le lendemain
Lorsque je me réveillai, le soleil passait en rayons éparses à travers les rideaux de ma chambre, et mes yeux se refermaient tous seuls. Je jetai un rapide coup d'œil à mon réveil, et bien qu'il ne fût pas très tard, je décidai de me lever de suite, ne voulant pas perdre une journée à glander au lit.
Je me sentais étrange, comme si quelque chose manquait. Mais je mis ça sur le compte de la fatigue, et après avoir pris quelques minutes pour émerger, je me levai, et descendis les escaliers pour aller déguster mon petit déjeuner.
Mes parents étaient tous les deux dans la cuisine où un silence de mort régnait. Je décidai alors de seulement boire une boisson chaude, voulant à tout pris m'extirper de cette atmosphère glaciale.
Pendant que l'eau chauffait, je jetai un regard par la fenêtre, qui donnait sur la maison des voisins. Le ciel était très couvert, à l'inverse de la vieille au soir où il était très clair. J'avais l'impression qu'il pleuvait très légèrement, mais je n'en étais pas vraiment sûr.
Le sifflement de la bouilloire retentit. Je me retournai alors, et attrapai une tasse dans laquelle je mis un sachet de thé vert avant de verser l'eau. Puis, je remontai dans ma chambre. En passant devant Maman, je me rendis compte qu'elle avait les yeux rouges, comme si elle venait de pleurer. Je détournai le regard, ignorant mon cœur qui se serrai, et je fuis dans ma chambre.
Arrivé là-haut, je repensai à la soirée de la veille, quand mon père n'était pas là, et quand tout allait si bien. Je repensai aux lèvres d'Eleanor, si douces, si fines, sur les miennes, et je sentis mes joues rougir doucement. Je décidai alors de me concentrer sur autre chose, et je passai ma journée à retoucher des photos, essayant de déconnecter mon attention du temps morose et de la pluie au dehors.
C'est vers dix-huit heures que nous fûmes prévenus. J'étais sous la douche à ce moment-là. J'entendis uniquement la sonnette retentir, dans un premier temps. Le bruit de l'eau occultant tous les autres bruits, je ne pus distinguer les voix des nouveaux arrivants, et je me contentai de me dépêcher afin de satisfaire ma curiosité au plus vite.
Une fois ma douche terminée, je m'habillai en vitesse, et les cheveux encore humides, je descendis.
Ta mère était là, assise sur le fauteuil de mon salon. Eleanor et Lola étaient toutes les deux dans le canapé. Lola avait pris les mains de ta sœur dans un geste qui se voulait réconfortant. Mon cerveau fit un soubresaut. Quelque chose n'allait pas. Quelque chose manquait.
Maman, assise sur une chaise face au canapé, me fit signe d'en prendre une moi aussi – une chaise – et de m'installer avec eux. En m'asseyant, je vis mon père, appuyé contre l'encadrement de la porte qui menait à la cuisine.
Tu n'étais pas là.
Il y avait un silence de mort.
– Morgan, on est venu pour savoir quand est-ce que tu as vu Angel pour la dernière fois...
La voix de ta mère était posée, beaucoup plus posée que ce à quoi je m'attendais. Malgré tout, sa silhouette frêle semblait incroyablement fragile. Ne comprenant pas pourquoi on me posait cette question, j'allai chercher des réponses dans le regard de ta sœur. Mais je n'y vis qu'une profonde inquiétude qui se répercuta en moi.
– C'est hier, en même temps que Lola, quand on est rentrés après la soirée. Je l'ai vu rentrer dans votre maison et puis... Et puis voilà...
Ta mère et Maman échangèrent un regard entendu.
– Qu'est-ce qui se passe, où est-il ?
Sans que je ne le contrôle, ma voix trembla, très légèrement.
– Justement, répondit Eleanor la voix nouée, on ne sait pas.
Tout s'arrêta de tourner dans ma tête pendant plusieurs minutes, que se passait-il... ?
