Chapitre 6

Cyril se tortilla sur son coussin en soie. Il était satisfait des exercices accomplis, mais la fatigue gagnait du terrain. Être en tailleur dans un panier pour chat n'arrangeait pas les choses. Malgré un mobilier taillé sur mesure pour des êtres à l'apparence humaine, il demeurait difficile de trouver naturellement sa position sur un fauteuil aussi peu conventionnel !

― Pour le moment, avec Rubis dans les parages, tenter de voir vos parents en pariant sur l'improvisation serait du suicide. J'aurais peut-être un plan à vous proposer, annonça Chas. Il nous faut nous débarrasser de ma sœur et seulement après cela, vous pourrez reprendre vos vies et réclamer des réponses.

Jusque-là, les deux garçons étaient d'accord avec leur comparse. Ils firent tout de même la moue en comprenant que ce n'était pas lors de ces retrouvailles familiales, s'il y en avait bien une, qu'ils assembleraient les pièces du puzzle. Il y avait une autre chose qu'ils craignaient. Soupçonneux, Cyril prit la parole :

― Heu... On ne va quand même pas devoir assister au règlement de comptes entre Rubis et toi ?

― Si, c'est même vous qui allez le provoquer !

Les deux amis ricanèrent, nerveux. Rien que la perspective que l'un des protagonistes du plan soit éliminé ne leur plaisait guère. On parlait de démons. Comment ne pas imaginer un combat sans merci qui se terminerait dans un bain de sang. Cyril et Nikolai ne voulaient pas être les spectateurs d'une telle horreur.

― Tu plaisantes ? Tu es chef, tu n'as pas besoin de nous ! s'indigna Cyril.

― Crois-tu réellement que ma sœur va m'obéir si je lui ordonne gentiment de ramener ses fesses ici ?

Les deux vidéastes devaient bien se rendre à l'évidence, Rubis n'avait rien d'un sujet dévoué. Elle ne viendrait pas sans un peu d'aide. L'autre évidence était qu'ils ne pourraient pas la fuir indéfiniment. Peut-être était-il temps d'en finir rapidement après tout. La seule consolation que les vidéastes avaient était que Chas pouvait a priori combattre sa congénère seul. Voulant s'assurer que le sakarujam ne les pousserait pas à devenir des meurtriers, Cyril demanda timidement :

― Alors tu voudrais juste qu'on serve d'appât, n'est-ce pas ?

En réalité, il peinait à envisager cette seule éventualité. Si les choses tournaient mal, c'était sa vie et celle de son ami qui se jouaient. Chas avait les moyens de combattre Rubis, il survivrait dans tous les cas. Il était clair qu'en cas de pépin, les chances de survie de deux pseudos compatriotes sans expérience étaient minces, si ce n'est nul ! 

Chas n'avait pas besoin d'avoir les pensées de Cyril à disposition pour deviner ce qu'il se disait dans son for intérieur. Le kepaja était conscient qu'il en demandait beaucoup à deux frères dont la patience et les nerfs avaient déjà été mis à rude épreuve. De plus, le plan exigeait d'eux qu'ils fassent confiance à une demi-bête sauvage dont ils ne savaient pratiquement rien. Remettre leur vie aux mains d'un type louche qui se permettait de leur donner des ordres comme si l'obéissance était inscrite dans les gènes, c'était une enjambée magistrale au-dessus d'un précipice que Chas leur réclamait !

― Bien sûr ! certifia celui-ci au sujet des appâts. Je n'ai pas l'intention de tuer Rubis si cela peut vous rassurer. Je veux qu'elle soit mise aux fers pour l'éternité sous le palais de Niajadis, la résidence de la famille royale détenant le pouvoir de commandement absolu à Permana, décréta le matou en serrant les poings.

― Je recommence à être perdu, c'est nébuleux ton truc ! pesta Cyril en soufflant.

― Dans la hiérarchie politique, il y a une reine au-dessus de nous, les kepaja ou chefs de clan. Une rani, telle est son titre. Nous descendons de créatures gouvernées par un monarque absolu et nos ancêtres ont gardé cette tradition. Iesmée fut notre première rani. La malheureuse est morte un siècle plus tard. Ily et son mari Kaling ont été nommés à sa suite pour diriger le royaume. C'est un rôle qu'ils ont tenu avec brio jusqu'à ce que leur progéniture leur succède. Amélia a hérité de la couronne depuis quelques années seulement. Elle vit dans le palais de Niajadis. Sous celui-ci, un portail secret conduit à de minuscules cellules séparées par des kilomètres de galeries souterraines.

