Chapitre 5.

LA NUIT s'écoula dans cette intimité pleine de secrets, de confessions, jusqu'à ce que le soleil perce de derrière les rideaux. Nous n'avions pas dormi, tenu dans les bras de l'obscurité et de la douceur d'être enfin compris.

Je pouvais mettre des mots sur ce que je ressentais, sur mes peurs, mes rêves, ma santé mentale flagoleante, sans me sentir jugée. Je parlais de mon passé, de mon enfance, de l'angoisse de l'avenir, et Charles me partageait le sien, avec beaucoup de douceur.

"Tu veux un café ou aller dormir ? me proposa mon ami en voyant l'heure si matinale qui s'affichait sur son écran de téléphone.

- J'vais pas squatter deux soirs de suite...

- Tu viens de le faire, répondit mon ami en haussant les épaules."

C'était le signal que j'attendais pour me diriger vers le lit de mon ami et y commencer ce qui serait plus de l'ordre d'une sieste que d'une nuit. Charles s'y affala mais se tourna face à moi plutôt que de me faire dos, comme d'habitude.

"Estie, me murmura mon ami, les rayons du soleil filtrant sur son visage à travers le store. T'es une super chouette personne et t'es ma meilleure amie."

Il ajouta sa confession d'un sourire. Je me rapprochais de lui et plantait mes yeux dans les siens.

"T'es mon meilleur ami, chuchotais-je en retour."

Mon ami m'embrassa la joue, comme pour me dire bonne nuit et son visage s'enfonça dans l'oreiller. Je fis de même et enfouis mon visage dans la couette, me laissant quelques heures de sommeil. Mais il ne vint pas, malgré la fatigue qui m'envahissait, et mes pensées vagabondaient vers des sujets plus sombres. Je repensais à Augustin. Je me demandais s'il allait bien, s'il me détestait - à raison probablement. Je me demandais ce qu'il penserait de cette scène, ce qu'il penserait de cette nuit blanche. Il détesterait, probablement.

La respiration de Charles s'écrasait contre la pièce, lourde, régulière, comme pour me narguer, moi et mes pensées intrusives. Je me retrouvais face au plafond, à me laisser ronger par la culpabilité et les remords. Mes intestins se nouaient entre eux, j'avais mal à en avoir la nausée. Alors je tendis le bras jusqu'à atteindre le corps de Charles et le serrer contre moi. Même s'il était silencieux, je pouvais toujours entendre sa promesse. "C'est nous deux contre le reste du monde". C'était rassurant de le savoir là.

Le reste de ma très courte nuit se déroula plutôt mieux. Je me trouvais enfin apaisée.

Le réveil me laissa un arrière-goût amer. Les remords me tordaient toujours le ventre. Charles, mal réveillé, me laissa le serrer un peu plus fort contre lui, comme pour effacer toutes ces pensées envahissantes.

"Aucune de mes ex m'a jamais serré aussi fort, commenta-t-il en riant à moitié."

Il essayait de me décrocher un sourire et ça marchait à moitié. Je me sentais encore patraque et ma tête me faisait mal de tout ce que j'avais pleuré. Décidément, j'avais connu des jours meilleurs.

"Ca va pas ? me demanda-t-il tout bas, comme un secret."

Je n'avais pas envie de lui expliquer tout ce qui encombrait ma tête. Je n'avais qu'une hâte : me sentir enfin mieux. J'avais la gorge nouée de sanglots qui menaçaient d'éclater, peu importe ce que je faisais pour qu'ils se calment. C'était épuisant d'être moi.

"Je crois que je vais chercher un psy, confiais-je, la tête enfoncée dans le tee-shirt de mon ami. J'aurais jamais du venir ici."

J'avais besoin que ma mère me serre dans les bras. Une faim démesurée, insatiable, que de vouloir que ma mère me réconforte. Elle ne savait pas faire. Son étreinte me demeurait froide, ses mots me heurtaient. Mais je n'avais qu'une envie : être chez moi, à Saint-Palais, dans ce foyer sans amour, dans ce village que je détestais, avec ma maman pour m'écouter pleurer, me conseiller.

"Qu'est-ce que tu racontes, t'as envie d'être là. T'es juste submergée par tout, mais t'es contente d'être là.

