32 jours avant
Je passai un tee-shirt avant d'aller ouvrir la porte. J'avais la fâcheuse tendance de me promener torse-nu lorsqu'il faisait chaud, et étant donné que cette année, le soleil avait décidé de carboniser tout jusqu'au dernier brin d'herbe de mon jardin, je n'allais pas me gêner pour profiter de ces beaux jours.
Je rabattis l'écran de mon ordinateur, et le posai sur la petite table, juste à côté de moi, à l'ombre d'un parasol.
Je fis rapidement tourner la clef dans la serrure, et ouvris le battant. Trois personnes se tenaient là, sur le pas de ma porte.
La première était une adolescente, sûrement un peu plus jeune que moi. Elle avait de petites fossettes, et ses joues rougirent légèrement lorsqu'elle leva les yeux vers moi. Son regard était perçant, rieur, ses deux pupilles étaient vertes, ses cheveux bruns. Elle avait de petites taches de rousseur, et des lèvres finement dessinées. Elle n'était pas particulièrement grande, mais sa silhouette était très élancée.
Elle portait une chemise blanche, large, légère, avec des manches bouffantes, et un short bleu clair. Sa peau était très pâle. Elle avait de nombreux bracelets brésiliens aux poignets. Ils étaient tous différents, tous colorés, et je me dis qu'elle était vraiment jolie.
J'apprendrais qu'elle s'appelait Eleanor.
À côté d'elle, il y avait une dame. Elle avait les mêmes yeux verts, rieurs, et les mêmes fins cheveux bruns, et le même sourire. Elle n'avait pas de fossettes, mais les deux femmes se ressemblaient énormément. Elle avaient beaucoup en commun. Leurs mimiques, leurs regard, les légères taches brunes qui parsemaient leurs visages.
La troisième personne, c'était toi. Tu avais le regard rêveur, curieux. Tu avais des yeux noisette, des pupilles noires comme une nuit d'été, et qui semblaient refléter la galaxie. Tes cheveux étaient blonds, d'un blond vénitien, ils étaient courts, mais avec une certaine longueur quand même, ils étaient bouclés. Des boucles souples qui t'arrivaient aux épaules.
Tu avais l'allure d'un enfant qui a grandi trop vite. Tu étais grand, un mètre quatre-vingt sûrement, un peu plus grand que moi, mais contrairement à la mienne, ta carrure n'était pas vraiment imposante. Tu semblais un peu mal à l'aise, un peu gauche, un peu perdu. Comme si ton esprit était dans un lieu bien plus lointain que celui où nous nous trouvions.
J'observais les trois arrivants, un peu mal à l'aise, puis la femme se décida à parler.
– Bonjour, excusez-nous de vous déranger, murmura-t-elle mal à l'aise, nous aimerions savoir si vous pourriez nous prêter une échelle, nous sommes vos nouveaux voisins d'en face, et nous aimerions accéder au toit, or toutes nos affaires ne sont pas encore arrivées...
Je regardai la famille.
– Ravi de vous rencontrer, ne vous inquiétez pas, vous ne dérangez pas. Je vais chercher une échelle, attendez moi là deux petites minutes...
Je vis la mère hocher la tête tandis que la fille me regardait de la tête aux pieds. Pas très discrète.
Je me retournai alors, laissant la porte ouverte, et prévins ma sœur avant de me diriger vers le petit appentis au fond de mon jardin. J'en sortis l'échelle que mon père utilisait souvent pour les travaux. Je l'attrapai, sentant mes muscles se contracter à cause de son poids, puis, je fis le tour de la maison par le jardin, et revins vers l'avant avec la grande échelle, ayant un peu plus chaud sous le soleil que tout à l'heure.
Mes trois nouveaux voisins étaient toujours devant ta porte, vous n'aviez pas l'air d'avoir vu que j'étais là. La mère et la fille discutaient à voix basse entre elles.
Je posai délicatement l'échelle afin de reprendre mon souffle quelques instants, puis, je me redirigeai vers ta famille. Vu de dos, l'adolescente semblait encore plus fine qu'elle en avait l'air plus tôt, presque maigre même.
Je remarquai que ses chaussures étaient maculées de boue, et que ses jambes portaient quelques égratignures. Elle avait l'air d'aimer la nature...
Arrivé près de vous, je m'apprêtais à me racler la gorge afin de m'annoncer, mais juste avant que je le fisse, tu levas les yeux vers moi. Ils semblaient avoir de petits reflets verts vu d'ici, avec ce rayon de soleil qui caressait tes pupilles. Tu ne dis rien, et restas là à me regarder. Mal à l'aise, je finis par détourner le regard et annoncer que j'avais ramené l'échelle, tandis que tu faisais de même, et te concentrais à détailler ta maison de tes yeux curieux.
– Vous voulez que je vous aide à l'emmener jusque chez vous ? demandai-je alors que la mère s'approchait de moi pour m'aider.
Elle me sourit tout doucement, presque attendrie que je me montre aussi prévenant.
– Si ça ne te dérange pas... Alors je veux bien, Eleanor va t'aider. Merci beaucoup.
J'hochai la tête tandis que l'adolescente s'approchait de toi.
