Chapitre 23 - Shopping
Après avoir terminé mon rendez-vous, Aodren me conduisit en centre ville. Il devait régler des affaires diverses, autant me concernant moi que lui. Je n'avais jamais songé à lui demander ce qu'il faisait pour gagner sa vie, pour être aussi riche. Chaque fois que je le voyais il portait toujours des tenues à la mesure de son portefeuille et il était facilement reconnaissable de ce point de vue là.
Certes son physique était banal, quoique très charmant; ceci étant il ne pouvait renier son goût prononcé pour le luxe. A chaque endroit où il se rendait les employés le connaissaient, tel un homme d'affaires célèbre dont il ne fallait pas perdre la clientèle.
Il m'emmena à la banque, pour m'ouvrir un compte. Le conseiller financier semblait très curieux et en même temps il n'était pas étonné. Aodren avait dû régulièrement emmener d'autres membres de sa famille plus jeunes, puisque Jake avait sous-entendu qu'il était un pilier pour les autres. J'obtempérais à chaque chose qui m'était demandée : signer ici, parapher là...
A la fin, le banquier me précisa les modalités d'utilisation de ma carte bancaire. Il était ravi d'avoir une nouvelle cliente, surtout lorsqu' Aodren fit transférer un montant plus qu'important sur mon compte personnel, malgré mes refus répétés. Jamais je n'aurai autant d'argent en si peu de temps, même en travaillant dur.
Après ces formalités, Aodren parla au conseiller de ses affaires personnelles. Il décrivit des mouvements de fonds qu'il souhaitait voir sur ses divers comptes, les citant de tête. Ils parlèrent de placements, d'investissements ; ma compréhension des éléments de ce milieu étant limitée, j'attendais sagement qu'ils terminent.
Aodren me mena ensuite dans une boutique de vêtements. Le genre de boutique dans laquelle les marques et les prix abondent bien plus que les bons coups. Aodren me proposa des tenues pour des occasions variées : une soirée, un cocktail, mode relax à la maison, ambiance sport, tenue quotidienne chic, ensemble de lycéenne classique...
Puis il me proposa une robe élégante noire, assortie d'un mini haut de forme en barrette. Je fus contrainte d'essayer chacun de ces vêtements pour m'assurer qu'ils m'allaient. Il m'imposa de porter une des robes qu'il venait de choisir. Même si j'avais mon propre compte bancaire, je n'avais pas encore ma carte. Aodren régla la note pour moi.
De toute façon, à mes yeux, c'était du pareil au même car l'argent déposé sur mon livret provenait de ses revenus. Les vendeuses chuchotaient et m'observaient avec jalousie.
Aodren portait des tas de sacs. Afin d'assortir les tenues jusqu'au bout, il dépensa son argent en chaussures et m'emmena même chez le coiffeur. Selon lui c'était une étape qui m'aiderait à avancer. J'étais la Pretty Woman du quartier.
Enfin, il s'arrêta dans une bijouterie. Le vendeur et la vendeuse furent étonnés de nous voir entrer avec autant de sacs. Ils proposèrent à Aodren de les déposer dans un coin sécurisé le temps de faire le tour des vitrines.
Il me poussa à jeter un œil pendant qu'il s'occupait de notre « chargement ». Je voguais donc d'une vitrine à une autre. Je trouvais que les créateurs avaient de l'imagination. La couleur or ne m'avait jamais vraiment plu, cependant les objets étaient magnifiques.
Je m'attardais sur des colliers en or blanc quand j'arrivais au rayon des ensembles. Une bague attira particulièrement mon attention. Son motif en forme de fleur, habillant son diamant qui brillait fortement, prônait l'élégance et l'originalité. Une touche celtique dans la forme de la fleur lui donnait un caractère doux et mystérieux. J'imaginais une princesse ou une magicienne comme Morgane la Fée porter ce genre de bijou. Un collier et un bracelet complétaient l'ensemble.
J'aimais le côté ajouré du collier, pétales creux surmontés d'une autre fleur hexagonale en diamants avec une pierre plus large à la place des étamines et du pistil. Le bracelet, doté d'anémones de Caen parsemées le long de la fine chaînette, agrémentait l'ensemble de part sa simplicité.
Tu trouves ton bonheur ?
Je me retournais vers mon amoureux, surprise de l'entendre alors que j'étais perdue dans mes pensées.
- Je regarde, je regarde.
Je voyais surtout le prix exorbitant de l'ensemble et si je concevais une certaine utilité à m'acheter de quoi me vêtir, je ne comprenais pas pourquoi nous étions dans cette bijouterie, même si je me doutais qu'il souhaitait encore dépenser pour moi.
- Dis-moi, pourquoi sommes-nous là ? chuchotai-je.
Il leva la main en direction de l'homme qui était en train de nettoyer la vitrine des montres. Il s'approcha et Aodren lui pointa la parure à travers le verre. Il sortit un trousseau de clés et déverrouilla la vitrine pour sortir le bracelet, le collier et la bague. Il les disposa face à nous.
- Cet ensemble est composé de diamants. Voyez la bague, c'est une pierre de 1,00 carats Monsieur. Une belle taille d'excellente qualité.
Aodren se saisit de la bague et me la passa à l'annulaire gauche.
