Acte 3 - Les étoiles éclairent le ciel

UNIVERS_ECHOTALE / TIMELINE_EN_COURS_DE_RÉPARATION

Une petite fille, d'une dizaine d'années tout au plus, se regardait dans le miroir de la chambre qu'elle partageait avec un autre pensionnaire. Elle avait deux couettes basses retombant jusqu'à sa taille. Elle aimait ses cheveux d'une teinte peu ordinaire. Les personnes qui voulaient se les teindre de cette couleur l'appelaient le « rose gold » mais chez elle c'était naturel. Peut-être que la magie revenue avec la libération des monstres redonnait quelques fantaisies chez les humains ?

Elle défit sa coupe afin de les brosser comme chaque soir. N'était-ce pas le jour où Frisk venait leur conter une histoire ? Elle l'espérait ! Surtout que depuis quelques temps, une hybride venait avec elle et leur en racontait également. Comment elle s'appelait ? Ah oui ! Elle se nommait Lyse ! Les enfants la connaissaient bien maintenant et elle la trouvait très jolie.

Pourquoi était-elle là déjà ? Elle se souvenait qu'il y a environ un mois, Frisk était venue à l'orphelinat, comme tous les jours, pour s'occuper d'eux et Lyse l'accompagnait. De ce qu'elle avait compris, elle arrivait d'un autre monde mais s'était blessée alors, pour s'occuper le temps de récupérer, elle aidait l'adulte dans son travail. Au début elle n'osait pas trop s'imposer et se faisait timide avec eux mais rapidement elle avait prit de l'assurance et avait su comment réagir avec chacun. Heureusement que Frisk lui indiquait les procédures, grâce à ça elle s'était vite améliorée.

- Maude grouille ! hurlait une voix de l'autre côté de la porte. Les autres t'attendent pour l'histoire de la dégénérée !

L'enfant soupira. Tout le monde appréciait Lyse à l'orphelinat sauf Hitze. Un hybride entre un phénix et un humain abandonné à la naissance qui avait toujours été quelqu'un de brusque, se mettant volontairement les autres à dos. Certains le disaient misanthrope mais Maude ne comprenait pas ce que ça voulait dire.

Elle sortit de sa chambre et alla dans la salle commune où celle d'un autre monde les attendait. Quand cette dernière vit la petite fille, elle commença à lire une histoire.

Voilà un moment que Lyse logeait chez Thomas et elle s'y était fait assez rapidement. Elle avait appris que, tout comme la Frisk de son monde, la pacifiste avait vécu à l'orphelinat et y travaillait depuis quelque temps. Elle voulait aider cette vieille femme qui dirigeait encore l'établissement. Comme Lyse ne faisait pas grand chose de ses journées à part s'entraîner avec G, avec qui elle s'entendait plutôt bien finalement, Frisk l'amenait avec elle. Elle n'y connaissait rien et dut tout apprendre sur le tas mais ça ne la dérangea pas. Au contraire, elle aimait cette nouvelle proximité avec les plus jeunes. Elle se prit vite au jeu en racontant des histoires comme ce soir car elle les voyait sourire. Et à chaque fois que ça arrivait, c'était comme si quelque chose s'illuminait en elle.

Le conte enfin terminé, Lyse aida à coucher les plus jeunes puis se prépara à partir. Il était encore tôt mais son état actuel l'affaiblissait grandement et elle s'épuisait donc vite. Elle rentra seule, Frisk étant restée. La voir d'ailleurs ne la perturbait plus comme au début. Elle avait bien vite remarqué les similitudes physiques mais ça s'arrêtait là. L'humaine ne ressemblait pas à celle de son monde, aussi bien dans son histoire que dans son comportement.

Une fois dans la maison, elle fut accueillie par sa version alternative miniature. Celle-ci la perturbait en revanche. Elle avait l'impression de se revoir plus jeune mais elle semblait si différente. Plus joyeuse, plus sociable, si sa mère était restée en vie peut-être qu'elle aussi aurait eu ce comportement.

- Tu arrives pile-poil pour le repas ! Papa a préparé des nouilles chinoises !

- Il y a de la sauce piquante avec ?

La plus petite la regarda confuse. Les nouilles se mangeaient épicées ? Elle n'en avait jamais goûtées.

- Emi revient à table ! s'exclama G depuis la salle à manger.

Les deux hybrides vinrent dans la pièce et s'installèrent. Lyse fut déçue que la sauce soit douce mais apprécia tout de même le repas en écoutant d'une oreille discrète ce que racontait Thomas. Pour une fois, il était plutôt bavard.

- Je vais finir par t'interdire d'aller au labo, rumina le grand squelette. Chaque fois que tu y vas, tu deviens un vrai moulin à paroles.

- Je ne vois pas où est le problème. C'est juste très intéressant ce qu'on y apprend.

- Ouais tellement intéressant que ta sœur s'est endormie.

Effectivement, juste à côté d'eux, Emi commençait à somnoler contre le dossier de sa chaise. Lyse se proposa pour l'emmener se coucher et partit donc vers la chambre de la petite qui était dans ses bras. Une fois dans son lit, l'enfant se roula en boule dans sa couette se préparant déjà à retourner dans le monde des rêves. Juste avant que Lyse ne parte, une petite main la retint par la sienne l'incitant à se retourner.

- Tu vas bientôt nous quitter grande sœur ? murmura l'enfant comme si elle voulait que personne ne l'entende.

Ce surnom gênait énormément celle d'un autre monde. Quelque temps après son arrivée dans leur maison, Thomas leur avait expliqué qu'elles étaient des sortes de doubles alternatifs. Ayant la « même » mère et sachant que G était la combinaison de Sans et de Gaster on pouvait aussi dire qu'ils avaient le « même » père. Emi, très enthousiaste à cette idée, en avait vite conclu qu'ils étaient comme frère et sœurs à eux trois. Bien sûr les mondes formaient quelque chose de beaucoup plus complexe que ça mais ils ne purent contredire la petite, heureuse de se dire que sa famille s'agrandissait.

Lyse caressa la tête d'Emi, qu'elle affectionnait depuis un moment maintenant.

- Je ne sais pas, avoua-t-elle.

C'était vrai. Quand retournerait-elle dans son monde ? Déjà un mois était passé et pourtant elle le sentait filer à une lenteur extrême. Elle s'inquiétait. Elle s'inquiétait pour son père, ses amis, ses maîtres d'entraînement et Céléné. Depuis que cette chose l'avait presque tuée, elle espérait qu'elle ne se rende pas chez elle pour les attaquer. Elle ne pourrait se remettre de savoir qu'elle n'avait pas été là pour les protéger, les soutenir.

- Je ne sais pas, finit-elle dans un murmure.

*****

- Dégage de là ! enrageait une nouvelle fois Hitze.

Lyse avait souvent le droit à ces mots de sa part mais elle l'ignorait et continuait de servir à chaque enfant son repas. N'empêche, elle ne comprenait pas pourquoi il agissait ainsi. Lui tout comme elle étaient des hybrides, ne devaient-ils pas s'entraider ?

- Il n'a jamais été d'une grande douceur mais avec les hybrides ayant des parents c'est pire, lui expliqua Frisk. Je l'ai remarqué depuis qu'il est tout petit.

Celle de l'autre monde ne dit rien et enfila juste le bavoir à l'un des bambins de l'orphelinat. Elle ne s'occupait pas souvent d'eux mais elle appréciait devoir leur porter autant d'attention. La pacifiste avait remarqué cela et voyait déjà en elle un instinct maternel.

- Cette après-midi on compte faire une activité créative, tu voudras nous aider ?

Lyse grimaça.

- Je ne suis pas douée du tout dans tout ce qui est activités manuelles, avoua-t-elle.

- Ce n'est pas grave, ne t'inquiète pas.

Après le repas, les plus jeunes allèrent faire leur sieste tandis que les autres s'attelaient à préparer le matériel de peinture et de coloriage. Doucement, Hitze sortit pour aller dans sa chambre, ne voulant pas y participer.

- Lyse tes cheveux sont dans le pot ! s'affola un des enfants.

En effet, s'étant penchée pour voir le travail des petits artistes, une de ses mèches trempait dans un pot de peinture. Rapidement, elle se releva pour aller laver sa bourde. Afin d'éviter de se les tacher de nouveau, elle coiffa ses cheveux en queue de cheval basse puis revint dans la grande pièce.

- Tu devrais te les attacher plus souvent ça fait joli, conseilla Frisk. Ça te donne un air plus mature qu'enfantin.

