Chapitre 8 : partie 1
Valérian se réveilla, haletant après un peu plus de deux heures passées dans l'au-delà. En touchant son cœur par réflexe, il hurla en constatant que le poignard qui était à l'origine de sa mort demeurait enfoncé dans sa poitrine.
― Mais qu'est-ce que... Qu'est-ce que... Il y a un poignard dans mon cœur et je respire ! réussit-il à murmurer péniblement à cause de son cœur qui tambourinait dans sa poitrine.
Valérian piquait une véritable crise de panique ce qui affolait d'autant plus son cœur dont les battements lui faisaient désormais atrocement mal. Espérant que cela le soulagerait, il surmonta son dégoût pour entreprendre de retirer l'arme de ses poumons. Faisant comme s'il enlevait un pansement, il tira d'un coup sec. Ça y est, le poignard était dans sa main. Il hésita à le garder, mais la perspective de se balader avec la lame qui l'avait transpercé il y a peu le dérangeait beaucoup trop.
― Je peux pas, c'est trop chelou ! se ravisa le garçon en écartant le poignard de lui avec précipitation.
Valérian arriva enfin à respirer normalement au bout de plusieurs minutes. Ce dernier n'y comprenait rien, il devrait être mort à l'heure qu'il est. Sa meurtrière avait bien fait attention à ne lui laisser aucune chance. Valérian avait l'impression d'avoir basculé dans une autre dimension dont la logique lui échappait. Il voulut trouver un miroir. Même si son corps avait l'air intact, cela ne voulait pas dire qu'il ne s'était pas transformé en monstre. C'était comme ça que ça marchait dans les films non ?
Se relevant, Valérian regarda autour de lui, confus. Il était dans une chambre qui faisait froid dans le dos. Tout d'abord, il n'y avait qu'une lampe de chevet pour éclairer cette grande pièce aux couleurs ternes. Il y avait aussi autre chose qui inquiéta le vidéaste : la chambre était totalement épurée. En un clin d'œil, on pouvait deviner que son propriétaire n'était pas sentimental. Ou alors, il était en prison. La chambre était aussi digne d'un détenu, ce que Valérian était certain d'être devenu.
Le youtubeur en vint même à se demander si quelqu'un avait réellement dormi un jour dans cette lugubre chambre. L'habitation ne contenait qu'un lit, une lampe de chevet, une armoire et un bureau. Il n'y avait que le strict minimum.
― Mais c'est quoi ce bordel ? Allez, respire Valérian, respire !
Finalement, le vidéaste penchait davantage pour l'idée qu'il était dans la chambre de celle qui l'avait poignardé. Il n'y avait qu'une psychopathe pour ne s'attacher à personne au point de laisser sa chambre quasiment vide. Heureusement, en mourant, notre victime n'avait pas perdu ses souvenirs. Certes, il était confus, mais il était certain de se rappeler toute sa vie de celle qui lui avait ôté la vie sous les yeux de ses meilleurs amis.
D'ailleurs qu'en était-il de Cyril et Nikolai ? Ils devaient probablement être morts eux aussi, quoi que... Valérian était pris d'un doute. Si lui-même avait pu revenir à la vie après une blessure communément mortelle, peut-être que Cyril et Nikolai pouvaient en faire autant ? Valérian priait pour que son hypothèse soit la bonne. En attendant, il devait à tout prix découvrir où il était et comment rejoindre ses amis.
Valérian tenta de réfléchir. Il était dans un endroit inconnu et un pressentiment lui soufflait de se méfier des résidents de cet endroit si jamais il en croisait. Le parisien en conclut qu'il lui fallait fouiller les lieux. Franchement, il ne pensait pas trouver quoi que ce soit d'intéressant dans une chambre aussi vide, mais son instinct activa tout de même le mode « fouineur ». Dans son esprit était encré cet adage très connu : dans une évasion, on ne néglige aucun détail.
Valérian ouvrit tous les tiroirs du bureau et défit le lit. Il se mit ensuite à regarder sous toutes les piles de vêtements de l'armoire. Il n'y avait rien comme il l'avait prédit. Alors que Valérian allait abandonner, il eut une illumination. Il y avait un endroit qu'il avait oublié. S'accroupissant, notre fouineur souleva le drap pour vérifier sous le lit. Bingo !
Tout en se relevant, il regarda la couverture du livre que la propriétaire de la chambre avait oublié de ranger. Le jeune homme faillit lâcher le bouquin quand il vit le titre, qui n'était pas en français, prendre une teinte bleue électrique.
