Chapitre neuvième : Les aiguilles se mettent en route
Bonsoir ! Finalement, je n'ai pas résisté, je le poste aujourd'hui 😛 Comme je l'avais dit, les choses vont commencer à bouger, les aiguilles à tourner, et personne ne pourra l'empêcher... Je vous souhaite une bonne lecture 📖
🜋 🜋 🜋 🜋 🜋
Ariel était têtue, et ça n'était pas maintenant que les choses allaient changer. Voilà six jours que la jeune fille boudait ses deux camarades de classe. Elle attendait. C'était à eux de faire le premier pas. Ils lui avaient menti, ils étaient en tort. Ça n'était pas à elle d'aller les voir pour prendre de leurs nouvelles. Alors elle attendait. Et elle attendrait encore s'il le fallait malgré les remords de ne pas leur parler, l'angoisse de les perdre après ce qu'ils avaient déjà vécu, le désir de vérité qui la tenaillait. Il fallait qu'elle tienne. De toute manière, ils n'allaient pas se volatiliser.
Emeline était sortie de l'hôpital dès le second jour, mais Matthieu en avait encore pour quelques temps. L'adolescente aux cheveux rosés rendait chaque jour visite au blessé. Ce que les deux redoutaient approchait à grand pas. Quand cela arriverait-il ? Ca, ils l'ignoraient. Mais ça ne tarderait plus. Peut-être même que cela se passerait dès le lendemain. Ils ne pouvaient plus attendre, ils devaient parler à Ariel, ne serait-ce qu'une dernière fois.
_ J'aimerais que tu ailles chez Ariel aujourd'hui et l'amener ici. Dis-lui que c'est pour faire mes excuses, mais puisque je ne peux pas bouger d'ici, elle va devoir faire le déplacement... demanda le blond en se grattant la tête.
Emeline lui jeta un regard attristé.
_ Tu crois qu'il est temps ? Ne peut-on pas encore attendre ? C'est tôt...Et puis, ils ont peut-être menti ? Et pourquoi ne pas l'appeler directement ?
_ Malheureusement, j'ai bien peur qu'il ne nous reste plus beaucoup de temps. Je préfère ne pas prendre de risque. Il faut que je lui parle, maintenant. Je la connais, Em'. Je lui ferai mes excuses, mais elle ne viendra pas tout de suite. Ce sera sa petite vengeance. Mais je ne peux pas attendre, il faut absolument que tu l'amènes à moi, c'est tout. Tu comprends ?
La jeune fille acquiesça. Pourquoi tant d'empressement ? Lui manquait-il une information ? Avait-elle mal compris ? Ou Matthieu se laissait-il simplement gagner par la peur ?
Le moral à zéro, elle sortit de la pièce. Sa prochaine destination serait donc la maison des Aubry. D'habitude, elle sautait de joie à l'idée de voir Ariel, mais cette fois, c'était différent. Elles ne s'étaient parlées qu'une seule fois depuis la dispute de l'hôpital, et dire que cela s'était bien passé serait un mensonge. La brune l'avait de nouveau accusée de mentir. Emeline n'avait pas pu démentir, mais avait expliqué qu'elle ne pouvait pas révéler ce qu'il s'était passé. La réponse n'avait pas plu à sa camarade qui avait alors ignoré tous les messages qui avaient suivi. Alors comment seraient ces retrouvailles ? Froides, c'en était certain.
Lorsqu'elle fut arrivée, elle sonna à la porte. C'est Aurélie qui lui ouvrit, un sourire au lèvre.
_ Emeline ! Je suis ravie de te voir en bonne santé ! Entre, je t'en prie.
La jeune fille pénétra dans la demeure de son amie, émerveillée. Elle s'était toujours demandé dans quel cadre de vie pouvait vivre la fille au tempérament bien trempé qu'elle côtoyait. Elle fut légèrement déçue en voyant le foyer, certes chaleureux, mais classique. Pas de touche d'originalité, pas de touche d'Ariel.
_ Veux-tu boire quelque chose ? lui demanda l'adulte en l'invitant d'un geste de la main à s'asseoir dans le canapé.