- Vraiment ?

- Oui, répondit une voix qu'elle n'aurait su identifier parmi tous les orphelins.

- Et apparemment ça leur plaît, ricana l'adulte.

- Eh bien dans ce cas, je veux bien le faire plus souvent.

*****

Les jours défilèrent ainsi, toujours accompagnés des quelques piques non retenues d'Hitze pour Lyse. L'état de celle-ci s'améliorait à une vitesse surprenante mais elle n'avait que deux mains et en ce moment même elle enviait Muffet, la femme araignée.

C'était l'heure du coucher pour les enfants mais la dirigeante de l'orphelinat venait d'attraper une mauvaise grippe et sa famille restait à son chevet pour s'occuper d'elle. Cela faisait qu'il ne restait plus que Lyse et Frisk pour entretenir le bâtiment et ses occupants.

- Lyse je ne trouve pas ma brosse à dent, se plaignit un petit chien anthropomorphe.

- Tu as demandé à Frisk où elle était ? demanda la concernée tandis qu'elle aidait une hybride volcanique à mettre son pyjama.

- Elle est déjà occupée à changer les bébés.

Elle râla devant tout ce désordre du soir.

- Bon elle est de quelle couleur ta brosse à dent ?

- Lyse tu peux me faire une tresse pour le dodo ? 

- Oui je m'occupe de toi juste après Katie, tu veux bien ?

Et ce n'était que le début de la soirée. Sans compter Hitze, qui restait dans sa chambre au lieu de les aider alors qu'il devait avoir presque son âge.

Après la réussite de ses dernières missions de la part des enfants, la pacifiste les coucha. Une fois cela fait, elle revint gênée vers l'hybride qui la questionnait du regard.

- Maude refuse de dormir tant que tu ne vas pas lui lire une histoire, expliqua-t-elle.

- Elle partage sa chambre avec Hitze, non ? Elle soupira. J'espère qu'il ne va pas m'envoyer bouler.

- Désolée, ricana Frisk.

Une fois devant la porte, elle toqua. Deux réponses se firent entendre l'une après l'autre. Tout d'abord un « oui » prolongé à la dernière lettre et très enjoué d'une voix fluette puis le râlement d'une voix plus rauque se plaignant qu'il voulait dormir. En entrant elle vit Maude assise dans son lit et l'autre hybride, un coussin sur la tête pour étouffer les bruits environnants. Lyse s'avança et s'assit également sur le matelas de l'enfant.

- Tu voulais que je te raconte une histoire ?

- Oui ! Enfin non... J'aimerais que tu me chantes une berceuse.

L'adulte écarquilla les yeux.

- Chanter ? Je ne sais même pas si ça sonne bien quand je chante.

- Pourquoi ?

- Je ne chante jamais c'est tout.

- Pourquoi pas ? Tu n'aimes pas ça ?

- Hein ? Heu... je ne sais pas. Je n'en vois juste pas l'intérêt et puis je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de le faire.

- Bon sang, chante qu'on en finisse et que je puisse dormir, grommela l'enfant phœnix.

- Oui ! renchérit la petite.

Lyse soupira. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien fredonner ? Elle réfléchit à ce que sa mère marmonnait quand elle commençait elle-même à sombrer dans les bras de Morphée. Doucement elle chantonna les paroles de « Brille, brille, petite étoile » se laissant porter dans ses doux souvenirs d'enfance, les yeux clos. Cette délicate odeur de lavande venant chatouiller ses narines depuis le jardin, la chaleur des draps la recouvrant et la main sécurisante de sa mère lui caressant la tête alors que la douce mélodie qui la berçait se terminait.

En rouvrant ses orbites, elle vit Maude assoupie. Elle sourit à cette scène, venant la couvrir de sa couette, profitant de la vue du visage si paisible.

- Tu chantes bien. Finalement t'es douée pour quelque chose d'artistique.

Elle sursauta à la voix d'Hitze et se retourna. Maintenant qu'elle était là, elle l'examina plus amplement. Ses cheveux châtains viraient au blond aux pointes et on pouvait voir quelques plumes dorées et rouges. Sur ses avant-bras en poussaient d'autres plus dégradées allant du jaune doré pour passer au orange d'un feu ardent et virer au rouge des braises. Si ses pieds avaient été hors de la couverture, elle aurait vu ceux-ci ainsi que ses tibias se déformant légèrement en pattes d'oiseau aux teintes orangées.

- Je dois le prendre comme un compliment ?

Il haussa des épaules.

- Je constate, c'est tout. Tout comme je constate que le dessin de ta dernière activité était une horreur.

- Ça va, je sais que je suis une catastrophe qui ne sais même pas dessiner une fleur, se vexa-t-elle en gonflant les joues.

- C'est moi ou tu fais la gamine alors que t'as 18 ans ?

Lyse ria, non sans faire attention de ne pas réveiller la petite.

- Ça se voit que tu n'as jamais vu mes amis.

- Pourquoi tu ne pars pas les rejoindre ?

Et voilà. Comme toujours, il remettait son monde sur le tapis.

- Je ne veux pas inquiéter mon père.

- Et alors ? Si j'ai bien compris, t'es presque entièrement guérie, ça change quoi ?

- Ça change que je n'ai pas envie qu'il sache que je me suis fait planter par une chose dont on ne connaît rien.

Il se releva brusquement, s'apprêtant à crier son étonnement, mais Lyse lui fit signe de se taire.

- Tu crois que je reste dans votre monde par pur plaisir ? Même si j'adore être ici et que je me suis attachée à un bon nombre de personnes, j'en ai pas moins l'envie de rentrer chez moi. Aussi bien parce que tout le monde me manque mais aussi à cause d'une chose extrêmement dangereuse qui pourrait bien les attaquer. C'est pour ça que je continue de m'entraîner avec G. Je n'oublie pas mon but principal.

*****

- Et après j'allais sortir mais juste avant il m'a dit que j'étais « badass », finit de raconter l'hybride à Thomas qui ne comprenait pas pourquoi du jour au lendemain Hitze avait arrêté de la traiter de tous les noms.

Le scientifique venait quelquefois aider Frisk à l'orphelinat et était donc un habitué des lieux en plus d'y avoir passé une partie de son enfance. Le duo préparait la table pour le repas du midi.

- T'as bien de la chance. C'est super rare qu'il affirme la « force » de quelqu'un. Moi j'avais beau être très bon dans les sciences il me regardait déjà de haut mais quand il m'a vu faire du patinage artistique, il m'a regardé d'un œil émerveillé.

- Maintenant que j'y pense, c'est justement quand j'ai chanté qu'il m'a parlé de son plein gré sans insultes.

- Normal. Il est passionné d'art.

Lyse s'en étonna le regardant dubitative face à ses propos.

- Tu devrais voir ses peintures, déjà gamin il produisait des chefs-d'œuvre mais maintenant c'est extrêmement rare qu'il nous les montre.

- C'est dommage, il pourrait en faire profiter les autres, marmonna-t-elle.

- C'est vrai. D'ailleurs, si Hitze dit que t'as une jolie voix, tu devrais aussi en faire profiter les autres, non ? dit-il d'un ton moqueur.

L'hybride vira rouge. Elle ne s'attendait pas à une réponse aussi mesquine et encore moins de sa part.

- Depuis quand tu lances des piques comme ça, toi ? balbutia Lyse.

Thomas lâcha un sourire en coin amusé et provocateur.

- Quoi ? Je n'ai plus le droit d'embêter ma « sœur » ?

- Ok. Note à moi-même : ne plus jamais faire confiance à ta première façade.

Le savant ria aux éclats suite à sa réaction au plus grand étonnement de sa mère qui venait d'arriver.

*****

Dans la chambre d'ami de sa « famille » d'une autre timeline, Lyse regardait la photo de son pendentif pensive. On toqua soudainement à la porte, la tirant de ses pensées. Frisk entra dans la pièce pour voir l'hybride allongée sur le lit, le collier au-dessus de sa tête.

- Je me disais aussi, c'est rare que tu te réveilles aussi tard, déclara la pacifiste. Que faisais-tu ?

- Je pensais à mon chez-moi, répondit-elle en fixant toujours le médaillon. Je pourrais bientôt y retourner.

- C'est vrai que tu t'es vite remise sur pieds. Ça en est presque effrayant.

- C'est que je veux vraiment rentrer le plus vite possible.

L'humaine s'avança pour s'asseoir sur une chaise.

