaine. Lucy lança un regard peu amène à son Gardien.
-La pauvre, tu aurais pu lui faire mal ...
-Weasley, soupira Henry, dépité. Tu as un problème avec les créatures magiques. C'est pire que Dorothy alors qu'elle, elle a presque grandi avec.
-Merci !
Ils se retournèrent vers Luke qui revenait du jeu de piste, un lourd sac d'or du farfadet dans les mains. Un sourire sarcastique fendait le visage du préfet.
-Je n'arrête pas de lui répéter, c'est insupportable !
-T'as bien fait mumuse en courant derrière ton Niffleur, Zabini ? ironisa Lucy en désignant son sac.
-Tu rages parce qu'on a trouvé plus d'or que toi, Weasley.
-Mais parce que moi je ne m'intéresse pas à l'or, mais à la créature.
-Vous êtes usants, fit remarquer Henry, décontenancé. Sérieusement, comment vous faites pour êtes amis ?
Lucy et Luke échangèrent un regard complice qui fit soupirer Henry de dépit. Plutôt que de les subir, il préféra s'en retourner vers Dorothy et Alexandra qui comptaient leurs pièces d'or à même le sol. Le regard de Lucy dériva jusqu'à un groupe de Gryffondor qui comprenait Adam Scampers. Son sac d'or était mince, mais il souriait largement à Daniel Chambers. De façon subite, ses yeux rencontrèrent ceux de Lucy qui se détourna précipitamment ... et rencontra le regard malicieux de Luke.
-Weasley, Weasley ...
-Quoi ?
-Tu es aussi discrète qu'un éruptif dans une boutique de porcelaine, pour reprendre ton expression.
Lucy s'empourpra et dépassa souplement Luke pour éviter d'avoir à répondre à la pique. Le jeune homme la suivit en éclatant de rire.
-Mais c'est que tu continues en plus ! Sérieusement, tu es passé de « Il m'a fait tomber je le haïrais jusque la fin de ma vie » à « je le mate » ? Remarque ça peut se comprendre, il mignon dans son genre – moins que moi mais moi je suis sous ton nez tous les jours, tu as dû te lasser de ma beauté divine.
-Luke, c'est impressionnant les conneries que tu peux débiter à la minute.
-Mais admets-le, au moins !
-Va jouer ailleurs !
Elle le poussa à l'épaule et Luke fit mine d'être incroyablement blessé par sa violence. Il s'en fut, menton relevé et poitrine bombée. Satisfaite d'être débarrassée de ses commentaires gênants, Lucy partit ramasser les affaires qu'elle avait abandonné au début du cours près de la cabane de Hagrid. Elle ramassa son sac et son livre, et s'apprêtait à repartir quand elle fut brusquement bousculée par une charge inopinée. Elle tomba à terre, ses affaires valsèrent, et quelque chose d'humide vint lécher frénétiquement son visage.
-Oh par Merlin ... Crockmou, Laisse-moi, allez !
Elle repoussa gentiment le molosse noir qui s'agitait joyeusement. Elle se redressa, et vint gratter les oreilles du chien avec un petit rire.
-Hé bien, toujours aussi hyperactif !
Crockmou aboya gaiement, arrachant un autre éclat de rire à Lucy. Hagrid avait acheté ce chien lors de la troisième année de Lucy, une fois remis de son (long) deuil qui avait suivi la mort de Crockdur. Elle l'avait vu grandir, et à maintenant deux ans, il était aussi massif que son prédécesseur, mais toujours aussi affectueux et enjoué qu'un chiot.
-Crockmou ! Qu'est-ce qui se passe ? Oh, Lucy, c'est toi.
Lucy sourit à Hagrid, qui venait de sortir de sa cabane, une arbalète à la main. Il l'abaissa quand il vit la jeune fille. Il s'approcha de son chien et caressa sa tête de sa grosse main.
-Il me disait bonjour, fit Lucy. Et il a renversé mes affaires, mais ce n'est pas trop grave.
-Crockmou, gronda Hagrid sans cesser de caresser la tête du chien. Qu'est-ce que j'avais dit sur ça ?
Crockmou aboya un coup, et partit se réfugier dans la cabane. Lucy et Hagrid échangèrent un regard et s'esclaffèrent. Lucy avait toujours apprécié le Garde-Chasse de Poudlard, malgré tout ce que ses parents avaient pu dire sur lui, et elle venait régulièrement prendre de ces nouvelles.
-Je pensais que tous les élèves étaient partis, dit Hagrid en aidant Lucy à ramasser ses affaires. Tu veux rentrer ? J'ai quelque chose à te montrer.
La jeune fille hésita un instant en songeant à Henry et Luke qui l'attendaient à la table des Serpentard. Mais ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas parlé avec le Garde-chasse. Finalement, piquée par la curiosité, elle suivit Hagrid dans sa cabane. Un feu brûlait tranquillement dans l'âtre et Lucy soupira d'aise. Dehors l'hiver s'était installé et il faisait un froid polaire. Hagrid prépara du thé et servit à Lucy une tasse fumante, accompagné de petit gâteau qu'elle se garda bien de toucher. Les gâteaux durs comme une carapace de dragon de Hagrid étaient presque aussi célèbres que l'amour inconditionnel de McGonagall pour le Quidditch.
-Alors, les nouvelles ? s'enquit tranquillement Hagrid. Comment va ton père ?
-Oh, toujours pareil. Il a un grand procès en ce moment avec un homme qui a voulu commercialiser des motos volantes ...
-Ah ..., laissa-t-il échapper, vaguement gêné. Et à la maison, comment ça se passe ? Ça va mieux avec Molly ?
-Comme d'habitude. Je veux dire, mes parents sont au Ministère, et maintenant, Molly a pris son appartement à Londres, cette année. Les vacances de Noël vont être joyeuses, ajouta-t-elle sombrement en songeant qu'elles approchaient dangereusement.
-Oh, tu le passeras sans doute au Terrier, s'il n'y a personne chez toi. De toute façon, vous passez Noël là-bas ?
Lucy hocha la tête, et le garde-chasse continua de prendre des nouvelles de la famille Weasley. Puis Lucy évoqua son oncle Charlie, et Hagrid se redressa. Une lueur de nostalgie s'alluma dans ses yeux noirs. La jeune fille savait qu'il avait toujours aimé Oncle Charlie.
-D'ailleurs, en parlant de ça, c'est ça qu'il fallait que je te montre !
