Samedi 2 octobre 1940, 12h 20

Il ne fallait pas perdre une seconde. Chaque minutes perdues étaient un objet en moins dans notre valise. Nous n'étions pas au courant du lieu où nous allions et ne savions donc pas quelles affaires prendre. Bien attendu venant des nazis, j'étais sûre d'une chose, c'était que notre destination serait pire que notre quotidien actuel. Il n'y ferait pas chaud et la vie y sera un cauchemar.

Je posai la valise de ma sœur sur sonlit et l'ouvris en grand :

''- Tu vas bien m'écouter Jana. Je veux que tu prennes tes habits les plus chauds. Tu tasses tout ce que tu peux ! L'ordonnai-je en allant vers sa penderie et sortant ses vêtements. Tu vois, ce manteau tu le mets sur toi en plus de ton gilet et dans ta valise tu mets un deuxième manteau et un second gilet.

- D'accord j'ai compris. Est-ce que je peux prendre Doudou ? Me demanda-t-elle en désignant son compagnon en peluche assit sur son oreiller.

- Oui bien sûr mais rappelle-toi privilégie les habits. ''

Sur ces mots je quittai sa chambre en la laissant seule et rejoignis la mienne pour préparer ma propre valise. Dans ma tête, tout se bousculait. Il y avait tant de questions que je me posais. '' Où allons-nous ? '' était celle qui revenait le plus souvent. Nous étions résignées à quitter notre maison avec seulement une valise. Dans quel but ? Et pourquoi ? Cela ne leur suffisaient-ils pas de nous humilier en nous refusant de voyager en train et en nous confisquant nos radios ?

J'ouvris ma valise est y entassai le plus de vêtements possibles. Bientôt, il ne resta plus de place pour y mettre le moindre souvenir. Je pliai chaque robes, pulls et manteaux de façon à gagner de la place pour emporter quelques photos et autres souvenirs qui me seront arrachés.

Je fouillai mes tiroirs et tombai sur un album photo. Je le serrai fort contre ma poitrine, m'assis sur mon lit, pris une grande inspiration et l'ouvris.

Sur les premières pages, il y avait des photos de mes parents quand ils étaient enfants. Ils n'avaient pas changés. Sur l'une d'elle, mon père âgé seulement de dix ans nageait dans un immense lac avec son père et son frère. Sur une autre, c'était maman assise dans l'herbe et jouant à la poupée. En tournant les pages, on pouvait constater leurs évolutions. Chacun avait grandis de son côté ignorant l'existence de l'autre jusqu'à ce que par le plus grand des hasards, ceux de là se rencontrent et tombent amoureux l'un de l'autre. S'en suit des photos de leur mariage. Maman était magnifique dans sa robe blanche. Même si la photo avait vieillie, j'arrivais à distinguer chaque détails de ses habits; le tour de cou en dentelle, les plis du tissus sur ses hanches et son splendide sourire. Papa quant à lui prenait un air sérieux sur la photo. Son costume noir et blanc accentuant ce côté strict. Je tournai les pages et tombai sur une photo de moi bébé suivi de Jana. En ce temps, nous pensions avoir connu l'impossible,que le pire était derrière nous. Nous étions fort. Aujourd'hui que sommes nous ? Comme j'aimerais revenir à cette époque, celle où le monde était innocent.

A cette pensée, je versai une larme qui s'écrasa directement sur le papier, effaçant l'encre. Je fermai mes yeux laissant mon esprit se perdre. Mais je fus ramenée à la réalité par la voix de ma petite sœur :

'' - Pourquoi tu pleures Anastazy ?me demande-t-elle en mâchouillant son doudou.

- Je pleure pas. Affirmai-je en essuyant mes joues d'un revers de la manche et en refermant l'album photo.

- Bah si tu pleures je le sais.Disait-elle en se rapprochant de moi.

- C'est pas important. Tu as finie ta valise ? Lui demandai-je en me levant et refermant la mienne.

- Oui je l'ai fini. Tu peux venirvoir si tu veux. ''

Elle me pris par la main et m'emmena dans sa chambre en courant. Elle ouvrit sa valise avec un grand sourire :

'' - Mais Jana je t'avais dit de prendre le plus de vêtements possible pas des babioles inutiles. M'énervai-je en retirant tout son bric-à-brac.

