Chapitre huitième : Séance chez les psy
Et voilà un nouveau chapitre ! Toujours pas d'action, mais ça va venir... Bientôt ! En attendant, celui-ci vous propose une petite récap' de l'attaque ! Très succincte car vous n'avez pas encore toutes les données, tout comme Ariel ! Mais ne vous inquiétez pas, le prochain chapitre sera très intéressant, les choses vont bouger ! En pièce jointe vous avez l'un des monstres représenté :) C'est ma sœur que l'a dessiné à ma demande donc merci de respecter son travail ! Bonne lecture 📖
🜋 🜋 🜋 🜋 🜋
Ariel était assise en face de Monsieur Quiron, le psychologue engagé par Aurélie. Mécontente d'être là, elle gardait son air renfrogné et ses bras croisés. Elle savait très bien pour quelle raison elle se trouvait dans cette pièce, mais n'y voyait aucune utilité. Elle se trouvait très équilibrée malgré ce qu'elle avait vécu, elle était forte. Du moins, c'est ce qu'elle tentait de se persuader.
_ Alors, Ariel, y'a-t-il quelque chose dont tu souhaites me parler en particulier ? commença l'homme de sa voix grave et calme.
Placé dans un petit fauteuil en cuir, équipé d'un carnet de note, il regardait sa patiente avec intérêt tout en triturant sa grande barbe noire. En voyant la jeune fille entrer dans sa salle de consultation, il l'avait tout de suite cernée. Elle était du genre à jouer la comédie sur ses sentiments, à ne pas les accepter, à les refouler. Elle n'aimait pas que l'on s'inquiète pour elle car elle estimait que ce serait la considérer comme faible. Il en avait déjà eu, des patients avec ce tempérament. Au final, si la personne est prise en charge correctement, délicatement, en la brossant dans le sens du poil, elle finit par s'ouvrir par elle-même, sans en avoir conscience. Il fallait qu'il fasse de même avec elle afin de vérifier son état psychologique. L'événement que l'adolescente avait vécu était terrible, et il doutait qu'elle s'en soit sortie sans aucune séquelle mentale.
_ Alors ma mère vous paye pour me faire la discussion, c'est ça ? Si je vous dis que j'aimerai parler du café que j'ai bu ce matin, la réponse vous conviendra ? rétorqua-t-elle en croisant ses jambes.
Lorsque quelqu'un place de cette manière ses membres, c'est qu'il attend quelque chose de cette séance, et c'est une excellente chose, songea le médecin, soulagé de voir que ça ne sera peut-être pas si compliqué de la faire parler. Mais n'oublions pas la position de ses bras, elle reste tout de même réticente, il faut être prudent.
_ Non, bien sûr que non. Toi et moi savons pour quelle raison ta mère t'a amenée à moi. Ma question n'était peut-être pas assez explicite, excuse-moi. Je te demandais si, parmi l'événement que tu as vécu, il y a quelque chose qui te tient à cœur et dont tu voudrais que nous discutions en priorité ?
_ Pas vraiment, non, répondit-elle du tac au tac.
L'homme acquiesça de la tête, légèrement déçu. Il s'en doutait, mais qui ne tente rien n'a rien.
_ En fait, si, reprit-elle avec un sourire malicieux.
Monsieur Quiron se redressa, surpris, avant de lui donner la parole.
_ Pendant l'attaque, il y a eu pas mal d'incidents. Mon ami, Matthieu, refuse d'en parler avec moi, sa meilleure amie, sa sœur de cœur, alors qu'il accepte de le faire avec une autre camarade de classe, Emeline, avec qui il n'a pas beaucoup d'affinités. Vous trouvez ça normal, vous ? Ça veut pas dire qu'il me cache quelque chose ? Moi je pense que si, on s'était promis de ne rien se cacher, et en plus on s'est toujours tout dit quand quelque chose n'allait pas !
Ariel s'arrêta à la vue de son psychologue qui la regardait en souriant. Il trouvait ça drôle, celui-là ? N'était-il pas un médecin qui devait l'aider à résoudre les problèmes qu'elle rencontrait ?
_ Bien que cette question doit grandement te perturber, je te demanderai de rester concentrée sur toi. Uniquement toi. Nous ne sommes pas ici pour parler de tes amis, mais de ton ressenti vis-à-vis de ce qu'il s'est passé. Mon objectif est de résoudre tes problèmes, pas ceux des autres, ni même de les analyser avec toi. En faisant cela, tu évites le sujet principal, mais ça n'est pas le but.
L'adolescente ne répondit pas. A quoi il servait s'il ne l'aidait pas à savoir ce que lui cache Matthieu ? En se laissant traîner ici, elle avait espéré trouver quelconque réponse. Et puis, elle n'avait pas besoin de parler, elle allait très bien. C'était ridicule, une perte de temps.
