Chapitre 34 - Attaque


La sonnerie de mon téléphone retentit. Tia. J'étais dans mon lit. Aodren avait dû me coucher car je m'étais sûrement endormie sur le canapé. J'espérais juste ne pas avoir ronflé... Je n'osais pas imaginer la honte si cela avait été le cas

- Hey, Ena, ça roule, ma poule ?

- Oui ! C'est toujours ok pour toi demain ? On te récupère vers onze heures, ça te convient ?

- Au top ! J'ai beaucoup pensé à toi hier... Mais ça semble aller ?

- Oui... Mon cousin a été odieux, comme d'hab ! On est rentré ce matin et il y a la sœur d'Aodren. Tu serais fan d'elle si tu veux mon avis !

J'avais attisé sa curiosité, chose facile quand on connaissait bien Tia. Elle adorait tout savoir et cancaner pendant des heures. Nous papotâmes de tout et de rien. Elle me raconta les potins sur les amourettes des copains. Erna et Sacha n'étaient plus ensemble, elle était amoureuse de Côme désormais. Tia et Camille avaient échafaudé un plan pour qu'ils se retrouvent mais Inès aurait désapprouvé l'idée.

- Elle nous a fait un véritable caca nerveux, t'imagine même pas !J'te jure, un truc de malade ! Elle s'est mise à chialer, elle m'a saoulée ! Franch'ment, j'ai pas compris pourquoi elle a gueulé !

- Est-ce que ça te serait venue à l'idée qu'elle soit amoureuse aussi de Côme ?

- Elle ? In love ? T'rêves grave toi !

En parlant je me rendis compte que la porte de ma salle de bains était ouverte. Je me levai en écoutant les suppositions de mon amie pour aller la fermer. En approchant, je constatai que la lumière clignotait.

- Tia, j'dois te laisser. Je te dis à demain alors ? Prévois de quoi s'amuser, on pourra rigoler comme ça pendant toute la nuit !

- Pas de soucis ! Par contre, on pourra faire l'DM de maths ?J'ai rien fait et c'est chaud... En plus cet imbécile de Naël a pas voulu m'aider !

La conversation se termina sur notre détermination à nous entraider face au challenge lancé par cette évaluation stupide à faire pendant les congés. J'avais rédigé mon devoir, mais comparer mes résultats aux siens ne me ferait pas de mal. Je glissai mon téléphone dans la poche de mon pantalon. Je poussai doucement la porte de la salle d'eau. Un air frais s'engouffra dans la chambre. Elle était là. Judicaëlle s'admirait dans mon miroir.

- Que fais-tu ? Je n'ai pas encore trouvé ce que tu m'as demandé, mais si tu m'expliques, je pourrais peut-être t'aider...

Elle me fit face. Son visage blafard était effrayant et mon cœur battait la chamade. Je me retenais d'hurler. La peur m'envahissait. Il fallait pourtant que je l'affronte pour avancer dans mes recherches. Elle voulait me délivrer un message et je devais décrypter ce qu'elle souhaitait pour la soulager et lui permettre de reposer en paix.

- Tu n'en as pas assez de traîner ? Je te l'ai dit, si tu ne fais rien, c'est moi qui te tuerai.

- Judicaëlle, c'est ton prénom, c'est ça ? J'essaie de suivre tes ordres, seulement tu me révèles trop peu d'indices pour que je puisse réussir la mission que tu me donnes...

L'ampoule claqua. Seule son aura bleutée éclairait désormais la pièce. Je fis un pas en arrière, mais ma chambre était également noire. Tout était flou. Je me vis allongée dans mon lit, en train de dormir, téléphone à la main. Un bruit de tonnerre lointain résonna. Je marchai au ralenti. Elle, par contre, parut plus clairement. Son aura avait disparu.

- Pour pouvoir aller plus loin, tu dois comprendre tout d'abord qui nous sommes. Cette maison a été conçue pour protéger les Juhel. J'avais un carnet dans lequel je consignais tout, je l'avais caché dans la chapelle, la petite. Mais elle a été murée. Tu dois t'y rendre. Emprunte les passages dans les murs et tu pourras t'y rendre.

