Play with fire-Sam Tinnesz
Ana
Ana était plantée devant le bureau de Sarah. Elle savait qu'il fallait qu'elle se confronte à elle à un moment ou à un autre, et ce moment était venu. Elle frappa alors doucement puis ouvrit sans attendre.
- Docteur Milligan ? J'aimerai discuter s'il vous plaît.
Sarah finissait de remplir une fiche, installée à son bureau. Elle se leva, remonta ses lunettes sur son crâne et avança les poings fermés sur sa poitrine.
- Je t'ai dit quoi ? Tu ne t'approches pas de mon infirmerie avec tes analyses.
Sarah était remontée contre elle depuis le début. Depuis que Juan lui avait expliqué ce qu'elle lui avait fait. Elle ne l'aimait pas et cela serait dur pour elle de lui pardonner. C'était en tout cas ce qu'Ana avait eu comme informations de la part de son fils.
- Je ne toucherai à rien. Je veux simplement discuter avec vous. J'aimerai qu'on arrête d'être ennemies. On veut la même chose au fond. Que les enfants maîtrisent leurs pouvoirs et qu'ils soient en sécurité.
Ana s'avança vers la médecin et posa un dossier épais sur son bureau.
- C'est une copie de mes analyses. Sur les enfants qui sont ici. Dont celles que j'ai fait avec Juan avant son retour. Fais-en ce que tu veux. Mais je pense que ça peut aider.
Elle voulait vraiment bien faire et essayait d'être gentille avec elle.
- Écoute Sarah. Je ne suis pas ton ennemie. Donne-moi une chance de te le prouver. Je peux t'aider.
Sarah regarda le dossier puis soupira avant de l'attraper et de le feuilleter. Puis elle s'avança.
- Une seule gaffe et tu n'es plus la bienvenue ici, lâcha-t-elle froidement. C'est trop facile de venir ici après des années à te faire chouchouter par le Général.
Elle regarda Ana avec mépris. Elle ne pouvait que la comprendre. Elle savait qu'elle n'avait pas été la gentille de l'histoire, qu'elle n'avait pas été aussi courageuse que Sarah qui s'était opposée dès le début. Mais elles n'avaient pas eu les mêmes opportunités, ni la même histoire.
- Ne suppose pas que je te fais confiance. La confiance ça se gagne et tu es loin d'avoir la mienne.
Puis elle revint s'assoir à son bureau et attrapa une pile de dossiers.
- Tu peux m'analyser ça au moins, tu en est capable et comme tu me l'a dit « on aide les enfants ».
Elle hocha simplement la tête avant de prendre la pile de résultats et de notes réalisés par Sarah et de s'installer dans un coin avec une feuille et un stylo. Une minute plus tard, elle avait ses lunettes sur le nez et était plongée dans les papiers, concentrée. Elle rédigeait un rapport pour chaque enfant en ajoutant la plupart du temps des remarques en plus de celles de Sarah. Ça lui faisait du bien de se remettre à travailler comme ça. Ça lui permettait de se sentir utile et de s'occuper l'esprit. Et puis elle faisait ce qu'elle aimait.
Un jeune garçon entra dans la pièce au bout d'une petite heure de silence complet. Il avait des flammes au bout des doigts et pleurait à chaudes larmes.
- J'arrive pas... Ça s'éteint pas, j'ai peur. Je veux pas mettre du feu partout c'est dangereux le feu.
Ana connaissait ce petit garçon, le frère de Hope, Charlie. Elle s'était même déjà occupée de lui. Elle s'apprêta à se lever lorsque son regard croisa celui de Sarah, qui allait faire exactement la même chose.
Celle-ci lui lança un regard glacial avant d'appeler Charlie.
- Viens assis toi Charlie, on va t'aider ne t'en fait pas, finit par dire Sarah d'une voix calme et posée pour rassurer le petit. Le docteur Suarez va prendre ta tension, c'est peut-être dû à la fatigue ou une montée de tension, Ana, tu t'en occupe, je vais chercher quelque chose à la réserve.
Ana n'était pas idiote. C'était un test. Un test destiné à savoir si elle était digne de confiance ou non. Elle s'avança alors doucement vers Charlie.
Le petit garçon était secoué de larmes et ses mains étaient toujours en feu.