Il se leva, et traversa la pièce, tentant de repousser Crockmou qui le suivait à la trace. Lucy le rejoignit devant l'âtre devant lequel il s'était arrêté, et elle fronça les sourcils. Elle avouait être méfiante : le Garde-chasse était connu pour son amour des créatures les plus incongrues.
-Regarde de plus près, lui enjoignit Hagrid.
Elle lui lança un regard prudent, et s'accroupit auprès du feu. Entre les bûches étaient nichées des petites créatures semblables à des lézards, enveloppées agréablement dans les flammes, les yeux fermés. Lucy leva des yeux écarquillés sur Hagrid.
-Des salamandres ! Je n'en n'avais jamais vu avant ! Comment vous les avez eus ?
-C'est pour le prochain cours, répondit Hagrid, l'air amusé par l'émerveillement de la jeune fille. En attendant, je les laisse s'occuper de mon feu. Les pauvres, elles mourraient au bout de quelques heures si elles sortaient de là.
-Je sais, je l'ai lu quelque part.
Hagrid posa un regard tendre sur la jeune fille. Lucy s'assit en tailleur devant l'âtre et siffla doucement. Une des petites créatures ouvrit péniblement les yeux et leva la tête. Elle tendit la main, et la salamandre se leva prudemment pour s'approcher. Quand elle sortit des flammes, elle révéla un petit corps écailleux d'un blanc presque rougeoyant, et des petits yeux étincelant. Sa petite tête triangulaire vint renifler la main tendue de Lucy avec méfiance. Elle amorça un mouvement pour la toucher, mais la salamandre crachota et retourna se réfugier dans l'âtre. Hagrid et Lucy éclatèrent de rire.
-De petites Créatures farouches, constata-t-elle alors que la salamandre se roulait en boule sur l'une des bûches. Lysander me l'avait dit.
-Elles sont moins farouches que les dragons, ça, tu peux me croire !
-Des dragons comme Norberta ? fit malicieusement Lucy.
Hagrid marmonna quelque chose dans son hirsute barbe, et retourna chercher les tasses de thé. Lucy pouffa sous cape et riva les yeux sur les salamandres qui dormaient paisiblement dans le feu. Un sourire attendri retroussa ses lèvres quand l'une d'entre elle éternua. La petite releva la tête et croisa le regard de Lucy. La jeune fille sourit et tendit une nouvelle la main. La salamandre observa la main tendue, et s'extirpa péniblement des flammes pour s'approcher à pas prudent de Lucy. Elle renifla sa main, et cette fois, la préfète se garda de faire le moindre geste qui pourrait effrayer la créature. La jeune fille et la salamandre s'évaluèrent mutuellement, se jaugeant du regard, examinant leurs corps mutuels. Puis la salamandre parut décider que ce qu'elle sentait lui plaisait car elle appuya doucement sa tête triangulaire contre la main de Lucy. La jeune fille sursauta à son contact. Elle était encore toute chaude du feu d'où elle était sortie, mais d'une chaleur agréable. Lucy caressa doucement la tête de son doigt, et la salamandre ferma les yeux. Quelques secondes plus tard, elle avait grimpé sur le genou de Lucy pour se rouler en boule sur sa jambe, profitant de ses caresses.
-Je te trouve bien câline, petite chose, souffla doucement Lucy.
La salamandre ne répondit évidemment pas, se contentant de fermer les yeux avec bonheur. Hagrid revint prudemment et tendit à Lucy sa tasse de thé. Elle le remercia d'un mouvement de tête.
-Tu vois qu'elles ne sont pas si farouches, s'amusa le garde-chasse en avisant la petite créature perchée sur la jambe de Lucy. La digne descendante de Norbert Dragonneau. Et la digne filleule de son parrain.
-Oh, arrêtez, si vous dites ça à mon père, il fera sans doute une crise cardiaque. Il a toujours refusé que j'aille voir Charlie en Roumanie. Officiellement, parce que c'est trop dangereux, selon lui. Officieusement, je pense qu'il n'aime pas l'influence que Charlie a sur moi. Il est persuadé que si je vais en Roumanie, je vais finir comme lui.
-Et il y a un mal à ça ?
Lucy haussa les épaules en caressant distraitement la salamandre sur sa jambe. Elle n'avait jamais songé à faire ce que faisait son parrain, pour la simple raison que dans sa vie, elle n'avait jamais été confrontée à des Créatures Magiques, sauf pendant les cours. Sauf une fois.
-L'année avant d'entrer à Poudlard, raconta Lucy, les yeux sans le vague. Charlie a tanné mon père pour me prendre un mois en vacances, juste lui et moi, entre parrain et filleule, profitant du fait qu'il soit rentré de Roumanie. Papa a cédé, et Charlie m'a emmené au Pays de Galles. Là-bas il y a une toute petite réserve de dragon. Mais vraiment une minuscule, rien à voir avec celle de Roumanie.
-Oui, je sais. Elle a ouvert il y a vingt ans à peine, on m'avait demandé mon aide pour y amenés des dragons ... Magnifiques créatures ...
-Oui, des dragons des îles Britanniques : les Verts Gallois et les Noirs des Hébrides. (Elle se tut un instant, le regard perdu dans les flammes, avant de souffler : ) Oui, ils étaient splendides. Je crois bien que c'était le plus beau voyage que je n'ai jamais fait.
-Bien ce que je disais : la digne filleule de son parrain !
-Oh, taisez-vous ! rit Lucy en secouant la tête. Ne vous billez pas, je finirais au Ministère, comme mon père, ma mère et ma sœur. Mes notes me le permettent, de toute façon : personne ne me laissera faire une autre carrière, pas même les professeurs. Enfin, je réfléchirais à tout ça cette année, je suppose.
Elle prit prudemment la salamandre qui s'était endormie sur son genou entre ses mains. Elle ouvrit péniblement les yeux et couina de protestation quand Lucy déposa un petit baiser sur sa petite tête triangulaire. Puis elle approcha sa main des flammes pour déposer la créature au plus près de l'âtre pour qu'elle puisse rejoindre ses congénères. Lucy sourit en reprenant sa tasse de thé, et Hagrid posa sur elle un regard grave. Il mit sa main sur son épaule et elle dut se dévisser le cou pour le regarder dans les yeux.
-Fais attention, Lucy. A trop suivre ton père, tu risques de gâcher ton avenir. Alors évite de trop l'écouter, d'accord ? L'unique personne que tu dois écouter, c'est toi. Pas tes parents, ni tes professeurs. Juste toi.
