Chapitre 5-Nelly et Arthur


Nelly lui plaqua la main sur la bouche et l'autre sur la gorge et le foudroya du regard, pour lui signifier de se taire. Arthur se dégagea, faisant signe qu'il avait compris. Il resta immobile, allongé derrière le gros rocher qui leur servait d'abri. Elle tendit alors la tête doucement, comme pour écouter. On n'entendait pas un bruit, si ce n'était que leurs respirations. Soudain, on put percevoir des bruits de pas. Et puis, une voix d'homme dit :

- Hey seloya Demetrios ou keythano ?

Une deuxième voix d'homme répondit :

- Ah ? Xype loga hô Nelly nah ?

Ils rirent. Nelly prit soudain un air épouvanté. Elle, semblait avoir compris les paroles des deux hommes. Arthur la vit alors se lever discrètement et regarder avec prudence par-dessus le rocher. Il l'imita et découvrit deux hommes, en contrebas, qui marchaient d'un pas militaire. Ils avaient la même tenue que Nelly, une cape vert foncé, à la différence qu'au lieu des multiples poignards, ils portaient une longue épée à leur taille et une lance vulgairement balancée sur l'épaule. Ils avaient aussi tous deux des oreilles pointues.



À partir de là, Nelly et Arthur auraient juste put attendre en silence que les deux Elfix aient passé le tournant, et continuer le chemin sans souci. Mais Nelly ne pouvait pas tenir en place. Il fallait qu'elle sache qui avait osé dire ça. Elle se pencha par-dessus le rocher, tellement qu'elle fit une roulade et tomba par terre, en plein dans le chemin. Heureusement, par un miracle, les deux Elfix n'entendirent pas le fracas de sa chute et disparurent au tournant.

-Nelly ! Chuchota Arthur, ça va ?

Il se pencha à son tour par-dessus le rocher, inquiet.

-Tais-toi idiot ! Pesta Nelly, t'as failli nous faire prendre !

-Attends... Comment ?! C'est toi qui...

-Allez, descends de là et grouille-toi ! Il s'agit de pas traîner, nous sommes recherchés.

-Mais..., Demanda incrédulement Arthur tout en descendant, personne ne nous a vu...

-Dépêche !

- Hé Attends ! C'étaient qui ces hommes ?

-Des soldats de Nymyodel, ma cité. Viens, grouille !

Elle l'entraîna par la main dans les rochers qui bordaient la sentier. Son cœur s'emballait. Il avait survécu. Démétrius était vivant. Et il était à sa recherche.

Nelly s'arrêta d'un coup, forçant Arthur à se plaque contre un olivier pour en faire autant. Elle tenta de reprendre son calme, priant pour qu'il ne remarque pas la sueur qui naissait sur son front et ses mains qui tremblaient. En le saisissant par les épaules, elle planta ses yeux dans les siens et déclara :

-Bon. j'ai besoin que tu m'écoutes très attentivement d'accord ? Tu m'écoutes ?

-Euh... Oui.

-Bien. Arthur. PERSONNE ne doit savoir dans ce monde que tu existes d'accord ? Personne ne doit être au courant que tu viens de l'autre monde. Et tu ne dois dire mon nom à PERSONNE. Sinon je risque la mort. C'est compris ?

Arthur bredouilla une réponse, confus.

-Mais... Dit-il, Pourquoi risques-tu la mort si on a croisé des soldats de ta cité ?

Pour toute réponse, elle se détourna et rejoint le sentier. Il dut courir pour la rattraper.

-Hé, attends ! S'écria-t-il.

Il soupira. Cette fille était vraiment invivable.



Nelly tremblait. Elle essaya de retenir ses larmes. Essaya de respirer. Essaya de refouler ce sentiment si connu qui l'amenait si souvent à la crise d'angoisse. Elle avançait. Arthur ne devait surtout pas la voir dans son état. Car s'il était déboussolé, elle ne l'était pas moins.

La jeune fille avait parfaitement compris les deux soldats. Elle avait compris qu'Il était vivant. Elle savait très bien qu'Il ne tarderait pas à partir à sa recherche. Elle pria qu'elle se serait débarrassée de l'humain à ce moment-là. Parce que si en plus, Il la retrouvait avec un garçon humain, ça n'irait vraiment pas. Un problème à la fois.

-Hé attends ! Appela Arthur, derrière elle, qui essayait tant bien que mal de suivre son rythme. Où m'emmènes-tu ? Comment vas-tu me renvoyer chez moi.

Nelly se retourna brusquement, furieuse.

-C'est tout ce qui t'intéresse ?! Explosa-t-elle. Rentrer chez toi ?! Tu n'en a vraiment rien à faire du problème des autres ?!

Le jeune homme s'arrêta, surpris par cette réaction inattendue.

-Je... Bredouilla-t-il.

Son menton se mit à trembler et il commença à pleurer.

Nelly ne se rendit compte qu'à cet instant à quel point elle avait été brutale. Elle tenta tant bien que mal de renfrogner la colère qui lui brûlait le cœur. Arthur était sous le choc. Il avait besoin d'extérioriser. Il commençait tout juste à réaliser à quel point il se trouvait en danger. La jeune Elfi se sentit égoïste.

-Bon allez, Soupira-t-elle en tentant de se rattraper. Viens t'asseoir un moment.

