Chapitre 1

« Brook ! On ne dort pas en classe ! »

La voix de la prof me fit sursauter, et je m'éveillai de ma transe, mes yeux encore endormis. Je la regardai avec des yeux assassins et me redressai a contre cœur.
Elle leva les yeux au ciel et repris son cours, alors que j'essayais de garder de la dignité face aux rires de mes camarades.

D'habitude, je ne m'endormais jamais en plein cours mais au milieu du cours d'anglais, celui que je détestais le plus, il avait fallu que j'ai ce gros coup de fatigue inexpliqué. Et, bien sûr, c'était pendant le cours de cette prof qui me détestait comme la peste.
Je dormais plutôt bien, la nuit. N'ayant pas le temps pour l'insomnie, je dormais le temps qu'il fallait, et me réveillai quand c'était nécessaire. Mais ces temps-ci, c'était comme si mes rêves m'attiraient à eux comme un aimant, que ce soit de jour ou de nuit. Mais c'était la première fois je m'endormais sans raisons apparentes. Bref, c'était à s'en casser la tête.

Avec mes 16 ans, j'aurais pu paraître comme l'une des ses filles faibles qui rigolent de rien et offrent leur cœur à n'importe quel garçon. Mais j'avais autre chose à faire.
J'avais des cheveux noirs coupés courts légèrement bouclés et des yeux d'un bleu nuit étincelant. D'après mes camarades de classe, j'étais très belle grâce à mes formes plutôt généreuses. Mais mon caractère était tout autre. Agressive et asociale, je n'avais pas d'amis. Mais je m'en contrefichait. Je n'avais pas le temps pour de telles futilités.

Après les cours je me dirigeai instantanément vers la grille du lycée, tandis que les groupes d'amis affluaient autour de moi. Mais arrivée à la grille, je fus arrêtée par une poignée de camarades de ma classe qui me barraient la route. Reconnaissant les gars d'un groupe s'étant nommé « Les winners du Lycée », ces abrutis terrorisaient les plus faibles et les harcelaient. Levant les yeux au ciel, je m'avançait vers eux et leur fis face. Dans d'autre circonstances, j'aurais adoré m'amuser avec eux mais j'avais plus urgent à faire.

« Eh, mademoiselle qui joue les dures, c'est vrai que t'as pas un sou en poche ? Ricana une brute nommée Rox. Et que tu dois bosser pour pouvoir acheter ton repas ? Je comprends pourquoi tu dors en classe. C'est vrai que pour survivre tu dois faire des nuits blanches.

Les autres andouilles autour de lui se mirent à rire tandis que je serrais les dents. « C'est pas vrai... pensai-Je rageusement »
Je ne savais pas comment il avait eu cette information mais ça commençait à me taper sur les nerfs.

Ce n'était pas un secret, mais j'évitais d'en parler.
Mon père était mort alors que je n'avais qu'à peine sept ans. Depuis ce jour, je n'avais jamais pu faire confiance à quelqu'un d'autre qu'à ma famille. Du moins, ce qu'il en restait. Ayant fait faillite, l'entreprise dans laquelle travaillait mon père l'avaient licencié, alors qu'il travaillait plus dur que les autres salariés, le laissant sans un sou. Ma mère n'avait jamais eus de métier, sans que je saches pourquoi. Depuis ce moment, mon père avait tout fait pour nous nourrir, nous vêtir et nous loger au delà de sa propre santé. Le temps passa, sans que mes yeux d'enfants de remarquent la mauvaise santé de mon père. Ce qui devait arriver arriva. Quelques mois plus tard, il n'eus plus la force de se battre et nous quitta, moi, ma mère et le nourrisson dans son ventre qui allait bientôt connaître le même supplice que nous. Depuis ce jour tragique, ma mère fut inconsolable. Tombant dans la dépression, elle faillit tuer l'enfant qu'elle portait. C'est à partir de là que je me pris en main. M'entraînant dur chaque soir, j'étais décidée à devenir plus forte. Je voulais à tout prix protéger l'enfant sans père qu'était désormais mon petit frère. Et si cela pouvait faire plaisir à mon père, même dans l'autre monde, j'essayerais de sauver ma mère. Même si elle demeurait incontrôlable et inutile.

« Tais-toi, répondis-je à Rox en serrant les points.
-Oh, la gamine s'énerve ? Mais tu sais, t'es plutôt jolie, Brook. Si tu sors avec moi, je pourrais oublier toute cette petite affaire et n'en parler à personne. Mes potes comprendront. Et puis je pourrais te refiler quelques sous si tu te montres docile. »

Il eut un sourire narquois. « Flûte ! » Pensais-Je. J'avais montré mes émotions. Rox en avait profité pour se délecter de ma faiblesse.

Je me redressai fièrement et lui fit face. Son sourire s'élargit mais je ne lui laissai pas le temps de se moquer.