― Mémoire du magicien, lut Valérian.
Celui-ci s'assit sur le lit, curieux de savoir qui était ce fameux magicien. Il parcourut le livre longuement. Grâce à sa trouvaille, il apprit l'existence des démons et de Bastior. Évidemment, ses écrits ne donnaient pas toutes les réponses, mais aidèrent Valérian à deviner où il se trouvait et avec qui. Refermant le précieux manuscrit, le parisien ferma les yeux et soupira un grand coup.
― Je suis vraiment dans une autre dimension ! C'est du délire ! Et moi là-dedans ? Je suis... Non c'est pas possible. C'est...
Poussant un énième soupir, Valérian arrêta ses lamentations. Cyril et Nikolai étaient peut-être encore en danger et chaque seconde était importante. Le trentenaire était déterminé à continuer ses recherches dans le palais. Rester dans la chambre ne l'aiderait pas à s'enfuir, alors autant se promener même si cela l'exposait complètement au danger.
Le vidéaste entrouvrit très légèrement la porte et regarda à droite et à gauche. Quelques personnes passaient sans prêter attention aux allées et venues de chacun. Valérian n'avait plus qu'à jouer le jeu.
Au moment où il allait poser un pied dans le couloir, une jeune femme passa devant lui. Ses cheveux multicolores étaient ramenés en une couronne de tresse sur sa tête. À l'inverse, ses vêtements étaient d'un violet uniforme. Valérian pouvait jurer que sa meurtrière portait des habits d'une matière et d'une couleur semblable ! En revanche, le prisonnier fut troublé de constater que la fille du couloir ne réagissait pas à sa présence, un peu comme si elle ne le voyait pas. En y regardant de plus près, Valérian constata que la jeune femme avait les yeux fixés devant elle, et pourtant elle ne bousculait personne.
― C'est trop bizarre. On dirait que cette fille est aveugle... Mais apparemment non vu qu'elle évite les gens, pensa Valérian, extrêmement surpris.
Ce dernier se risqua à se mettre un pied dans le couloir après cette réflexion. Cependant, il n'eut pas le temps de faire un second pas que la jeune femme en question l'interpella.
― Hum... Je dirais que tu es derrière moi... Et à en juger la direction de ton pas, tu sors de la chambre de Rubis mais tu me parais moins assuré qu'elle !
Valérian n'avait pourtant fait aucun bruit avec son seul pas. Notre pauvre ami avait l'impression de perdre la tête. Il sentit l'angoisse lui dessécher instantanément la gorge. Déjà que son attitude égarée ne jouait pas en sa faveur, esquiver la conversation semblerait encore plus suspect.
― Heu... Mais tu es... Aveugle non ? répondit Valérian sans réfléchir.
― Sans blague ! Ne me dis pas que tu te crois drôle en plus ?
Valérian sentit qu'il avait fait une grosse boulette. S'il continuait à jouer l'ignorant, il allait se faire repérer.
― Ouais désolé, c'était nul. Je fais mieux en temps normal.
― J'espère pour toi... Qui es-tu ?
― Je m'appelle Valérian et toi ?
― Qu'est-ce que tu faisais dans la chambre de Rubis ? enchaîna l'inconnue, suspicieuse.
― Je suis... Nouveau ici. C'est Rubis qui m'a parlé de cet endroit et qui m'a dit de passer.
― Ha bon ? Elle n'est pas un porte-étendard pourtant.
― Oui... Non... Un quoi ?
― Les porte-étendard sont des sortes de sympathisants qui diffusent la parole de Bastior et doivent convaincre les démons intéressés d'accepter une entrevue avec lui. Ce n'est pas le rôle de Rubis, c'est une chasseuse, explicita l'aveugle sur le ton de l'évidence.
Valérian se raccrocha à ses derniers souvenirs pour réfléchir à toute vitesse.
― En fait... C'était pas prévu, concéda-t-il. Je l'ai croisé un peu par hasard et je l'ai écouté sans qu'elle m'y autorise vraiment. Au final, j'étais intéressé alors... On a discuté du magicien et me voilà ! C'est elle qui m'a amené ici pour que je le rencontre.
La jeune fille n'avait pas besoin de ses yeux pour deviner que Valérian gesticulait et cherchait ses mots. Elle avait l'impression que tout ce qui touchait aux démons lui était étranger comme si c'était un novice. Pas étonnant alors qu'il ne savait pas à quoi s'attendre en pénétrant à Keyaris.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top