- J'aurais pas du foutre ma relation en l'air pour ça."

Charles devait en avoir marre de moi, de mon incapacité à croire en moi, de mes questions sans réponse qui me torturaient l'esprit, de mon coeur qui me faisait mal, des souvenirs d'Augustin qui surgissaient.

"Pourquoi t'agis comme si c'était la pire décision de ta vie ? C'est la meilleure, je crois. T'as jamais pris des décisions pour toi. Ca a toujours été pour ton mec, pour ta meilleure amie, pour tes parents... là, c'est toi qui a décidé, pour toi. C'est incroyable, ce que t'as fait, tu sais ?"

Alors je ne savais pas prendre de bonnes décisions pour moi. Parce que ma vie était tombée en ruine depuis cet exact moment. J'aurais sûrement été mieux à Poitiers, dans une fac moyenne, près de mon ancien entourage. J'aurais eu une vie moyenne, une maison moyenne, mais ç'aurait été avec Augustin. A Lille, tout me faisait peur. Les gens m'intimidaient et ma colocation ne se passait pas si bien que je l'eus rêvé.

Je pensais à cette scène de Fleabag, dans le confessionnal. "I just think I want someone to tell me how to live my life, Father, because so far I think I've been getting it wrong" (Je pense que je veux juste qu'on m'explique comment vivre ma vie, mon Père, parce que jusqu'ici, je crois que j'ai rien compris*). J'étais de ces gens passifs, à qui il ne fallait pas laisser les rênes de leur vie. Il fallait qu'on décide pour moi. C'était tellement terrifiant.

Mais à qui pouvais-je véritablement le dire ?

Alors j'affichais un faux sourire, j'affirmais qu'il avait raison. Il l'avait sûrement un peu, au fond. Je devais être fière de moi. Mais cette fierté avait un goût amer. Comme si la médaille qu'on me décernait commençait à moisir. C'était douloureux, de faire le mieux pour soi.

Je trempais mes lèvres dans le café, je souriais, je faisais la conversation de bribes et je demandais à Charles de mettre de la musique. Un seul instant de silence et mes pensées refaisaient surface. Il décida de me remonter le moral, peu dupe à mes sourires pincés, et lança Walk on the Wild Side de Lou Reed. La guitare douce et l'ambiance de film de la musique m'allégèrent le coeur. Il y avait un aspect très cinématographique à tout ça : nos tasses de café remplies, les nuages gris et le ciel bleu. Charles se leva et commença à onduler des épaules en rythme, lentement. Il tendit la main, pour m'inviter : après quelques secondes d'hésitations, je le joignis dans sa danse timide et confuse. Nous murmurions les paroles à demi-mot, prenant plus d'aisance, au fur et à mesure que les mouvements de l'autre se libéraient.

A la fin de la chanson, nous étions un peu plus heureux, j'avais oublié mes soucis pour l'espace d'un instant, ou du moins, ils ne me semblaient plus si importants.

"Ok, je vais te demander de signer un contrat de confidentialité, lança Charles d'un ton très sérieux. Je viens de te donner mon remède contre les coups de mou mais ça sort pas d'ici."

Je lui tendis mon petit doigt, signe que ma promesse était très sérieuse.

"J'aurais pas cru, commentais-je un peu espiègle. Tu vois, je pensais à un Charles sasuke qui parle à personne, qui boit pour faire passer la douleur ou quoi.

- J'ai déjà donné, danser ça me semble pas plus mal, pour l'instant."

Ma remarque était maladroite et je m'en voulais. Mais Charles ne semblait pas l'avoir mal prise. Il assumait ce qui faisait part de lui. J'étais déséspérement jalouse.

"Je retiendrais le tip's, en tout cas. Merci.

- Rappelle toi, hein, le dis à personne. J'ai une réputation de dark sasuke à tenir, moi."

Je ne tardais pas trop à rentrer chez moi. Rochelle était en semi-coma sur le canapé, accompagnée de ses inséparables Clémentine, Maxence et Hyacinthe. Des cadavres de bouteilles jonchaient la cuisine, le salon sentait la cigarette et on pouvait trouver des cadavres de chips en forme de fantôme sur le sol, piétinés par une semelle sans pitié.

"Oh, salut Estelle. J'ai pas appelé, t'étais chez Charles, non ?

