Chapitre 4

Rubis n'eut pas d'autres choix que de commander un taxi pour aller au lieu de rendez-vous car elle ne savait pas à quoi celui-ci ressemblait. Le démon était en avance. Tant mieux, cela éviterait aux autres de poser des questions sur son arrivée en taxi. En attendant la venue de ses camarades de jeu, elle inspecta minutieusement la forêt que le duo avait choisie pour l'occasion. 

C'était reculé et paisible. Il y avait peu de chances que quelqu'un vienne perturber leurs histoires de gaming. C'était tout ce qu'il fallait ! Quelque temps plus tard, tout le monde arriva et le matériel fut rapidement monté. Rubis salua ses soi-disant collègues chaleureusement, de la même façon que le personnage de chair dans lequel elle s'était glissé l'avait fait avec elle auparavant. 

Rubis refusait de faire honte à ses racines panyakulit, son clan de caméléons qui se fondaient dans la masse furtivement et proprement. Ses heures de surveillance, tant avec ses yeux qu'avec son infiltration psychique dans les pensées des youtubeurs, lui avaient donné une mine d'information sur les habitudes de vie et le métier de ses cible. Rubis était désormais capable de réagir comme eux pour faire illusion devant la caméra. 

Elle repensa fièrement  à son emblème qu'elle n'avait pas entaché. En temps normal, c'est le chef de clan, le kepaja comme il est surnommé dans la langue des anciens, qui la portait sur une partie de son corps. Les panyakulit n'en ayant pas, tous ces membres avaient cette marque sur leur dos à hauteur de leurs omoplates. Elle représentait un homme caméléon aux yeux noirs matérialisant une boule de feu dans sa main gauche. Celui-ci est entouré de silhouettes qui ne le voyaient pas. 

Après un dernier débriefe rapide entre collègues, tout le monde se mit en place pour le début de la vidéo. Comme prévu, Gregor et Allan annoncèrent un tirage au sort. Rubis se plaça volontairement en tête de file de manière à être la première à piocher dans un bol son papier avec le nom de son futur partenaire. Cela faisait partie de la seconde partie de son plan. Dissimulant un papier dans sa main, elle fit mine de fouiller parmi les noms déjà présents dans la corbeille pour en ressortir le papier qu'elle avait elle-même glissé dedans. C'est avec une joie sincère qu'elle sauta au cou de son camarade Zodiac pour lui annoncer qu'ils faisaient équipe.

 Vint ensuite la série d'épreuves dans la forêt où la pression monta d'un cran, car le parcours d'énigmes commençait. Pour se mettre dans l'ambiance, les duos débutèrent par un jeu de pistes avec une boussole qui fut chaotique pour tout le monde. C'est à la seconde épreuve de l'escape game que Rubis décida de pimenter la journée de son comparse Cyril.

Le challenge consistait à dénicher les trois fragments d'un talisman qui, une fois ses parties assemblées, permettrait de débloquer la serrure d'un tombeau disséminant une relique appartenant au héros du jeu vidéo. Chaque duo avait sa propre clé à recréer dont les bouts avaient été éparpillés dans des campements abandonnés. 

Alors que Cyril fouillait l'un des camps à la recherche du moindre indice, il ne vit pas Noémie s'éloigner sans un bruit pour rejoindre le cameraman qui les filmait. Avec rapidité, elle rompit la gorge du malheureux qui mourut sur le coup. Alerté par le craquement de nuque de la victime, Cyril leva les yeux vers Noémie qui affichait un large sourire. Apercevant le cadavre à ses pieds, Cyril cria, horrifié par cette vision. Il se précipita vers le macchabée.

― Mais, Noémie, qu'est-ce qui s'est passé ? Putain, il est mort. Ça ne peut pas être toi, mais qu'est-ce qui t'as pris ?

Fou de rage et terrifié, Cyril hurlait sur sa collègue. Tentant de prendre son téléphone pour prévenir les autres de la tragédie qui s'était joué sous ses yeux, Rubis lui arracha des mains tout en le poussant au sol avec un coup de pied très bien exécuté.

― Tu es complètement folle ! Je comprends rien. Noémie...

― Moi, c'est Rubis ! Il n'y a pas grand-chose à comprendre, mon frère, si ce n'est que ton heure est arrivée ! présuma-t-elle, moqueuse, devant la mine déconfite de son soi-disant ami.