Lucy hocha la tête avec lenteur. Elle doutait avoir un quelconque choix – elle avait été préparée dès son plus jeune âge à une entrée au Ministère, elle n'avait jamais rien envisagé d'autre, et elle doutait que quelque chose d'autre soit envisageable pour sa famille. Pourtant, elle promit à Hagrid qu'elle se garderait d'écouter son père, et il hocha la tête, satisfait.
-Au fait, s'enquit-t-il alors qu'ils retournaient vers la table, laissant les salamandres à leur repos. Il ne s'est rien passé d'autre, depuis l'attaque de l'élève de ta Maison ?
-Wallace ?
Hagrid hocha distraitement la tête. Lucy se renfrogna. Cette histoire commençait à trainer en longueur, et les professeurs n'arrivaient toujours pas à mettre la main au collet de celui qui avait fait ça. Et le pire dans tout ça, c'était que la prophétie de Roxanne commençait à se réaliser : même si les élèves n'avaient pas toutes les cartes, certains commençaient à pointer les Mousquetaires du doigt. Les bouc-émissaires parfaits. Cela révulsait Lucy.
-Non, rien.
-Tant mieux, tant mieux, dit Hagrid en hochant la tête. C'était sans doute une mauvaise blague ...
-Et le dortoir des Serpentard inondé, ça aussi c'était une mauvaise blague ?
-Non, évidemment que non ... Enfin, tout cela n'a pas de sens, et comme il n'y a eu aucun incident depuis ...
-Alexandre n'est toujours pas revenu en classe, rappela sombrement Lucy en prenant une gorgée de thé.
-Ce n'est pas étonnant. L'organisme met un temps incroyable à éliminer le venin d'Acromentule. Pourquoi crois-tu que Hannah l'ait transféré à Ste-Mangouste ?
Lucy s'étrangla dans sa tasse de thé. Elle fut prise d'une quinte de toux incontrôlable et Hagrid lui donna de grandes tapes dans le dos qui la projetèrent contre la table.
-Attendez ... Venin d'Acromentule ? croassa Lucy, la vue embuée.
Le peu de peau visible sur le visage d'Hagrid se mit soudainement à rougir, et il jeta un regard paniqué à la jeune fille.
-Je n'aurais jamais dû dire ça ... J'avais oublié qu'ils ne préféraient pas ... Mais ... Argh ! (Il pointa un index accusateur sur Lucy). Vous les Weasley ! Vous avez l'art et la manière de m'arracher les informations !
-Mais je n'ai rien fait ! protesta-t-elle alors que Crockmou s'appropriait la chaise à côté d'elle. Alors Wallace a été victime du venin d'Acromentule ? Qu'est-ce que ça a comme effet ? Comment il a pu le recevoir ?
-Non, stop, j'en ai trop dit ! refusa Hagrid en se levant pour saisir la théière et la mettre dans son minuscule évier.
Mais Lucy ne se laissa pas démonter et elle suivit le Garde-Chasse à travers la pièce, Crockmou sur ses talons, et se planta devant lui, les poings sur les hanches.
-Vous déconnez ? Pourquoi les professeurs nous cachent ça ? C'est ridicule !
-Lucy ! Je t'en ai déjà trop dit ! Tu ne dois pas aller déjeuner ?
-Ne changez pas de sujet, Hagrid ! Ça a quelque chose à voir avec le nid d'Acromentule dans la Forêt Interdite ?
Hagrid sursauta si fort qu'il en fit renverser la théière. Elle s'écrasa sur le sol et vola en mille éclats, et le géant marmonna dans sa barbe. Lucy se frotta la nuque, embarrassée, mais il prit un parapluie rose qui trainait dans un coin, et tapota les débris. La théière se ressouda et Lucy eut un sourire entendu.
-Tu n'as rien vu, bougonna Hagrid en rangeant le parapluie.
-Rien du tout. De toute façon, tous les Weasley sont au parfum, vous savez.
-Des oncles parlent trop. Pareil pour les Acromentules. Ah la la, Harry et Ron ... De sacrés fouinards.
-On a le droit à cette histoire tous les ans. La peur des araignées d'oncle Ron, ça fait toujours beaucoup rire Harry. Alors, un rapport ?
-Aucun, se rebiffa Hagrid en posant brusquement la théière. Le venin d'Acromentule est rare, mais pas introuvable !
-Et comment il s'est retrouvé dans le corps de Wallace ?
Hagrid ouvrit la bouche, puis la referma en secouant la tête.
-Je n'ai rien à ajouter. Contente-toi de garder ça pour toi, Lucy, et va manger avant que la Grande Salle ne ferme. Allez, oust !
-Mais ...
-Pas de « mais », Lucy !
Elle leva les mains en signe d'abdication et Hagrid eut un hochement de tête satisfait. Après une dernière caresse sur la tête de Crockmou, et une dernière tentative d'extirpation d'information, Lucy retourna au château, presque chassée à coup d'arbalète. Elle courut le long du chemin et arriva à hauteur de la table des Serpentard hors d'haleine. Au début du mois, la Grande Salle avait été décorée de sapin et de guirlandes colorées qui donnaient à la pièce une atmosphère festive mais pour l'heure, Lucy ne goûtait pas du tout à l'émerveillement.
Luke lui lança un regard torve.
-Tu en as mis un temps. Ponctualité, Weasley, ça te dit quelque chose ?
-Le jour où tu me verras à l'heure, marmonna Lucy en se servant des pommes-de-terre.
-Ce sera le même jour où m'entendrais avec tes cousins.
Ce fut au tour de Lucy de lui jeter un regard torve par-dessus le plat, auquel Luke répondit par un sourire sarcastique. Elle tenta de lui donner un coup de pied sous la table, mais elle atteint Henry au lieu du préfet.
-Hey ! Capitaine, t'es gentille, mais si tu veux que je joue au prochain match évite de me frapper !
-Désolée, Henry.
Luke cacha son rire dans son verre de jus de citrouille et Lucy le fusilla du regard. Elle avala ses pomme-de-terres à toute vitesse, et donna un coup de pied à Luke en dessous de la table. Cette fois, elle atteint sa cible, et la cuillère du préfet retomba dans son assiette alors qu'il sursautait. Il fusilla son amie du regard en se frottant la jambe.
-On a un devoir de métamorphose à finir.
-Alors tu peux dire « on a un devoir de métamorphose à finir » au lieu de me frapper. Et Greengrass l'a repoussé, alors on a le temps.
-Je m'en fiche, je veux le finir. Et tu mérites que je te frappe.
-Le Capitaine aime frapper, commenta Will, assis non loin avec ses amis de quatrième année.
