Je me rappelle que l'on m'a souvent dit que je pouvais devenir qui je voulais. Quand j'étais plus jeune, cela revenait pour moi à un simple champ de possible, aussi vaste que le monde lui-même. Une manière de dire que je n'avais aucune limite, à part celles que je me fixais moi-même. Bon, ce n'était peut-être pas tourné tel quel, mais l'idée ressemblait à peu près à ça. Mais récemment, cette phrase m'est revenue en tête, et ça a entraîné des questions assez complexes. Si je peux être ce que je veux, je peux me forger selon ma volonté ? Ainsi je peux tout être. Mais si je peux en effet devenir n'importe quoi, alors je ne suis d'un autre côté absolument rien.

Et je suis finalement arrivé à cette question : qui suis-je ?

J'ai vite compris que je ne pourrais jamais réellement répondre à cette question. Une personne qui affirme se connaître à la perfection est soit un menteur, soit bernée d'illusions. De plus, la réponse va évoluer au cours de notre vie. L'enfant que nous étions sera différent de l'adolescent, qui le sera tout autant de l'adulte.

Je vais donc essayer de répondre à cette question, à travers plusieurs arguments ou anecdotes pertinents.

Je me suis d'abord demandé : comment puis-je me décrire ? Puis-je exister en tant qu'individu ? Cependant, j'arrive vite à la notion de relation avec les personnes qui m'entourent. Donc les personnes qui forment mon entourage me définissent ? Après tout, ne dit-on pas qui se ressemble s'assemble ? Donc, si l'on part du principe que les autres me définissent, alors une nouvelle problématique pointe le bout de son nez : qui ou quoi définit mon entourage ? Si l'on reste sur le même mode de réflexion dans l'optique d'être cohérent, alors l'entourage de mon entourage définit mon entourage. Et ainsi de suite, par récurrence, nous allons petit à petit remonter dans les générations, pour revenir jusqu'à des temps immémoriaux, voire jusqu'aux premiers Hommes. Et c'est ici que, pour moi, nous arrivons dans une impasse. En effet, comment les premiers Hommes pouvaient se définir par eux même ? Si nous n'acquérions pas notre personnalité par nous-mêmes, comment eux l'aurait-il fait ? La seule explication pour moi serait l'intervention divine, d'un ou plusieurs dieux selon les croyances. Mais je ne crois en aucun dieu, quelle que soit leur nature ou leur provenance. Je vais donc partir du principe que ce n'est pas la réelle explication. Je tiens tout de même à préciser que je ne méprise en rien les religions, et que chacun est libre de croire ce qu'il souhaite.

Nous venons ainsi de voir que mon entourage ne suffit pas à me décrire. Il y aurait donc bel et bien un moi qui me rend unique. Cependant, ce moi résulte de nombreux facteurs. Nous en parlions au dernier paragraphe, l'entourage influence grandement ce moi. Le premier facteur est les parents, qui nous éduquent à travers leur vision de la vie et leurs valeurs. Il y a également l'environnement comme le pays, la culture, l'histoire, la richesse, les traditions, le régime politique, etc. Enfin, les rencontres que nous faisons dans notre vie, les expériences vécues, tout cela nous définit.

Mais parmi tous ces nombreux éléments qui nous influencent, où se trouve le moi ? Suis-je vraiment enclin à décider de ma personnalité ? Si oui, est-ce quelque chose d'ancré en nous, de totalement immuable, qui dictera nos choix et notre comportement toute notre vie ? Et si non, comment prenons-nous des décisions ?

Avant de poursuivre ma réflexion générale, je vais raconter deux petites expériences/conversations que j'ai eues, qui peuvent apporter des éléments intéressants ici.

La première est assez simple. J'étais au supermarché avec mon père, en train de faire des courses. Dans un rayon de nouilles instantanées, une jeune fille (environ 14 ou 15 ans, je pense) fait tomber un paquet au sol. Mais à la place de le ramasser, elle le pousse discrètement (à priori pas assez puisque mon père et moi l'avons remarqué) sous le rayon. Hors l'aspect irrespectueux de l'acte, je me suis sincèrement demandé : est-elle responsable de son choix ? Elle était encore jeune, probablement encore logée chez ses parents. Il y a donc de fortes chances qu'elle obéisse encore régulièrement à ses parents. Ainsi, si par réflexe elle a préféré cacher sa faute plutôt que de l'assumer, n'est-ce pas à l'origine car ses parents lui ont inculqué ce genre de valeur, ou par mimétisme ? Ou est-ce simplement le comportement d'une gamine capricieuse ? Il n'y a sûrement pas de bonne conclusion sur cette anecdote.