- Ouais.

- Il va bien ? demanda Clémentine."

Mon coeur me pinça de courroux. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire : elle squattait mon appartement en continu et en plus elle s'inquiétait de mon meilleur ami ? Qu'est-ce qu'elle voulait, ensuite, que je lui présente mes parents, qu'elle devienne la chouchoute de ma mère ?

"Super.

- Vous avez fait quoi ? s'enquit alors Maxence avec un sourire.

- Rien de spécial, répondis-je en haussant les épaules. On a fait des crises existentielles en mangeant des raviolis.

- La prochaine fois venez avec nous, ici c'était crise existentielle et tek-paf !"

Hyancinthe eut un mouvement de haut le coeur. Il y en avait un ici qui avait encore la tequila en travers de la gorge.

"La prochaine fois, c'est ce soir ! s'écria Rochelle. Hier, c'était que l'échaufffement."

J'étais pas sûre de l'échauffement, mais pour une fois, je ne protestais pas. J'avais bien besoin de quelques tek-paf. J'informais Charles par message, qui grogna qu'il voulait dormir mais qu'il passerait sûrement. Ca voulait dire qu'il passerait.

Le soir venu, Rochelle se glissa dans ma chambre. J'étais en train d'enchaîner les épisodes de ma série en échangeant des SMS avec Charles. La rousse s'assit sur mon lit, voulant visiblement me parler. Elle avait ramené deux bières. Je notais de m'inquiéter de l'état de son foie mais je reportais ça au lendemain.

"Dis moi, je me posais une question. C'est perso, t'es pas obligée de répondre.

- Va-y ?"

Je bus une longue lampée de bière pour l'amorcer. Je me demandais ce que le petit moi penserait de cette scène.

"Ca fait combien de temps que t'as pas baisé ?"

Je m'y attendais à moitié, venant de Rochelle.

"J'sais pas vraiment...un mois, à peu près ? Avant qu'Augustin parte en vacances, quoi.

- Ah ouais ? Vous aviez une vie sexuelle même en vous engueulant ?"

J'haussais les épaules.

"Ouais, entre deux crises de jalousie on trouvait le temps. C'était peut-être pour se prouver qu'on en valait encore la peine."

Je me plongeais dans mes réflexions. Mes souvenirs avec Augustin refaisaient surface. L'amertume me mordit le coeur.

"En vrai, on a beaucoup couché ensembles cet été. Dès qu'on avait du temps, en fait. J'sais pas trop pourquoi. Une fois, on s'est cassés de la soirée juste pour ça, rigolais-je.

- Eh beh, j'imaginais pas ça... constata Rochelle. Je pensais que quand un couple tombait au l'eau, le sexe aussi. Tu sais, comme dans les mariages."

Elle fit claquer sa bière contre la mienne et but une très longue gorgée.

"Fin bref, voilà, je me demandais si ça te manquait pas trop. J'pensais que ça faisait genre, cinq mois et que t'étais redevenue vierge."

Cette phrase réveilla quelque chose en moi. Ca faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie regardée, que je ne m'étais pas faite belle. J'étais tellement occupée à me voir sombrer que j'en avais oublié de chercher la validation. Je me traînais en soirée en jeans, alors que j'avais l'habitude de mettre des tops pailletés et des jupes qui s'envolaient avec moi quand je dansais.

Je ne savais plus qui j'étais vraiment. Et aux yeux de Rochelle et ses copains, je devais être une colocataire grognon qui fuguait et ne prenait pas soin d'elle.

Alors je pris du temps pour me préparer, ce soir-là. Malgré la fatigue qui tirait mes traits. Je fis un trait de liner soigné, Rochelle tressait quelques mèches de mes cheveux en parlant de sa vie, et je ressortis mon haut de soirée que j'avais à peine sorti du carton. Je ne l'avais pas mis depuis nos vacances tous ensembles. Les souvenirs m'assaillirent mais je les noyais avec une autre bière. Je sortis le grand jeu en déposant quelques strass aux coins de mes yeux.

Les invité.e.s commencèrent à arriver, déposant leurs bouteilles dans la cuisine. Je me demandais combien de personne Rochelle connaissait. J'attendais Charles en fumant une clope sur le balcon. Mais quelqu'un m'adressa la parole avant mon ami. Il n'était pas franchement mon style, me taxa mon briquet et resta ici à me parler.