- Quelle taille de bague mets-tu Enaya ?
Il me tenait la main en inspectant l'effet de la gemme à mon doigt. J'étais confuse et timide par le sens de ce geste loin d'être anodin pour la demoiselle que j'étais.
Il répéta la question, pour me sortir de la stupeur dans laquelle j'étais plongée par la situation présente. Comme je n'en avais aucune idée, le vendeur pris ma main en marmonnant un « permettez s'il vous plaît » et utilisa un baguier pour connaître ma taille. Il signala qu'il avait le bijou adapté, car celle que j'avais sur moi était trop large. Il appela une collègue qui était dans l'arrière boutique et l'envoya la chercher pendant qu'il présentait le collier et le bracelet.
De mon côté, je déposais délicatement la bague dans l'écrin de présentation, de peur de briser l'objet et d'être redevable d'une somme à rembourser hors de ma portée jusqu'à la fin de mes jours.
Aodren lui se sentait dans son élément. Il attacha d'abord le bracelet à mon poignet droit puis décala mes cheveux pour attacher le collier à mon cou.
- Ils te vont parfaitement bien. On les prend. Je veux voir si la bague te convient. Auriez-vous des boucles d'oreille assorties ?
Je reculais. C'était trop. Ces bijoux avaient autant de valeur qu'une voiture.
Je décide. C'est non négociable, je te l'avais dit. Si je le fais, c'est que je le peux et que je le veux.
Je ne savais plus où me mettre pour cacher ce visage rougissant. Je réalisais que les gens autour de nous avaient été plus ou moins éloignés pour nous permettre de choisir en toute discrétion. Ils avaient compris qu'ils allaient faire la vente du mois.
Lorsque la vendeuse revint avec l'écrin Aodren s'avéra ravi. Il me prit la main gauche et glissa la bague à mon annulaire. On aurait dit des fiançailles en préparation.
Si tôt ? Tu accepterais si je te demandais d'être ma femme ?
J'étais jeune. J'étais bouleversée par les événements. J'étais perdue. Mais je me sentais amoureuse. Donc ce serait sûrement une réponse positive... Mais cela ne fonctionnerait pas.
Et pourquoi donc ?
Il me regardait de ses yeux foncés. Le vendeur attendait en silence. Il s'impatientait. Tant que rien n'était réglé, tout cela était du « m'as-tu vu ».
Si j'avais une bague qui représentait un engagement émotionnel, mais que moi je n'avais rien à offrir, ce serait de la soumission et de la dépendance, pas de l'amour.
Tu as quelque chose à m'offrir...
Je n'étais pas certaine d'être sur la même longueur d'ondes que lui. Je voyais le vendeur expirer fortement pour rappeler sa présence et savoir quelles intentions nous avions.
- Si tu veux m'offrir tout ça, alors je veux choisir quelque chose pour toi aussi. Je ne veux pas être la seule à porter un signe de notre attachement, affirmais-je à voix haute.
Sa gaieté était telle qu'il s'empressa de me conduire au rayon des bijoux pour hommes. Tous les deux, nous explorions les différents modèles. Il en essayait des classiques, des stylisés.
Je trouvais un anneau qui correspondait à son caractère. L'anneau était noir avec des lignes argentées sur les bordures. Un lion argenté avait été incrusté entre les bordures. Deux diamants bleus l'entouraient. Les diamants étaient très petits, mais le résultat était époustouflant. Tout comme le prix. J'hésitais.
- Je préfère ne pas prendre autre chose que les bagues, si cela peut alléger le budget.
Aodren sourit. Il indiqua au vendeur qu'il allait procéder au paiement.
- Tu es fou, tu sais ça ?
Aodren rangeait les sacs dans le coffre et à l'arrière de la voiture. Il vint vers moi, qui me tenait devant la porte ouverte côté passager. Il me prit contre lui, m'embrassa une première fois, une seconde fois et à la troisième, glissa sa langue dans ma bouche comme jamais il ne l'avait fait auparavant.
- J'ai adoré que tu me passes la bague au doigt Enaya, dit-il en me lançant un clin d'œil. Ces bijoux tu les méritais, il fallait donc que je les prenne.
- J'ai l'impression que je te dois quelque chose, alors ne m'achètes plus rien de cher, ok ? Sinon je vais me fâcher.
Me plaquant contre la voiture, Il m'embrassa une nouvelle fois. Il me désirait profondément.
J'aimerais tellement voir comment tu te mettrais en colère. Si c'est comme maintenant, pas de soucis, j'assume totalement.
En riant je le repoussai et m'installai dans la voiture. Je baissai le pare-soleil pour accéder au miroir et admirer ma nouvelle coupe. Mes cheveux avaient été coupés en dégradé, mes boucles nourries pour retrouver leurs formes normales. Enfin elles étaient bien dessinées, étalées sur la longueur. Ma frange lissée tranchait mais rendait la coiffure moderne. J'avais un air coquet.
Pour la première fois depuis bien longtemps, habillée ainsi, mise en valeur de cette manière, je me trouvais belle. Aodren déposa un baiser sur ma main qu'il gardait dans la sienne lorsqu'il conduisait. Le temps filait plus vite avec lui. Il était le seul bonheur de ma vie engluée dans toutes les calamités qui la composaient.
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