Chapitre troisième : Proches de la sortie


        C'est parti pour un troisième chapitre ! On avance tout doucement, les premières suppositions arrivent... L'histoire démarre 😛 Bonne lecture 📖


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     Lorsqu'ils furent arrivés au niveau des fenêtres, le blond chuchota à Ariel de s'avancer vers celle qui se situait le plus proche d'eux et de la gouttière. Elle acquiesça, mais ne s'exécuta pas immédiatement. Avant cela, elle inspira une grande quantité d'air, toussota de nouveau à cause de l'odeur métallique qui s'était emparée de la pièce, puis parcourut cette dernière avec un regard troublé et voilé. Ses yeux se posèrent sur les restes de sa professeure. Elle songea à la dernière fois qu'elles s'étaient adressées la parole. Elles se hurlaient dessus. Mais, malgré son invivable comportement et ses paroles accablantes, méritait-elle une mort pareille ? Et ses camarades ? Pourquoi ? Qu'est-ce qui avait dérapé ? Est-ce que tout ça était de sa faute ? Si elle avait obéi, est-ce que ça aurait changé quelque chose ? Ne peut-on pas annuler, retourner en arrière, faire un contrôle-Z afin qu'elle se taise face à sa professeure ? Ou même mieux, ne peut-on pas revenir à ce matin ? Elle n'aurait pas éteint son réveil sans se lever, elle se serait préparée et aurait suivi Matthieu qui l'attendait devant sa maison. Elle se serait équipée de ses cahiers, il n'y aurait pas eu une aussi grande querelle entre elle et Madame Da Silva et ces monstres ne seraient pas présentement ici, en train de dévorer ses compagnons de classe.

     Ses pensées furent interrompues une nouvelle fois par la main réconfortante du blond qui comprenait ce qui se passait dans la tête de son amie. Ils se regardèrent dans les yeux, échangeant silencieusement du courage. Elle avança alors, suivie de près par Matthieu. Mais elle s'arrêta et pivota pour le voir, les yeux légèrement froncés. Depuis le début, ça la démangeait.


_ Qu'est-ce qu'il y a ? Tu peux y arriver, on y est presque, l'encouragea l'adolescent sans vraiment comprendre ce changement.


_ Comment tu fais ? Enfin... elle marqua une pause pour chercher ses mots tout en secouant la tête. Tu restes si... si calme alors que la situation est apocalyptique.


     Le blond se tendit, et Ariel le remarqua. Il savait quelque chose qu'elle ignorait, mais quoi ? Et pourquoi ne rien lui dire ? Après tout, ils se faisaient réciproquement confiance, non ? Ils se l'étaient promis, alors quoi ? C'était dans le vide, ce serment ?


_ J'essaie de garder mon sang-froid au maximum pour trouver le meilleur moyen de nous en sortir vivants, expliqua-t-il maladroitement en détournant les yeux.


     C'est alors que son visage devint soudainement blême. La brune suivi son regard et aperçut une silhouette encapuchonnée, vêtue d'un long manteau noir. C'était quoi, ça encore ? Et pourquoi celui qu'elle considérait comme son frère s'était décomposé à sa vue alors qu'il n'avait pas l'air déstabilisé face aux cadavres qui jonchaient le sol de la classe ?

     L'inconnu tourna la tête vers eux en souriant subtilement, puis entama une marche dans le but de les rejoindre. Tétanisée, Ariel attrapa fermement le bras de Matthieu.


_ Continuons, il ne reste plus beaucoup d'élèves vivants. Ils risquent de nous prêter attention. Et si c'est le cas, je ne pense pas avoir besoin de te faire un dessin... Alors il faut se dépêcher, ok ? signala-t-il en cachant tant bien que mal la nervosité qui grandissait en lui.


     Ariel acquiesça silencieusement, le peu de quiétude disparu à la fin des mots prononcés par son meilleur-ami. Elle savait qu'il avait dit ça pour éviter le sujet et la personne qui s'approchait dangereusement d'eux. Il y avait déjà suffisamment de monstres à son goût, alors si des humains s'y mettaient, comment s'en sortiraient-ils ? Chassant du mieux qu'elle pouvait ses inquiétudes, ils s'engagèrent de nouveau dans une démarche assurée, et accélérée, vers leur unique sortie. Cependant, ils durent de nouveau se stopper lorsqu'une voix épouvantée les retint.


_ Attendez, Matthieu, Ariel ! Aidez-moi, je vous en prie !


     Les deux amis s'étaient pétrifiés en voyant Émeline, étendue au sol, sa prothèse dans la gueule de l'une des créatures. Elle regardait les deux amis d'un air implorant.


_ S'il vous plaît, reprit-elle dans un sanglot, aidez-moi ! Si... Si vous intervenez, je pourrais vivre, je ne peux pas me défendre seule ! Ne me laissez pas ici, je ne veux pas mourir de cette manière !


      Malgré sa terreur, Ariel s'avança rapidement, n'oubliant pas la présence de l'inconnu encapuchonné.