Je me demandais si je lui plaisais. J'avais l'habitude de me dire que chaque personne à qui je parlais voulait me draguer, tout en nourrissant un profond dégoût de moi-même. Il me proposa une taffe de son joint. Je voulais faire taire tout les souvenirs parasites de ma tête, alors j'acceptais. Il s'appelait Maximilien, mais tout le monde l'appelait Max, il voulait poster sa musique sur SoundCloud mais n'avait pas le courage, semblait avoir un hygiène questionnable et ses yeux bleus avaient des traits tirés, une allure fatiguée.

Je ne savais pas s'il me plaisait, mais je voulais lui plaire.

Alors nous parlâmes sur le balcon, longtemps. Jusqu'à ce que mon verre soit vide. Alors je rentrais. Croisais le regard perplexe d'un Charles qui discutait avec Clémentine. Sacrée sangsue. Maximilien ne me lâchait pas. Je voulais parler à mon ami mais le bougre tenait à me faire goûter son mélange get27 coca. Je bus pour lui faire plaisir. Ca n'était pas aussi mauvais qu'il y paraissait, mais je ne voulais pas lui dire.

Alors je paniquais, et je flirtais. Je devenais un peu tactile, un peu railleuse, aussi. J'avais besoin de savoir que je plaisais. Alors je continuais à boire. Je pensais à ce que Rochelle avait dit. Après tout, elle avait raison. Ca me manquait, l'intimité, l'unité de deux corps.

Et puis, comme à chaque fois que j'avais bu, je commençais à parler d'Augustin. A faire fuire Maximilien. Il partit aux toilettes et ne revint jamais. Je partis fumer une autre clope en martelant le bouton appel. Augustin avait posté une story. Il était en soirée aussi. Il était sur son téléphone. Pourquoi ne répondait-il pas ? Il était sûrement en train de draguer quelqu'un, une fille plus jolie que moi, une fille qui ne l'abandonnerait pas. Je rappelais. Pourquoi arrivait-il à draguer et pas moi ?

Alors que j'écrasais rageusement mon mégot, Charles vint me rejoindre sur le balcon.

"Ca va Estie ?

- Augustin me répond pas.

- Rien de nouveau sous le soleil."

Sa désinvolture m'agaçait. Je pris son téléphone dans sa poche. Je me souvenais du code.

"Eh ! protesta-t-il. Qu'est-ce que tu fais ?

- T'as son numéro, expliquais-je. Si c'est toi qui l'appelle, peut-être qu'il répondra.

- C'est le raisonnement le plus con que j'ai jamais entendu, soupira Charles. Il pouvait pas me saquer, pourquoi il répondrait à mes appels ?

- Parce que c'est un mec gentil et que si tu lui envoies un SMS pour dire que t'as besoin d'aide, il répondra sûrement."

Mon ami soupira longuement. Il ne me dit rien, n'ayant pas l'envie de me faire comprendre que c'était une très mauvaise idée. Me voyant écrire mon texto, il se roula un joint.

"T'as trouvé un dealos, toi ?

- Clem, me répondit-il en un grognement, visiblement très concentré."

Je m'appliquais à envoyer un message, puis je pressais le bouton appel. Les tonalités résonnèrent au creux de mon oreille. Messagerie. Mon plan avait échoué. Je retentais, une fois, deux fois, trois fois.

"Il va finir par porter plainte pour harcèlement, tu sais.

- Au moins on se croisera au commissariat.

- T'es en train de vriller stalker, j'espère que tu t'en rends compte."

Je retentais une fois. Une tonalité. Deux tonalités.

"Qu'est-ce qu'il y a ? grogna une voix."

Elle était si familière, et pourtant si lointaine. Les larmes me montèrent aux yeux à l'idée de devoir lui répondre. J'avais été si machinale, si peu convaincue du résultat, que je ne savais pas du tout ce que tu voulais lui dire.

"C'est Estelle, bredouillais-je d'une toute petite voix."

Je constatais un Charles interdit, qui ne s'attendait pas plus que moi à ce qu'il se passait.

"J'me suis douté."

Sa voix était très sèche. Il prit une grande inspiration.