Cyril eut la chair de poule en imaginant les renégats du royaume démoniaque ressasser leur rage contre la paroi rocheuse de leur cachot. Il se recroquevilla, les bras croisés sur sa poitrine. Chas reprit :

― Afin que les prisonniers ne puissent s'échapper de leur cellule, Amélia exige que leurs pouvoirs soient bloqués. Insérer des verrous et servir la rani dans ses tâches quotidiennes sont les deux missions qui régulent la vie des neciara. (Chas mit une main sur l'épaule de Cyril. Surprit par ce contact, le garçon décroisa les bras.) Je suis conscient que ce n'est pas facile de me faire confiance. On ne se connaît pas, mais je suis un kepaja. Je me suis promis d'aider n'importe quel démon dont la vie est menacée, pas seulement les gens de mon peuple. Désormais, vous avez une seconde famille et elle est bien plus grande que vous ne le pensez ! Je ne vous laisserai pas tomber. Pensez à vous. Vous n'aurez jamais de repos tant que Rubis sera sur terre. Voulez-vous vraiment rester ici pour toujours ?

Les deux vidéastes savaient au fond d'eux qu'ils n'avaient pas le choix. C'était de leur faute s'ils se retrouvaient dans cette situation. Ils avaient fait confiance à l'instinct de Nikolai qui les avait menés aux frontières de leurs craintes et de leurs convictions ! En même temps, sans cet instinct, ils n'auraient pas débloqué leurs pouvoirs. S'ils avaient rencontré Rubis ou un autre tueur dans son genre dans d'autres circonstances, ils ne seraient plus là pour bavarder avec Chas.

Petit à petit, Cyril et Nikolai pressentaient qu'il était accompagné par un bougre à l'intelligence militaire indéniable. Le danois était silencieux depuis le début de la conversation. Cyril sentait que celui-ci était autant effrayé par les enjeux que lui. Dans le duo, c'était pourtant Nikolai qui prenait plus facilement les décisions dans les pires moments. Cyril décida donc de s'en remettre à lui en l'interrogeant du regard. L'intéressé cogita quelques secondes supplémentaires, ses neurones tournant à plein régime. Il ne voyait pas d'autres issues car il était bien trop proche de la vérité pour renoncer maintenant.

― Non, à partir d'aujourd'hui, on va arrêter de courir ! affirma celui-ci à son collègue qui, surpris, leva un sourcil.

― Alors assumons notre choix ! en conclut Cyril.

Pour se donner du courage, Cyril pressa le bras de Nikolai avant d'ajouter à l'intention du kepaja :

― OK, on te suit, Chas. Que doit-on faire ?

Le demi-chat exposa les dernières lignes théoriques de son plan à ces comparses. Sur la planète bleue, quatre jours s'écoulèrent. Rubis guettait, confortablement installée dans l'appartement de Nikolai. Elle cohabitait avec Caline, l'animal de compagnie du danois, que Chas se permit de contacter par télépathie pour lui conseiller de se tenir éloignée de sa nouvelle colocataire. La chatte se planqua dans les placards de son maître, enveloppée dans des habits imprégnés de son odeur réconfortante. 

Rubis avait espionné les pensées de ces cibles jusqu'à ce qu'elles se coupent d'un coup, ce qui ne l'inquiéta pas outre mesure. Un démon utilise la télépathie comme il respire. Il aurait été bête de ne pas apprendre aux deux youtubeurs comment manipuler cela, et Chas était loin d'être un parfait idiot. En revanche, Rubis gardait à l'esprit qu'elle se frottait à des cibles inexpérimentées. Alors qu'on enseignait aux enfants l'art de manier la magie noire dès leur plus jeune âge, Cyril et Nikolai apprenaient doucement à assimiler leurs dons. Ils n'étaient pas à l'abri d'un oubli ou d'une mauvaise manœuvre.

Chas accepta finalement que Nikolai rejoigne ses parents, mais ce n'était pas sans condition. La première, c'était que la famille se retrouve dans un lieu sécurisé en dehors de la capitale.

― Rubis s'attend probablement à ce que tu rentres chez toi, Nikolai. Hors de question de t'envoyer là-bas ! Cela vaut pour l'appartement de Cyril également. Réfléchi, il y a bien quelqu'un qui peut te prêter son logement le temps d'un après-midi, non ? interrogea Chas.