– On va aller tous les trois avec ton père à la gendarmerie, on pense qu'Angel est probablement parti de son plein gré, mais il faut qu'on signale la disparition afin de le retrouver au plus vite. Vous, vous allez rester ici tous les trois en attendant d'accord ?
Je hochai la tête sans savoir quoi faire d'autre tandis que les adultes quittaient la pièce puis la maison.
Lorsque la porte claqua, un silence pesant s'abattit sur le salon.
– Je vais préparer quelque chose à boire, murmura ma petite sœur, je reviens.
Elle s'éclipsa dans la cuisine laissant Eleanor et moi seuls.
Je me levai alors, et vint m'asseoir à côté d'elle sur le canapé. Je passai un bras autour de ses épaules et elle se lova contre moi. Je l'étreignit, et ses épaules se mirent à trembler. Elle pleurait.
On resta quelques minutes ainsi, puis Lola revint avec trois chocolats chauds, et une boîte de cookies.
– Personne n'a vu Angel depuis hier soir, commença-t-elle, il ne répond pas aux appels. Il manque certaines de ses affaires tels que des pulls chauds, ou encore son portefeuille. Son vélo aussi a disparu. Mais personne ne sait où il est. On pense qu'il est parti, Louise a attendu de voir s'il rentrait avant de s'inquiéter car il arrive parfois qu'il parte se promener sans prévenir. Ce n'est que lorsqu'il a commencé à pleuvoir très fort et qu'il ne répondait pas lorsqu'elle l'appelait pour savoir s'il avait besoin qu'elle aille le chercher qu'elle s'est rendue compte que quelque chose n'allait pas. Il ne répondait jamais aux appels, et c'était extrêmement rare qu'il ne donne ainsi aucune nouvelle de la journée...
Eleanor acquiesça tout au long de la tirade de ma sœur. Je comprenais mieux cette inquiétude...
– On ne sait pas du tout où il est, ni ce qu'il fait, ni s'il va bien. Ça aurait pu ne pas être inquiétant, mais ma mère a fait toutes les routes à plusieurs kilomètres à la ronde et rien, aucune trace de lui...
Les yeux de ta sœur se remplirent à nouveau de larmes.
– Je suis si inquiète pour lui...
Je caressai doucement mon dos en essayant de la réconforter, il n'y avait pas grand-chose de plus à faire dans l'immédiat, de toute manière.
Ma sœur semblait réfléchir, et chercher encore ce qui avait pu se passer, en vain. Son cerveau avait l'air de se torturer à réfléchir et à essayer de trouver une solution à ce problème qu'elle ne comprenait pas.
– Tu sais... Je veux dire... D'après ce que j'ai compris, il a de l'argent sur lui, il pourra toujours trouver un endroit où passer la nuit, et d'où appeler... essaya de la rassurer ma sœur, il est débrouillard.
Eleanor essuya rapidement ses yeux du revers de la manche, et avant de répondre :
– Il est débrouillard, mais extrêmement timide et fragile... J'ai juste peur qu'il lui arrive ou qu'il lui soit arrivé quelque chose... Je... Je m'inquiète pour lui...
Lola hocha la tête. Ne sachant quoi dire d'autre, chacun attrapa sa tasse de chocolat chaud.
Mon regard glissa sur Eleanor. Elle portait un sweat vert foncé. Il était bien trop grand pour elle si bien que ses mains disparaissaient dans les manches. Ses joues étaient roses, et son regard angoissé se perdait, distrait, dans les méandres de son chocolat chaud.
Mon cerveau à moi aussi cherchait des réponses, des explications, mais rien. Rien ne parvenait à expliquer cette soudaine disparition.
Ce n'est qu'en début de soirée que les parents rentrèrent. Ils discutaient assez activement.
– Alors !? demanda ma sœur dès que Maman entra dans le salon.
