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CHAPITRE 1:
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Mardi 11 mai:

Dans les quartiers mal fréquentés de Chicago, Isak rentre chez lui, vacillant en se tenant les côtes. Il cracha le sang amer présent encore dans sa bouche et avança dans les rue de Chicago, il rentre amoché mais il en avait l'habitude.

Il s'en fichait totalement, il ne se plaignait plus, il avait déjà essayé de se défendre mais il ne pouvait rien faire contre des brutes comme eux il n'avait que la peau sur les os et pas un muscle. Il passa près de l'immeuble aux briques rouges et regarda en haut, d'après une veille histoire il y aurait déjà eu un suicide en haut de cet amas de brique.

Isak n'y avait jamais songé, l'idée lui a peut-être effleurée l'esprit quelques fois mais il ne pouvait pas laisser sa mère et sa sœur seule, puis il devait aider sa mère à rester clean. Sa mère avait replongé deux fois, son dealer réussissait toujours à trouver un moyen de la coincer dans une rue pour lui refiler deux trois trucs.

Isak tourna à gauche et croisa Serge, un SDF à qui il parlait quelques fois et offrait quelques pièces régulièrement, pour se donner bonne conscience. Il ôta sa main de ses côtes et donna une pièce qui traînait dans son jean déchiré, Serge lui fit un sourire laissant apparaître ses dents jaunes et lui dit avec sa voix rauque:

«-Merci mon petit, t'es bien amoché dis donc qu'est ce qui t'es arrivé?

- Juste des cons au lycée, Isak baissa les yeux.

- Ah faut pas t'en faire mon petit, la roue tourne.»

Isak s'en alla, souriant légèrement face à ce proverbe qu'il aimait particulièrement. Lorsqu'il est enfin arrivé au petit appartement il monta les escaliers doucement et ouvrit la porte. Il ne se doutait pas que sa vie sera chamboulée et prendra un tout autre tournant dans quelques minutes.

Il entra, fit place dans l'entrée, déposa ses affaires et s'avança ensuite vers le salon. Lorsque ses yeux se posèrent sur le corps de sa mère, son cœur s'arrêta, le sol commença soudainement à tourner et il sentit comme un lourd poids dans son buste. Il passa une main sur son visage en se frottant les yeux espérant vivre un cauchemar éveillé.

Isak s'approcha hésitant, tremblant en redoutant chacune des secondes qui passaient. Il posa ses mains tremblantes sur les fins poignets de sa mère, en essayant de trouver son pouls mais rien. Il les chercha pendant plusieurs minutes en essayant de se convaincre qu'elle dormait simplement. Il prit alors sa main glacée et la serra fort et il regarda sa mère défunte allongée sur le vieux canapé en cuir rouge, ses beaux cheveux blonds foncés lui tombaient sur les épaules, une boule se forma dans la gorge du garçon.

Il tourna le regard et vit sur la table basse tout son matériel, ses aiguilles, une cuillère et beaucoup de poudre blanche puis par terre gisait des bouteilles d'alcool vides. Il ne réalisa pas. Il ne comprenait pas pourquoi elle les avait abandonnés, il posa sa tête sur le ventre de sa mère, son cerveau se mit à bouillir et ses oreilles à bourdonner. Devait-il appeler les pompiers? Que diraient-ils s'ils voyaient la drogue? L'enverrait-il en prison?
Ou alors les services sociaux viendraient séparer sa sœur et lui? Puis sa sœur aura la majorité dans un mois seulement comment allaient-ils payer les factures? Et comment allait-il s'en sortir? Comment allait-il vivre sans sa mère?

Isak se leva, puis ses larmes se mirent à lui chatouiller les joues, un flot de larmes descendirent sur ses joues. Il tourna alors en rond, faisant les cents pas. Il sentait qu'il allait perdre la tête, il se mit alors à culpabiliser car il n'avait pas été assez présent pour sa mère, c'était lui qui devait la maintenir clean.

Son cœur battait tellement vite qu'il n'arrivait plus à respirer. Un amas de questions jaillirent dans son esprit, comme des petites flèches, son cœur était serré tellement fort comme si quelqu'un le tenait. À bout de nerfs il fut pris d'une pulsion, il arrêta de tourner en rond, il voulait arrêter la douleur qu'il ressentait, cette pression dans son buste et ce pincement insupportable autour de son cœur, il voulait arrêter de ressentir ces choses. Et d'un geste violent, il renversa le bureau entier qui se tenait devant lui, faisant tomber chaque objets
violemment sur le sol.

Puis il prit un vase posé sur la cheminée et dans un élan de rage et de tristesse il le lança vers la cuisine. Les bouts de verre s'éclatèrent contre le sol et s'éparpillèrent sur toute la surface de la cuisine.

Isak songea rapidement que le vase brisé, les bouts de verres jonchant sur le sol, représentés tellement et tristement son cœur meurtri. Il se mit à crier, le jeune homme se mit à hurler de douleur, tellement fort qu'il eu l'impression de faire raisonner la terre entière puisque son propre monde venait s'écrouler.

Il se mit à hurler comme un signe de détresse, comme un appel à l'aide à lui même ou bien à ce fils de pute de destin. Son cri strident se finit en sanglots, et sa gorge lui brûla. Son cœur lui faisait horriblement mal. Devant lui il ne voyait maintenant qu'un mur, et sans réfléchir, il envoya son poing dans celui-ci, avec ses yeux remplis de larmes il regarda sa main ensanglantée et le trou dans le mur. Le léger creux qu'il avait formé, son cœur était mille fois plus creusé que ce trou, pensa-t-il, réalisant que jamais il n'arriverait à faire un trou dans le mur aussi abyssal que le trou présent dans son cœur.

Il s'écroula contre le sol, et se posa contre ce même mur puis rapprocha ses genoux jusqu'à ses lèvres tremblantes sous les sanglots. Il regarda sa mère allongée sur le canapé, quand soudain la porte de l'appartement s'ouvrit.

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