Ce n'est qu'à ce moment-là que Cyril comprit. Certes, celle qui se tenait devant lui était en tout point identique à son amie sur le plan physique, même sa voix était parfaitement reproduite. Cependant, elle avait ce ton glacial et un regard dénoué de toute émotion. Jamais la vraie Noémie n'aurait regardé quelqu'un d'une manière aussi insensible. C'est alors qu'il repensa à la jeune fille au teint mâte et à la chevelure caramel qui les traquait sûrement sans relâche depuis plusieurs jours. Oui, ça ne pouvait être qu'elle ! 

À terre, Rubis voulut frapper Cyril pour l'assommer une bonne fois pour toutes, mais celui-ci évita le coup de justesse et se releva précipitamment. Le visant avec une boule de feu, le jeune terkunchi l'évita en se jetant sur le côté. Ayant anticipé que ce dernier ferait quelque chose dans le genre, Rubis le rattrapa presque immédiatement en le retenant avec ses bras musclés. Cyril était mortifié en sentant sa dernière heure arriver. Il gesticula dans tous les sens pour se dégager de l'emprise de Rubis tout en criant à l'aide, ce qui fut vain, car ses amis étaient trop occupés à explorer d'autres camps pour prêter attention aux bruits alentour.

Soudain, Rubis cria de douleur tout en lâchant le bras de sa proie. L'avant-bras de la tueuse était entaillé par une griffure apparemment profonde. Tout en macérant son bras pour ralentir le sang qui coulait sur le parterre de feuilles du champ de bataille, elle observait les mains de Cyril. Ce dernier les observant à son tour, il poussa un cri de surprise quand il remarqua que des griffes affûtées avaient remplacé ses ongles. Déchaînée, Rubis se jeta sur le terkunchi encore sonné qui réagit avec un temps de retard. Avec ses restes de gymnastiques appris dans une association, le vidéaste tenta un salto. 

Sa tentative de bond maladroite se transforma malgré lui en un salto démesuré qui le fit atterrir sur une solide branche de l'arbre derrière lui. Cyril hallucina quand il constata où se situait son perchoir. Celui-ci ne l'aida guère longtemps. Rubis eut tôt fait de le faire retomber sans ménagement sur la terre ferme en matérialisant une boule de feu suffisamment puissante pour réduire en cendres une partie de la branche où se trouvait sa proie. La chute fut si violente que Cyril ne fut plus en mesure de se relever. Ses mystérieuses griffes avaient disparu. Cette fois, s'en était finie de lui ! 

Se téléportant à sa hauteur, Rubis sortit un poignard argenté de sous son T-shirt et visa le cœur du jeune homme. Même s'il savait au plus profond de lui que ça ne servait à rien, Cyril supplia celle qui avait toujours l'apparence de Noémie de l'épargner. Il repensa aussi à Nikolai qui était le prochain sur la liste de cette psychopathe. Il la voyait déjà débarquer chez le vidéaste avec l'apparence de leur collègue. Nikolai l'aurait accueilli sans savoir que c'était la mort qu'il faisait entrer dans son salon. Ce n'était pas sa vie que Cyril vit défiler devant ses yeux quand Rubis leva le bras, poignard en main, mais le piège se refermant sur un vidéaste prometteur dont le corps reposerait dans son propre salon. 

Alors que les larmes montaient aux yeux de Cyril, celui-ci ferma les yeux. Il ne pouvait supporter de voir une fille qu'il appréciait, ou plutôt sa plus fidèle copie, le visait en plein cœur. Sentant comme une force invisible déplacer son corps tel un fantôme virevoltant dans les limbes, Cyril rouvrit les yeux. Abasourdi, il vit que ce n'était plus sur un parterre de brindilles qu'il était étendu, et encore moins dans un cimetière, mais bien sur le sol de ce même salon où il pensait y retrouver le corps inerte de son ami.

Nikolai, qui flânait sur son ordi vautré sur son lit, entendit un grand « boum » provenant de son salon. Sursautant, il accourut vers la source du vacarme pour y retrouver Cyril en plein milieu de la pièce et couvert d'écorchures. Pendant ce temps, Rubis, accroupie avec son poignard planté dans le sol, grondait intérieurement pour avoir laissé passer sa chance. Elle ne désespéra pas pour autant. Elle avait déjà deviné où ce puceron avait pu se rendre, un lieu qu'elle avait déjà repéré en filant Nikolai après l'une de ses visites chez son ami aux yeux vairons. Rubis se téléporta sans attendre. 

Dans l'appartement de Nikolai, sa chatte Caline était le premier être vivant qui avait vu l'ami de son maître apparaître miraculeusement au milieu de la pièce visiblement très mal en point. Repensant au fait qu'elle sentait Nikolai anxieux depuis quelque temps, elle eut un mauvais pressentiment. D'instinct, elle sortit par la fenêtre du salon toujours entrouverte en cette saison. Les flash d'un nez à nez avec un être à deux pattes pas si humain que ça bombardait son esprit.

