Chapitre 44 - Fin de soirée
Ayden fit volte face et s'approcha de moi. Il m'attrapa par les épaules et me parla mais aucun son ne sortit de sa bouche. Il me secoua. Ses traits changèrent. La lumière s'assombrit et reprit une nuance plus actuelle. La musique se mit à disparaître dans un étouffement régulier. Devant moi Aodren qui me zieutait, soucieux.
- Oh, tu me vois là ?
Bien entendu que je le voyais. J'étais revenue dans le monde réel,à moins que je ne sois jamais partie. Plus de musique, plus de soirée. Une simple fin de journée, avant veille de rentrée. Tia me donna une tape dans le dos qui claqua si fortement que j'en courbai l'échine.
- Ben vi qu'elle nous voit. Comme d'hab elle rêvasse !
Derrière Aodren, au fond de la salle, adossée au bar, Judicaëlle,yeux rivés sur moi, analysait mes réactions. Je compris instantanément qu'elle ne me tuerait pas. Elle m'avait investie d'une mission peu commune pour une étrangère à sa famille :rendre justice sur le passé qui avait impacté le présent de manière malheureuse. Je détournai mon regard d'elle pour me concentrer sur Aodren.
- Tout va bien, ne t'inquiète pas.
Décidée à garder pour moi cette vision d'une histoire révolue, je cloisonnai mon esprit pour me prémunir de toute intrusion de la part de mon amoureux trop curieux. Il grimaça, signe de déception. Cet obstacle devait sûrement être perçu comme un rejet. Seulement j'étais persuadée que moins il en savait, plus j'aurais la possibilité de comprendre ce qui était arrivé à Judicaëlle et ainsi l'aider à se libérer pour se rendre dans un repos éternel.Il me prit par la main et me conduisit vers la salle à manger.
Sur la table se trouvaient des mets alignés afin de permettre à tout un chacun de se servir. Divers légumes avaient été cuisinés pour offrir un large choix ; un poisson qui dégageait un agréable fumet étaient au centre de cette parade colorée. La table avait été habillée d'une nappe écrue aux motifs fleuris, un peu anciens. Tia s'installa près de moi, Aodren me faisait face et Jake s'assit à son côté. Nous mangeâmes en discutant de nos devoirs à venir, de la fin du premier trimestre et des moyennes que nous aurions. Nous abordâmes le délicat sujet de l'orientation post baccalauréat. Ce n'était pas un sujet anodin pour Tia, car elle était en conflit avec ses parents. Elle souhaitait faire des études de psychologie mais sa famille se faisait beaucoup de soucis concernant les débouchés possibles une fois les études terminées.En effet, elle n'envisageait pas de se lancer en tant que psychologue. Seul la matière suscitait son intérêt. Elle plissa les yeux pour notifier sa gratitude envers la compréhension exprimée par ses hôtes. On nous enjoignit de rassembler les affaires de Tia car elle devait être reconduite chez elle.
Dans la vie d'un adolescent, la sociabilisation rythme le quotidien et les pensées. Trouver sa place auprès de ses semblables conditionne une partie importante de son bien-être. Les adultes ne paraissent pas partager les mêmes priorités ni même intégrer dans quelle mesure ces éléments pouvaient impacter les relations qu'ils développaient et découvraient au fur et à mesure de leur existence. Lorsque deux adolescentes se rassemblaient pour évoquer leurs secrets, il était donc logique de s'attendre à l'évocation d'amourettes si chères à leurs yeux mais qui deviendraient anodines avec le temps. Apprendre l'amour est une chose longue et fastidieuse,seulement nous ne songions pas à cela. Notre discrétion n'était due qu'à la nécessité d'échanger en cachette sur un mystère qui envahissait nos esprits. Tia ne savait pas fermer ses pensées à Aodren ; néanmoins ses bavardages incessants étaient la clé pour « noyer le poisson ». La promesse qu'il avait faite était une autre assurance qui s'avérait bien appliquée et donc gage de la préservation de ce dont nous comptions débattre. De fait, il fut aisé d'énoncer un descriptif détaillé de la scène qui m'avait été projetée, cinéma réaliste bien qu'inexistant ensoi puisque terminé. Tia, inquiète, chevrota le besoin d'explorer le dédale des passages cachés pour accéder aux autres chambres. Le temps jouait contre nous et il ne nous était pas possible de nous lancer dans une exploration avant le départ de mon amie. D'ailleurs,un « toc toc » sur la porte de ma chambre stoppa net notre discussion. Aodren entra dans la pièce et signifia qu'il était temps de conduire Tia chez elle. Dehors la pluie battante contraint la mise en route des essuies-glace. Les phares mettaient en valeur les trombes d'eau qui coulaient au bord de la route. Lorsque les parents de mon amie ouvrèrent leur porte pour nous accueillir, son père observa Aodren de la tête au pied, curieux de voir à quoi ressemblait celui qui avait obtenu ma tutelle si rapidement. Sa mère,contre toute attente, parue charmée par l'apparence et le charisme qu'il dégageait. Elle nous proposa une boisson chaude avant de repartir, mais Aodren déclina poliment, en expliquant qu'il avait du travail qui l'attendait. Je me demandai si c'était vrai ou si c'était une excuse pour échapper à une série de questions qu'il ne souhaitait pas affronter une fois de plus. Après un au revoir chaleureux, nous retournâmes à la voiture pour prendre la route en direction de la maison. Il n'était pas tard une fois que nous passâmes le pas de la porte. Plusieurs personnes s'affairaient dans la grande salle. Des femmes portant des paquets de linge allaient ici et là, d'autres nettoyaient le sol. Quelques unes écoutaient l'homme qui s'était présenté à moi plus tôt dans la journée. Aodren me prit par la main et me mena vers le grand escalier. Tous le saluaient à son passage. Il me raccompagna jusqu'à ma chambre. Une fois seuls, il me prit contre lui, inspecta une fois de plus mon visage.