- Tu es vraiment déterminée et tu as le don de ne pas vouloir inquiéter les autres, fit remarquer Frisk avant de rire. Tu es bien la fille de ta mère !

Un silence s'ensuivit.

- Dites, interpella la plus jeune. Comment vous arrivez à ne pas être déstabilisée en parlant de ma mère. Je veux dire, ma mère est vous mais d'un autre endroit et vous ne semblez même pas y faire attention.

- On peut dire que le passé m'a aidée. Quand je suis moi-même arrivée dans l'Underground, j'ai rencontré Sans, avec qui je me suis liée d'une grande amitié, et Gaster, avec qui j'étais bien plus distante. La raison est compliquée à expliquer mais on va simplifier. Un jour, ces deux-là ont fusionné pour devenir G. Ça a été difficile pour moi. Lui se considérait comme un être à part entière mais moi j'essayais encore d'y voir Sans ou Gaster. Ça m'a bien pris des années avant de le voir comme G et non comme une fusion de deux êtres. L'aimer tel qu'il est m'a beaucoup aidée.

Elle stoppa son récit laissant l'autre assimiler les informations.

- Ça vous a aidé à voir chaque être comme unique.

Frisk répondit positivement. Elle l'invita ensuite à descendre pour manger le petit-déjeuner.

*****

UNIVERS_INCONNU / RENOMMÉ VOID

Un squelette apparut dans ce lieu. Un lieu blanc, vide de tout en apparence, mais à l'arrivée de l'inconnu des milliers de fils bleus commencèrent à pendre au-dessus de cet endroit dénudé. Un grand nombre tenait des âmes humaines et monstres rendant le lieu bien plus effrayant.

- Je n'arrive pas à croire que ce stupide peintre m'ait bloqué à moi, Error, l'accès à la doodle sphère ! enragea-t-il d'une voix buguée.

Le destructeur continua de ruminer tout en réfléchissant à un nouveau moyen d'atteindre ce lieu. Mais quelque chose le tracassait. Il connaissait cet endroit comme sa poche et il manquait un fil. Un fil qui avait relié chaque univers ensemble pendant son combat.

Il ne supportait pas qu'on touche à ses affaires.

Rapidement, il chercha sa trace pour y trouver une autre magie à son bout. Il invoqua ce câble et celui-ci apparut avec une petite fille aux cheveux roses. Non, ça n'en était pas une. Les orbites d'Error se remplirent de glitch inscrivant son nom, lui rajoutant un air dément. La chose sentit son sourire s'agrandir jusqu'à ses oreilles d'une façon démoniaque ne laissant apercevoir que le néant à travers et ses yeux devinrent noirs pour ne distinguer qu'une lueur rose y briller.

Tous deux sentaient qu'ils allaient bien s'amuser au cours d'un long combat.

*****

Lyse s'activait dans toute la maison sous les interrogations de G qui en avait marre de la voir tourner en rond.

- Tu cherches quoi à la fin ? finit-il par demander.

- Mon cache-oeil en métal. Je l'ai enlevé en arrivant ici mais j'en aurai besoin chez moi.

- Et pourquoi ?

- Il me permet de cacher mon côté hybride aux humains. Déjà que ceux de la surface ont dû mal à accepter les monstres, je ne pense pas qu'ils soient prêts à savoir que les hybrides sont possibles.

- C'est vrai que vu comme ça.

- Ça ne te détériore pas la vue à force de la bloquer à ton œil ? questionna Thomas venant tout juste d'arriver.

- Ce n'est pas un masque banal, rétorqua Lyse avec une mine boudeuse n'appréciant pas qu'on puisse penser que ce n'était qu'un vulgaire objet.

Elle le trouva finalement au fond d'un tiroir et lâcha un cri de joie à cette découverte. Elle l'enfila avant de se rendre dans le jardin suivie des deux autres.

- Disons que je l'ai modifié à ma sauce. C'est fou tout ce qu'on peut faire avec de la magie. Premièrement, j'ai fait en sorte que je puisse voir à travers de l'intérieur mais pas de l'extérieur. Deuxièmement-

Elle interrompit sa phrase pour matérialiser un os avant de le tirer dans le creux d'un arbre à une centaine de mètres.

- Je lui ai donné la particularité d'avoir une précision optimale pour mes tirs. De ce fait, je ne rate jamais ma cible, conclut l'hybride fière d'elle.

- N'utilise pas ta magie comme ça ! hurla Thomas. Tu n'es même pas encore complètement guérie !

- Ça va, c'est limite si je n'ai rien eu. Utiliser la magie ne va pas me faire de mal, je pense même que je peux reprendre mon apparence « humaine ».

- Bah ça, tu le feras chez toi, répliqua-t-il.

- Oh tu t'inquiètes pour moi « petit frère » ? répondit-elle du tac au tac d'un ton taquin.

- Je ne plaisante pas.

- Moi non plus.

- C'est pas bientôt fini vos chamailleries ? Émi vous appelle depuis tout à l'heure, intervint G.

Lyse ria un instant avant de se rediriger vers la maison où la petite les attendait.

*****

- Tu vas partir ? s'étonnèrent tous les enfants d'une voix triste.

- Oui. Mais je vous avais déjà prévenus, alors arrêtez de faire ces têtes suppliantes s'il vous plaît.

- Tu viendras nous voir ? demanda un d'eux.

- Je ne sais pas.

En aurai-je juste le temps avec ce qui se passe chez moi ?

- Tu nous donneras des nouvelles au moins ?

- Je vous le promets.

Pourquoi ai-je ce pincement au cœur ?

Le reste de la journée se passa calmement. Tous profitaient de leurs derniers moments en sa compagnie jusqu'à l'heure du coucher.

Au moment où Hitze rentra dans la chambre, il eut tout juste le temps de voir Maude et Lyse se tenir par l'auriculaire comme une promesse avant que celles-ci ne se lâchent. La plus grande finit de bercer l'enfant et sortit, tombant face au phœnix.

- Tu pars enfin ?

Lyse ricana.

- Oui. J'espère que tu viendras voir le calvaire de mon monde.

Ce fut les derniers mots qu'ils s'échangèrent avant que chacun ne prenne un chemin différent.

À la sortie de l'orphelinat, Thomas l'attendait. Elle avait déjà fait son au revoir à ceux de la maison. Il ne lui restait plus qu'à partir.

- Prête ?

Elle regarda une dernière fois le bâtiment avant de reporter son regard sur son « frère ». Elle hocha la tête. Dans le crépuscule, le bruit d'une téléportation se fit entendre avant de laisser le silence régner en maître.

*****

UNIVERS_UNDERTALE / DISTORSION_DE_LA_TIMELINE /
MODIFICATIONS_ANNULÉES / RETOUR_TIMELINE_ORIGINELLE /
UNIVERS_UNDERTALE / TIMELINE_N°2342

À Snowdin, un squelette finissait sa journée de travail et reprenait le chemin de sa maison. Une fois à l'intérieur, le silence le prit de court. Il avait pris l'habitude d'avoir quelqu'un avec lui dans la maison. Quelqu'un qui comblait ce fond sonore. Que ce soit pour le réprimander de ne pas avoir rangé sa chaussette comme son frère, que ce soit pour le saluer ou pour le taquiner comme sa femme ou que ce soient les plaisanteries incessantes de sa fille et ses amis. Il aimait ces bruits qui, chacun à leur tour, avaient disparu.

Pourtant, ce soir même, le bruit allait revenir. À l'extérieur, le son sourd d'une téléportation venait de se faire entendre ainsi que deux voix.

- Voilà. Madame est à destination.

- Merci bien, ria-t-elle. Non plus sérieusement, tu voudras bien venir donner de tes nouvelles ?

- Évidemment. Je ne pourrais pas rester sagement chez moi alors que je pourrais allez voir ma « grande sœur ».

Un nouveau rire éclata.

- Allez. Je vais rentrer, j'ai hâte de les retrouver. Alors... au revoir ?

- Ouais. À plus !

Le même écho que précédemment résonna dans l'Underground. Puis des pas dans la neige se dirigeant vers la maison de Sans. On toqua à la porte et le monstre alla l'ouvrir.

- Bonjour papa.

Le dit père ne sut quoi répondre. Il avait l'impression de se revoir le jour où il avait appris que Lyse était sa fille.

*****

- Attends. T'es en train de nous dire que t'es arrivée hier et que tu n'es pas venue nous voir ?! s'offusqua Gula.

