Rechute
Il y a une partie de mon coeur qui se brise toujours un peu plus, lorsque que je te vois te renfermer de la sorte.
Tu ne veux plus parler à personne.
Ni des professionnels, ni des anonymes, ni tes plus proches amis, ni ta famille. Personne.
Tu ne peux même plus sortir de la maison, de ta chambre. Tu n'as plus envie de rien, tout te semble inutile, sans goût.
Tu rechutes.
Tu replonges dans le trou noir.
Où sont passés tes sourires, tes rires?
Où es-tu passée?
La maladie a repris le dessus, elle te dompte et tu la laisses, trop fatiguée pour combattre à nouveau.
Tu la laisses te manipuler, comme si tu n'étais plus qu'un simple pantin, plus qu'une simple marionnette.
Et ça me tue de te voir, comme ça.
Il y a cet éclat qui est habituellement dans tes yeux, cet éclat d'amusement, ce brillant, ces étoiles qui dansent dans tes yeux, tout est éteint. C'est comme si il n'y avait plus rien, c'était comme si tu n'étais plus là mentalement.
Tu as toujours les larmes aux yeux, comme si le liquide était prêt à tomber à chaque instant, chaque seconde que tu respires.
Tu renfermes tellement de tristesse, de mal-être, de frustration, de malheur, d'obscurité.
Je n'arrive même plus à te regarder dans les yeux.
Je fais de mon mieux, pourtant.
J'essaye de t'aider dans les tâches simples, qui semblent maintenant bien trop compliquées pour toi.
J'essaye de te faire penser à quelque d'autre, j'essaye de te distraire de cette foutue maladie.
J'essaye de te montrer toute l'affection, dont tu pourrais avoir besoin, pour tenter de combler le vide de ton âme.
J'essaye de te faire comprendre que, je suis là. Peut importe les circonstances, peut importe les raisons, je suis là. Et je serais toujours là pour écouter, là pour t'épauler.
J'essaye de te faire comprendre que je suis assez forte, assez grande, assez mature pour te comprendre.
Mais tu fais la sourde oreille, comme si tout ce que je disais rentrais par une oreille et ressortait immédiatement par l'autre.
J'essaye, mais ce n'est jamais assez bien. J'essaye mais, elle t'empêche de remarquer mes efforts, ma présence. Et c'est tellement frustrant. Ne pas pouvoir faire quelque chose pour que tu te sentes mieux rien que pour un instant, ne pas pouvoir t'aider. Je sais que je ne peux rien y faire, je sais que ce n'est pas ma faute, ce n'est pas ta faute, c'est sa faute.
Mais, ça me chagrine, ça amplifie la douleur que je ressens en te voyant dans cet état.
Elle te prend tout, toute ton énergie, toute ta volonté de respirer, de vivre.
Tu sembles si épuisée même si tu passes tes journées dans ton lit, à ne pas bouger. Tu sembles si épuisée là haut.
Ça se voit de tellement loin que tu vas mal, tu respires les ténèbres, ça fait même peur à voir.
Je sais que ça peut être que passager et que peut être du jour au lendemain, tu te sentiras mieux. J'espère de tout coeur, que ça se passe comme cela.
Pourtant je sais, que ça peut être constant, ça peut durer des mois et des mois, des années et des années, sans que tu ne revoies un rayon de lumière, de soleil dans ta vie.
Cette possibilité me terrifie, honnêtement.
Mais je sais que c'est une possibilité, c'est fortement probable. Parce que tu étais déjà dans ce trou noir, sale, cruel.
Tu as déjà été dans ce cercle vicieux.
Et ça m'inquiètes que tu replonges à pleins nez dedans, comme si c'était un ancien ami. Parce que c'est tout sauf un ami, elle est toxique, elle te ronges de l'intérieur. Elle te prend tout.
Mais d'un côté, au fond de mon être, j'essaye de me rassurer en me disant que si tu as déjà été là une fois et que tu en es ressortie, alors cette fois tu pourras aussi. Parce que même si cette maladie te bouffe de l'intérieur, tu as toujours été assez forte pour garder un point d'espoir. Un espoir que tu ne montre pas, un espoir caché sous ta peau. Mais un espoir qui a toujours été là, quelque part.
D'un autre côté, j'en tremble. Je m'imagine les pires scénarios, ceux, ou tu vas juste complètement abandonner, où vivre sera tellement une plaie, qu'il n'y pas d'autre solution que tout lâcher.
Alors, je ne dis rien. Je garde mes angoisses pour moi et je tente de me concentrer sur toi. Rien que toi.
Je te regarde, de près, je te surveille.
Et je te vois rechuter un peu plus, jours après jours.
Et ça me brise le coeur.
J'aimerais tellement pouvoir t'aider, maman.
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