- Je... Vous êtes la femme de l'hôpital, sanglota-t-il
Ana regarda Sarah partir avant de s'approcher du petit garçon.
- Je ne te ferai aucun mal. Je te le promets Charlie. Viens me voir.
Elle lui fit un doux sourire avant de tendre la main vers lui.
- Tu n'es pas dangereux Charlie. Le feu ça se maitrise. Et toi tu as le pouvoir de le maîtriser. C'est toi tout seul qui sait l'éteindre. Approche tes mains des miennes n'aies pas peur.
Elle eut un petit sourire en sentant la chaleur près de ses mains.
- Récite après moi maintenant. "Le soleil ne se cache pas, il rayonne".
Elle avait inventé cette phrase pour apprendre à Juan à contrôler son pouvoir, beaucoup trop puissant pour un garçon aussi jeune à l'époque. Le soleil représentait l'enfant, qui au lieu de se cacher derrière son pouvoir et ainsi se laisser dominer, il était capable de le maîtriser par tous les aspects.
Charlie approcha sa main doucement tout en récitant la phrase que lui avait dit de dire Ana. Il la répétait toute en s'approchant de la femme. Ces pleurs s'étaient calmé pour laisser place à de la concentration. Il récitait la phrase et plus la phrase tournait en boucle, plus le petit se concentrait et la flamme diminuait pour au final s'éteindre, juste avant que sa main ne touche celle d'Ana. Il la regarda avant de la prendre dans ces bras.
- Merci ! s'écria-t-il.
Sarah sortit, ayant vu la scène d'un peu plus loin, elle avait entre-temps pris le dossier de Charlie afin de noter toute les réponses des questions qu'elle allait lui poser. Elle s'approcha, offrant un sourire presque sincère à Ana qui avait-elle un fin sourire.
- Bon Charlie, tu vas m'expliquer deux trois choses. Comment est-ce que tu as fait pour que ton pouvoir se déclenche ? Tu essayais de t'entrainer ? Des personnes t'ont embêté ? Tu étais triste à ce moment-là ? Raconte moi...
Elle s'installa contre son bureau en regardant Charlie qui avait porté son regard sur le sol.
- Tu peux tout nous dire Charlie. On ne te fera aucun mal, le rassura alors Ana en posant sa main sur l'épaule du garçon.
Il prit une inspiration avant de dire
- Jacob m'a dit de ne pas le dire, il m'a dit que c'était un secret... souffla alors Charlie en reportant son regard sur Ana et Sarah.
Les deux femmes se regardèrent. Jacob. Il ne lui avait suffi que de quelques jours au QG pour entendre parler de lui. Son fils ne le supportait pas, tout comme Hope et Raquel. Ils ne s'étaient pas privés pour lui indiquer de qui il s'agissait.
- Je vais le chercher, lâcha Ana. Désolée mais tu n'as aucune autorité Sarah. Même si tu es très gentille.
Sur ces mots, elle fila chercher Jacob sans attendre d'avis complémentaire. Elle comptait bien lui faire dire ce qu'il avait fait à Charlie et lui remettre les idées en place.
Elle trouva la petite bande habituelle qui l'accompagnait, à trainer dans une des salles d'entrainement. Puis elle porta son regard sur Jacob, au centre.
- Viens me voir. Immédiatement, lui ordonna-t-elle.
Elle vit alors le regard du jeune homme se teinter de peur.
- C'est à toi que je parle Jacob. Il faut qu'on ait une petite discussion. Et j'en ai strictement rien à faire de ton avis.
Avoir passé près de la moitié de sa vie entourée de militaires et s'être mariée à un lieutenant lui avait appris à se faire respecter. Le pouvoir qu'elle avait sur Juan en était la preuve.
Jacob avança assez perplexe jusqu'à Ana. Il ne savait ni pourquoi il était appelé, ni pourquoi il la suivait. Il s'avança, salua ces amis avant de la rejoindre jusqu'au couloir face à l'ascenseur.
- Vous voulez ? demanda-t-il un air complètement détaché.
- Je veux que tu montes dans l'ascenseur déjà, déclara-t-elle en le poussant légèrement avant d'appuyer sur le numéro de l'étage de Sarah.
L'ascenseur commença à monter alors qu'elle le fixait d'un œil sévère.