L'hybride venait tout juste d'arriver dans le bar où ses amis lui avait littéralement sauté dessus en la voyant. Elle leur avait donc raconté que Thomas l'avait ramené la veille et ça la mena à cette situation.

Elle en avait d'ailleurs profité pour opter pour une tenue qui convenait mieux aux différents climats de l'Underground. Un simple haut à manches mi-longues kaki et un pantalon bleu foncé toujours accompagné de ses chaussures fétiches de la même couleur que son haut.

- Mais j'avais besoin de dormir, chercha-t-elle à se justifier.

- Enfin une personne censée, s'enjoua Cedia.

- Arrête, je suis sûr que tu ne faisais rien de tes journées, alors ton excuse de « je suis fatiguée » ça ne marche pas !

- Parce que tu crois que s'occuper de plus d'une vingtaine de gamins c'est rien ?

- Sérieux ? T'as joué les mamans poules ? la nargua Veno.

- Ben oui figure-toi ! Mais je suis super contente de rentrer, dit Lyse en fixant intensément Céléné en face d'elle.

Finalement elle vint l'embrasser sous les remarques de ses amis friands de cette scène. Une fois le baiser terminé, elle reporta son attention sur eux.

- Et vous qu'est-ce qu'il s'est passé entre-temps ?

- Rien de bien intéressant, répondit Vata. La surface fait toujours barrage et la tension commence à se faire sentir.

- Mais Cedia a cédé avec Jonathan ! renchérit Gula toute joyeuse.

- Gula ! C'est ma vie, pas la tienne !

- Et alors ? Au moins ça prouve juste qu'il a bien fait d'insister ! Veno ne perd pas espoir !

Celui-ci prit une teinte rosée tandis qu'Ira répliquait.

- Ça s'appelle du harcèlement ce qu'il a fait. S'il ne savait pas qu'elle l'aimait encore, elle aurait déjà prévenu la garde royale.

- Je rêve ou vous parlez de moi comme si je n'étais pas là ?

Lyse lâcha un soupire d'aise.

- Cette ambiance m'avait manquée.

- Et tu n'es pas prête de la quitter !

C'est ce qu'ils pensaient tous.

*****

En un an la tension entre ceux de l'Underground et ceux de la surface, d'abord minime, n'avait fait que croître. Le gouvernement ne mettait aucune réforme en place et ne prenait aucune démarche de négociation, comme s'il était mort. Ça ne faisait qu'augmenter le stress de chacun. Qu'allait-il se passer maintenant ?

Malgré ça, bien des événements s'étaient produits. Thomas venait toujours au moins une fois pas mois, quelques rares fois avec Hitze, et donnait des nouvelles de l'orphelinat à Lyse. Celle-ci commençait à participer au show télévisé de Mettaton lorsque la tension prenait de l'ampleur afin de calmer et divertir les esprits.

Ça lui avait prit un jour, quand elle avait vu dans un restaurant une femme craquer sous la pression, elle s'était surprise dans ses paroles et pourtant, longtemps elle y repensa.

- Qu'aurait fait Pierrot Blanc ? marmonnait Lyse pensive.

Elle se souvenait que Pierrot Blanc cherchait la paix et amusait la galerie pour faire oublier les tracas du monde. Peut-être pourrait-elle faire de même à l'aide de Mettaton, ce robot vedette de l'Underground.

Ira ne mettait maintenant plus sa cape. Veno l'en avait convaincue avec un argument assez logique.

- Quand on libérera les monstres et que tu décideras d'enlever ta cape parce qu'il n'y aura plus aucun danger, tout le monde va te dénoncer. Avec la cape les gens se diront que tu es la personne bizarre qui a sauvé les monstres mais si tu l'enlèves, ils verront juste une criminelle. Alors autant l'enlever maintenant, comme ça tu en seras débarrassée.

Veno avait arrêté de se teindre les cheveux, voulant retrouver l'image à laquelle il se raccrochait étant plus jeune. Il révélait ainsi sa chevelure brune le rendant, étrangement, encore plus séduisant et la cape d'Ira ne l'aidait plus à cacher ses rougeurs face à ça.

- Lyse tu m'écoutes ? demanda Céléné à sa petite amie.

- Hum ? Désolée, je repensais aux derniers événements, avoua-t-elle.

Le couple se trouvait à Waterfall pour un pique-nique accompagné d'un parapluie pour l'être de feu.

- Ne te prends pas la tête pour ça. Tout va bien se passer. Profite juste de ce moment de calme.

- Tu as raison. Comment ça se passe avec Grillby ?

- Toujours aussi débordé. Il pense faire un agrandissement et prendre un serveur de plus.

- On peut dire que le commerce marche bien.

- Et toi ? Comment va ton père ?

- Il ne se fait pas de vieux os. Mais c'est vrai qu'il commence à fatiguer de plus en plus avec le boulot et son unique point de vie.

- Je l'avais remarqué. Il s'endort souvent au travail. Ça ne change pas de d'habitude tu me diras, mais c'est un peu plus fréquent.

Lyse s'allongea sur l'herbe en regardant ces fausses étoiles puis enleva son masque et laissa ses cheveux prendre leur couleur blanche.

- Tu comptes faire quoi une fois à la surface ? demanda-t-elle.

Céléné s'étonna de cette soudaine question mais commença néanmoins à réfléchir.

- Je pense tout d'abord que j'aiderai mon oncle à monter son bar et puis je pense que j'irai dans des études plus poussées pour devenir avocate.

- Je ne savais pas que tu voulais faire ce métier.

- En vérité, j'hésitais encore entre ça ou continuer comme barmaid mais je pense que j'ai fait mon choix. Et toi ?

L'hybride fixa le plafond avant de lever sa main vers les pierres au-dessus de sa tête.

- Je ne sais pas.

*****

Ira s'accoudait à l'un des murets des Ruines. Elle aimait ce lieu si calme. De là où elle se tenait, on voyait toute l'ancienne ville réaménagée par les humains défendant les monstres.

- La vue est magnifique.

- Bonjour Veno.

Comme toujours, il venait la rejoindre ici et comme toujours ils n'échangeraient pas d'autres mots. Depuis plus d'un an, c'était devenu leur routine du matin. Pourtant aujourd'hui le brun la changea et se décida à parler.

- Ira ? T'as déjà ressenti de l'amour pour quelqu'un ?

Elle tourna la tête pour le regarder dans les yeux.

- Oui. Un garçon qui essayait de faire croire aux autres qu'il n'avait peur de rien mais qui était effrayé de lui-même. C'est la sensibilité dans son regard qui m'a touchée dès notre première rencontre.

- Et lui, il t'aimait ?

- Je ne sais pas. Je crois qu'il en doutait aussi mais j'en ai été sûre quand il a accepté de me montrer sa faiblesse.

Elle se retourna, s'adossant maintenant au mur. Un silence apaisant régna pendant quelques secondes.

- Tu lui as dit tes sentiments ? reprit Veno.

- Depuis longtemps. Mais il n'a pas été un saint non plus. C'est comme ça que je le lui ai dit, à ma manière : je n'accepterai ses sentiments que quand il aura payé pour ses crimes. Malheureusement, il ne l'a pas compris et j'ai eu le temps de douter de ce sentiment né en moi.

Ira commença à partir mais une dernière question de Veno lui parvint tandis que celui-ci restait dos à elle, regardant le paysage.

- Serais-tu prête à pardonner son erreur et l'aimer de nouveau ?

L'ancienne encapuchonnée laissa un temps de latence à sa réponse.

- Ma réponse est toujours la même qu'autrefois.

Et sur ces mots, elle partit, laissant seul le brun dans ce lieu.

*****

- Je commençais vraiment à trouver la tension pesante, avoua Gula avec une boîte de nouilles instantanées en main.

Elle regardait un anime avec Indi, Alphys et Undyne.

- Arrête de parler, c'est un moment super important ! brailla la chef de la garde royale.

- Mais c'est d'un ennui ! On ne peut pas plutôt regarder le MTT show ?

- Oh c'est vrai que ça va commencer ! Heu... je veux dire... si-si ça ne vous dérange pas bien sûr...

- Ne t'inquiète pas Alphys, tu peux changer, la rassura Indi.

Le programme sur l'écran changea pour faire apparaître Mettaton, un air grave au visage.

Lyse se trouvait tranquillement assise sur le canapé avec son père qui commençait à somnoler. Soudain son portable sonna affichant le numéro de Vata. Elle décrocha rapidement.

- Lyse, il faut que tu allumes la télé et que tu écoutes ça.