– Ils disent qu'il a sûrement fugué et que des disparitions comme ça, ça arrive souvent, et qu'il faut pas s'inquiéter, il finira par revenir, et que s'il n'est pas de retour d'ici demain soir, ils commenceront des recherches plus actives.
Maman semblait un brin énervée, et ta mère aussi. Comme si leur accueil au commissariat n'avait pas été à la hauteur de leurs attentes.
Eleanor baissa à nouveau les yeux, et Maman se rendit à la cuisine où elle commença à préparer le repas, tandis que mon père partait à son travail, sans saluer personne, comme d'habitude, même s'il avait fait l'effort de partir un peu plus tard et d'accompagner Maman et ta mère inquiète au commissariat.
Lola me remplaça auprès d'Ele, et je rejoignis maman à la cuisine afin de l'aider.
– Les filles vont rester manger avec nous ce soir, on va préparer des pizzas comme ça, ça sera rapide à faire.
Je hochai la tête, et commençai à les préparer tandis que ma mère prenait la vaisselle dont on avait besoin, c'est-à-dire quelques assiettes et des verres. Elle rejoignit ensuite les filles, pendant que je mettais les pizzas au four, et je m'assis avec elles au salon.
Elles parlaient du Portugal. Ta maman expliquait qu'il y avait de super spots de surf là-bas, et ta sœur acquiesçait, un sourire nostalgique aux lèvres. Je ne suivais pas tellement la conversation, me contentant d'observer, et de sourire lorsque l'une d'elle esquissait un rictus amusé malgré sa mine inquiète.
Je m'abreuvais de ce peu de joie, afin de ne pas laisser à mon tour l'inquiétude m'envahir, car je le sentais, ce n'était pas anodin. Quelque chose s'était passé, et personne ne savait quoi faire d'autre qu'attendre. Après tout, tu aurais pu revenir d'une minute à l'autre...
On mangea, toujours dans cette ambiance mi-inquiète, mi-posée, comme si nous cherchions à passer un bon moment ensemble malgré l'angoisse qui nous nouait l'estomac.
Après les repas, nous montâmes, Eleanor, Lola et moi, à l'étage pour faire une partie de Mario Kart dans la mezzanine, et pour se changer les idées.
Je crois que nous n'avions jamais aussi mal joué, mais ce n'était pas grave, car même si nos scores étaient lamentables, nous riions, et nous profitions de la simplicité de ce moment. Eleanor souriait lorsque j'arrivais dernier à chaque course, se moquant gentiment de moi, et moi je l'empêchais de gagner en la chatouillant entre deux virages.
Son rire apaisait mes doutes, et cela me faisait du bien de la voir sourire.
Vers onze heures, elle repartit, avec sa mère. Avant de descendre et de rentrer, elle se hissa sur la pointe des pieds, et posa ses lèvres sur les miennes, m'embrassant délicatement
– Merci, souffla-t-elle doucement.
Je la serrai dans mes bras, et puis elle rentra.
Le soir, seul, allongé dans mon lit, mes pensées m'envahirent, seulement, contrairement à la veille où elles n'étaient tournées que sur Eleanor, encore et toujours, elles tournèrent cette fois autour de toi, autour de ton absence, et des moments que nous avions passés ensemble, quand tu étais encore là. Je cherchai une réponse, sans la trouver, comme si tu étais une équation, seulement, quelque chose manquait pour que je puisse la résoudre, une inconnue était introuvable, et cette inconnue, c'était toi. Tu nous manquait à tous.
Ce soir-là, tandis que je cherchai le sommeil, je me pris à espérer, à chaque bruit que j'entendais, que tu sois peut-être revenu. Seulement tu ne rentrerais pas ce soir-là.
Où étais-tu Angel ?
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Coucou ! je suis toujours dans mes corrections héhé, j'espère sincèrement que cette histoire vous plaît. Je suis curieuse de votre avis, et j'attends vos retours avec impatience !
prenez soin de vous !
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