Des personnes, oui il y en avait, mais aucune que Cyril et Nikolai voulaient mêler à leurs histoires. Pourtant, ils n'avaient pas le choix. Cyril prit la tête des opérations terrestres à la demande de Chas.

Ce dernier téléporta le youtubeur dans son propre appartement pour lui laisser le temps de passer un coup de fil. Il contacta les parents de Nikolai, Sandrine et Charles, qui purent libérer leur après-midi pour voir leur fils. Abattu par la finalité du service qu'il s'apprêtait à réclamer, Cyril composa un second numéro.

― Allô ?

― Hé, Val !

― Salut, Cyril. Ça va ? T'as l'air hyper triste !

S'il commençait comme ça, celui-ci n'arriverait à rien avec Valérian. Après quelques années à créer des décors pour des projets de longs métrages, ce dessinateur avait souhaité transmettre son savoir. À présent, il conseillait ses abonnés sur la façon de gérer la scénographie de spectacles en tout genre.

Si Cyril se tournait vers lui ce n'était pas pour son expertise artistique, mais plutôt pour sa maison de campagne qu'il lui prêtait parfois quand le besoin d'espace et de silence se présentait. Gêné face à son camarade qui venait de le percer à jour en une phrase, Cyril se mit à bafouiller tout en essayant de reprendre une contenance.

― Heu... Oui... Non... Non, non, t'inquiète, mec. Je vais bien.

― Cyril, tu es vraiment sûr de ça ?

Valérian insista lourdement sur le terme « vraiment ». Il ne croyait pas un mot de ce que lui disait son ami tant sa voix était hésitante. Ce dernier aurait presque dit que Cyril se sentait coupable, mais de quoi ? Valérian connaissait son interlocuteur par cœur, son ton de voix n'avait rien de normal.

― Non, c'est rien. Voilà, avec Niko on voudrait faire une vidéo surprise. Ce serait un gros truc qu'on prépare en secret depuis quelques jours. On veut faire la surprise à tout le monde et pour ça on aurait besoin de toi, ou plutôt de ta maison.

― Ma maison ?

Valérian écarquilla les yeux. Il fallait qu'il en sache davantage.

― Mais quel genre de vidéos vous voulez faire ? Je peux pas vous prêter mon logement sans rien savoir les gars !

― Je sais. On peut rien te dire, c'est une surprise mais je te jure que c'est quelque chose de cool. S'il te plaît, Val !

Valérian était dubitatif. D'un côté, il avait envie de faire plaisir à ses amis, mais de l'autre, il sentait que Cyril ne lui disait pas tout. Depuis plus de trois jours, ce dernier était silencieux et voilà qu'il réapparaissait subitement avec une histoire à dormir debout. Cette surprise et cette voix éteinte déroutaient Valérian. Cyril comprenait les réticences de son collègue. Malgré sa bonne volonté, il ne parvenait pas à mettre la conviction nécessaire pour être crédible. Tout sonnait faux. Décidant de jouer sur un autre registre, Cyril reprit la parole.

― Val, je sais ce que tu vas me dire. Ça fait des jours que je ne donne pas de nouvelles et le ton de ma voix est bizarre, à la limite de la culpabilité. J'ai besoin de toi, je te demande de faire ça au nom de notre amitié.

Le démon novice n'en était pas fier, mais il s'était volontairement branché sur les pensées de son aîné. Nikolai et lui s'étaient promis de faire usage de cette capacité uniquement en cas de force majeure. Ils n'avaient aucune envie que ça devienne un automatisme comme pour Chas ou ses sujets. Cyril estimait être dans l'urgence, il s'autorisait donc à être intrusif. De cette manière, il pouvait voir quelle corde tirer pour que ses paroles soient efficaces. Déconcerté, Valérian ne répondit pas.

― Fais ça pour Niko et moi. C'est très important pour nous, renchérit Cyril.

― Bon... Vous auriez besoin de ma maison quand ?

― Cet aprèm.

― Quoi ? Si tôt ?

― Désolé, on a décidé de tourner ça au dernier moment avec Niko. Tu pourrais t'absenter pour quelques heures ? Si tu as besoin de tourner toi aussi, tu peux prendre mon studio en échange !