*****

- Ils veulent exterminer les monstres, j'arrive pas à y croire ! hurlait depuis une heure sans cesse Chara.

Le gouvernement avait, pour la première fois depuis un an, fait son apparition à l'écran en annonçant un plan d'attaque contre les monstres considérés comme un danger de première importance. Lyse et Sans s'étaient directement rendus au château où ils retrouvèrent l'humaine en furie.

- Calme-toi Chara, tenta Asriel.

- Que je me calme ? Il y a des gens, là haut, qui ne connaissent rien de notre peuple et qui sont prêts à tuer des milliers d'innocents ! Comment veux-tu que je sois calme ?

- Et c'est justement pour ça que tu dois garder ton sang froid. Nous ne devons pas agir sur un coup de tête.

- Mais Azzy, tu ne comprends pas !

- Maman, tu peux la ramener à sa chambre s'il te plaît ?

- Quoi ? s'offusqua la génocidaire.

Finalement elle suivit, bien que de force, Toriel à travers le château, redonnant le calme à la salle de réunion. Asriel s'assit en se mettant la tête entre les mains.

- Qu'est-ce qu'on va faire ? commença-t-il à désespérer.

- Ça me parait pourtant simple, non ? répliqua Lyse.

On se tourna vers elle, étonné. Elle ne voulait tout de même pas se battre contre les humains ?

- Ils vont nous attaquer, on va se défendre. Et je jure qu'il n'y aura aucune victime dans les deux camps.

Les humains de l'Underground étaient de leur côté alors il y avait un pied d'égalité.

- Depuis le début, nous cherchons à montrer notre bonne volonté alors nous allons continuer ainsi. On va juste les repousser sans chercher à blesser ou même tuer. La magie sera bonne alliée pour ça. Les humains à la surface n'ont pas conscience de leur âme alors que ceux qui nous ont rejoint l'ont découvert et s'en retrouvent plus puissants. On ne va pas se laisser faire. On va l'avoir notre liberté.

*****

Depuis quelques jours déjà, la garde royale fournissait en masse des armures et boucliers pour tous les combattants. L'assaut serait normalement donné dans deux jours, ils avaient encore le temps de s'entraîner.

Les rôles étaient déjà attribués. Les monstres puissants iraient dans les premières lignes, ceux n'ayant pas de connaissance, ou peu, en combat iraient protéger les citoyens. Ceux ayant des bases médicales, pour les soldats pouvant se blesser, iraient dans le laboratoire réaménagé comme infirmerie.

Ainsi, Gula accompagnée d'Ira, Veno et Vata combattraient, Cédia et Indi s'occuperaient du corps médical et Lyse jouerait deux rôles. Elle avait dû convaincre son père pour aller combattre quelques fois et le reste du temps elle s'occuperait des civils. De plus, au combat, elle serait obligée d'utiliser l'épée, ne sachant utiliser d'autres armes et, ne voulant pas utiliser sa magie qui pourrait dévoiler sa vraie nature.

- T'es sûr de pouvoir aller sur le terrain papa ?

La père et sa fille profitaient de leurs derniers instants de détente.

- J'ai les os et l'attaque bleue pour repousser et puis je suis un pro de l'OSquive. De plus, je refuse de te laisser combattre pendant que moi je me la coule douce.

- Papa ?

- Oui ?

- Fais attention à toi.

Sans lui donna un regard rempli de tendresse.

- Ne t'en fais pas. Toi aussi, fais attention à toi.

Dans le laboratoire de Gaster, les jumelles s'occupaient des derniers préparatifs pour leur infirmerie accompagnées de Jonathan.

- Vous avez déjà pratiqué les soins ? demanda ce dernier.

- Jamais pour la survie, répondit sa petite amie. On était plus douées pour faire dans le sens inverse.

- Mais on va y arriver. Quand je veux, je peux.

- Et puis de toute façon, je me suis promis que je trouverai un remède à ta maladie alors s'il faut commencer par soigner des gens pour ça, je le ferai, conclut Cedia plus déterminée que jamais.

Plus loin, dans un coin reculé d'Hotland, Vata fixait la lave stagnante en dessous ses pieds. Il lâcha un ricanement en regardant le plafond de l'Underground.

- J'espère que pour une fois le ciel sera avec moi, sa phrase se finit dans un soupir. Tu verras papa. Je te rendrai fier de moi.

À Waterfall, Gula observait les chutes d'eau d'un oeil inquiet. Elle ne se rendait plus vraiment compte du lieu où elle se trouvait, perdue dans ses pensées. Seule une infime phrase se fit entendre parmi celles répétées des fleurs écho.

- Faites que ça ne me reprenne pas.

Dans les ruines, Veno et Ira suivaient leur habitude non sans un silence pesant que cette dernière s'empressa de combler.

- Ne meurs pas, ordonna-t-elle seulement.

Le brun eut un rictus aux coins des lèvres.

- Rien ne nous arrivera. Je compte bien purger ma peine avec toi.

Elle ne sut quoi répondre et se tut à la place, rendant au lieu son mutisme.

*****

Le premier assaut arriva à l'aube, à la barrière menant directement au château délaissé. La famille royale était partie dans l'ancienne maison de la gardienne des Ruines. Les soldats contrèrent ce qui semblait être des militaires.

- Ils n'ont pas lésiné sur la main-d'œuvre, avait fait remarquer Gula.

Cependant ils furent étonnés de les voir arriver sans aucune arme à feu. Ils possédaient des matraques, couteaux, sabres bien que surprenants, mais aucun fusil, grenade ou quoi que ce soit de ce genre. Néanmoins ils restaient de très bons soldats et arrivaient parfois à se faufiler parmi les défenses magiques et à faire des blessés. Aucun mort n'avait été signalé pour le moment, au grand bonheur des monstres.

Pendant la première semaine, tout se passa « bien ». Leur ennemi ne faisait pas une grande avancée et restait aux abords de la barrière. Asgore avait repris sa place sur le trône sous la demande de son fils, Asriel ne se sentant pas prêt à diriger une guerre.

Aujourd'hui, Lyse s'occupait de calmer l'anxiété des civils. Nombreux de ceux habitant près du lieu de combat avaient dû déménager vers les autres régions et perdaient donc de précieux repères. D'autres personnes, comme Toriel, l'aidaient dans cette tâche. Rapidement, la jeune fille s'était dirigée vers les enfants et utilisait tout ce qu'elle avait appris lors de son séjour dans le monde de Thomas. C'est donc naturellement, en voyant son contact facile avec eux, qu'on lui confia la garderie.

Dans son laboratoire, Gaster suivait le combat depuis ses caméras et ce ne fut que le son d'une téléportation qui lui fit dévier le regard de ses écrans.

- Bonjour Thomas, salua-t-il par politesse avant de reprendre ce qu'il faisait.

- Bonjour. Vous êtes seul aujourd'hui ?

- Les scientifiques et les jumelles sont dans les locaux des soins. Je me suis chargé de prévenir de tout changement de situation ici.

Le jeune savant n'était pas dupe. Il avait connaissance des tensions au vu de ses nombreuses visites et ce que disait le scientifique ne le rendait que plus anxieux  à ce qu'il avait imaginé.

- Il y a un problème ? se risqua-t-il tout de même à demander.

- La surface cherche à nous exterminer depuis une semaine. C'est le début d'une guerre. Je ne pense pas que tu devrais revenir avec la situation actuelle.

De nouveau, le bruit d'une téléportation résonna. Il était parti. Parti seulement pour se rendre un peu plus loin, là où il pensait retrouver Lyse. Il la vit en train de se faire coiffer par une petite pendant qu'une autre jouait à la dinette avec elle. Quand elle l'aperçut à son tour, elle l'invita à la rejoindre.

- Comment tu as su que j'étais là ?

- Je suis passé voir Gaster qui m'a expliqué ce qui se passait. Comme je ne t'ai pas vu sur le terrain avec les caméras, je me suis douté que tu devais t'occuper des enfants. Tu ne pourrais pas rester sans rien faire.

L'hybride soupira, avant de lui ébouriffer les cheveux.

- Tu es un peu trop malin à mon goût, toi.

- Et à mon goût, tu commences à devenir un peu trop familière et maternelle avec les personnes plus jeunes que toi à force de traîner avec des gamins.

C'est à ce moment-là qu'elle se rendit compte de son geste avant de s'esclaffer.

- Tu as sans doute raison. Alors, comment ça se passe chez vous ? Tu as réussi à avoir ton travail à plein-temps dans les centres de recherches ? D'ailleurs, où ça en est avec l'école d'art pour Hitze ?