_ Non, merci, ça ira. Je passe en coup de vent pour demander à votre fille de m'accompagner à l'hôpital. Matthieu et moi aimerions lui parler de certaines choses. Est-elle là ? répondit la jeune fille de sa voix douce.
Elle ne s'assit pas non plus, stressée. Aurélie remarqua son malaise et ses doigts triturant ses tresses.
_ Bien sûr, je vais l'appeler. Je m'excuse pour elle, elle a un fort caractère, mais elle est très attachée à vous deux. Elle ne vous le dira jamais, mais je le fais pour elle. Merci pour tout ce que vous faites.
La femme disparut du salon pour monter voir sa fille tandis que la convive sentait la culpabilité naître au fond de son coeur. Ariel lui pardonnerait-elle ? Elle l'espérait. Mais elle s'était préparée à ce que ça ne soit pas le cas, c'était fortement envisageable après tout. Cependant, ça ne l'arrêterait pas. Elle était convaincue de suivre le bon chemin, alors elle continuerait, et Ariel finirait par le comprendre.
Elle entendit la brune ronchonnait dans les escaliers.
_ Pourquoi tu ne me dis pas qui c'est, hein ? Je suis franchement pas d'humeur à voir quelqu'un, moi.
Lorsqu'elle vit qui l'attendait dans le salon, Ariel se figea et grimaça de colère avant de faire demi-tour. Sa mère, derrière elle, l'en empêcha.
_ Tu devrais au moins l'écouter, tenta-t-elle de la convaincre.
D'un regard, Aurélie supplia Emeline d'intervenir. Dans le cas contraire, la brune camperait sur ses positions, et elle ne le voulait pas. La vie avec elle n'était pas de tout repos au quotidien, mais depuis sa dispute à l'hôpital, c'était encore pire. Ariel lui faisait vivre un enfer, était exécrable. Il fallait changer cela, elle n'en pouvait plus.
_ Matthieu et moi voulons te parler, lâcha l'handicapée en s'avançant doucement. Il est temps. Nous nous sommes mis d'accord. J'aimerais que tu m'accompagnes à l'hôpital.
La brune la regarda avec méfiance, puis courut dans les escaliers, claquant la porte de sa chambre. Les deux autres soupirèrent. Elles avaient apparemment échoué. Mais l'adolescente avait conscience de l'importance de sa mission confiée par Matthieu et n'allait pas abandonner pour si peu. Prête à en découdre, elle demanda la permission à Aurélie de monter. Lorsqu'elle mit son pied sur la première marche, la porte de la chambre de l'Ariel s'ouvrit en grand, des pas pressés résonnant sur le parquet.
_ Je suis prête ! s'écria-t-elle, les bras grand ouverts. Allons-y ! Maintenant !
Sans attendre, elle dévala les escaliers, attrapa le poignet de sa camarade et sortit en courant. Emeline ne put s'empêcher de rire face à l'engouement de son amie. Aurélie leur hurla d'être prudentes en souriant. Tout allait enfin être réglé, elles pourraient ensuite reprendre leur vie d'avant. Une dizaine de minutes plus tard à courir dans la ville, elles arrivaient à l'hôpital. Lorsqu'elles entrèrent dans la chambre, Ariel ne salua pas son meilleur ami, elle s'installa avec empressement sur le tabouret et Emeline se positionna sur son ancien lit.
_ Bien, c'est l'heure de vérité, c'est ça ? s'enjoua la brune en se trémoussant.
Elle avait hâte, bien évidemment, mais elle avait aussi peur. Qu'est-ce qu'elle découvrirait ? Ça n'allait pas lui plaire, elle en était certaine, cependant l'ignorance ne la mettait pas dans un bon état psychologique. Il lui fallait la vérité, peu importe ce qu'elle était.