– Tu prends l'arrière et je prends l'avant ? proposa-t-elle.
À nouveau j'acquiesçai et fis ensuite basculer l'échelle qu'elle attrapa.
Pendant ce temps, tu finis de détailler ma maison, puis, tu te tournas. Tu partis à la suite de ta mère, qui nous tînt le petit portillon de ma maison pendant que nous sortions de mon jardin. Je suivis ensuite Eleanor, qui traversa la route qui séparait nos deux habitations d'un pas rapide.
Arrivés de l'autre côté, la mère nous ouvrit à nouveau le petit portillon, et m'indiqua de poser l'échelle contre le mur de ta maison.
– Merci beaucoup, me dit-elle à nouveau, quand tes parents veulent-ils qu'on vous la rende ?
Je lui souris à ton tour en passant une main dans mes cheveux. Bien qu'Eleanor eût de la force et m'eût vraiment aidé à porter le matériel, le soleil combiné au poids de l'échelle m'avait fait transpirer.
– Ne vous inquiétez pas, répondis-je à la dame, ce n'est pas urgent.
Elle hocha la tête.
– Nous essaierons de ne pas trop traîner. Est-ce que tu pourras dire à tes parents que nous leur proposons de venir prendre l'apéro samedi soir ? Ce serait un bon moyen de faire connaissance non ?
Je m'apprêtais à répondre que je leur en parlerais, lorsqu'elle reprend :
– Les enfants passeront sûrement redéposer l'échelle dans l'après-midi, samedi, vous n'aurez qu'à nous dire ce qu'il en est à ce moment-là ?
Je hochai la tête.
– D'accord, pas de soucis.
Elle posa sur toi un regard bienveillant.
– Je suis sûre que vous vous entendrez bien, Eleanor, Angel et toi, vous pourrez discuter un peu comme ça.
J'acquiesçai. Pourquoi pas, après tout, la jeune fille avait l'air plutôt gentille, elle pourrait bien s'entendre avec ma sœur... Quant au garçon, toi, tu n'avais pas prononcé un mot. Je ne pus pas vraiment te cerner à ce moment-là.
– J'en parlerai avec mes parents, souris-je, merci beaucoup.
– Merci à toi pour le service, répondit la dame en souriant doucement, à bientôt.
Je lui fis un léger signe de tête. Je vis Eleanor de faire coucou de loin, lâchant l'échelle qu'elle portait avec toi. Je lui fis un signe de main moi aussi. Son visage se barra d'un immense sourire jovial, et elle sautilla doucement sur place. Cette fille semblait avoir beaucoup trop d'énergie pour moi. Je rigolai doucement en voyant ta tête alors que tu te retrouvais à devoir porter l'échelle seul et que tu semblais avoir vraiment du mal, mais je te vis bien vite te reprendre, lorsqu'elle se retourna vers toi et s'excusa avant de reprendre l'échelle en te faisant un sourire doux.
Tu te tournas alors vers moi. Tes yeux me scrutèrent, un instant. Ils semblèrent me sonder. Je te regardai me regarder. Je vis tes cheveux blonds, dans le vent, ton tee-shirt, manches longues, blanc, qui reflétait le soleil. Je vis que tu souriais doucement. Alors je te fis un signe de tête, tu en fis de même, et je me retournai.
Je repartis en sens inverse, traversai la rue, fermai le petit portillon, puis rentrai dans ma maison, avant de fermer la porte d'entrée. J'enlevai mon tee-shirt, que je posai sur le dossier d'une chaise vite-fait, puis, je retournai m'installer dans ma chaise longue, au soleil, laissant les rayons brûler ma peau, lui donnant une jolie couleur brune.
Je repris mon ordinateur et l'installai sur mes genoux. Malgré la forte luminosité à l'extérieur, je pouvais aisément voir ce qui était affiché sur mon écran. Et alors je repris ma retouche, contrôlant chaque pixel de l'image afin d'en faire une photo magnifique. Et afin que les couleurs des fleurs, épanouies sur les pommettes de mes parents, éclairent le noir et blanc de la photo.
Et puis je repensai à mes nouveaux voisins. J'entendais d'ici le bruit de leur bricolage sur le toit. Pas très discrets. Je me dis que moi aussi j'aimerais bien que nous ayons de bonnes relations. Après tout, vous aviez l'air gentil, et si nous devions nous croiser tous les jours, autant bien nous entendre.
D'autant plus que dans ce village où nous étions, il n'y avait vraiment pas beaucoup de jeunes.
Et puis je repensai à Eleanor, son énergie, son sourire. À coup sûr, elle s'entendrait bien avec ma sœur, c'est évident.
Et puis je repensai à toi. Cette allure que tu avais, ce côté lunaire, discret, mais définitivement là, observant le monde avec tes yeux curieux.
Angel.
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Et voilà ! J'ai fini les corrections de ce nouveau chapitre !
Surtout si vous voyez des fautes signalez les parce que j'enverrai cette version aux maisons d'édition lorsque j'aurai terminé les corrections donc il faut que tout soit parfait !
En tout cas j'espère que ça vous a plu ! ☀️
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