Scène de ménage

« C'est mon neveu, Malfoy !

- Et c'est mon cousin, Potter ! »

Les deux hommes se fusillaient du regard, chacun ne voulant céder le premier. Cela faisait un peu plus d'une heure qu'ils se disputaient pour savoir qui aurait la garde de Ted Lupin, dont les parents avaient tragiquement disparut lors de la Bataille de Poudlard. Harry ironisa :

« Je croyait que tout ceux qui fraternisaient avec des Moldus étaient des moins que rien ! Alors pourquoi cette soudaine envie de recueillir le fils de Remus et de Nymphandora ? Tu les as toujours détestés ! Et puis, ce n'est pas ton cousin !

- C'est le fils de ma cousine, c'est pareil ! Et tout ça, c'est du passé, je te rappelle ! Je veux me racheter auprès de Nymphandora, je l'aimais beaucoup, que tu me crois ou non ! »

Le duel de regard repris plus intensément encore. Sur la table qui les séparaient se trouvait le petit Ted, qui regardait la scène sans vraiment comprendre, riant aux éclats. La plupart des clients du café observaient le duel d'un air amusé, mais Harry et Draco s'en fichaient. Draco soupira et s'enfonça dans sa chaise, brisant le contact visuel, puis il demanda :

« Tu ne cédera pas, hein, Potter ?

- Toi non plus Malfoy... »

Le blond soupira une nouvelle fois, posa son menton dans la paume de sa main, et observa les passants dans la rue, au travers de la vitrine du café. Il s'autorisa un petit moment de réflexion, dont il mit vite fin, sentant les yeux pesant de son ancien meilleur ennemis sur lui. Alors il repris la parole :

« J'ai une proposition à te faire, Potter. Elle devrait mettre fin à tout nos soucis, normalement.

- Va-y, je t'écoute.

- On peut l'élever ensemble. »

Harry en resta estomaqué :

« Pardon ?!

- Ne me force pas à le répéter, Potter, tu m'a parfaitement entendu. Cela me déchire la bouche de prononcer ces mots, mais si c'est pour Ted, je suis capable de faire un effort... Et puis, le fait de voir ta sale tête tout les jours ne changera pas beaucoup de d'habitudes. »

A ce moment-là, Harry vit à quel point l'attachement de Draco pour sa défunte cousine était puissant, et il comprit qu'il tenait vraiment à se racheter auprès d'elle. Il songea un instant à lui céder la garde de son neveu, puis il se ravisa, voulant lui aussi le voir le plus souvent possible :

«D'accord. »

Draco, qui venait de prendre une gorgée de son café, s'étouffa avec :

« Sérieusement ?

- Oui.

- Mais... Et Weasley ?

- Qu'est-ce que Ron a à voir là-dedans ?

- Non, Weasley femelle.

- Ginny ? Ça va faire deux semaine que nous nous sommes séparés, elle préfère Dean. On est encore amis.

- Ah... »

Un malaise s'installa entre eux deux. Draco n'en revenait toujours pas qu'il ait accepté sa proposition, et Harry se demandait ce qui lui passait par la tête pour avoir dit oui. 

« Bon... Je te propose qu'on en reste là pour aujourd'hui, on a déjà eu assez d'émotions comme ça. 

- Je suis d'accord, Potter. On se revoit la semaine prochaine, même jour même heure, pour la suite ?

- Ok, ça me va.

- Alors je te laisse, je dois retourner travailler. »

Draco lui tendit la main, que Harry serra, et transplana jusqu'à chez lui. Harry prit le petit Ted et en fit de même.

                    

Dix ans plus tard, Draco et Harry avaient trouvés un appartement dans Londres, pas très loin du Ministère de la Magie, et ils avaient réussis à faire en sorte qu'il y ait toujours un des deux qui ne travaille pas, pour pouvoir toujours être là si jamais Ted avait un problème. Ils le mirent d'ailleurs dans une école Moldu en attente de ses 11 ans. Ted était désormais à Poudlard, et avait été répartie chez Poufsouffle, au grand dam des deux anciens rivaux.