- J'attends toujours la réponse. Je ne suis pas le seul à demander dans ce secteur. Je pense d'ailleurs changer de voie pour me concentrer plus sur les différents univers comme le tien et le mien. Quant à Hitze, il a finalisé son inscription. L'école a adoré ses oeuvres et veut à tout prix l'aider dans le développement de son travail. Il y sera logé et a déjà trouvé un petit boulot à côté.

- Je suis rassurée que tout se passe bien pour vous.

- Je ne peux pas en dire autant.

Lyse perdit son sourire mais quand un enfant remarqua son visage triste, elle s'empressa d'afficher une mine heureuse, ne voulant pas l'inquiéter. Un jeu d'acteur qu'elle avait hérité de ses parents qui n'avaient fait que jouer la comédie toute leur vie.

Thomas resta avec elle jusqu'à la fin de journée avant de repartir dans son monde. Sa visite lui avait fait du bien. Elle se sentait soulagée mais l'anxiété allait vite revenir avec les prochains jours.

*****

Un peu plus d'un mois avait passé depuis le début des opérations et les monstres arrivaient toujours tant bien que mal à bloquer l'avancée des militaires qui se trouvaient, au plus loin, dans la ville près du château. Mais le manque de réaction de l'Etat perturbait Undyne qui remarquait les actions devenues répétitives, voire même prévisibles, de l'ennemi.

Ses doutes se confirmèrent lorsqu'un négociateur vint trouver la famille royale, instaurant une trêve pour un jour à cette guerre. Asgore et l'humain allèrent seuls dans une pièce et quand ils en sortirent, le roi arborait une mine sombre tandis que l'autre repartait satisfait.

« À partir de ce jour, il est interdit d'utiliser la magie pour les détenus de la prison Ebott. Seule la magie considérée comme étant "à bon escient" (principalement les soins médicaux) sera autorisée ».

- Les salauds, bouillonnait Chara. Ils avaient tout prévu !

- Ils ont retourné nos propres arguments contre nous, rumina Veno. En acceptant d'être des prisonniers, nous nous retrouvons obligés de nous plier à leurs règles et si nous les transgressons, on nous verra d'un très mauvais œil. Ils savent pertinemment que nous cherchons le contraire et ils en profitent pour nous ôter notre meilleure arme de défense.

- Les monstres n'ont même pas de notions de combat humain, continua Sans. Nous avons toujours eu notre propre façon de faire.

- Pas le choix, conclut Lyse. On va devoir mettre les humains en première ligne pour donner au moins quelques notions de base. Il va falloir des professeurs.

Quelques nouveaux rôles furent distribués. Sans, n'ayant plus rien pour repousser sans se blesser, au risque de se tuer, se proposa pour leur apprendre les esquives. Gula se proclama également professeur de combat ainsi que quelques soldats de la garde royale qui avaient appris toutes sortes de modes d'affrontement. Le reste des mercenaires irait soutenir les premières lignes.

Faites qu'on tienne ce rythme.

*****

Un mois de plus était passé et les monstres pouvaient de nouveau aider leurs alliés, maintenant assez entrainés. Leur nombre plus restreint les avait fait reculer jusqu'au Core. Le Core était un endroit rempli de technologie et amenait l'électricité dans tout l'Underground. Par chance, les deux mois qui suivirent firent perdre du terrain aux militaires à cause des nombreux rayons laser programmés à distance par Alphys.

Lyse prenait toujours plus de temps au combat, aux enfants et au MTT show, seul rayon de lumière durant cette période. Elle acceptait parfois de faire une représentation de piano sur le plateau qu'elle accompagnait, de rares fois, de sa voix. Elle en oubliait presque de manger mais son père la rappelait toujours à l'ordre. Celui-ci d'ailleurs, s'était vu attribuer la mission d'utiliser ses raccourcis pour amener les blessés à l'infirmerie.

4 mois de combat et, heureusement, toujours aucun décès n'avait été déploré. Mais le temps commençait à peser lourd sur la conscience.

Cedia s'attelait à soigner Vata. Le voleur s'était pris un coup plutôt violent au bras, qui avait fini en sang, en ratant une esquive. Gula n'avait pas su réagir et serait restée à le fixer sans rien faire si un monstre n'était pas intervenu pour l'éloigner du combat.

- J'avoue que je ne comprends pas trop pourquoi elle a eu cette réaction, dit Vata.

- Tu sais bien que parfois Gula se retrouve dans un état de transe. La situation ne s'y portait pas mais ça lui arrive toujours dans les mauvais moments bien que ça faisait longtemps qu'elle n'en avait pas eue.

*****

Le mois passa à une vitesse folle tout comme la progression de l'ennemi qui avait atteint Hotland. L'infirmerie fut déplacée dans le laboratoire de Gaster, véritable bunker qui ne pourrait être ouvert. Seules les téléportations de Sans pouvaient les y conduire.

Il était minuit passé, les attaques avaient cessé pour aujourd'hui et tout le monde partait se reposer. Enfin en apparence. À Waterfall, une femme vêtue d'un drôle de kimono contemplait le lieu, réputé pour sa beauté. Très vite, une autre personne plus petite la rejoignit.

- Je te trouve soucieuse depuis un moment Gula. Quelque chose ne va pas ?

- Lyse. Je ne pense pas rester.

La plus âgée se retourna vers son interlocutrice qui avait le visage choqué. Elle s'avança vers elle et lui enleva son masque, dévoilant sa pupille tremblante. Elle souhaitait lui parler sans obstacle au contact visuel.

- Dès que tout ça sera terminé, je partirai le plus loin possible. J'irai bien au Japon, il parait qu'il y a plein d'expériences culinaires à faire, ria-t-elle.

Elle sentit les bras de Lyse se refermer contre elle, son visage collé contre sa poitrine. Gula la sentait commencer à trembler, elle pleurait ?

- Tu sais, quand Vata s'est blessé, j'ai vu son sang. Je ne pouvais plus détacher mon regard de ce liquide que j'ai vu couler tant de fois sur le corps de chacune de mes victimes, sa voix commençait à perdre en assurance. J'ai voulu le bouffer Lyse. J'étais prête à manger un ami. Après tant d'années où je pensais que j'avais enfin réussi à contrer mes pulsions, je pensais pouvoir enfin me réintégrer à la société. Mais je suis faible. Et je ne peux pas me faire à l'idée que je puisse donner la mort à l'un de vous. Surtout toi Lyse. Je n'arriverai pas à le supporter. Tu comprends ? Je ne fais pas ça par plaisir. Je... veux... juste...

Elle ne put terminer sa phrase, étranglée par ses sanglots, serrant l'hybride de toutes ses forces comme si sa vie en dépendait.

- Pendant toutes ces années, tu as été comme une mère pour moi, finit par avouer Lyse d'une faible voix laissant les fleurs écho la répéter faisant redoubler les larmes de la cannibale.

- J'aurai aimé t'en apprendre plus, laissa-t-elle entendre. Je t'aime Lyse.

- Moi aussi.

*****

Pour une fois, Veno et Ira se permettaient une journée de repos. Certes, ils s'occupaient d'amener des ravitaillements venant de la frontière d'Hotland pour les Ruines mais ça leur permettait un tant soit peu d'oublier les conflits installés depuis près de six mois. Ils espéraient que les 20 ans de Lyse le mois prochain ramèneraient un peu de gaieté.

Sur le chemin, l'homme écoutait les conversations des passants mais il se stoppa sur une qui lui paraissait particulièrement intéressante. Il alla à la rencontre d'un couple avec une femme enceinte.

- Bonjour. Dites-moi, je suis curieux, mais vous en êtes à combien de mois ?

- Au huitième, répondit la femme poliment. Mais je ne pensais pas que cette guerre durerait aussi longtemps. Nous avons peur qu'il naisse dans cet environnement.

- C'est vrai que nous sommes contre des personnes plus fortes que prévu, tenta Veno dans un rire se voulant sympathique.

- Oui, acquiesça le mari. Nous défendons vraiment la cause des monstres, croyez-le, mais on commence à se demander si nous ne devrions pas partir d'ici pour le bébé.

- Ce serait plus prudent en effet, répondit Veno. Bon, je dois vous laisser, mon amie et moi avons quelques courses à rendre.