- Mais arrête !! Je veux les prendre ! C'est ma boite à musique, c'est mon coffre à bijoux et c'est mes poupées ! Si je veux les emmener dans le nouveaux chez nous, je fais ce que je veux. Me cria-t-elle en essayant de m'empêcher d'enlever ses affaires.

- Jana tu n'auras pas besoin de tout ça là où nous allons !

- Comment tu peux en être sûre ?!Tu as dit que tu ne savais pas où on nous emmènent. ''Se justifia-t-elle.

Elle n'avait pas tord mais d'un côté je savais que là où les nazis voulaient que l'on soit, le plus important serait les vêtements. Je la laissai prendre ce qu'elle voulait et terminai ma valise.

J'entassai le reste de mes vêtements et la refermai avec une certaine difficulté. J'avais une sorte de souffle cœur, comme si en quittant notre maison, je quittai ma vie avec. Après notre départ, nous allions commencer une nouvelle vie.

J'enfilai un long manteau qui m'arrivait en-dessous du genoux et enroulai autours de mon bras gauche, le brassard que les nazis nous obligeaient à porter. Il y avait l'étoile de David en bleu sur un fond blanc. A chaque fois que nous sortions, il fallait impérativement l'avoir sur sois; sinon vous étiez arrêtés.

Je me regardai une dernière fois dans le miroir. Un sentiment de honte me parcourait l'échine. Avec cet insigne, ce brassard, j'avais l'impression d'avoir commis une erreur,de porter un fardeau, celui d'être juive. J'avais le pressentiment que la prochaine que je me verrai dans un miroir, je ne serais plus la même personne. Je serais incapable de me reconnaître.

Je pris une grande inspiration,attrapa ma valise à deux mains tellement elle était imposante et quittai ma chambre. Je m'arrêtai près de la porte, me retournai et observai la pièce qui fut ma chambre pour la dernière fois.

Ma mère était déjà dans le salon. Elle nous attendait moi et ma sœur. Ses yeux étaient constamment rivés sur l'horloge.Sûrement faisait-elle le décompte des dix minutes dans sa tête :

''- Ta sœur est prête ? Me demanda-t-elle tout en continuant à fixé la pendule.

- Je suppose que oui. Lui répondis-je en posant ma valise au sol.

- Anastazy, tu pourrais me promettre quelque chose ?

- Oui maman, quoi ? ''

Elle me pris mes mains et les enlacèrent dans les siennes. Ses yeux étaient remplis de larmes :

'' - Je veux que tu me promettes que quoi qu'il arrive, n'importe où où ils nous emmènent, tu protégeras ta sœur. Me supplia avec une petite voix.

- Je te le promets mais....tu seras toujours là...non ?

- Oui, je serais là aussi longtemps que Dieu le veux.

- C'est bon je suis prête ! ''Cria ma sœur en arrivant dans le salon.

Jana s'approcha de ma mère et lui pris la main. Je portai donc deux valises : la mienne et une appartenant à ma mère.

Les soldats nous attendaient de pieds ferment dehors, sur le trottoir qui leur était réservé.Tandis que nous, nous devions marcher dans le caniveau. '' Schnell,schnell, schnell '', '' vite, vite, vite '' voilà ce que criait sans cesse les Allemands. Nous jetions un dernier regard vers notre maison avant de rejoindre les autres expulsés sur la route.

Tel un troupeau de moutons, dirigé par des bergers allemands, nous avancions vers notre destin.

Notre marche était un spectacle pour tous les autres. Les passants s'arrêtaient sur le trottoir et nous observaient. '' Sales juifs '' '' qu'ils crèvent '' c'était ce que certains disaient tandis que d'autre nous jetaient des pierres. Un monsieur en face de moi s'en était pris une en pleine tête. Il vacilla mais continuait à marcher droit devant lui; du sang ruisselant le long de son crâne.

Nous n'avions pas encore atteint notre nouvelle résidence que je sentais la mort tout près de nous.

******************************************************************************************************************************************************************************

Voici donc le premier chapitre de cette nouvelle histoire. J'espère que celle-ci vous plait et fais vous fait ressentir certaines émotions. N'hésitez pas à me dire en commentaire ce que je pourrais améliorer pour que l'histoire soit mieux racontée.

Je ne sais pas quand le prochain chapitre sera publié étant donné que j'ai beaucoup d'autre histoires. Pardonnez-moi d'avance si je ne suis pas régulière dans la publication des suites mais je pense que vous comprenez qu'il faut un certain pour écrire....

PLEASE LIKE AND COMMENT !!! :) ;) :)