_ Si tu le veux bien, peux-tu me raconter ce qu'il s'est passé ? L'idéal est que tu me contes le début de ta journée jusqu'à ce que tu retournes dans ton lit.
Franchement, elle n'y voyait aucun intérêt. Mais, si ça pouvait faire plaisir à son interlocuteur, elle le ferait, il n'y avait que comme ça qu'elle serait tranquille.
_ Eh bien, commença Ariel en levant les yeux en l'air pour se souvenir, je me suis levée en retard, j'avais éteint mon réveil sans sortir du lit, comme souvent. Matthieu est venu me presser, si bien que j'ai pris mon sac sans regarder ce qu'il y avait dedans. On est arrivé dans l'établissement en courant alors que le surveillant, Normand, nous hurlait dessus pour qu'on arrête. Les cours se sont passés assez lentement, ils étaient ennuyeux. Le dernier de la journée était celui de Madame Da Silva, notre prof' de musique.
La brune s'arrêta de parler, retenant un hoquet face aux souvenirs qui affluaient dans son esprit. Tout avait été si vite. Elles se disputaient, il y a eu un trou, elle est morte. Comment ? Ca, Ariel ne le savait plus, et elle comptait bien le cacher à son psychologue. Finalement, elle ne s'en était pas sortie indemne.
_ J'étais en train de faire une petite révolte avec mes camarades parce qu'elle abusait de son pouvoir pour nous enfoncer plus bas que terre quand on a entendu des cris. On a tout de suite pensé à une attaque terroriste alors on a commencé à faire une pile de tables devant la porte d'entrée. Mais un énorme trou est apparu dans le fond de la classe. Et ils sont entrés, un par un, pour nous tuer. Quand on a fait pour sortir, Matthieu et moi, on a croisé Emeline qui se faisait attaquer. Je suis descendue pendant qu'il l'aidait. C'est tout. Ça vous va ? conclut-elle avec monotonie.
L'homme laissa un court silence lui répondre pendant qu'il notait des choses dans son carnet. Elle évite volontairement des passages importants comme la mort de ses camarades, le physique des monstres, ses sentiments. Elle parle comme si tout cela ne la concernait pas, elle fait tout pour endiguer tout ça. Il faut que je la fasse parler.
_ Merci, Ariel, pour ce récit. Il manque sûrement beaucoup de détails, je me trompe ? finit-il par demander de sa voix douce.
_ Non, mais je me suis dit que les discours à rallonge, c'était pas trop mon truc... s'expliqua-t-elle, peu convaincue.
_ Je vois, est-ce que je peux te poser quelques questions ?
Ariel acquiesça en se tortillant légèrement afin de trouver une meilleure position. Anxieuse, stressée, mal à l'aise.
_ Peux-tu me parler des créatures ? A quoi ressemblaient-elles ?
_ Elles étaient franchement dégueulasses à regarder ! tenta-t-elle de plaisanter, sans succès avant de les décrire plus sérieusement. Faites à moitié de chair et de métal, elles écrasaient tout ce qu'elles voulaient avec leur masse en bout de queue. Leur quatre pattes étaient aiguisées et très fines. Leur bras, au contraire, étaient tout mous, rétractables. Ils avaient plein de petits yeux qui leur entouraient la tête. Et leur bouche étaient gigantesques, pleines de rangées de dents, comme des requins !
Comme à son habitude, Monsieur Quiron hocha la tête en prenant en note ce que disait sa patiente. N'ayant eu que très peu d'informations sur l'affaire, il ne savait pas si la fille imaginait tout cela ou non pour parler des attaquants, mais une chose était sûre : les soldats avaient affirmé avoir vu des monstres dans la cour de l'établissement. Il n'y croyait toujours pas, mais ne pouvait discréditer quelque chose dont il ignorait tout. Mais des monstres ? Dans quel monde vivait-il ? Il ne manquait plus que ça ! Faisant fi de sa méfiance, il continua.
_ Je te remercie. Qu'as-tu ressentie face à eux ?
Dire la vérité ou mentir ? C'était évident pour Ariel.
_ J'ai été un peu surprise, bien évidemment. On s'attendait à voir débouler des hommes armés de kalachnikov, et on découvre des trucs bizarres tout droit sortis du prochain Alien. Donc au départ j'ai été déstabilisée, mais en voyant mes camarades se faire dévorer je me suis rapidement reprise, tout comme Matthieu d'ailleurs ! répondit-elle en triturant son manteau.
Mensonge.
_ D'accord, et maintenant la véritable version des faits s'il te plaît ? insista-t-il en haussant les sourcils.
Le bougre était doué ! songea Ariel alors qu'elle se redressait. C'était son métier après tout, alors lui mentir ne servirait qu'à devoir subir une seconde séance, et ça, elle ne le voulait pas !