_ Tout d'abord, je veux m'excuser. Ça me ronge de te cacher ce que je sais, tu ne peux pas savoir à quel point, commença le blond en se grattant la tête. Toi et moi, on s'est promis de tout se dire, mais je ne respecte pas ma parole en te gardant loin de... de ça. J'aurais aimé que ce soit moi qui fasse le déplacement, mais au vu de mon état actuel, je n'ai pas su alors je te remercie de l'avoir fait. Mon but, en ne te disant pas tout, n'est pas de te blesser, de rompre notre serment. Tu es ma sœur, Ariel, tu es ma famille, tu es tout pour moi. Tu es mon monde. Et je ne veux pas voir ce monde se désagréger par ma faute. Si j'ai demandé à Emeline de garder le secret, c'est pour te protéger. Ces informations... il ne faut pas que tu en prennes conscience, d'accord ? Il faut me faire confiance. Je veux que tu aies une vie épanouie, heureuse, idyllique. La vérité te ferait sombrer dans un terrible cauchemar dont l'issue est la plus terrible, annonça le blessé en regardant la brune dans les yeux.
Elle ne savait pas quoi penser. Matthieu avait l'air si chamboulé, si sincère. Elle pouvait lui faire confiance, oui. Mais ça ne l'aidait pas. Qu'est-ce qu'il s'était passé ce jour-là ? Quelles terribles informations avaient-ils entendues ? Alors qu'elle ouvrait la bouche pour le questionner sous le regard timide d'Emeline, le blond reprit la parole, anticipant celles de sa meilleure amie.
_ Je veux que tu aies confiance en moi, Ariel. Je sais que c'est compliqué pour toi de ne pas savoir, ta curiosité doit être malmenée avec tout ça. Mais... je ne peux pas me résoudre à te dire ce que je sais. Ce serait comme... te tuer de mes mains... Moi, j'ai confiance en toi, et je veux que ce soit réciproque. Pour toujours. Je t'en prie, comprends-moi !
Sa voix était désormais suppliante. La brune comprit l'ampleur que pouvaient prendre les informations qu'ils cachaient. Sa peur ne fit que s'accroître. La mort comme résultat ? Alors qu'arriverait-il à ses amis ?! Cette histoire n'était donc pas finie, ils reviendraient ? Ces foutus monstres et ses hommes en cape noire n'en avaient pas eu assez de massacrer toute une école ? Elle ne pouvait pas laisser une telle chose arriver ! Mais elle ne pouvait pas non plus forcer Matthieu à dire quoi que ce soit. Elle l'avait compris, cette fois. C'était bien trop grave pour faire une crise de colère à la Ariel. Elle n'insisterai donc pas, mais cela ne voulait pas dire qu'elle ne continuerai pas sa petite enquête qu'elle avait déjà commencée. Elle souhaitait savoir pour quelle raison ses camarades s'étaient fait tuer. Ça ne devait pas être passé sous silence. Elle finit par hocher de la tête pour montrer sa résignation.
Personne ne parla plus. Cela devenait une habitude entre eux. Ils se laissaient un temps de réflexion et d'observation. Sous ce calme, aucun n'aurait pu prédire ce qui arriverait dans un futur plus proche que jamais. Ils savaient que leur quotidien avait déjà changé. Radicalement, qui plus est. Par peur de revivre les ignobles scènes, ils n'en parlaient pas malgré leur envie irrépressible de le faire. Chacun se disait qu'ils auraient dû profiter du petit train-train quotidien qui, certes, était lassant, mais aussi sécuritaire, paisible et tutélaire. Jamais, ô grand jamais, ils ne pourraient retourner à l'école. C'était écrit. Ils ne l'ignoraient pas. Non pas parce qu'ils étaient trop marqués, mais parce qu'il n'y en aurait plus. Pas pour eux, du moins. Cette petite voix qui soufflait aux trois malchanceux que tout était fini. En réalité, tout ne faisait que commencer.
_ Broyer du noir ne va rien nous apporter... murmura Emeline en se levant.
_ Tu as raison ! s'exclama la brune. Ma vie ne sera pas foutue par des salopards en manque d'action. La vôtre non plus, je suis claire ? S'ils reviennent, on leur bottera les fesses à la façon Aubry !
Emeline mit quelques secondes à répondre, peu accommodée aux sauts d'humeur de la brune. Puis, elle sourit de toutes ses dents.
_ Bien entendu ! Ce ne sont pas des brutes qui vont mettre fin à nos vies juste parce qu'ils en ont envie ! On leur fera face s'il le faut, mais jamais ils ne nous prendront Matthieu !