« Tu sais quoi Rox, c'est sûr que j'aurai aimé sortir avec un mec fort. Mais malheureusement je n'en connais pas. Tu te crois fort mais si on y réfléchit, je ne vois pas comment tu réagirais face à la mort de ton père, à la dépression de ta mère, quand tu n'as qu'un petit frère pour te soutenir. Je pense que tu ne survivrais même pas, roulé en boule dans ton coin, à laisser ta famille mourir. Bref, si je pouvais tomber amoureuse, je ne crois pas qu'un seul mec sur Terre ferait l'affaire. Mais alors toi ? Laisse tomber. »

L'abrutis me regarda avec une haine palpable à l'autre bout de la cour. Ce fut à mon tour de sourire. Rox compris qu'il ne pourrait pas me donner une réponse claquante et s'élança vers moi. Ses amis me fixèrent avec à la fois de l'admiration et de la haine. Ne sachant pas comment réagir, ils ne bougèrent pas d'un iotas. Je restais en place, attendant le coup de l'adversaire, jouant le jeu de l'étonnée qui n'avait pas vu le coup venir. Mais juste avant l'impact, je pris le poignet de Rox et le bloquai de mon autre bras au sol. Le garçon n'eus même pas le temps de se rendre compte de ce qu'il lui arrivait que je lui assénait trois coups de poings dans la mâchoire. Il ne s'en relèverai pas de si tôt.

Regardant l'heure, je vis que j'allais être en retard pour le petit boulot qui complétait ma journée et me rapportait quelques précieux sous. Je décidai de partir sans plus tarder et jetais un regard amusé vers les autres idiots qui accouraient auprès de Rox, toujours plaqué au sol. Puis je me retournai et partis en courant.

~~~

« T'es en retard, Brook. Comment veux-tu que je te payes avec ce travail d'amateur ? Dépêches-toi ! »

J'adressai un sourire contraint à mon employeuse qui, même si elle était très jeune, n'en demeurait pas moins dure et froide.

Depuis 6 ans, je travaillais en compagnie d'un gang secret, où je troquais de la drogue contre de l'argent. Ce travail n'était pas facile et entièrement inégal mais je m'en fichais. Seul m'importais l'argent que je récoltais. Ce n'était pas la Mafia mais ses membres n'en demeuraient pas moins redoutables. J'avais été admise seulement grâce à mon entraînement acharné pour pouvoir protéger ma famille. Et personne, à part la chef, n'était plus fort que moi.

Celle-ci était belle. Elle avait des cheveux blonds qui lui tombaient dans le dos et des yeux couleur noisette. Mais c'était surtout ses formes qui attiraient les hommes. Elle s'en servait pour draguer le plus bel homme qu'elle voyait et profitait de lui avant de le jeter comme une marionnette. Ses manières étaient déplaisantes mais c'était la seule personne à bien vouloir m'embaucher malgré mon jeune âge.

Passant dans une petite salle, je mis une tenue entièrement noire comprenant de nombreuses poches où des armes étaient dissimulées pour pouvoir se défendre en cas de danger. Je n'avais pas de gilet pare-balle car la patronne trouvait cela inutile et ridicule. Mais je couvris mes cheveux d'une capuche du même noir, empêchant mes clients à repérer mon genre.

Une fois parée, je repérai sur un tableau de bord le client concerné, le type et la quantité de drogue à emporter et toutes les informations nécessaires à savoir avant de quitter le vieux bâtiment nous servant de Qg.

Comme à mon habitude, je débutai mon périple en passant sur les toits, qui étaient bien moins fréquentés que les ruelles à cette heure-ci. Mon premier client devait se trouver chez lui, et il nous avait donné son adresse, même si celle-ci pouvait être fausse.
Arrivée à l'adresse prévue, je repérai de loin un homme très jeune qui avait les traits déformés sous l'effet de la drogue. C'était un client qu'on voyait souvent, et je ne pouvais m'empêcher d'être triste pour lui. Il était si jeune et aurait pu avoir une belle vie mais le destin en avait décidé autrement.

Je lui mis trois sachets d'héroïne en main, qu'il regarda longuement avant de sortir, d'une main tremblante, un billet de cinquante euros. Avec ce client, qui n'avait plus toute sa tête, je pouvais réclamer de l'argent en plus. Si je n'avais pas été dans le besoin, je ne le ferais pas. Mais j'avais besoin d'argent et ce client était des plus précieux pour moi. Je déclarai donc de ma voix la plus menaçante :

« C'était soixante euros. Si vous ne payez pas, je risque de vous enlever votre marchandise. »

Et je lui pris les paquets des mains. Affolé, l'homme se débâti pour les rattraper mais ne parvînt qu'à toucher du vide. Il me regarda et compris enfin. Lentement, il sorti de sa poche ce qu'il espérait être dix euros, mais qui était en fait un billet de vingt.

Je souris et lui redonna ce qu'il chérissais tant, bien que j'avais un pincement au cœur pour ce pauvre homme qui venait à peine de finir ses courtes études.

La soirée se passa ainsi. Sans trop d'embûches. Je finis le travail à 22h, ce qui me laissait largement neuf heures de sommeil.

Après avoir donné toute l'argent à mon employeuse, celle-ci me donna ma paye, qui était beaucoup moins importante que le travail que j'avais effectué. Quittant le Qg, je me dirigeais vers ma maison, qui n'était qu'un simple appartement au sommet d'un immeuble mal entretenu. Mais j'aimais mon « chez moi ». La vue était splendide de là-haut et j'avais ce qui me tenait le plus à cœur : mon petit frère.

Arrivée au dernier niveau d'interminables escaliers, j'ouvris en grand la porte, espérant que le petit garçon soit surpris.
Malheureusement, personne n'était sur le palier de la porte. Je criais joyeusement :

« Marvin, je suis rentrée ! »

Mais personne ne répondît.

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