_ Très bien... souffla-t-elle, décidée à obtempérer. J'étais terrifiée, mais c'est normal ! Qui s'attendrait à voir débouler ces trucs immondes dans sa classe pour se faire dévorer ?! C'est Matthieu qui m'a secouée, lui a réussi à ne pas être trop choqué par ça ! Je ne sais pas comment il a fait, franchement ! C'est grâce à lui que je suis en vie, il n'a pas perdu pied, moi si. J'étais un véritable pantin à ce moment là.
Ca y était, elle avait avoué être faible. Malgré sa tentative de justification, elle ne pouvait pas empêcher une boule d'angoisse se créer au creux de son ventre. Monsieur Quiron se moquerait-il de sa faiblesse ? Le dirait-t-il à tout le monde ? Sera-t-elle la risée de la ville ?
L'homme parut satisfait de la réponse puisqu'il lui sourit gentiment, attendri. Elle avait un caractère assez fort, mais c'était une jeune fille innocente qui venait de vivre un enfer qu'elle ne voulait pas assumer. C'était tout à fait compréhensible. Mais, il était certain que quelque chose clochait chez elle, quelque chose qui l'avait changée. Il se devait de découvrir de quoi il s'agissait pour s'assurer de sa santé mentale.
_ Merci pour ton honnêteté, je sais que ça n'est pas facile. Mais sache que tu n'as pas à te sentir honteuse, ni à cacher cela. Comme tu l'as dit, c'est légitime, tout le monde aurait réagi de la même manière, moi y compris. C'était une terrible expérience, et tu t'en es sorti. C'est tout ce qui compte. Mais dis-moi, comment ta professeure est-elle morte ? L'as-tu vu ?
Le psychologue savait pertinemment que cette question était très risquée, qu'elle pouvait heurter sa patiente. Mais aborder les sujets sensibles, c'était ce qu'il devait faire pour l'aider au mieux.
Ariel se tendit. Merde. Ce qu'elle redoutait allait arriver. Pouvait-elle admettre qu'elle avait une sorte de traumatisme qui l'empêchait de se remémorer certaines choses ? Certes, la réaction du psychologue l'avait rassurée, mais il le répéterai à sa mère, elle en était certaine. Et si tel était le cas, alors elle n'était pas prête de sortir de chez elle, d'enquêter ni même de vivre sereinement avec Aurélie qui la suivrait partout sans aucun répit.
Monsieur Quiron comprit la réticence de sa patiente.
_ Qu'est-ce qui te dérange, Ariel ? Le fait de te souvenir de ce genre de chose ? D'en parler ? La peur d'être jugée ? Sache que tu n'as aucun souci à te faire, d'accord ? Tout ce qui est dit reste ici, et aucun jugement n'est permis. Tu peux parler sans crainte.
_ Donc vous ne direz rien à ma mère, hein ?
L'homme acquiesça. Il avait donc bien compris les inquiétudes de l'adolescente.
_ Okay... commença Ariel d'une petite voix. Je ne me souviens plus. Je crois que toutes les morts auxquelles j'ai assisté sont effacées de ma mémoire. C'est un truc post-traumatique, non ? Mais pas d'inquiétude, je vais bien ! Pas de problème !
Elle n'était décidément pas à l'aise avec ces déclarations. Elle n'aimait pas parler d'elle, de ses sentiments à d'autres que Matthieu. Mais il n'avait pas le droit de répéter... Et s'il le faisait, elle le poursuivrait en justice !
_ C'est une réaction de ton cerveau tout à fait normal, tu n'as pas à t'inquiéter. Malheureusement, notre séance touche à sa fin, nous devront parler de tout cela plus tard. Nous nous reverrons donc pour une deuxième séance. Ça te va ?
Ariel ronchonna qu'elle n'avait pas le choix de toute manière. Finalement, elle n'échapperait pas à une autre consultation. Mais au moins, celle-ci était finie ! tenta-t-elle de se réconforter.
Ils fixèrent le prochain rendez-vous et la brune s'en alla rejoindre sa mère. La prochaine étape serait d'aller dormir. Cette nuit, elle avait été hantée par des cauchemars. Pour les éviter, elle s'était empêchée de tomber dans les bras de Morphée, mais elle en ressentait les effets désormais. Elle croisait les doigts pour que ces terribles créatures la laissent se reposer. Demain, elle tenterait de nouveau d'avoir des réponses auprès de ses amis. Enfin, si amitié il y eut réellement... songea-t-elle, attristée.
Mais la jeune fille ne pouvait s'imaginer le scénario qui se déroulerait bientôt. Une semaine. Une semaine avant qu'un nouvel événement ne vienne de nouveau tout chambouler dans sa vie. Cette fois, il n'y aura plus de retour possible. La machine sera en marche, et il sera impossible de l'arrêter.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top