Luke et Lucy s'accordèrent pour lui jeter un regard peu amène, et l'Attrapeur se plongea dans la contemplation de son pudding. Lucy se leva, et prit son sac en accrochant les yeux de son ami. D'un discret coup d'œil, elle lui indiqua la sortie, et Luke fronça les sourcils, l'air interrogateur. Agacée, Lucy leva les yeux au ciel, et sortit de la Grande Salle à grands pas. S'il voulait la suivre, qu'il le fasse.
Elle sourit à Madame Pince en entrant dans la bibliothèque, et posa ses affaires sur une table avant de se précipiter vers les rayons réservés aux Créatures Magiques. Quelques minutes plus tard, Luke la retrouva. Il dressa un sourcil en remarquant son amie, les bras chargés de livres, debout sur un escabeau pour lui faire atteindre les étagères supérieures.
-Je suis sûr d'une chose, ce n'est pas ici qu'on risque de finir notre devoir de métamorphose.
-Oh, la ferme, Zabini. Tu peux me débarrasser ?
Luke ricana doucement, et s'approcha charitablement pour prendre les livres des bras de Lucy. Celle-ci soupira d'aise, et se mit sur la pointe des pieds pour attraper un grimoire qu'il avait repéré.
-Arachnides d'Europe, Poisons et venin : quels dangers des Acromentules ? Vivre avec une Acromentule... , récita Luke en lisant tant bien que mal les livres. Hum, tu comptes trouver le meilleur moyen d'effrayer ton oncle ?
-Non, de trouver ce qui a mis Wallace dans cet état, répondit distraitement Lucy en rajoutant un livre sur la pile que tenait Luke.
Celui-ci fut tellement pris de court qu'il faillit tout laisser tomber, mais fort heureusement, il garda contenance, et se contenta de jeter un regard perplexe à son amie par-dessus les bouquins. Succinctement, Lucy lui raconta sa conversation avec Hagrid, sans cesser de faire grossir la pile, si bien que bientôt, la tête de Luke se trouva être couverte par une dizaine de grimoire.
-Donc, il faut qu'on trouve quels sont les effets du venin d'Acromentule, conclut Lucy en parcourant une dernière fois le rayon du regard. C'est bon, je crois qu'on a tout. On a de la chance, je ne pensais pas que la bibliothèque avait autant de livre sur les arachnides ...
-Quelle chance, oui, railla Luke, qui croulait littéralement sous le poids des bouquins. Ça te tuerait de m'aider, Weasley ?
-Non, mais ça blesserait profondément mon amour-propre.
Derrière sa pile de livre, elle entendit Luke pester et sourit méchamment. Elle adorait lui rendre les noises de ses Gallions. Ils retournèrent vers la table où Lucy avait posé ses affaires et Luke put se débarrasser de son lourd fardeau avec un soupir de soulagement, non sans un regard noir pour sa camarade.
-T'es une plaie, Weasley.
-Une plaie qui te ramène des infos, et qui nous fait gagner au Quidditch. Allez Zabini, au travail !
Et elle poussa un livre vers lui, l'air suggestif. Luke la foudroya une nouvelle fois du regard et ouvrit le volume en grommelant quelque chose qui ressemblait vaguement à « tyran despotique » et « stupide Weasley ». Les yeux de la jeune fille roulèrent dans leurs orbites, et elle se plongea elle aussi dans la lecture d'un bouquin. Les mots, les lignes, les pages et les livres défilèrent sans qu'ils ne trouvent la moindre trace cohérente des effets de venin d'Acromentule.
-Perte de temps, marmonna Luke en fermant le deuxième volume qu'il lisait. A part nous dire que c'est mortel et toxique ... Mais dans ces cas-là, Wallace serait mort ?
-Oui. Je pensais plutôt à quelque chose de paralysant. Il ... (les doigts de Lucy se crispèrent sur la page qu'elle était en train de tourner). Il avait les yeux grands ouverts ...
Une bouffée d'angoisse remonta dans sa poitrine quand les yeux bleus, vide et délavés, de Wallace lui revinrent à l'esprit. Des yeux morts. Luke cessa de maugréer et leva le regard sur son amie. Il eut une espèce de spasme, comme s'il se retenait de faire un geste.
-Ouais ... Paralysant, donc.
-Ouais. Euh ... (Lucy se donna une bonne gifle mentale, et passa la main dans ses cheveux). Ouais. Son corps était flasque et ... ses yeux ouverts donc ...
-Paralysé, ça j'avais bien compris. Arrête de penser à ça, Weasley : concentre-toi.
Lucy lança un regard reconnaissant à Luke par-dessus son livre. Son ami eut un petit sourire rassurant, et prit résolument un nouveau volume pour continuer les recherches. La jeune fille se passa une nouvelle fois la main dans les cheveux en reprenant son souffle. Il arrivait que les yeux morts de Wallace hantent ses nuits, mais elle avait oublié à quel point ça pouvait également la troubler de jour. Ils parcoururent encore quelque minutes les livres, en silence, jusqu'à que Luke attrape frénétiquement le bras de Lucy.
-Weasley. Je crois que j'ai quelque chose.
La préfète se redressa, intriguée et son ami pointa un passage du livre qu'il était en train de feuilleter. La page en question traitait la question de l'utilisation potentielle qu'on pouvait faire du venin d'Acromentule ... Surtout dans les Potions.
-Hagrid t'a dit que le venin d'Acromentule était dur à éliminer de l'organisme. Pas parce que c'est le venin qui fait lui-même cet effet là, mais parce qu'il en ait une des composantes ...
-Une potion paralysante utilisant le venin d'Acromentule, comprit Lucy, le cœur battant. Ils mettent le nom de la potion en question ?
-Euh ... (Luke lut attentivement le paragraphe, et tourna la page). Non. En fait, ça reste à l'état d'hypothèse, a priori. C'est expérimental. Ils supposent qu'on pourrait faire ce genre de potion en utilisant le venin d'Acromentule, mais que les conséquences seraient ... néfastes. Là (il pointa un nouveau passage). Ils disent que des études ont été faites sur des animaux ...
-Les pauvres ...
-Tu es trop sentimentale, Weasley. Mais ouais, t'as raison, les pauvres (il tapota le livre). Ils ne se sont jamais réveillés.
Les yeux de Lucy s'écarquillèrent progressivement à mesure qu'elle prenait conscience des conséquences de ce que Luke venait de lui dire. Le préfet hocha sombrement la tête, et se pinça le nez entre le pouce et l'index, les yeux fermés. Pour la première fois depuis qu'elle le connaissait, Luke Zabini semblait à court de réplique.