"Tu veux quoi ? Ma nouvelle adresse pour m'envoyer une autre lettre ?"

Il l'avait bien reçue. Et pourtant, ça ne suffisait pas. Mon coeur se serra dans ma poitrine. Une larme solitaire fit son chemin sur ma joue. Mince alors, j'avais déjà bien assez pleuré!

"Je voulais juste avoir de tes nouvelles. Qu'on mette... des mots, sur nous.

- Y'a plus de nous, putain, y'a plus de nous depuis que t'as décidé de partir sans rien me dire.

- Je voulais juste savoir comment t'allais...

- Bah demande à Daphné, la prochaine fois. Je veux plus te parler. Je veux plus jamais avoir affaire à toi."

Ses mots me heurtaient, mais ils me ferait mal plus tard. J'étais sonnée, dans un état second.

"Me rappelle plus."

Et il raccrocha.

C'était officiel. Je n'étais plus avec Augustin.

Sur ma rupture résonnait Ne reviens pas, qu'un petit malin avait mis à fond. Je rendis son téléphone à Charles, ne pris pas le temps de pleurer et rejoignis la soirée. Je pris des tek-paf avec Rochelle, je criais avec les gens de la soirée. J'extériorisais.

Rochelle s'était doutée que quelque chose n'allait pas. Elle m'avait rempli des petits verres à shots d'eau en prétendant que c'était de la tequila. Peut-être que Charles lui avait dit. Ca ne m'intéressait pas. Je buvais de la vraie tequila pendant qu'ils ne me regardaient pas. J'espérais que chaque gorgée m'éloigne un peu l'échos des phrases qui tournaient en boucle dans ma tête.

Maximilien était parti. Ce n'était peut-être pas plus mal, mais vu que Maxence n'était pas venue, je n'avais personne à embrasser. Et puis, subitement, l'éclair de génie. Charles sur le balcon, qui fumait encore. La sangsue n'était pas avec lui. C'était ma chance.

"Eh, Charlot, ça te dit pas qu'on s'embrasse ?

- Qu'est-ce que tu racontes, Estie ?

- Bah..."

Je m'affalais lourdement contre le balcon.

"Toi, t'enchaînes les plans culs. Moi, j'ai envie d'un plan cul. On s'est déjà embrassés. Les conditions sont parfaites.

- T'as pas envie d'un plan cul, t'es complètement bourrée.

- Et alors ? Lou aussi elle était bourrée, ça t'a pas empêchée de coucher avec ! C'est quoi ton problème ?

- Mon problème, c'est que t'es ma meilleure pote. Je vais pas être ton plan cul. Et Lou, elle était vraiment moins bourrée que toi. "

Je ne lui plaisais pas. Je ne plaisais pas. J'étais vouée à la solitude et à m'acheter des dildos sur Internet.

"Tu viens d'avoir Augustin au téléphone, t'es complètement secouée en plus d'être bourrée. Je serais pas ton coup d'un soir.

- Augustin veut plus jamais me parler."

Je me laissais tomber au sol, oubliant l'idée de plan cul. Je me sentais triste. J'avais enfin pris le coup de poing dans la mâchoire.

"J'pensais pas l'avoir rendu aussi triste, tu sais. J'pensais vraiment avoir fait le mieux pour lui. Pour moi. Pour nous."

Je m'allumais une cigarette. La tristesse me terrassait.

"Je voulais bien faire, bredouillais-je, la voix mangée par les larmes. Je voulais vraiment bien faire.

- Il s'en remettra, Estie. On se remet de tout."

La main de Charles sur mon épaule essayait de me réconforter. Mais la tête me tournait et je regrettais d'avoir autant bu.

"Il aura juste besoin de te détester quelques moments. Mais la colère, c'est comme un feu. Ca finit par s'arrêter. Ca a juste besoin de détruire un peu de choses avant. Alors il te parlera plus pendant un moment, il voudra plus te voir, il va sûrement déchirer des photos de vous, que sais-je, mais il va arrêter d'être en colère un jour. J'te promets, Estie. Tout ira mieux."

J'y croyais vaguement mais je savais qu'au fond, il avait raison. Tout irait mieux. En attendant, les larmes ruisselaient sur mes joues, ruinant mon maquillage. Tout irait mieux mais pas aujourd'hui.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top

Tags: #ahgars