Galaxy News : la seule chaîne d'informations qui vous informe. [Plan d'ensemble de la salle d'audience, assez bruyante.] Ici Jenya, en direct du tribunal où le procès de Tic et Tac devrait commencer d'ici quelques instants. Il règne une atmosphère d'excitation mêlée d'un soupçon d'appréhension dans la salle : chacun se demande comment le procès se déroulera. Nous ne savons toujours pas quel fut le motif précis de l'arrestation des jumeaux, mais on m'a confirmé que c'était précisément pour éviter qu'ils ne fassent disparaître les preuves. J'ai pu parler avec l'avocat des accusés, maître Gnill, qui m'a confirmé l'illégalité de cette mesure et son intention de rendre l'action en justice nulle par défaut de procédure. Cependant, comme nous avons affaire au plus grand criminel potentiel de la galaxie, le tribunal galactique a jugé cette entorse justifiée. La scène de bataille devant le palais de justice tout à l'heure nous indique aussi assez bien la tension énorme que ce procès provoque.

« Il nous semble utile de nous rappeler que la justice galactique indique dans son article 67 que tout accusé est présumé innocent jusqu'à ce que sa culpabilité ait été établi par un tribunal. Alors pas de jugement hâtif ! Cela signifie qu'à moins les preuves apportées soient suffisantes, il reste possible que Tic et Tac aient juste joué un rôle depuis le début. En parlant d'eux, les voilà qui entrent, précédés de leur avocat, maître Gnill. [Une autre caméra suit leur arrivée. Gnill a l'air concentré et sérieux, les jumeaux saluent largement l'assemblée. Ils s'installent. Une autre caméra suit ensuite l'entrée de la cour.] Bien, tout le monde est là, le procès va pouvoir commencer, en direct sur Galaxy News. Le silence est dense... Le juge se lève.

« Je déclare la séance ouverte. Nous sommes réunis ici aujourd'hui pour juger messieurs Tic et Tac. Lequel de vous deux est Tic et lequel est Tac ?
– Aucune idée ! C'est pas comme si ça changeait quelque chose de toute façon.
– Bon, continuons. Pas de nom de famille connu ni de date de naissance ou encore de lieu de résidence.
– Nous n'allions pas vous indiquer notre base secrète, quand même !
– Silence s'il vous plaît. Messieurs Tic et Tac sont accusés d'avoir braqué une épicerie maskionne et...
– Hahahaha ! [Gros plan sur les visages hilares des jumeaux ; sur celui déconfit de Gnill et outré du juge.]

« Qu'y a-t-il de si drôle pour que vous m'interrompiez encore ?
– C'est juste que... ouh ouh ça fait mal aux côtes...
– De tous nos crimes, vous n'avez trouvé que ça ? Vous auriez pu parler de l'annihilation de 55 Cancri e...
– De l'épidémie des gagallinacées qui entraîné leur disparition...
– De la dévalorisation du Mlipach à cause d'un influx énorme d'argent sale qui mena la planète à la faillite et provoqua une guerre civile encore en cours...
– Ou encore du kidnapping complet des enfants Razniofl pour la revente d'organes au marché noir — dont vous avez peut-être profité grâce à la baisse du prix que cela a engendré... [Quelques jurés rougissent.]
– Mais non, vous avez trouvé un crime ridicule, qui nous aurait valu à peine quelques mois de prison si on l'avait commis...
– Car oui ! [Ils se lèvent.] Nous le disons et ne cesserons de le répéter : nous ne sommes pas coupables de ce crime ! Des autres peut-être, mais pas de ce braquage.
– C'est ce que les preuves permettront de vérifier ou non. En attendant, rasseyez-vous et veuillez attendre votre tour pour parler. Lancez la vidéo. »

[Tic et Tac s'assoient, bras croisés, très sûrs d'eux. Gnill leur souffle quelques mots. La luminosité de la salle baisse. Une holovidéo se lance à la barre des témoins. On y voit quelques rayons et le comptoir de l'épicerie, derrière lequel se tient un glabbéen. Il lève soudain ses lianes. Tic et Tac arrivent dans le champ de la caméra de surveillance, tenant deux blasters. Ils ordonnent au tenant de vider son sac et de remplir le leur, qu'ils posent sur le comptoir. Le glabbéen semble confus. Tic et Tac lèvent les yeux au ciel et lui tirent dessus, il s'effondre. Ils tirent ensuite sur la caisse pour l'ouvrir, remarquent la caméra, la saluent et tirent également dessus. La salle se rallume. Les jumeaux semblent amusés ; Gnill fouille dans ses papiers frénétiquement.]