-Tu veux dire, entonna Lucy d'une voix presque tremblante, que si personnes n'a trouvé d'antidote à cette potion expérimentale ...
-Alexandre restera dans un état végétatif, ouais, conclut Luke avec un ricanement amer. Par Merlin, tu m'étonnes que les profs n'aient préférés rien dire ...
Lucy eut l'impression d'avoir avaler une louche entière de Poussos cul-sec. Ses mains se figèrent sur les bords de la table alors qu'un liquide froid lui glaçait le cœur. Les yeux vides d'Alexandre lui revinrent à l'esprit et elle songea brièvement qu'ils resteraient peut-être ainsi toute leur vie. La tête de la jeune fille se mit à tourner, et elle se la prit entre les mains. Luke parut s'inquiéter de la soudaine faiblesse de son amie, car il lui mit immédiatement la main sur le bras.
-Hey, ça va ?
-Non, répondit Lucy d'une fois blanche. Pas du tout. Oh par Merlin ...
Elle attira le livre de Luke à elle pour relire le paragraphe sur la potion expérimentale et le venin d'Acromentule. Chaque fois, son sang se glaçait un peu plus.
-Oh par Merlin ... C'est criminel, souffla-t-elle en effleurant la page.
-Oui. Criminel, c'est le mot.
-Mais qui a bien pu vouloir faire ça ? chuchota la jeune fille avec force.
Elle referma le livre avec brusquerie. Ça concernait Alexandre Wallace, et elle le détestait cordialement. Mais l'idée qu'il reste toute sa vie à l'état de légume la révoltait.
-Ça ne peut pas être une plaisanterie, c'est à un trop grand de degrés de complexité, argua Luke d'une voix éteinte. Et l'accident ? Encore moins.
-Alors quoi ? Les profs savent de quoi il s'agit, si on a pu deviner, alors eux aussi ! Combien dans ce monde peuvent expérimenter ce genre de potion ? Combien peuvent l'introduire à l'école ? Et dans quel but ?
-Nettoyer l'école des Né-moldus ?
-Ce n'est pas un peu court, comme explication ? Wallace est Né-moldus ?
Luke se tut, et ils contemplèrent le livre en silence, tous deux le cœur au bord des lèvres. Lucy ne s'était absolument pas attendue en entamant ces recherches, et commencer à regretter aussi amèrement le sort de Wallace. Mais maintenant que la manière et ses conséquences étaient mises en lumières, une question la tiraillait, presque plus que celle qui concernait l'identité de l'agresseur ...
Et s'il recommençait ?
Les deux préfets échangèrent un regard, et Lucy comprit qu'ils songeaient la même chose. Luke avait considérablement blêmi, et il surprit Lucy en avançant sa main pour prendre la sienne. La jeune fille s'y accrocha de toutes ses forces. Ils avaient pensé à la même chose, cette peur irrationnelle qui s'éprenait de chacun dès qu'il malheur s'abattait.
Et si le prochain était l'un d'entre eux ?
***
La nouvelle avait complétement bouleversé Lucy, qui s'était mise à errer dans le château à la recherche d'une solution, d'une distraction. C'était pour se sortir cette histoire de la tête qu'elle s'était mise à tourner dans la Salle des Trophées. Elle retrouva de vieilles coupes de Quidditch, une plaque pour l'oncle Charlie et ses talents d'Attrapeur, une pour Service rendu à Poudlard décernés à Harry et Ron. Trônant seule dans une étagère, elle découvrit même une coupe unique à large hanse qui décorait Gryffondor comme « vainqueur du Tournoi de Poudlard » en 1978. Elle était en train de chercher des informations sur ce fameux Tournoi quand une voix l'interpella :
-Lucy ?
Elle sursauta et se rattrapa rapidement à l'étagère la plus proche. Dans l'encadrement de la porte, Louis la considérait avec surprise.
-Tu cherches à savoir quelle médaille la famille a bien pu avoir et pas toi ?
-Ah, ah, ricana sombrement Lucy en se détendant. Non, je ... me changeais les idées.
-Ça ne va pas ?
Non, pas vraiment. Sa découverte avec Luke l'avait chamboulée, bien plus qu'elle ne voulait bien se l'admettre. Ils avaient hésité à aller voir Greengrass pour lui demander des comptes, mais avaient finalement décidé de faire confiance à leur directrice de Maison, quand bien-même Lucy aurait adoré hurler ses quatre vérités à son professeur. Après le dîner, Luke était parti faire ses rondes, et Lucy s'était isolée sans se rendre compte que, visiblement, son cousin l'avait suivie. Il la regarda longuement et elle se sentit obligée de se justifier :
-Si, si ! Je suis ... juste stressée, j'ai un examen demain. En potion. Et je crois que je vais manquer d'ellébore ... Tu n'en aurais pas, des fois ?
Louis dressa un sourcil surpris. Des trois Mousquetaires, il était sans doute le meilleur en cours, le plus impliqué scolairement parlant.
-Euh ... Si. Si, viens.
Lucy se laissa guider par son cousin jusque la Tour de Gryffondor, soulagée d'avoir trouvé des Louis la mena jusque la Salle Commune de Gryffondor, qui baignait dans une ambiance joyeuse et festive qui réchauffa quelque peu Lucy. Louis monta les escaliers qui menaient au dortoir. Malgré le poids que la jeune fille avait au cœur, elle ne put retenir un sourire. La dernière fois qu'elle était montée dans ces dortoirs avait été pour faire une farce aux Mousquetaires. James parut penser la même chose, car quand Louis ouvrit la porte qu'il vit Lucy, il pointa un index accusateur sur elle.
-Je te jure que si je te vois dans ma chambre ...
-Vous retrouvez encore des paillettes ? s'enthousiasma Lucy.
-Partout, fit Louis avec flegme. Et mon caleçon est encore rose.
-Je suis un génie.
-Tu as été outrageusement aidé par Hope Douzebranche. Shelton ? Les deux ? Je ne sais plus.
-Je suis un génie quand même.
Louis leva les yeux au ciel et prit sa cousine par les épaules pour l'écarter de sa chambre.
-Bon, je doute qu'on t'accepte ici – ou qu'on te prête de l'ellébore. Viens, on va faire une seconde tentative ...
Il referma la porte au nez d'un James qui observait toujours Lucy avec suspicion avant de traverser le palier pour frapper trois coups à une autre porte.
-Scampy ! Vous êtes visibles ? J'amène une fille.
-Ouaip.
-Une fille ?