Te voir blessée ainsi ne me plaît pas. J'espère que tu as passé de bons moments avec ton amie. Tu étais très fatiguée. Comment te sens-tu ?
- Tu ne cesses de me demander comment je vais. Je ne suis pas non plus un oisillon à peine éveillé. Ce n'est pas grave si je me fais mal parfois. C'est quelque chose de courant chez les jeunes, tu sais.On est un peu casse-cou alors il va falloir t'habituer !
Il se mit à rire et me serra fort contre lui. Mon nez était plongé contre son torse et je pouvais sentir son odeur masculine. C'était enivrant et excitant. De sa main il me caressa les cheveux. Je me collai contre son corps. Je pris une grande inspiration pour que son parfum m'emplisse entièrement. Ainsi j'avais une impression de protection totale. C'était étrange et agréable en même temps. Il se décolla de moi pour plonger ses yeux dans les miens. Son regard était particulier. Me vinrent nos moments intimes en tête. Je revivais mentalement nos ébats et mon cœur bondit d'un seul coup dans ma poitrine. Mes joues s'empourprèrent. Il déposa doucement un baiser sur ma joue, puis au creux de mes lèvres avant de glisser sa bouche sur la mienne. Langoureusement nous nous embrassâmes. Je glissai mes mains sur sa peau après les avoir faufilées sous sa chemise. Cela le débrailla. Tout en continuant à m'embrasser il se déboutonna. J'en profitai pour embrasser sa poitrine, suivre de mes doigts ses abdominaux. Je détachai sa ceinture tandis qu'il me déshabillait. Il m'attrapa et m'allongea sur mon lit. Une fois nus,nous nous installâmes sous les couvertures. Il touchait chacune des parties de mon corps, ce qui me fit réagir instantanément. Il se plaça au dessus de moi pour ne faire plus qu'un avec moi. Cette symbiose m'avait manqué. Nos corps se frottant l'un à l'autre dans un rythme de plus en plus rapide, calés sur notre plaisir partagé,suant d'amour. Ces sensations si fortes étaient incontrôlables.Quand j'atteignis cet exquise explosion intérieure je l'entendis émettre un râle de jouissance. Il s'écrasa sur moi, embrassant mes épaules nues. Je me demandais si c'était la raison pour laquelle il n'avait pas voulu s'attarder chez Tia.
Tuas bien saisi en effet... J'avais envie de te garder rien que pour moi... Ne pas accéder à ton esprit est comme une torture pour moi.J'aime savoir ce que tu penses, ça me rassure. C'est un effort constant d'aller à l'encontre de ma télépathie qui est naturelle pour moi. Mais j'ai tenu ma promesse et je continuerai à la respecter... Pour toi.Parce que je t'aime.
Ces derniers mots me firent réagir. Je le repoussai pour voir son visage. Il se demandait pourquoi j'agissais de cette manière.
- Tu as dit quoi ? M'enquis-je de demander.
L'air renfrogné il répéta ses propos mentalement en omettant la dernière phrase.
- Non, après ça... Dis le moi à voix haute, je veux l'entendre.
- Je...je t'aime.
Il rougissait et évitait mon regard. En cet instant j'étais heureuse comme jamais. Je le tirai à moi et lui susurrai :
- Moi aussi je t'aime, Aodren. Dis le moi encore... et encore...et encore !
Il me câlina en me chuchotant tout un tas de mots doux. Nous nous abandonnâmes l'un à l'autre, excités comme jamais, pour nous endormir une fois épuisés de ces ébats intenses.
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