Ensuite, j'aimerais vous parler d'une conversation que j'ai eue avec un ami. J'ai réfléchi à cet essai pendant plusieurs mois, et j'en ai donc fatalement parlé à mes proches. Le sujet divaguant un peu, nous sommes finalement arrivés à ce que je m'apprête à vous raconter. Mon ami a fait énormément de voile quand il était plus jeune, plus précisément du catamaran. Il m'a toujours dit qu'il aimait ça, qu'il faisait des compétitions, qu'il y passait tous ses week-ends... Enfin bref, l'éclate quoi, sans rien de spécial à noter. Cependant, quand je lui ai demandé pourquoi il a commencé la voile, il m'a raconté que son père adore ce sport, et qu'il lui a en quelque sorte transmis sa passion. En vérité, son père l'a fortement poussé, pour ne pas dire forcé, à faire de la voile. Puis l'obligation s'est petit à petit transformée en activité sympathique à laquelle il prenait beaucoup de plaisir avec le sentiment de progression. J'en reviens donc au sujet de cet essai : le goût de mon ami pour la voile est-il artificiel ? En effet, il n'aimait pas la voile à la base, mais au fur et à mesure que son père lui en ait fait faire, il s'est mis à apprécier passer son temps sur l'eau. Donc son père l'a influencé au point d'ancrer dans sa personnalité le goût pour ce sport nautique. Ce ne serait donc pas son choix ? Cependant, mon ami affirme qu'il aime la voile, et je le crois. Nous pourrions donc nous dire que ce qui au début était artificiel, et devenu par la suite une part de lui-même.

Je vais donc conclure cet essai par mon avis, une sorte de petite théorie que j'ai mise au point. Je pense qu'il existe en réalité deux moi. Le premier est fixe, constant. Il n'est pas clairement définissable, mais agit comme noyau à notre personnalité. Ce sont des aspects qui sommeillent en nous, qui sont là depuis notre naissance, et qui seront sûrement là à notre mort. Ces aspects nous viendraient en grande partie de nos parents via l'héritage génétique, ou alors de traumatisme. Ensuite, il y a le moi évolutif, s'articulant autour du moi fixe. Celui-ci est plus clair à définir, mais je pense plus complexe. En effet, le moi évolutif serait les aspects du moi qui changent au cours de ma vie. Que ce soit par les rencontres, les expériences, ou n'importe quel autre facteur, le moi évolutif va vivre des choses, et en ressortir un comportement à avoir ou non dans certaines situations. En plus de cette tendance à changer, le moi évolutif va aussi montrer qu'une partie de son intégralité en fonction du moment. En effet, il a de fortes chances que vous n'agissiez pas de manière identique avec votre famille qu'avec vos amis, qu'au bar, ou lors d'un entretien d'embauche. Pareillement, allongé dans votre salon, vous serez de nature plus calme, contrairement à si vous étiez piégés au milieu d'une avalanche, logique.

Un des éléments dont je n'ai pas vraiment parlé est la génétique. Une partie de notre personnalité est directement liée à nos parents comme je l'ai déjà évoqué. Mais l'aspect génétique dont je ne vais pas parler est le côté maladie génétique, comme la trisomie, ou les troubles du comportement comme l'autisme. Je ne dénigre pas ses aspects, mais ne connaissant personne dans ce genre de cas, je préfère éviter le sujet pour ne pas dire de bêtises.

Ainsi s'achève le premier essai philosophique sur : qui suis-je ? J'espère que ça vous aura plus, et que vous avez trouvé ça intéressant. Il peut paraître court, mais le but ici n'est pas de lire des phrases qui mesurent des kilomètres pendant des heures, mais simplement de se laisser divaguer à une réflexion pendant une grosse dizaine de minutes. N'hésitez pas à me donner votre avis en commentaire, je me ferai un plaisir d'y répondre !