-Oh tu fais quoi, là ? se rebiffa Lucy en s'écartant de son cousin.
Louis haussa les épaules avec flegme. Lucy était grande : elle pouvait regarder James dans les yeux et dépassait encore Albus de quelques centimètres. Mais Louis l'avait toujours toisé d'au moins une tête.
-Je te trouve de l'ellébore. Allez, viens. Ils ne mordent pas.
Il ouvrit la porte et Lucy entra à sa suite. Les sept lits des cinquièmes années de Gryffondor étaient disposés en cercle. Au pied de l'un d'entre eux, Adam était plongé dans un épais volume, et Daniel était allongé sur un autre, mélangeant passivement un tas de carte. Les deux garçons lancèrent un regard décontenancé à Lucy et Louis.
-Salut les gars. Quelqu'un a de l'ellébore en trop pour ma cousine adorée ?
-J'en ai, répondit Adam, perplexe, avant qu'un sourire ne s'étende sur ses lèvres. Est-ce que ça rentre dans la paix des Chocogrenouilles ?
-Ah, des négociations, soupira Louis en tapotant sur l'épaule de Lucy. Je te laisse, j'ai des plans en cours avec mes Mousquetaires. A toute !
-Louis !
Mais son cousin avait déjà filé, la plantant seule dans l'encadrement de la porte, rouge écarlate devant le regard moqueur d'Adam. Daniel avait profité de la confusion pour s'engouffrer dans la salle de bain, les laissant seuls dans le dortoir. La jeune fille maudit son cousin de tous les noms. Adam finit par lâcher son livre et se leva souplement de son lit.
-T'inquiète, je te le file gratuitement, la rassura-t-il.
Il fouilla ses affaires à la recherche de la plante et Lucy fit quelques pas timides à l'intérieur de la pièce. L'ambiance était plus chaleureuse qu'à Serpentard avec les tentures d'or et de rouge mais le décor était plus classique, moins féérique. Jamais Lucy n'échangerait sa vue sur le lac. Elle finit par se rapprocher du lit d'Adam, jusqu'à ce qu'il s'éclaircisse la gorge. Lucy eut un pâle sourire en remarquant l'emballage bleu et or de la boite qu'il lui tendit.
-Ce n'est pas de l'ellébore, remarqua-t-elle en saisissant le Chocogrenouille.
-Je n'allais pas en manger un devant toi sans t'en proposer.
Lucy sourit et ouvrit son Chocogrenouille. Elle en cassa un morceau pour le mordre du bout des dents, l'esprit ailleurs. Maintenant qu'elle n'était plus occupée, les yeux morts d'Alexandre Wallace lui revenaient sans cesse en mémoire, alourdissant la boule qu'elle avait au ventre depuis des heures.
-Lucy ?
La jeune fille sursauta, et vrilla ses yeux sur Adam. Ce dernier la fixait, les sourcils froncés, son Chocogrenouille à moitié entamé dans la main.
-Ça va ? T'as l'air ailleurs ...
-Oh ... (Lucy s'efforça de ne pas rougir, et passa une main dans ses cheveux pour faire passer sa nervosité). Ouais. Je pensais ... à l'examen de potion. J'ai pas encore commencé à réviser et Campbell nous a dit qu'elle nous laissait plus de temps justement parce qu'il était difficile. Alors ... Faudrait peut-être que je m'y mette.
En s'écoutant baratiner, Lucy ne se trouva pas crédible elle-même. Elle leva des yeux désolés sur le Gryffondor. Un petit sourire retroussa les lèvres d'Adam, et une lueur amusée brilla dans ses yeux noisette. Non, définitivement, elle n'avait pas été crédible pour deux noises. Elle eut un sourire penaud.
-Bref, laisse tomber Scampers. Je vais très bien.
Adam haussa les sourcils l'air dubitatif, et elle dut lui lancer un regard acerbe pour qu'il lâche l'affaire, levant les mains en signe de reddition. Il mordit un nouveau morceau de son Chocogrenouille et avala pour demander :
-Au fait. Dans notre deal, il me semblait qu'on avait marchandé des infos. Tu as du nouveau sur ...
-Non, rétorqua immédiatement Lucy avec un pincement douloureux au cœur. Rien.
La bouche d'Adam se tordit d'appréhension. Les entrailles de Lucy se tordirent. Elle ne voulait pas lui mentir, mais l'histoire du venin d'Acromentule était trop fraiche pour être divulguée. Et elle ne se sentait pas de partager une telle information.
-Mais je te l'ai promis, Scampers. Dès que j'ai du concret ... (elle appuya bien ce mot. La potion expérimentale découverte par Luke pouvait-elle être considérée comme du concret ?), tu seras le premier au courant. Après Luke, sans doute, ajouta-t-elle après un instant de réflexion.
-Oui, ça je m'en doutais un peu, rit Adam.
Mais le rire était amer. Il cherchait toujours l'ellébore dans ses affaires, un simulacre de sourire aux lèvres. Mais ses yeux s'étaient assombris quand il avait évoqué le sort de Wallace. Il s'inquiétait encore pour Gethin, pourtant, plus cette histoire avançait, moins Lucy songeait qu'elle avait un rapport direct avec une possible extermination des Nés-moldus. Pourquoi Wallace aurait-il été agressé, dans ce cas ? Un silence s'insinua entre les deux cinquièmes année, seulement brisé par les recherches stériles d'Adam. Il finit par dégoter un flacon qu'il lança à Lucy. Occupée par ses emballages de Chocogrenouille, la jeune fille le rattrapa maladroitement.
-Et bien, tes réflexes sont émoussés, s'amusa Adam en se penchant sur sa propre boite bleue. Ah, Dumbledore. Tu la veux ?
-J'en ai au moins six de lui, tu peux la garder. Au fait, c'est quoi des Potéomon ?
Adam écarquilla les yeux, avant d'éclater de rire.
-Pokémon, Lucy ! Bon sang, si ma sœur t'entendait, elle t'incendierait !
-Tu as une sœur ?
Adam hocha distraitement la tête et se leva pour sortir quelque chose de son placard. Sur la porte était accroché un poster figé de onze hommes habillés de rouge vif, dont un avant un ballon dans les mains. Sur un pan de son mur, accroché en dessous d'un écusson aux couleurs de Gryffondor, se tenait une écharpe elle aussi rouge vif avec inscrite le nom de « Liverpool ». Adam hésita un instant, et lança un regard indécis à Lucy, une boite à la main.
-Je veux bien te montrer, mais je t'interdis de te moquer.