_ On va t'aider ! Tu dois arrêter de pleu... commença-t-elle avant de se faire interrompre par Matthieu.


     Il plaça un bras devant elle pour l'empêcher d'avancer en secouant la tête négativement.


_ Ça ne fonctionnera pas pour elle, elle est à terre, une jambe, fausse ou non, dans la gueule de la bête. Peu importe ce qu'elle peut faire, elle sera toujours vulnérable. Arrêter de pleurer ne la sauvera pas...expliqua le jeune homme de sa voix grave.


     Ariel, complètement abasourdie de voir le garçon le plus empathique qu'elle connaisse refuser d'aider sa camarade en danger de mort, l'attrapa vivement par l'épaule. Elle lui hurla que ce serait inhumain de ne pas venir en aide à Émeline dans une telle situation.


_ Je sais ! l'arrêta-t-il d'une voix impatiente en jetant un œil à l'inconnu qui n'était plus très loin. Écoute, commence à descendre, pendant ce temps je vais l'aider. D'accord ?


    La brune, insatisfaite de la réponse, le regarda avec de gros yeux.


_ Tu es fou ?! Tu vas à peine avoir le temps de t'approcher que le monstre va te transpercer avec l'une de ses pattes ! C'est du suicide ! Je vais t'aider !


_ Ariel ! cria Matthieu, perdant tout son sang-froid. Pourquoi, bordel, t'es pas foutue de me faire confiance quand il le faut ?! s'emporta-t-il en la fusillant du regard. Descends, point barre ! Le mec arrive, on sera dans de beaux draps s'il intervient ! J'aurais besoin de toi en bas quand je l'aurais aidée ! Si tu restes, tu ne vas faire que me gêner !


    L'adolescente jeta un œil à Émeline qui pleurait au sol. Trop occupée à tenter de se défaire de sa prothèse, elle n'écoutait plus ce que le duo se disait. Elle savait pertinemment que, de toute manière, les deux étaient trop têtus l'un et l'autre pour l'écouter. Tenter de les convaincre d'agir de telle ou telle manière ne serait qu'une perte de temps, alors elle préférait mettre ce dernier au profit de sa survie.

     Matthieu était à cran, il fixait l'homme qui s'approchait, suppliant mentalement qu'Ariel parte. S'il fallait un survivant, alors ce serait elle. Mais il n'allait pas abandonner. Pas maintenant. S'avouer vaincu si tôt dans la bataille, ce serait être lâche. S'il rendait les armes, alors il ne pourrait pas tenir sa promesse. Et si c'était le cas, alors qu'adviendrait-il d'eux ? Il secoua la tête, préférant ne pas s'imaginer ce qui se passerait.

     Ariel, de son côté, pesait le pour et le contre. Elle était têtue, ça, tout le monde le savait. Mais Matthieu, quand il haussait le ton de cette manière, l'était encore plus. Insister pour rester ne ferait que les mettre en danger, il avait raison. Et puis... Elle avait peur. Elle voulait partir, ne plus sentir cette odeur putride qui emplissait ses narines, ne plus voir les cadavres qui jonchaient le sol de sa classe, ne plus entendre les suppliques de ses camarades agonisants, ne plus toucher le sang qui l'avait éclaboussée. Elle murmura un ordre, celui qui obligeait Émeline et Matthieu à revenir vivant et indemne de cette pièce.

     Les deux meilleurs amis se regardèrent une dernière fois, appréhendant chacun le futur. Ariel dû se faire violence pour ne pas rester les aider. Elle s'engagea tout de même par la fenêtre et entama la descente tortueuse de la gouttière juste après avoir aperçu l'inconnu aborder son frère de cœur. Pendant sa cascade, elle pensa à ce qui était en train de se dérouler au-dessus de sa tête. Elle avait l'impression que Matthieu lui cachait quelque chose. Non, ça n'était pas une impression, elle en était certaine. Mais comment pourrait-il savoir quelque chose à propos de ce qu'il venait de se passer ? Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il était au courant de ce qui allait se produire. Après tout, il avait agi avec une certaine fluidité, n'avait pas eu l'air impacté plus que ça et... il savait de quelle manière les monstres choisissaient leur proie. Non, c'était impossible. Il avait dû déduire cette information dans les premières secondes de l'attaque, ou quelque chose comme ça...

     Soudainement, elle glissa, perdant contact avec son support. Elle poussa un petit cri, rapidement atténué lorsque ses fesses rencontrèrent le béton de la cour. Heureusement pour elle, il ne lui restait qu'une petite distance à parcourir avant de poser pied à terre.

     Elle décida d'attendre ses amis sur place, faisant les cent pas en se massant l'arrière-train tout en se torturant l'esprit de réflexions. Pouvait-elle encore faire confiance à son ami de toujours ? Alors que jusqu'à aujourd'hui sa fidélité envers lui ne faisait aucun doute, elle ne savait plus quoi penser de lui. Matthieu était-il réellement celui qu'elle pensait ? Elle l'espérait de tout son cœur.

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