- Dans les...murs ?! Comment est-ce possible ?

- Fais attention aux Winsor. Ils sont nos ennemis, ils sont dangereux. C'est à cause d'eux que je suis comme ça. Il faut que tu trouves des cartes pour comprendre. Il doit y en avoir dans la chambre du Pape. C'est une chambre au deuxième étage. Fais attention. Ils sont dangereux. Je suis prête à tout pour les contrer.

- Pourquoi sont-ils dangereux ? Qui sont-ils ?

Son visage se renferma. Elle continua son explication, ce qui était déjà une victoire car pour une fois je pouvais communiquer à peu près normalement avec elle.

- Tu es talentueuse, comme ton inspiration. Elle t'a insufflé son don pour éviter de se le faire voler. Elle en est morte. Nous avions des temps d'échange réguliers. Toi tu es longue à la détente. Comment ne pas saisir la situation ?

- Mon...inspiration ? Je ne vois pas de quoi tu parles !Tu peux être plus claire ?

- C'est pourtant limpide, tu es juste stupide. Je suis prête à tout pour protéger ma famille. Méfies-toi du Diable, c'est le plus dangereux. Je me suis faite avoir. Pourtant ce n'était qu'un gosse ! S'il le faut, pour que les miens survivent, si tu ne fais rien, c'est... moi...qui... te...TUERAI !

Ses traits se déformèrent en une entité digne d'un jeu d'horreur. Un orage éclata, j'entendis un craquement et des cris au rez-de-chaussée, puis les pleurs d'Ophélie. Judicaëlle tendit les bras et avant que je ne puisse réagir elle empoigna ma gorge. Elle commença à serrer. Je me débattis. Je tentai d'hurler mais aucun son ne sortit de ma bouche. Je me décidai à appeler Aodren mais je ne pouvais formuler le moindre mot. J'étouffai. Je pensai fortement à lui, indiquant que j'étais en danger.

Que se passe-t-il ? J'arrive !

J'entendis des pas dans ma chambre. Lewis apparu instantanément à côté de mon lit, comme par magie; il posa sa main sur mon front et paru paniqué. Aodren, suivi de Jake et d'Aela déboulèrent dans ma chambre. Aodren prit mon corps dans ses bras. Je ne ressentais rien, j'observais la scène de ma salle de bains. J'étais hors de mon corps! Je ne savais même pas comment j'avais pu faire ça !

Enaya ! Tu m'entends ? Réponds-moi !

Je l'entendais, mais je n'étais pas dans mon enveloppe charnelle, donc j'ignorais comment me manifester. Heureusement pour moi, il pouvait lire les pensées et donc il réussit à entretenir un contact avec moi. Je lui montrai ce qui était en train de se passer. Il recula et lança un regard dans ma direction, sans me percevoir, avant d'ordonner à Jake l'impossible.

- Jake, prends le contrôle de son corps ! De suite !

- Tu es sûr que... ?

- Fais ce que je dis !

Jake s'immobilisa avant d'être projeté en arrière, s'écrasant contre mon bureau et renversant tout. Je suffoquai, je n'allais pas tenir bien longtemps. Aodren se mit à crier :

- Judi, je t'en supplie, laisse-là, elle est tout pour moi !J'ai déjà perdu Véronica, je ne veux pas la perdre elle non plus ! Sans elle, je... Je ne suis rien ! Pitié !

L'entité qui me tenait entre ses mains cessa soudainement son action et me lâcha. Je m'affalai par terre. Je me relevai et me jetai sur mon corps. J'ouvris les yeux en respirant d'un coup, comme si je m'éveillai après m'être noyée. J'étais redevenue moi. Aodren me prit dans ses bras.

- Enaya, Enaya ! Tu m'as fait une peur bleue ! Comment te sens-tu ? Que s'est-il passé ?

Je l'étudiai : il était apeuré, comme si je revenais d'entre les morts. Je me réfugiai contre lui autant que possible. Je venais de vivre une expérience incompréhensible.

- Allons au salon. Il faut qu'on parle, annonça Aela.




























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