Ce soir-là, Hermione et Ron voulurent rendre visite à leur cher ami Harry. Ils transplanèrent devant son appartement, et frappèrent à la porte. Ils entendirent un grognement étouffé venant de l'intérieur avant que la porte ne s'ouvre. Devant eux se dressait Draco Malfoy dans toute sa splendeur : ses cheveux blonds étaient en pétards, son visage recouvert de farine, il portait un long tablier de cuisine rose pourvue d'une poche, et un torchon à carreaux rouge et blanc était jeté sur son épaule gauche. Il tenait dans sa main droite une cuillère en bois tristement souillée d'une mixture inconnue. Il eu un léger mouvement de recul en voyant le visage des deux visiteurs. Une fois sa surprise passé, il dit d'une voix amicale :

« Weasley, Granger ! Que venez-vous faire ici ?

- Draco, je te rappelle que je suis mariée, maintenant, répondit Hermione sur le même ton.

- Je sais, mais on ne perd pas facilement une vieille habitude.

- On viens voir Harry. » dit Ron.

A l'entende de ce nom, le visage de Draco s'assombrit :

« Il n'est pas encore rentré, mais il ne devrait plus tarder. Entrez donc ! »

Le couple pénétra dans le petit appartement et s'installa dans le canapé, pendant que Draco retourna dans la cuisine. A peine cinq minutes après, ils entendirent quelque chose tomber ainsi qu'un juron. Intriguée, Hermione pénétra dans la cuisine, et poussa un cri de surprise : la pièce était sale à faire hurler Valérie Damidot. De la farine s'étendait sur les murs, des flaques d'huiles et d'œufs recouvraient le sol, et des taches d'une substance indescriptible traînaient un peu partout. Une brique de lait ouverte venait compléter ce décor, que Draco venait de faire tomber.

« Tu... Je peux t'aider, peut-être ?

- Volontiers, Granger, soupira Draco. Pour son prochain anniversaire, Ted veux un gâteau fait-maison, et à la Moldue, alors je m'entraîne... Mais j'avoue que j'ai beaucoup de mal...

- Draco, je ne m'appelle plus...

- Je sais, répondit-il en la coupant. Mais je refuse d'accepter que tu ait put te marier avec lui !

- Parce qu'une Sang-de-Bourbe ne devrai pas se marier avec un Sang-Pur ? »

Draco frissonna à l'entente du surnom.

« Hermione, ne t'appelle pas comme ça. C'est surtout parce qu'il ne te mérite pas. Tu es une sorcière brillante, tu aurais put te marier avec quelqu'un de bien, mais tu l'a choisit lui, alors qu'il est trop maladroit pour te rendre vraiment heureuse.

- Fais attention, tu parle de mon mari, quand même.

- Je sais, et je respecte ton choix. Je te dis juste que si jamais il osait ne serais-ce que te faire du mal, il aura affaire à moi, foi de Malfoy ! »

Hermione rit doucement à la pensée que son ancien ennemi puisse être aussi aimable et inquiet pour elle. D'un coup de baguette magique, nettoya la cuisine. 

« Viens, je vais te montrer comment faire un gâteau. »

Environ une demi-heure plus tard, la porte d'entrée claqua, et un vague "je suis rentré" retentit. En l'entendant, le visage de Draco devint rouge de fureur. Il serra les points et se précipita dans le hall d'entrée en criant :

« POTTER, COMBIEN DE FOIS VAIS-JE AVOIR BESOIN DE TE LE RÉPÉTER POUR QUE TU COMPRENNE ? FAIS-TON-LIT-LE-MATIN !!!

- Draco, s'il te plaît... J'ai eue une dure journée, et... »

Harry n'eue pas le temps de finir sa phrase, il fut interrompu par la cuillère en bois que Draco lui asséna sur le crâne :

« Pas d'excuses, Potter ! Je te le dis tous les jours, et tu n'y pense jamais !