- Explique moi pourquoi le pouvoir de Charlie s'est déclenché. Maintenant. C'est pas normal il est calme d'habitude. Et tu sais très bien qu'un départ de feu peut être mortel pour ce bâtiment. Peu de personnes pourraient avoir la chance de prendre l'ascenseur et de s'en sortir vivants.
Jacob leva les yeux au ciel.
- J'ai rien fait avec lui, j'ai juste parlé avec, vous savez pas ce que c'est un secret ? Normalement vous devriez le savoir vous étiez sous secret professionnel quand vous faisiez des expériences sur nous tous, souria-t-il avec un air malicieux. Puis c'est pas de ma faute si ce gamin sait pas se contrôler
- Jacob, je ne t'ai jamais fait de mal donc arrête tes pleurnicheries. Par contre si tu ne m'expliques pas tout maintenant, je veux bien te donner un aperçu de ce que tes copains ont subi.
Elle lui fit un petit sourire.
- Alors ? Ça te tente ?
Il se recula contre la paroi de l'ascenseur avant de dire toujours avec le même sourire.
- J'ai cru que si vous faisiez subir à n'importe quels rebelles une de vos interventions miracles vous seriez miraculeusement éjectée d'ici. Je ne sais même pas pourquoi vous êtes là, juste parce que votre fils il voulait de vous, quel con, marmonna alors Jacob. Je n'ai pas fait de mal à ce petit c'est clair, on a juste parlé entre mecs, vous êtes satisfaite ? Je peux retourner à mes entraînements ?
Ana serra les dents, ça faisait mal d'entendre ça. Mais elle ne se démonta pas.
- Vas y. Joue Jacob. Amuse toi à voir jusqu'où tu peux aller avant de m'énerver réellement. Au lieu d'une simple conversation tu vas finir avec une punition dont tu te rappelleras longtemps.
Elle le regarda alors dans les yeux. S'il pensait l'impressionner, il se trompait totalement.
- Je ne suis pas satisfaite. Donc soi tu m'explique tout maintenant, soi je te promets que tu vas prendre cher.
Il la regarda avec air un plutôt triomphant, il avait réussi à l'énerver et il allait continuer ainsi.
- Qu'est-ce qui vous excite comme ça Docteur Suarez, je faite que je parle de votre fils ou le faite que je ne dise que la vérité ?
Il la regarda en secouant la tête.
- J'ai juste parlé de sa chère et tendre sœur, vous êtes contente ? Il n'a pas aimé sans doute. Ça y est ? Je peux reprendre l'entraînement ? Car vous commencez sérieusement à me pomper l'air avec vos menaces à deux balles... soupira-t-il en passant sa main sur son front.
Malgré tout, Ana voyait bien la pellicule de sueur qui commençait à s'y former.
- Non tu ne peux pas reprendre l'entraînement. Tu viens avec moi à l'infirmerie. Tu m'as énervée. Si tu veux pas m'expliquer clairement autant s'occuper en attendant que tu te décides à parler.
Elle comptait ne rien faire, mais faire tout comme, histoire de lui mettre un peu la pression.
- Et fait pas cette tête, sourit-elle. Ça va bien se passer tu verras. Comment ça tu lui as parlé de sa sœur ? C'est quoi le rapport avec le déclenchement de son pouvoir ?
Jacob soupira puis passa une main sur son visage avant de dire
- J'ai juste dit des trucs plutôt méchants sur sa sœur. Il a pas aimé, il a essayé de me frapper, je l'ai poussé, il est tombé, puis son pouvoir a commencé à se déclencher. Je lui ai dit que c'était un secret et que s'il parlait on aurait une discussion lui et moi. Puis je suis parti. Si vous pensez que ce que je dis est faux. Aller voir dans le couloir des chambres, il y a les traces de son pouvoir...
Puis il passa devant Ana avant d'appuyer sur le bouton de l'ascenseur qui menait aux salles d'entraînement.
- Vous êtes contente ? Je vous ai expliqué. Je vous raccompagne jusqu'à l'infirmerie avant de redescendre aux salles. C'était sympa cette petite discussion.
Puis il se retourna avant de se remettre dans le fond de l'ascenseur, bras croisés contre son torse.
- Ne pensez pas que vous avez gagné car je vous l'ai dit. C'est juste que vous m'avez énervé...
