Chapitre 16

Point de vue d'Emy :
Je ne me sens pas du tout bien. Lorsque ma mère est venue me chercher, à chaque fois qu'elle me posait une question j'avais envie de pleurer. Je savais pas quoi faire...
Qu'est ce que je peux faire ? Je ne veux pas la perdre mais en même temps... Non ! C'est dégueulasse ! Je ne peux pas être lesbienne... Ça me dégoûte. Je ne peux pas être avec elle. C'est juste... Impossible. Je ne peux pas aimer une fille, je ne peux pas l'aimer elle... Mais comment lui dire ?
Une fois que j'ai mangé, je vais dans ma chambre, prends mon manteau et retourne au salon.
-Maman, je peux aller chez Eleanor ?
-Oui. Mais rappelle toi que Louise doit venir faire des photocopies, donc ne rentre pas trop tard.
-OK.
Il ne pleut plus, je sors donc mon vélo et pédale le plus vite jusqu'à chez Eleanor. Mon cœur est toujours éclaté en mille morceaux, mais en même temps j'ai l'impression que chacun de ses morceaux est un poids, j'ai le cœur lourd, chargé d'émotion... Je refoule mes larmes et sonne chez elle.
Sa mère m'ouvre, me dit bonjour et Eleanor apparaît. Comment je vais lui dire ? En tout cas il faut que je lui dise ce que je sais, ce que j'ai sur le cœur. Sinon, je ne tiendrais pas.
-On peut aller dans ta chambre ? Dis-je, ma voix tremble.
-Oui !
On monte et je m'assois par terre tandis qu'elle s'installe sur une chaise de bureau.
-Faut que je te parle.
-Dis moi.
-Je sais qui Sarah elle aime.
-Et elle aime qui ?
Je me tues pendant quelques secondes, faisant la phrase dans ma tête.
-C'est moi qu'elle aime.
Ça y est, le poids dans ma poitrine à diminué.
Eleanor me fixe pendant une bonne minute, bouche bée.
-Non... Attends, ça veut dire que Sarah est lesbienne ? Putain je m'y attendais pas...
Elle a les yeux écarquillés, elle ne se remet pas du choc.
-Désolé de te dire ça comme ça, mais il fallait que j'en parle... Je ne me sentais pas bien du tout.
-T'inquiètes, c'est normal... Mais qu'est ce que tu vas faire ? Demanda-t-elle.
-Alors là, j'en ai aucune idée.

Je regarde autour de moi, les yeux vides, le cœur plein.

-Je... Dois y aller. Dis-je. Encore désolé.

Je me lève et elle fait de même.

-T'inquiètes... Tu dois déjà partir ?

-Oui, Louise doit venir chez moi....

-OK, bonne chance. Je suis avec toi.

-Merci...

Je soupire et descends les escaliers, puis enfourche mon vélo après lui avoir dit au revoir.

Lorsque j'arrive, je prépare mes cahiers pour les photocopier quand Louise arrivera. Elle arrive et on s'installe dans la salle du fond, ou il y a la photocopieuse. Ma mère donne des cours de piano.

Je reste silencieuse tandis que le papier rentre dans la photocopieuse, pour ressortir couvert d'encre.

-Tu sais qui Sarah aime ? Demande-t-elle.

-Tiens, c'est les cours de français. Dis-je simplement, sans répondre à sa question.

Elle me regarde et soupire.

-Bon, je pensais que t'allais m'en parler, mais apparemment non. Je sais pour Sarah.

-Quoi ? Répondis-je, m'asseyant immédiatement sur le sol à côté d'elle.

-Je lui ai envoyé un mot en français, et elle m'a dit que c'était une fille, et j'ai deviné que c'était toi...

-J'avais peur de te le dire... Eleanor aussi est au courant.

-Comment ?

-Je lui ai dit, je me sentais super mal...

-What ? Et pourquoi tu me l'as pas dit à moi quand je t'ai demandé ? Dit-elle en criant légèrement.

-Parce que je ne savais pas que tu le savais, et parce que je savais pas si elle voulait que tu le saches...

-Tu me fais pas confiance ?

-Si... Mais je sais pas....

Elle me regarde en fronçant légèrement les sourcils, puis baissa le ton avant de continuer :

-OK, et tu comptes faire quoi ?

-Je sais pas... Je suis trop perdue... D'un côté j'ai pas envie de la perdre, mais de l'autre, je ne me vois pas avec elle...

-Tu vas lui répondre quand ?

-Je sais pas... Mais j'ai peur que si je lui dis que je ne veux pas, elle parte.

-Je ne pense pas...

Le silence se fait et je me lève pour faire la dernière photocopie.

-Voila, c'est finit. Je reprends mes cahiers.

Je soupire et m'adosse contre le radiateur.