- Ah oui ? C'est pas comme si je faisait rien non plus, je ramène de l'argent moi, j'ai un boulot ! Alors j'ai bien le droit de faire ce genre d'erreurs de temps en temps ! De toute façon, tu le fait à ma place à chaque fois, alors c'est pas grave si je ne le fais pas.

- Ce n'est pas "de temps en temps", c'est tout les matins ! Et puis, ce n'est pas de ma faute si j'ai été viré ! s'offusqua Draco. 

- Tu a stupéfixé ton supérieur ! cria Harry.

- Il l'a mérité ! Il n'avais qu'à pas s'en prendre à une faible fouine !

- Evidemment, j'avais oublié que les fouines s'entraidaient entre elles ! ironisa le brun.

- RÉPÈTE UN PEU ! hurla le blond.

- Apparemment, tu va avoir besoin d'un appareil, tes oreilles ne marchent plus. Pour être plus clair : TU AS UNE TÊTE DE FOUINE !

- On dirai une scène de ménage. »

Les deux hommes se tournèrent d'un même mouvement vers le propriétaire de la phrase, soit Ron, et rétorquèrent d'une seule voix :

« ON N'EST PAS EN COUPLE !!! »

Ron pâlit et s'excusa, laissant les deux autres se disputer encore quelques minutes, jusqu'à ce que Hermione remarque que ça sentait le brûlé, et que cela venait de la cuisine. Alors Draco poussa un juron et se précipita dans la pièce en question, sortant le gâteau de four. 

Harry, quand à lui, se servit un verre de Whisky Pur-Feu, puis s'écroula sur le canapé, exténué, à côté de son meilleur ami. Il lui demanda :

« Vous restez manger ?

- Et bien, si ça ne gêne pas, pourquoi pas.

- Non, ne t'en fais pas, c'est bon. De toute façon, c'est lui qui fait à manger, alors ça me fait plaisir de lui donner plus de travail. »

Peu de temps après, Draco leurs dit qu'ils  pouvaient passer à table. Le dîner se déroula dans la bonne humeur, comme si la scène précédente n'avait jamais eue lieu. Draco en profita même pour servir son gâteau pour le dessert, et il reçut beaucoup de compliments. Enfin, rassasié et fatigué, le couple Weasley-Granger rentra chez eux, après avoir longuement discutés avec leurs amis de longue date.

Après avoir débarrassé la table et s'être changé pour la nuit, Draco s'écroula sur son lit. L'heure était tardive, et il voulais se coucher rapidement, pour ne pas être trop fatigué le lendemain. C'était une chaude et humide nuit de Juin.

Harry était toujours dans la salle de bains lorsque l'orage éclata. Un violent coup de tonnerre avait marqué ce début. S'en suivit un cri de frayeur venant de la chambre. Inquiet, Harry s'y précipita, et chercha l'origine de ce cri. La pièce était chichement décorée, et, sur chaque côtés, se dressaient deux lits : un rouge et or contre le mur du fond, un vert et argent contre celui de la fenêtre. Draco se trouvait sur ce dernier, recoquillé dans sa couette, respirant avec difficultés. 

Harry s'y dirigea plus modérément, et s'assit doucement sur le bord :

« J'avais oublié... Tu as peur des orages... »

Draco poussa un grognement avant de répondre :

« Fiche-moi la paix, Potter. Ce n'est pas la peine de te moquer de moi, j'ai déjà pleinement conscience de ma faiblesse.

- Ça va faire des années que j'ai dépassé ce stade, Draco, tu le sais bien. Je peux faire quelque chose pour toi ?

- Me laisser tranquille serait déjà un bon début...

- Je sais ! » réalisa Harry en tapant son poing dans la paume de son autre main, en ne tenant pas compte de la demande du blond. 