- C'est ça Jacob, c'est ça. Tu restes quand même avec moi. Tu vas passer un petit séjour à l'infirmerie.
Ce petit séjour consistait à ce qu'il s'excuse auprès de Charlie. Mais ça, elle ne lui dirait qu'une fois là-bas.
- Merci d'avoir avoué en tout cas. C'est très mignon de ta part.
Elle lui fit un sourire.
Il leva les yeux au ciel avant de soupirer
- Qu'est ce qui m'attend ? Décharge ? Électrochocs ? demanda-t-il cette fois moins sûr de lui.
- Tu verras bien. Je garde la surprise. Je ne voudrais pas te faire paniquer.
L'ascenseur s'arrêta et elle le poussa doucement devant.
- Allez, je te pensais plus téméraire. Tu verras c'est pas si dur.
Il leva les yeux au ciel avant de rentrer dans l'infirmerie avec Ana.
- Quel salle, la droite ou la gauche ? Où se trouve ce fameux instrument de torture? Est-ce que c'est vrai qu'avec les instruments de torture nos dents peuvent exploser ? demanda-t-il d'un coup moins rassuré. Enfin j'ai une dentition impeccable alors..
Ana rigola légèrement et lui ébouriffa les cheveux.
- Lâche un peu cet air supérieur. Ça doit être fatiguant à la longue même pour toi.
Dans la salle, Sarah était avec Charlie. Le petit garçon était installé sur ses genoux.
- Voilà ce que tu vas devoir faire, dit alors Ana. Allez t'excuser auprès de Charlie. Et ensuite tu m'aideras à trier les papiers. Ça te servira de leçon.
Jacob
Jacob soupira avant de s'approcher de Charlie et de se baisser à son niveau. Il savait au fond que Charlie était un gentil garçon. Et il s'en voulait un peu de l'avoir fait pleurer, mais ça personne ne le saurait. Ça nuirait trop à sa réputation, autrement dit, la seule chose qu'il lui restait.
- Salut Charlie, je suis désolé de m'être moqué de ta sœur et de t'avoir poussé, je voulais pas te faire mal, désolé, tu me pardonnes ?
Charlie regarda longuement Jacob avant d'hocher la tête doucement avec un petit sourire sur les lèvres. Jacob ne pu retenir un soupir. Qui sait ce qu'Ana lui aurait fait sinon ? Même s'il jouait les fiers, elle lui avait mit le coup de pression de sa vie dans l'ascenseur.
- Bon, c'est pas tout mais apparemment j'ai du travail, soupira alors Jacob en se dirigeant vers Ana qui souriait au petit garçon.
- Oui allez viens avec moi on va laisser Charlie tranquille avec Sarah.
Elle le tira doucement vers son bureau et donna une pile de papiers à Jacob.
- Je veux que tu me les trie par ordre alphabétique s'il te plait.
Il se concentra sur les papiers sans rien oser dire de plus. Il était juste soulagé que sa punition soit « que » de faire de la paperasse. Et puis malgré tout, il se sentait bien ici. Trier ces feuilles calmait son esprit. Il n'y avait personne pour le juger. Charlie était parti avec Sarah et quant à Ana, il s'était déjà ridiculisé devant elle et ça n'avait rien changé à son comportement.
- Jacob, tu veux bien m'expliquer pourquoi tu veux toujours mettre la pagaille ici ?
Il tourna la tête vers elle, intrigué qu'elle se mette à lui faire la conversation.
- Je sais que ce n'est pas la première fois que tu as des ennuis. Il y a quelque chose qui ne va pas ? Je pense que tu as peur moi, et que tu te cachés derrière un air supérieur et provocant pour te protéger.
Jacob leva les yeux au ciel, puis il continua de trier les feuilles tout en parlant. Si seulement elle savait.
- Non c'est ce que je suis. Je mets la pagaille car c'est comme ça, je me ferai chier ici sinon. Et ma tête aurait explosé depuis longtemps. Maintenant vous pouvez me lâcher ?
- C'est ça oui, soupira Ana, si jamais un jour tu "t'ennuies" trop hésite pas à venir ici. Promis je ne le dirai pas aux autres, déclara-t-elle avant de se remettre au travail.
..................
Après ce petit chapitre avec Ana et Jacob, on retrouve nos héros mercredi !
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