Elle le prit par les épaules et l'accompagna sur un rocher. Le jeune homme prit la tête entre ses mains, l'œil hagard embué de larmes.

-Ce n'est qu'un rêve, Gémit-il. Je vais me réveiller, c'est une hallucination... !

Nelly posa timidement sa main sur son épaule, un peu embarrassée. Il pleura de plus belle.

-Sais-tu ce que ça fait, Demanda-t-il quelques instants plus tard la gorge nouée, de ne plus savoir comment rentrer chez toi ? De te retrouver perdu dans une réalité dont tu n'avais même pas conscience.

Et comment que je le sais, Pensa-t-elle.

Mais elle ne dit rien. À la place, elle sortit de sa ceinture une petite gourde et la tendit à Arthur.

-Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-il en pleurnichant et en s'essuyant son nez avec sa manche.

-De l'hydromel. Répondit-elle. Ça aide pour les gros chocs comme être passé dans un autre monde.

-Merci.



Arthur but une gorgée et lui rendit la gourde. Le liquide coula en lui comme un feu doux dans sa trachée. Il lui sembla qu'il se répandait dans sa poitrine, comme un couverture chaleureuse contre le froid des émotions. Le jeune homme prit de grandes inspirations, s'ébroua et se releva péniblement. Il se sentait un petit peu mieux.

Nelly s'appuya sur ses genoux et se leva à son tour.

-Bon, Déclara-t-elle, En route !

-Attends, Dit Arthur, Tu ne m'as toujours pas dit où tu comptais m'emmener.

L'Elfi prit un air contrarié.

-Oui c'est vrai, Répondit-elle. Nous allons rendons visite à l'Nellaraï.

-Qui ?



Nelly soupira. Comment lui expliquer ?

-C'est un Aessir, Commença-t-elle. Les Aessir font partie des espèces supérieures. Au même titre que des Demi-dieux, tu vois ?

-Oui.

-Bon. Comment dire ? Le Nellaraï est un être un peu... spécial. C'est un vagabond. On ignore même son sexe. Les Elfix l'ont décreté comme un homme, mais on n'a jamais su. Toutefois, il est le seul personne qui puisse nous aider. Et puis il est un peu... Bon, faut prier qu'il soit de bonne humeur...

Voyant l'air de plus en plus inquiet d'Arthur, Nelly se reprit.

-Mais ne t'inquiètes pas ! Je suis sûre que tout va bien se passer !

À vrai dire, Nelly n'en était pas si sûre. Elle était même sûre qu'elle les conduisait à la catastrophe. Pourtant, le Nellaraï était vraiment le seul à pouvoir les aider. Lui seul savait comment passer d'un monde à l'autre. On prétendait qu'il était le fils d'Hermès. Nelly n'en croyait pas une seconde, en revanche elle l'avait vu à l'action et savait sa puissance.

La seule fois qu'elle l'avait rencontré, c'était lors de sa venue à Nymyodel. Le Nellaraï était un vagabond. Personne ne pouvait prévoir sa présence. En revanche, personne ne lui refusait l'hospitalité. Un Aessir faisait peur aux Empereurs et trembler les cités. Le Nellaraï en particulier. La cour Elfi, comme la cour Humaine, le craignaient et l'admiraient. Lorsqu'il était entouré de civilisation, il faisait l'objet d'une attraction inévitable de la foule. La peur attire la curiosité.

Personne n'avait idée de l'étendue de son pouvoir, peut-être à part la seule femme qui avait vraiment réussi à le côtoyer ; Anthelia, la Reine des Mortels. On la connaissait sous ce nom, mais elle également faisait peur à toute l'étendue des mortels. Seuls les deux rois, Acteos et Celeos, respectivement Roi des Humains et Roi des Elfi ; pouvait surpasser le pouvoir qu'Anthelia exerçait sur le peuple. Le pouvoir reconnu de cette femme se devait d'ailleurs beaucoup au Nellaraï.

Lorsqu'il était arrivé à Nymyodel, Nelly se souvint avoir vu pour la première fois le roi Celeos s'incliner devant quelqu'un. Il n'avait d'ailleurs pas pris la peine de le saluer en retour. Le silence dans la salle s'était fait dès qu'il était entré dans la salle. Les filles tombaient en pâmoison et les hommes plaçaient les mains sur les épées. L'effet d'un Demi-dieu sur les mortels.


-Les Aessir sont une étrange espèce propre à l'Achea. Ils sont définis comme des Demi-dieux, toutefois, la plupart sont nés de parents mortels. Ils sont en quelque sorte les enfants adoptés de l'Olympe. Car les Dieux les reconnaissent réellement comme des Enfants de l'Olympe. Les Aessir savent manipuler la Brume. Ceux qui les caractérisent des Magiciens ou des Mortels, c'est qu'ils savent la transformer en une matière réelle, qui leur est propre, comme le feu. C'est tout ce que nous savons sur eux, car ils formaient un peuple très mystérieux, auparavant. Avant, ils y avait des centaines de Demi-Dieux. Aujourd'hui, il n'en reste plus que deux à notre connaissance : Le Nellaraï et Anthelia Reine.

-Professeur ?

-Oui Lysandre ?

-Qu'est-il arrivé aux autres Demi-Dieux ?

-Je crois en toute humilité, mon Prince, que vous êtes le mieux placé pour le savoir.

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