Draco entendit ensuite un bruissement de tissus, et il sentit un corps se glisser sous sa couverture :

« Mais qu'est-ce que tu fais ?! Ça va pas bien, non ?!

- Je suis sûre qu'un peu de compagnie t'aidera à supporter ta peur. L'orage a l'air de vouloir durer, et tu risque de ne pas dormir de la nuit sinon ! » répondit Harry avec candeur en enlevant ses lunettes. 

Draco rougit, il eu quelques pensées peu catholiques, et se bénit intérieurement que Harry ne puisse pas voir son visage.

« Mais il fait beaucoup trop chaud pour ça ! On va mourir, avec la couette !

- Allezzz, je sais que ça va t'aider ! Et puis, je n'aurai pas à défaire mon lit, donc pas à le refaire, donc on sera tout les deux content ! Tu ne peux pas refuser face à cette argumentation ! On enlèvera la couette, au pire.

- ... D'accord, mais tu laisse la couette !

- Parfait ! Bonne nuit, alors ! »

Harry donna un coup de baguette, et les lumières de la chambres s'éteignirent. Puis le blond sentit un torse se coller contre son dos, des bras l'enserrer, et des cheveux chatouiller son cou. Il ne put s'empêcher de rougir encore plus. 

Au final, il ne dormit pas de la nuit.

                    

Longtemps après ces événements, Ted Lupin finit ses études à Poudlard, et emménagea avec Victoire Weasley sur le Chemin de Traverse. Harry et Draco auraient put cesser de vivre ensemble, mais Draco avait découvert qu'il était atteint d'une maladie particulièrement rare et violent, et Harry se sentait coupable de le laisser se débrouiller seul. Alors ils restèrent dans le même appartement.

Les années passèrent rapidement. Un jour, en rentrant du Ministère, Harry découvrit Draco évanouit sur le parquet de leurs salon. Alarmé, il le transporta dans son lit. Mais quand il se prépara à transplaner pour aller chercher un médecin à Sainte-Mangouste, Draco ouvrit les yeux. Le brun se précipita à son chevet, lui demandant comment il se sentait. Le malade ria doucement, et toussa violemment, crachant des calots de sang. Puis, enfin, dans un faible murmure, il put répondre :

« Sincèrement, Potter, tu pense vraiment que je suis bien, là ? Je crache de sang ! J'ai peur de ne plus en avoir pour bien longtemps, tu va pouvoir te libérer de moi.

- Arrête ça ! Tu sais bien que tu n'est pas un fardeau, Draco ! Je reviens, je vais chercher des secours.

- NON ! Reste avec moi ! S'il-te-plaît ! »

Harry hésita, puis se rassit auprès de Draco. Ce dernier repris la parole, après une quinte de toux :

« Tu sais quoi, Harry ?

- Quoi ?

- Franchement, les années que j'ai passées pour élever Teddy... Elles n'étaient pas si mal que ça, tu sais. Même si ma vie est loin d'être idéale, pour rien au monde je ne l'aurai changé. Même les Noëls avec les Weasley étaient géniaux. Oui oui, j'appréciait les Noëls avec les Weasley, ne me regarde pas comme ça ! Et surtout, toi, tu était génial. Pour être franc... J'en suis même venue à me demander si je n'étais pas tombé amoureux de toi...

- Et quelle était la réponse à cette question ?

- Oui. »

Un long silence suivit cette déclaration. Harry enleva ses lunettes devant un Draco surpris, et se pencha doucement pour l'embrasser. Ce n'était pas un baiser fougueux, non, c'était plus un léger frôlement, comme si les lèvres du blond étaient en cristal. 

D'abord stupéfait, Draco rigola ensuite doucement, et embrassa lui aussi Harry, plus passionnément et profondément cette fois-ci. Harry répondit au baiser sans aucune hésitations. Puis Draco s'enfonça dans son oreiller. Il murmura un léger :

« Merci... »

Et sombra dans un long sommeil éternel.

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