-Ta mère doit revenir quand ?

-Dans pas longtemps, je dois aller au cheval.

-OK.

En effet, quelques minutes plus tard, sa mère arrive et la prend. Je me retrouve seule et j'allume mon ordi. Je vais sur Skype. J'ai un message de Sarah :

"Sarah ! : Voilà pourquoi j'ai tant galéré. Je suis désolé de te l'avoir dit comme ça, je n'aurais peut-être pas dû... Je m'y suis mal prise, comme à chaque fois... ;( Désolé, et ne t'en fait pas pour moi si jamais... Prends ton temps pour y réfléchir..

Moi : Je m'en doutais mais pour l'instant je sais vraiment pas quoi faire...

Sarah ! : T'inquiètes pas, prends ton temps, et ne t'en fait surtout pas pour moi... Mais, on pourra faire comme si de rien était ? Comme avant, même si ça ne sera plus jamais pareil, je m'en doute... On essaiera ?

Moi : Oui."

Après quelques minutes d'échange, je lui disais que je n'avais plus trop envie de parler, je me justifie :

"Moi : Ne crois pas que je vais arrêter de te parler comme ça, c'est juste que tu me l'a balancé comme ça et du coup je suis vraiment perdue... d'un côté j'ai pas envie de te faire de mal et de l'autre je sais que ça va tout changer... J'ai juste besoin de temps...

Sarah ! : Je crois que je suis autant perdue que toi... Je ne comprends pas vraiment... Mais, quoi que tu dises, quoi que tu fasses, ne t'inquiètes pas pour moi... J'ai juste pas envie que tout le monde le sache, et que... ça mette un mur entre nous... Je le comprendrais, mais j'ai tellement pas envie... Je sais que je n'aurais pas du te le dire comme ça, mais sinon, je n'aurais pas pu... Tu vois à quel point ça a été difficile, j'ai mis une matinée pour te le dire, et je me suis rendue malade...

Moi : Bah si justement je m'inquiète pour toi, parce que je sais que tout n'ira pas bien. Ça va changer... je le sais... Moi aussi ça me rends malade. Tu peux pas savoir à quel point j'ai envie de pleurer, de gueuler je ne sais quoi, de courir partout bien que mes muscles me fasse déjà tellement mal... Je sais que je ne vais pas réussir à dormir pendant un moment cette nuit.

Sarah ! : Moi non plus je ne vais pas y arriver... J'ai ce putain de mal de ventre qui me coupe l'appétit quand je commence à manger, j'ai faim, mais je n'arrives pas à manger, j'ai envie de vomir... je suis malade...
Moi aussi je m'inquiète pour toi, je n'aurais jamais dû te le dire comme ça... Il y a des fois où je me dis que j'aurais du le garder pour moi, ne jamais le dire et finir par oublier...

Moi : Je sais à quel point ça a dû être dur, mais t'es vachement forte de me l'avoir dit en face.

Sarah ! : Mais je me suis vite rendue compte que je n'allait pas pouvoir te le cacher, l'oublier...

Moi : J'ai envie de sauter dans tes bras, mais en même temps non... j'ai une putain de boule dans la gorge à chaque fois que je pense à toi, et un mal de ventre horrible....

Sarah ! : Pareil pour cette boule dans la gorge, qui moi y est constamment, puisque c'est tout le temps que je pense à toi... J'ai le courage de rien...

Moi : Désolé, j'ai vraiment besoin de réfléchir, et franchement, je ne pourrais pas l'assumer à l'école... Je suis perdue, complètement. Je vais manger...."

Je me déconnecte et pars à table, ou je ne mange rien. C'est horrible ce sentiment, celui d'avoir envie de courir dans ses bras, mais en même temps celui de lui dire de dégager même si je ne veux pas la voir partir...

Je me dépêche de revenir dans ma chambre, j'ai reçu un nouveau message :

"Sarah ! : T'as peut-être pas eu l'impression de m'aider, mais toutes les fois où tu m'as fait rire m'ont aidés à surmonter la tristesse qu'il y a toujours eu en moi, à tout ces moments où j'ai eu envie de fondre en larmes, mais que je ne l'ai pas fait...

Je ne pourrais jamais l'assumer non plus, je suis tout aussi perdue que toi, c'est trop bizarre, je ne comprends pas..."

On parle encore un peu, toujours à propos du même sujet. Le dimanche qui arrive, je dois aller chez elle, elle me dit que je ne suis pas obligée si j'ai besoin de réfléchir, mais je veux y aller.

Je veux qu'on reste proches comme avant, comme on l'est. Même si je sais qu'au fond, ça ne sera plus jamais pareil.

Bonjour, je voulais vous dire, qu'à partir de maintenant, je ferais très peu de points de vue de Sarah, j'y arrive beaucoup moins... Désolé.

J:

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