Ils reprirent la route alors que le brun repensait à ce qu'avait dit le couple. Tout d'un coup, toutes les pièces s'imbriquèrent dans son esprit. Il venait de comprendre l'objectif de cette guerre. Il prit Ira par le bras et courut sous les cris d'incompréhension de celle-ci.

- Qu'est-ce que tu fous ?

- Il faut aller aux Ruines au plus vite ! Préviens les autres !

*****

- Bon, maintenant que tout le monde est là, tu peux m'expliquer ce qui se passe pour arriver aussi essoufflé ? demanda Chara.

- Il ne veulent pas nous tuer ! Ils veulent juste nous faire fuir !

- Calme-toi et explique plus clairement, ordonna Ira.

- Cette guerre n'est qu'un leurre, le gouvernement avait fait une fausse déclaration. Il voulait seulement effrayer les humains de l'Underground afin qu'ils partent et qu'il ne reste plus que les monstres mais le plan n'a pas fonctionné. Toutes les personnes qu'on a combattu n'ont pas pour but de nous tuer, ça produirait une émeute ! Ils ne vont pas plus loin que nous blesser. Le fait qu'il n'y ait aucune arme à feu, jamais de morts, qu'on puisse tout de même utiliser la magie pour les soins ! Tout coordonne !

- Et pourquoi faire perdurer ainsi ?

- Pour installer le doute. Après tout, les humains n'ont rien à voir avec les monstres. De ce fait, ils souhaitent juste les retourner contre nous pour ne pas avoir à être blessés voire tués et ainsi revenir au plan d'origine, ne laisser que les monstres dans le mont Ebott.

- Mais pourquoi le gouvernement veut juste laisser les monstres ici ?

- Surpopulation, racisme, peur des conséquences sur la société, les protéger des discriminations possibles de la part des humains, trop pauvre pour accueillir un peuple entier, ressources insuffisantes, peur que les monstres ne soient considérés que comme de simples bêtes, peur qu'une véritable guerre meurtrière ne prenne place. Il y a des milliers de raisons pour chercher à faire oublier les monstres de la surface.

Un long silence où tout le monde méditait sur ses dires s'installa.

- Donc nous devons trouver une solution avant de ne plus avoir aucun allié, laissa entendre finalement Lyse.

- En plus, l'ennemi a encore avancé à Hotland et on a dû encore faire partir les habitants vers Waterfall ou Snowdin. La peur s'installe de plus en plus, renchérit Indi.

Il fallait trouver une solution. N'importe laquelle. Ça, Lyse en était convaincue.

*****

- Quoi ? C'est pour moi ? s'embarrassa l'hybride devant le paquet cadeau qu'on lui tendait.

Aujourd'hui était son anniversaire mais elle ne s'attendait pas à arriver à la garderie en se faisant accueillir par les enfants lui souhaitant un joyeux anniversaire. On lui avait tendu ensuite un cadeau avant de voir Thomas et Hitze apparaître.

- Les garçons ! Ça faisait longtemps que je ne vous avais pas vus vous deux, s'exclama-t-elle joyeusement.

- Je n'allais tout de même pas louper l'anniversaire de ma « sœur », répondit le savant.

Le phoenix le regarda dubitatif ne comprenant pas son délire mais préféra l'ignorer et répondre à son tour.

- Pour ma part, je les ai aidés à confectionner le cadeau, je voulais voir le rendu final en main propre.

En effet, Hitze était venu plusieurs fois en secret sous la demande des petits. L'artiste avait réalisé le portrait de l'hybride et avait chargé les enfants, auquels elle tenait énormément, de peindre le tableau avec les mains et doigts. Étant resté tout au long de sa vie au contact des plus jeunes, il savait comment leur donner des indications simples pour un tableau complexe. À chaque couleur il avait donné une forme qu'on retrouvait sur le tableau et c'est sans difficultés que les enfants avaient donné vie au portrait.

Quand Lyse le découvrit, elle en fut émerveillée. Le tableau représentait son visage se tournant de face laissant voir ses épaules de profil sur un fond noir avec quelques touches bleutées qui contrastaient avec le blanc des cheveux. On voyait ses deux orbites accompagnées de sa cicatrice et un simple sourire ornait son visage qui complétaient le dégradé de couleurs utilisé. Elle avait l'impression que chaque détail était là pour la sublimer.

- Je l'adore ! Il est magnifique ! s'exclama-t-elle alors qu'elle leur rendait son plus beau sourire. Merci.

Elle passa le reste de la journée avec les enfants et ses amis à profiter de ce moment de bonheur. En fin d'après-midi, son « frère » vint la voir avant de partir.

- Alors, pour ton projet sur les univers ? Tu restes accroché à cette idée ?

- Toujours à me poser des questions sur notre avenir, soupira-t-il. Mais toi, que comptes-tu faire après ?

- J'ai le don de m'occuper plus des autres que de moi-même, ria Lyse en reposant son regard sur les enfants. J'adore m'occuper d'eux et les voir sourire est la plus belle chose qui soit. Je pense qu'en faire mon métier serait une bonne solution pour plus tard.

Son idée avait commencé à germer quand Céléné lui avait parlé de ses futurs projets lors de leur pique-nique. Depuis elle y pensait de plus en plus, se disant que, finalement, elle trouvait sa voie.

*****

Les choses se dégradèrent dans le mois qui suivit. Les blessés se faisaient de plus en plus nombreux pour peu de soigneurs, déjà débordés. De plus, monstres et humains commençaient à fatiguer du rythme intense que leur imposait l'armée, les forçant à devoir reculer encore et encore. Ils se trouvaient obligés de déménager toujours plus loin mais la place disponible se rétrécissait au fur et à mesure qu'ils battaient en retraite.

Waterfall fut à moitié assiégé par l'ennemi au grand dam de tous les citoyens. La tombe de Frisk s'y trouvant, Lyse et Sans étaient bien plus anxieux qu'avant, de peur qu'elle ne soit délogée ou que la pierre tombale soit abimée.

Ils pensaient que la zone serait un endroit propice pour reprendre l'avantage car on pouvait vite s'y perdre si on ne connaissait pas le lieu. Pourtant, dès les premiers assauts ici, ils comprirent que le gouvernement avait déjà analysé le terrain.

Le stress augmentait en flèche chez les monstres et humains même si ceux-ci restaient, ce ne serait plus pour bien longtemps. Lyse était persuadée qu'une fois Snowdin atteint, ils fuiraient.

- Pourquoi t'es pas là quand on a besoin de toi Pierrot Blanc ? désespérait-elle en fixant le plafond de ce monde recouvert de fausses étoiles.

Mais personne n'est venu.

Elle ne savait pas comment tout cela allait se terminer, mais elle avait très peur de la fin.

*****

Ce qu'ils craignaient avait fini par arriver. Lyse se trouvait dans les premières lignes de Snowdin, épée en main et armure forgées par la garde royale, protégeant les organes vitaux. Elle esquivait les coups portés par son adversaire ou les bloquait en tenant son arme comme une masse avant de dévier l'attaque. Elle portait quelques coups avec le manche de l'épée afin de faire reculer le soldat et pouvoir reprendre son souffle.

Veno utilisait la même technique un peu plus loin alors qu'Undyne, à ses côtés, se débarrassait des armes de l'ennemi avec une lance. Les leçons portées aux monstres leur avaient tout de même grandement servi, leur permettant de nombreuses esquives. Malgré ça, une lapine restait en difficulté contre un homme passablement énervé, déterminé à la vaincre. Alors elle effectuait saut après saut, ne faisant qu'enrager un peu plus le soldat à chaque coup manqué. Soudain, prit d'une rage folle, il chargea de toutes ses forces son épée sur la lapine anthropomorphe qui eut tout juste le temps d'esquiver l'attaque même si elle ne lui aurait pas été mortelle.

Attaque que se prit la personne juste derrière le monstre. Trop pris dans leur propre combat, aucun des deux n'avait aperçu les autres personnes s'affrontant juste à coté. Le soldat se pétrifia à la vue du corps qu'il avait transpercé malgré l'armure du thorax. De dos, il ne voyait que ses longs cheveux châtain devenir blancs, le surprenant que d'avantage.

Ce ne fut que le hurlement horrifié d'un humain qui fit stopper le combat chez tout le monde, fixant avec stupeur ce qui n'aurait pas dû se produire. Sans arriva à cet instant pour escorter les blessés et voir le drame.

Lyse regardait la lame ensanglantée qui dépassait de sa poitrine. Elle n'avait lâché aucun cri, seulement un hoquet de surprise. Elle n'avait pas vu le coup venir et son propre adversaire, en face d'elle, semblait tout aussi décontenancé.