-Pas question, Scampers, refusa immédiatement Lucy avec un sourire. Je suis une Weasley, me moquer, c'est une seconde nature. Allez, montre-moi !
Il lui lança un regard peu amène, et elle s'assit sur son lit avec un sourire enjôleur. Il soupira profondément, vaincu.
-Tiens, moque-toi bien !
Il lui lança la boite et Lucy eut un sourire extatique en l'ouvrant. Des cartes en mauvais cartons s'étalèrent alors sur le lit d'Adam, et Lucy examina les petits dessins fixes, un petit sourire amusé aux lèvres.
-C'est quoi, ça, une ... souris ? Et ta sœur aime ces drôles de petites créatures ?
-Euh ... ouais. Chez les moldus, normalement, c'est plutôt pour les garçons, mais Morgan a toujours eu des airs de garçons manqués.
-Pourquoi ça ne serait que pour les garçons, déjà ?
Adam se frotta la nuque, l'air embarrassé et Lucy comprit qu'il ne s'était absolument pas rendu compte que sa phrase avait des accents sexistes. Comme elle-même ne se rendait pas compte qu'elle pouvait avoir des mots limites concernant le monde moldu ... Embarrassée, elle finit par laisser couler et demanda plutôt :
-Quel âge elle a ?
-Treize ans. Non, ce n'est pas une sorcière, affirma Adam quand Lucy releva la tête, surprise. Il n'y a que Gethin et moi dans la famille.
-Et vous êtes combien, en tout ?
Le visage d'Adam se renfrogna, et il se mit à remballer les cartes, le visage fermé. Lucy fut surprise du retournement de situation, lui qui était si affable une minute avant. Elle n'aurait jamais pu imaginer que sa famille soit un sujet tabou, mais elle laissa couler, rassemblant les cartes pour les lui donner.
-Merci. Euh ... (il jeta un regard discret à l'horloge de son camarade). Le couvre-feu va bientôt sonner, tu ferais mieux d'y aller. Si Mrs. Sullivan te voit dans les couloirs, tu risques de passer un mauvais quart d'heure, préfète-parfaite ou non.
-Ah non ! Tu ne vas pas t'y mettre aussi ?
Adam lui renvoya un regard surpris, et Lucy rongea son frein.
-Préfète-parfaite. Je déteste quand mes cousins m'appellent comme ça.
Un nouveau sourire retroussa les lèvres d'Adam. Il traversa sa chambre avec un petit rire, et ouvrit sa porte.
-Et je déteste quand tu m'appelles « Scampers ». Ce n'est que justice. Après toi.
Il fit une petite révérence en lui tenant la porte et Lucy leva les yeux au ciel devant tant de cérémonie. Elle rangea rapidement l'ellébore dans une des poches de sa robe et suivit Adam à l'extérieur du dortoir. Ils descendirent dans la Salle Commune jusqu'au portrait de la Grosse Dame qu'Adam ouvrit de l'intérieur. Lucy se retrouva soudainement incapable d'agir, coincée devant l'ouverture béante qui l'invitait à sortir. Elle ne savait pas comment dire au revoir ...
-Tu n'étais pas obligé de me raccompagner, fit-t-elle remarquer, faute de mieux.
-Je suis galant de nature, que veux-tu.
-La galanterie, c'est un autre mot pour sexisme, tu le sais, ça ?
Adam leva les yeux au ciel, l'air dépité, et Lucy sourit méchamment, heureuse d'avoir le dernier mot. Il lui ouvrit le portrait, et fit une nouvelle courbette avec un sourire moqueur.
-Préfète-parfaite, au plaisir.
-Salut, Scampers. Merci pour les Chocogrenouilles. Et pour l'ellébore. Si j'ai la meilleure note, je te dédicacerais ma victoire.
Adam eut un vague sourire, et lui fit un petit salut militaire avant de disparaitre. La jeune fille sentit aussi un sourire effleurer ses lèvres, mais elle tordit immédiatement ses lèvres pour l'effacer. Elle sauta dans le couloir et referma le portrait vide de la Grosse Dame derrière elle.
-Qu'est-ce que tu fais là ?
Lucy sursauta brusquement, et fit prestement volte-face, le cœur battant à tout rompre. Elle s'adossa contre le portrait, hors d'haleine.
-Gethin ! Par Merlin, tu m'as foutu la frousse !
-Désolé, s'excusa le première année en rougissant. Pourquoi tu as une carte de Pikachu dans les mains ?
-De Pika ... Oh.
Ses yeux tombèrent sur la carte qu'elle tenait effectivement toujours à la main, la carte de la souris jaune au sourire bizarre. Elle fronça les sourcils et la tendit à Gethin.
-C'est comme ça qu'elle s'appelle ? Je crois que je l'ai piqué à ton frère. Tu veux bien la lui rendre ?
-Ouais. (Gethin prit la carte avec un sourire). Tu aimes bien Pokémon ?
-Non, mais ton frère a voulu me montrer sa collection. Je ne m'y connais pas vraiment en truc de moldu.
-Même pas en foot ? s'étonna Gethin. Pourtant au Royaume-Uni, on a le meilleur championnat du monde.
Lucy refoula la grimace qui lui venait instinctivement aux lèvres. Elle avait déjà eu ce débat avec Jina. Comme le père de celui-ci était moldu, la Serdaigle suivait autant le foot que le Quidditch. Mais Lucy n'avait jamais compris comment on pouvait trouver de l'intérêt à un sport qui se jouait sur terre, et avec une seule balle. Gethin dut voir la suspicion dans les yeux de Lucy, car il eut un sourire de coin, identique à celui de son frère.
-Pourquoi tous les sorciers détestent le foot ? Un jour, tu viendras à Anfield, et tu verras que c'est cool.
-Anfield ?
-Le Stade de Liverpool. C'est le club qu'on soutient, de par chez nous. Alors, qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'as pas ...
Ses yeux évaluèrent prudemment les alentours, pour vérifier qu'il n'avait personne, et Lucy eut un vague sourire attendri.
-Parler à Adam de tes petits problèmes ? Non, Gethin. En revanche ... Qu'est-ce que tu caches ?
Elle venait de remarquer la main que le gamin gardait résolument dans son dos, comme pour soustraire quelque chose au regard de Lucy. Gethin se figea, et leva prudemment les yeux sur elle, l'air de vouloir rentrer sous terre.
-Rien, répondit-t-il, pas crédible pour deux noises.
Les yeux de Lucy roulèrent dans leurs orbites, et elle sortit souplement sa baguette de sa poche.
-Tu vas continuer longtemps à me prendre pour une idiote ? Accio !