― Mais c'est quoi ce plan, Cyril ? explosa Valérian. (Constatant le silence de son interlocuteur, il se ravisa.) Bon OK, si je fais ça, c'est vraiment pour vous... Uniquement pour vous. Ça ne me plaît pas cette histoire.

Cyril poussa un cri de joie intérieur. Il devait maintenant faire promettre quelque chose à Valérian, et ce, pour une question de vie ou de mort.

― Merci, je t'adore ! Mais il faut que tu promettes un truc. Tu ne dois jamais revenir dans ton appart avant que moi ou Nikolai, on te dise que c'est bon. Jamais !

― Cyril !

Valérian commençait à en avoir marre, son collègue ne faisait rien pour calmer ses inquiétudes. Au contraire, il les attisait ! L'aîné voulut protester encore davantage mais Cyril le prit de vitesse.

― Je ne peux rien te dire de plus. Tu dois juste me faire confiance. J'ai une très bonne raison de te demander ça et je ne raccrocherais pas tant que tu ne me l'auras pas juré !

Valérian poussa un long soupir. Cyril était déterminé. Cette promesse lui tenait bien plus à cœur que le service que son aîné acceptait de lui rendre. Ce dernier finit par céder.

― OK, je te le promets. Cyril... Fais attention à toi.

Ces dernières paroles touchèrent l'intéressé en plein cœur. Il avait rarement entendu Valérian s'inquiéter autant pour lui. Ces mots, il les avait presque murmurés, sûrement par pudeur. Qu'importe, la culpabilité de Cyril grandissait. Pressé d'en finir, il balbutia un léger « oui » avant de raccrocher.

La première condition du chef de clan était remplie. Profitant du large temps qu'ils leur restaient pour atteindre la bâtisse de Valérian, Chas et Cyril optèrent pour faire le trajet en voiture. En chemin, Chas s'attendait à ce que son comparse l'assomme une nouvelle fois de questions, mais celui-ci n'en fit rien. Cyril était trop angoissé pour avoir le cœur à se heurter aux énigmatiques réponses du kepaja.

Une fois chez Valérian, ce dernier leur ouvrit rapidement. Il fut surpris de voir son collègue franchir le seuil de sa porte avec un inconnu. C'était Nikolai qu'il s'attendait à voir ! Chas se présenta de manière courtoise au trentenaire à la longue barbe qui le scrutait en remettant en place ses grosses lunettes marron :

― Bonjour, je m'appelle Chas. Ravie de te connaître !

― Bonjour, répondit Valérian qui jeta un regard interrogateur à Cyril. C'est qui ?

― Un nouvel ami. Ce serait trop long à t'expliquer, il fait partie du projet.

Chas sourit à Valérian qui bougea difficilement les lèvres. Le sourire qu'il rendit au démon par politesse était si crispé que cela fit ricaner le kepaja.

― Tu peux y aller, merci encore ! murmura Cyril, extrêmement gêné par l'attitude désinvolte de son complice.

Marmonnant un « OK », Valérian prit sa veste, son ordinateur et du matériel pour ses vidéos. Après une accolade à Cyril, le barbu prit son envol en direction des studios de ce dernier, le cœur serré par un pressentiment négatif après ce court échange avec l'intriguant Chas.

Les parents de Nikolai arrivèrent quelques temps après cela. Le cœur de Cyril manqua un battement quand ces derniers frappèrent à la porte. Son complice poussa brutalement sa chaise pour lui remettre les idées en place. Évitant de justesse de finir étalé de tout son long par terre, Cyril ouvrit la porte au couple qui patientait sagement sur le porche.

Chas attendit que le couple prît place sur le canapé pour s'approcher. Sandrine et Charles ne bronchèrent pas à la vue du matou car ils se rappelaient des figures tatouées qui peuplaient Permana. Chas imposa alors sa seconde condition qui consistait à faire passer un test aux deux individus. Puisqu'il fallait composer avec le talent de caméléon de Rubis, le groupe devait s'assurer d'être en présence des bonnes personnes.

Le test de Chas était simple. Il suffisait de répondre correctement à une série de questions très précises sur l'enfance de Nikolai. En réalité, ceci n'était pas le vrai test car Rubis avait toujours la possibilité de rester connecté aux pensées du couple pendant qu'on l'a questionné si jamais elle prenait leur apparence. Chas avait juste besoin d'un prétexte pour les approcher.