Sa barre de vie s'afficha au-dessus de son corps, se vidant à grande vitesse. Alors c'est comme ça ? C'est comme ça que tout allait se terminer ? Par sa mort ? Quelle excellente ironie. Exactement au même point qu'à l'endroit où la chose l'avait frappée. Oui. De toutes les manières qui existaient, elle allait mourir transpercée par une épée.

Elle espérait que Pierrot Blanc vienne les sauver.

L'hybride regarda le ciel. Enfin, le faux ciel.

...

Non.

Elle espérait que Pierrot Blanc vienne les sauver.

Mais ce n'était qu'une légende. Pierrot Blanc ne les aiderait pas.

Mais personne n'est venu.

Elle allait s'en charger elle-même.

Tu m'as dit que papa n'a jamais vu le ciel. Alors moi non plus. Je ne le regarderai que quand lui pourra le voir aussi. C'est une promesse.

Elle s'était fait une promesse. Et elle allait la tenir. Dans son masque, elle calcula la distance qui la séparait de ces fausses étoiles.

Des étoiles qui ne disparaitront jamais.

Elle leva son bras en l'air faisant apparaitre des milliers de blasters dans tout l'Underground qui visaient le plafond. Les paroles de sa mère lui revinrent à l'esprit.

Tu es ma petite étoile.

Elle esquissa un sourire murmurant une simple phrase sous l'incompréhension de tous et les cris de ses proches présents.

- Mais toutes les étoiles sont destinées à disparaître.

Son poing se referma donnant feu à toute son artillerie et ses points de vie chutèrent subitement à ce moment précis, comme si elle avait puisé dedans pour sa dernière attaque. Son bras retomba le long de son corps.

Veno bouscula le soldat qui avait toujours son épée plantée. L'action eut l'effet de la retirer et Sans rattrapa Lyse avant qu'elle ne s'écroule.

- Non mais ça ne va pas de lancer une attaque de cette envergure dans ton état ! lui hurla Gula nouvellement arrivée, alertée à la vue des blasters plus tôt.

- Tiens bon, on va trouver quelque chose ! essaya de se rassurer son père sans succès.

On lui retira son masque et son armure afin de l'alléger d'un poids.

Sa barre de vie ne pouvait plus remonter. Elle baissait, lentement maintenant mais elle baissait. Chaque seconde la rapprochait de la mort. Mais ça elle s'en fichait. Des larmes commencèrent à perler aux coins de ses yeux.

- Regarde, chuchota-t-elle.

Son père suivit son regard dirigé vers le ciel. Le temps avait passé et personne ne s'était rendu compte qu'il se faisait tard. Des points. Des milliards de points blancs scintillants dans le bleu profond du ciel. Le squelette était émerveillé. C'était la première fois qu'il voyait la voute céleste cachée par le plafond de leur prison, maintenant plus. Les tirs n'en avaient même pas laissé retomber un grain de poussière. Tous les monstres fixaient ce somptueux spectacle. Le rêve de tous venait d'être exaucé.

Pour la première fois dans ce lieu les étoiles éclairent le ciel.

- J'ai enfin pu tenir ma promesse, entendit le squelette dans un simple soupire.

Quand il tourna le crâne, il ne vit plus que le cadavre de sa fille, un léger sourire collé aux lèvres.

Ce soir-là fut le premier jour où l'on entendit la voix d'un monstre depuis la surface. Le cri de détresse d'un père serrant ce qui avait été sa fille dans ses bras.

*****

Année XX40 : Un monstre de feu se dirigeait vers un endroit isolé de Waterfall. Là, on y trouvait deux tombes. Sur la première, on voyait une photo d'une mère et sa fille et sur la seconde, un portrait d'une jeune femme souriante aux cheveux blancs posé comme décoration en hommage. L'être de feu se dirigea vers cette dernière.

- Bonjour Lyse. Ça fait longtemps que je ne suis pas venue te voir. J'ai tellement de choses à te raconter que je ne sais même pas par quoi commencer. Ta mort nous a tous beaucoup affecté, je venais te voir tous les jours, même quand nous sommes finalement allés à la surface. Ton plan était idiot mais en détruisant le Mont Ebott plus personne ne pouvait ignorer notre existence. Les débuts ont été difficiles mais on nous a accepté et le cratère Ebott, maintenant, est un lieu très touristique. Je le comprends, cet endroit me manque parfois. Enfin ! Suite à cela j'ai pu faire, comme je te l'avais dit, ma vie. J'ai rencontré une humaine à la surface, Emma. Et ça va faire 3 ans qu'on est ensemble. Elle est très différente de toi mais elle a su me charmer. C'est drôle d'ailleurs, elle a une âme de détermination comme ta mère.

Elle prit une pause dans son discours, réfléchissant à ce qu'elle pourrait dire ensuite.

- Quand tu nous as quittés, tes amis ont tous pris des chemins bien différents. Bien qu'avoir aidé à la libération des monstres les ai tous graciés, Veno et Ira ont insisté pour purger leur peine en prison. Elle a été restreinte pour eux deux et leur bonne conduite, en plus, ne les a pas laissé longtemps là-bas. Ils se sont mis ensemble et aujourd'hui ils ont un travail, une maison et ils attendent leur deuxième enfant. Une vraie petite vie de famille, personne ne le croirait si on leur disait qui ils avaient été autrefois.

L'enflammée ne put s'empêcher de lâcher un ricanement.

- Cedia vit sa vie de couple avec Jonathan. Ils s'entraident mutuellement et elle continue de chercher ce qui soignera définitivement sa sœur dans un centre de recherches qui a été impressionné par les poisons qu'elles avaient réussi à mettre au point. Quant à Indi, elle a trouvé un poste dans un centre pharmaceutique juste à côté du boulot de Cedia en cas de problème même si son état s'améliore. Lentement mais sûrement.

Elle lâcha un soupir, se demandant bien comment elle pouvait parler des deux derniers.

- Pour Vata, je n'ai pas vraiment eu de nouvelles de lui. J'ai cru comprendre qu'il vagabondait à travers le pays en prenant quelques jobs par-ci, par-là. Juste assez pour pouvoir vivre. Et Gula, depuis notre libération, plus personne n'a de signe de vie d'elle. Je ne sais pas si toi tu sais où elle est mais j'espère qu'elle est en sécurité.

Elle fixa le paysage environnant, n'ayant jamais changé grâce à la magie des monstres.

- Thomas est revenu une seule fois après ta mort, après qu'on lui ait annoncé. Mais qui sait ? Peut-être qu'il vient te voir quand il n'y a personne dans les parages. Et en ce qui concerne ton père, il n'a pas supporté que tu partes à ton tour. Il est parti de l'Underground le plus tôt possible et a suivi Grillby dans son commerce. Il cartonne à la surface d'ailleurs. Undyne est devenue une policière respectée et Alphys s'est dirigée vers l'instruction avec Toriel. Asgore a réussi à monter son petit commerce de fleurs. Mettaton est une star de renommée qui aime accueillir beaucoup d'invités sur sa chaîne de télévision. Et Chara et Asriel continuent de faire vivre le château. Ils ne trouvaient rien d'autre à faire ces deux-là.

- Céléné !

L'interpelée sursauta en entendant son nom. Elle s'apprêtait à partir mais se tourna une dernière fois vers la tombe.

- Désolée, je dois partir mais j'espère te rendre visite bientôt. J'arrive Emma !

Puis elle partit rejoindre son amante qui l'attendait un peu plus loin et elle commencèrent à marcher vers Hotland.

- Tu sais, parfois, j'ai l'impression qu'elle se trouve encore là, juste à côté de moi.

- Je n'en doute pas, lui répondit l'humaine en regardant derrière elle.

Sur la tombe de l'hybride, elle apercevait une silhouette de femme, assise sur celle-ci, les regardant partir avant de s'évaporer dans l'air.

Air qui remonta jusqu'à la surface du cratère, où se trouvait un squelette se tenant debout face à la ville qu'il contemplait en voyant ses lumières s'allumer, petit à petit, tandis que le soleil s'effaçait de l'horizon. Juste avant de partir vers ce paysage, il laissa le vent emporter ces mots qu'il n'avait cessé de répéter.

- J'ai toujours détesté les promesses.

Et c'est en descendant cette ancienne colline que des points lumineux commencèrent à apparaître dans la voute céleste. Et ce jour là...

Une nouvelle étoile éclairait le ciel.

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