-Hey ! protesta-t-il en tentant vainement de rattraper ce qui volait vers Lucy.
Mais la jeune fille saisit l'objet au vol, et garda la main levée pour qu'elle reste hors de portée de Gethin. Elle leva les yeux sur la trouvaille du Gryffondor, et son sang se figea dans les veines.
-Oh par Merlin ...
-Je te jure que je te l'aurais montré !
Lucy lança un regard féroce qui réduisit le garçon au silence, et riva ses yeux sur ce que Gethin avait voulu lui cacher. Il s'agissait d'une photo. Prise ici-même. Comme la première trouvée par Gethin, les couleurs étaient délavées, mais la scène était reconnaissable aux esprits avertis. Des élèves s'amassaient, intrigués et paniqués, devant le portrait de la Grosse Dame. Sauf que celui-ci, en plus d'être vide, était outrageusement déchiré, comme si quelqu'un y avait mis un grand coup de couteau. Quelques secondes plus tard, Lucy reconnut son père, ses lunettes d'écailles sur le nez, et son insigne de préfet-en-chef brillant sur sa poitrine, fendre la foule. Quelque pas plus loin, les cheveux roux de sa tante Ginny et de son oncle Ron attirèrent son regard, ainsi que les lunettes d'Harry et la chevelure broussailleuse de tante Hermione. Elle détacha ses yeux de la photo pour les poser sur Gethin.
-Tu es sûr que tu allais me la montrer ?
-Euh ... presque, avoua le petit d'une voix faible. Mais je ne pensais pas que c'était important ...
Lucy s'efforça de garder son calme, et passa une nouvelle main dans ses cheveux pour se calmer. De fait, elle-même ignorait si cette photo était importante. Mais le fait était que c'était la deuxième photo relatant une aventure de ses oncles qui se retrouvaient entre ses mains. Et la deuxième grâce à Gethin.
-Où est ce que tu l'as trouvée ?
-A côté du portrait, fit Gethin en le désignant. Je ... Je ... C'est complétement différent de la dernière, non ?
Lucy pinça les lèvres. Ce que lui avait dit Mimi Geignarde il y a deux semaines venait de lui revenir en mémoire. Elle avait vu plusieurs photos de ce genre. Des photos des aventures d'Harry, Ron et Hermione, un peu partout dans le château. Des photos immédiatement ramassées. Et dont deux par Gethin Scampers.
Coïncidence ?
Ça commençait à être un peu gros pour elle.
Lucy baissa les yeux sur le petit, et le regard de la jeune dut annoncer le pire à Gethin, car il recula instinctivement de quelques pas.
-Tu en as trouvé d'autres, n'est-ce pas ?
-D'autres quoi ?
-Gethin, arrête de me prendre pour une idiote, s'il te plait !
-Je ne te ...
-Weasley ! Scampers !
Ils sursautèrent, et Lucy rangea précipitamment la photo dans sa poche. Mrs. Sullivan arrivait vers eux à grand pas, comme surgissant du néant, son nez froncé par le mécontentement.
-Dans les couloirs ! A cette heure ! Et avec ce qui s'est passé, je vous jure ...
-Le couvre-feu n'est pas encore dépassé ! fit remarquer Lucy, rongeant son frein.
-Alors retourne chez les Serpentard ! Et toi, rentre dans ta Salles Commune, Scampers !
Lucy dévisagea la concierge, le sang et le cerveau bouillant à un même degré de frustration. Cependant, la raison devait encore être de mise, car elle se refusait à toute retenue, et hocha sèchement la tête quand Mrs. Sullivan lui ordonna une nouvelle fois de retourner à sa Salle Commune, inflexible. Il repartit faire sa ronde en fulminant, et Lucy lança un regard méfiant à Gethin, qui venait de donner le mot de passe à la Grosse Dame de retour. Et au vu du regard du garçon lui retourna alors qu'il s'engouffrait dans le trou du portrait, il était ravi de l'intervention de Mrs. Sullivan. Comme il avait été profondément soulagé de l'intervention d'Adam après le match Gryffondor-Poufsouffle. Quand le portrait se referma, Lucy eut la présence d'esprit de demander à la Grosse Dame si elle avait vu quelqu'un déposer une photo sur son cadre, mais elle s'était a priori absentée une heure, et avant cela, aucune photo n'était présente dans les alentours. Sans même un merci, Lucy descendit les étages du château en fulminant, ruminant la scène de la nouvelle photo, l'air coupable de Gethin, la potion découverte par Luke et les yeux délavés d'Alexandre. Elle était si profondément plongée dans ses pensées qu'elle ne vit pas son ami tourner au détour d'un couloir et se retrouva écrasée contre le torse de Luke.
-Weasley ! Regarde où tu vas ! Ouh la ... (Lucy venait de lui jeter le regard le plus féroce qu'elle avait en réserve). Quelque chose ne va pas ?
-Tu ne peux me demander ce qui va, plutôt ? s'écria-t-elle, incapable de se contenir.
Elle lui fourra la photo dans les mains et relata la brève conversation qu'elle avait eue avec Gethin. Luke l'écouta patiemment, les sourcils froncés et les lèvres pincées. Il contempla l'image quelque seconde pendant que Lucy tapait impatiemment du pied.
-Cette histoire n'a aucun sens, finit par lâcher Luke. Je sais que Mimi a vu beaucoup de photos de ce genre, et que c'est troublant ... Mais je ne vois pas le lien qu'il peut y avoir entre elles et l'agression de Wallace. Surtout que cette scène (il tapota la photo). Je veux dire ... ça n'a aucun rapport ! Et ça n'a strictement aucun sens.
-Mais je sais, qu'est-ce que tu crois ?!
Elle passa une nouvelle main dans ses cheveux, troublée. Ses doigts tremblaient. C'était l'information de trop pour cette journée. Luke vit bien le trouble de son ami, et posa deux mains réconfortantes sur ses épaules.
-Premièrement tu te calmes, d'accord ? Deuxièmement, tu rentres à la Salle Commune, tu vas finir par dépasser le couvre-feu. On en reparlera ce soir, après ma ronde, d'accord ?
Elle opina du chef, la mine déconfite, et se dirigea vers son dortoir pendant que Luke gravissait les étages. Son esprit tourbillonnait de mille questions. Mais elle avait au moins deux certitudes :
1) Il y avait un lien entre les photos, et l'agression de Wallace. Elle ne savait pas encore lequel, mais il y en avait un.
2) Gethin Scampers lui cachait décidemment quelque chose. Et elle détestait ça.
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