Matthieu les regarda un court instant avant de baisser la tête. Les deux filles se fixèrent sans un mot. Apparemment, il n'était pas aussi enthousiaste qu'elles. Et Emeline venait de confirmer les soupçons d'Ariel. Lorsque les terroristes avaient parlé de la cible, il s'agissait bel et bien de son meilleur ami. Ça ne faisait plus aucun doute. La jeune fille décida de ne pas relever, mettant l'information dans un coin de sa tête.
_ Matt, j'ai bien conscience qu'on parle de personnes accompagnées de monstres, mais ça n'est pas en nous apitoyant sur notre sort que ça va changer quoi que ce soit, pas vrai ? C'est ce que tu me dis toujours ! C'est avec du baume au cœur qu'on peut soulever des éléphants, pas avec un poid, ça, ça nous fait couler !
Le blond secoue la tête, affirmant que cette fois tout était différent.
_ Tu ne comprends pas, on ne parle pas d'un dessin d'art plastique raté, mais de vies. On ne peut pas faire comme si rien ne s'était passé, ça serait nier l'existence de tous nos camarades ! Et tu n'as vraiment pas conscience de ce qu'Aldric représente ! C'est un fou, prêt à tout pour accomplir son but. Il a tué sa femme ! Et son frère ! Il a même forcé son fils à faire des horreurs ! Il les a utilisés, lui et ses capacités, et il n'a pas fini... Il ne s'arrêtera jamais...
La brune se rassit. Le silence revient à la charge. Chacun méditait sur ce qui venait d'être dit. Ariel penchait sa tête sur le côté, les sourcils froncés. Aldric ? Il s'agissait sûrement du chef des terroristes, et par conséquent du père de celui qu'ils avaient vu. Ce dernier ne serait donc qu'une victime dans l'histoire ? Impossible. Il s'était fait un plaisir de voir agoniser tous ses camarades, de les anéantir. C'était purement gratuit, aucune bonté ne se trouvait dans cet homme. Le Boss devait avoir un second fils. Et il voulait Matthieu. Mais quel était leur lien ? Ce silence était lourd de révélations, et chercher à les comprendre ne servait à rien : il lui manquait des pièces. Beaucoup de pièces.
Le lendemain matin, Ariel se fit réveiller par la voix d'Aurélie qui résonnait dans la maison.
_ Ariel ! Descends s'il-te-plait !
La jeune fille qui dormait se réveilla en grognant quelques mots incompréhensibles. Elle se redressa, sortit de son lit et ouvrit la porte.
_ T'as vu l'heure, m'man ? Tu veux que je tombe dans une pépinière ou quoi ?
La femme se mit à rire. Il y avait une chose qui ne changerait jamais avec Ariel, c'était son manque de connaissance des expressions.
_ Oui, j'ai vu l'heure, justement ! Il va être onze heures ! Lève-toi, le génie des expressions, ricana-t-elle en levant les yeux au ciel.
_ Ok, ok... ronchonna la jeune fille en descendant les escaliers, les cheveux devant les yeux ce qui faillit lui causer plusieurs chutes.
Arrivée devant sa mère, elle lui fit la bise et demanda comment elle se portait.
_ Je suis inquiète, le médecin de Matthieu a appelé.
La mine grave de sa mère fit monter une angoisse dans la gorge d'Ariel. Son état s'était-il dégradé ? Il allait bien hier !
_ Vraiment ? Pourquoi ça ? Sa sortie ? Il faut aller le chercher ? s'empressa l'adolescente qui devint vigoureuse à ces mots.
_ En fait, je ne sais pas ce qu'il voulait...
Ariel ne comprenait pas. Pourquoi l'appeler sans lui dire ce qu'il se passe ? Était-ce si grave ?
_ Comment ça ?
_ Il n'a rien voulu me dire au téléphone. Il souhaite que l'on se rende à l'hôpital le plus rapidement possible. Mais ne t'en fais pas, ajouta-t-elle en voyant la mine de sa fille se décomposer. Je ne pense pas que ce soit grave pour Matthieu, sinon il m'en aurait fait part !
Ça n'en finirait donc jamais ! Ariel trouvait qu'elle était grandement mise à l'épreuve ces derniers temps, elle ne savait pas si elle tiendrait le coup longtemps avec toute cette pression. Qu'est-ce qu'il se passait avec son meilleur ami ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top