Pendant son interrogatoire, le kepaja prit subitement le bras de Sandrine puis celui de Charles et y enfonça ses griffes. Les blessures de Rubis avaient été soignées de façon artisanale et elles étaient récentes. La chasseuse avait beau être une excellente comédienne, elle ne pourrait pas parfaitement cacher sa douleur, d'autant plus si on la prenait par surprise. Touchant l'emplacement exact des blessures de Rubis sur les indications de Cyril, Chas vit les visages de Sandrine et Charles n'afficher qu'une légère grimace. Le test était concluant. Le démon fit une rapide escale à son château pour récupérer Nikolai qui poireautait, anxieux, dans sa chambre. Atterrissant en face de ses parents, le garçon ravala ses larmes de joie pour les embrasser.

Or, il n'eut même pas le temps d'arriver à leur hauteur que Rubis apparut. Bastior fit son entrée dans la foulée en esquissant un salut vers ses deux frères qu'ils découvraient pour la première fois. D'un geste, le magicien projeta violemment Chas contre une étagère. Celui-ci mourut sur le coup car sa nuque se rompit sous l'impact. Cyril et Nikolai détournèrent la tête d'effroi tout en reculant. Ils en profitèrent pour faire le vide dans leur esprit. Pour leurs ennemis, ils devaient rester des louveteaux apeurés et sans défense.

― Rapporte-moi de bonnes nouvelles cette fois, Rubis ! exigea Bastior avant de quitter l'appartement.

À présent qu'il s'était préoccupé de l'être le plus puissant de la pièce, le blondinet à la teinte blafarde laissait la salle besogne à sa compagne.

― Qui t'as mis au courant pour mes parents ? questionna froidement le danois.

― Toi-même !

Nikolai écarquilla les yeux, jouant parfaitement la carte de la fausse naïveté.

― Ton esprit a laissé échapper l'information, ajouta Rubis d'un ton euphorique. Je n'ai pas eu à chercher bien loin pour contacter tes chers parents. Ce sont eux qui ont sonné à ma porte hier, rien ne plus normal puisque leur fils ne répondait pas à leurs appels depuis des jours !

― Mon portable s'est cassé quand j'ai fait mon roulé-boulé dans le château de Chas ! se mortifia l'intéressé.

― Je suis navrée, se moqua la chasseuse, un rictus aux lèvres. J'ai proposé à tes parents de dîner et je me suis permis d'inviter Bastior. Il est mon seigneur et bientôt il sera celui de tous les mundur. Il prendra le trône de Niajadis dès que j'aurai évincé les dernières pièces qui lui barrent la route !

Rubis jubilait, les yeux luisant d'un fanatisme qui scia ces interlocuteurs. La chose que ces derniers attendaient ne venait pas. Leur peur devint palpable. Tout à coup, une porte s'ouvrit. Cette tête-là, Cyril et Nikolai ne voulaient pas la voir. Levant les yeux aux ciels, Rubis se téléporta face au propriétaire des lieux qui était revenu sur sa promesse. Au passage, elle récupéra un poignard qu'elle planta dans le cœur de Valérian. Ses deux collègues hurlèrent son nom, tétanisé par l'effroi. Savourant ce moment où la vie quitte le corps d'un homme, Rubis s'exclama :

― Tes amis te rejoindront bientôt dans l'au-delà, c'est promis.

Pour ne pas s'encombrer d'un nouveau corps, la chasseuse téléporta directement le cadavre de l'aîné des vidéastes dans son cimetière personnel. Cyril et Nikolai n'arrivaient pas à réaliser ce qui se passait. Ils n'avaient vu qu'une ombre poignarder un être dont la seule erreur avait été d'écouter son mauvais pressentiment. C'était un vrai cauchemar ! Pendant toute cette macabre scène, Sandrine et Charles n'avaient pas bronché. Et pour cause, Bastior manipulait leur esprit grâce à sa force de persuasion magique. Ses paroles résonnaient en boucle dans l'esprit des deux individus :

― Chers parents, dans peu de temps, votre fils souhaitera vous voir. Vous allez faire en sorte de pouvoir vous rendre à ce rendez-vous. Une fois là-bas, mon amie Rubis vous contactera pour que vous lui décriviez où vous êtes. Nous nous reverrons alors dans cet endroit. Dès l'instant où vous me verrez et jusqu'à ce que mon amie quitte les lieux, vous nous laisserez agir sans opposer la moindre résistance.

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