Ce jour-là, Caline vagabondait comme à son habitude, car son maître avait le dos tourné. Au détour d'une cachette dans son parc fétiche, la chatte avait fait la connaissance d'un humanoïde à l'apparence aussi familière que celle des autres hommes avec lesquels ses congénères citadins partageaient leur vie. Tandis qu'elle passait son chemin, des miaulements l'avait coupé dans son élan. C'était l'homme qui l'interpellait ! Caline s'était d'abord montrée méfiante envers cet être extraordinaire qui maîtrisait son langage. Ce dernier lui avait raconté d'où il venait avant de lui montrer quelques tours délirants qu'il savait faire. Le feeling étant bien passé entre les deux félins, la créature à deux pattes avait fait promettre à Caline de l'appeler en cas de danger.

 « Il y aura toujours un être de mon espèce pour te comprendre dans cette ville, cherche-le et demande-lui de me contacter » lui avait-il soufflé avant de disparaître par enchantement. 

Caline revint à la réalité, un présent dans lequel son maître était sur le point de mourir. Elle sortit en trompe dans les rues de Paris, totalement affolée. Elle s'égosilla à miauler un truc qui signifiait :

― J'ai besoin d'aide. Appelez Chas, je vous en prie, sauvez-nous !

Malheureusement, la plupart des gens ne lui répondirent qu'avec des injures en la prenant tantôt pour un chat errant portant la crasse de ses planques urbaines, tantôt pour une chatte en chaleur. Certains n'hésitèrent pas à lui donner des coups de pied dans les côtes pour l'obliger à la fermer. La peur grandissait en elle à l'idée que son maître soit déjà mort. La gorge brûlante, Caline miaula encore plus fort. Soudain, un inconnu écarta la foule de gens autour de l'animal pour la prendre dans ses bras et l'isoler de ces manusia complètement largués. Prise de panique, Caline tenta de fuir, mais elle s'arrêta net quand l'homme lui répondit en miaulant :

– Je parle ton langage ma grande ! Pas de panique, je contacte Chas immédiatement !

Du côté du maître de Caline, les choses se corsaient. Nikolai tenait fermement Cyril dans ses bras. Le danois n'eut pas le temps de se poser de question que sa porte d'entrée se fracassa contre le mur. Il comprit alors qui cela pouvait être en faisant le rapprochement avec l'état lamentable de Cyril. Rubis fit son entrée dans le salon du vidéaste accompagnée d'une traînée de sang. Avisant les gouttes rouges qui tachaient le sol, Nikolai remonta jusqu'au bras du démon qui était dans un sale état. Ce dernier était sidéré.

― Wouah, ça doit faire mal ! Attends, c'est Cyril qui lui a fait ça ?

― Oui. C'est un truc de fou, j'ai des griffes à la Wolverine ! murmura ce dernier.

― Tu l'as pas raté ! Faudrait que tu remettes ça d'urgence mon gars !

― J'ai pas le mode d'emploi, frère !

― On est foutu, conclut Nikolai sur un ton fataliste qu'il n'aurait jamais pensé utiliser de sa vie.

Trop absorbé par la présence de Rubis qui s'avançait dangereusement vers le duo, aucun des deux ne s'était rendu compte qu'ils n'avaient pas ouvert la bouche pour discuter. La chasseuse voulait en finir au plus vite car elle souffrait silencieusement de sa blessure. Rubis reprit sa forme originelle face à Nikolai qui redoutait le coup final. Baissant la tête, il entendit son ami articuler faiblement quelque chose :

― Niko, chante, rappe !

― C'est pas le moment, on va crever !

― Au contraire, c'est le moment idéal.

Faisant confiance à Cyril, Nikolai se mit à rapper. Il s'étonna de voir un micro apparaître dans ses mains avec cette buée noire qui leur était devenue si familière depuis quelques semaines. Ne se posant plus aucune question au point où il en était, Nikolai fit quelques vocalises. La qualité du son était parfaite ! La voix du garçon était tremblante mais audible. Elle arriva aux oreilles de Rubis qui se cambra de douleur. Cependant, la peur de Nikolai entravant sa puissance, il n'était pas en mesure de mettre à terre son adversaire comme il l'avait si bien fait involontairement avec Cyril des jours plus tôt.

L'attaque eut quand même pour effet de ralentir Rubis. Cela fut suffisant pour laisser le temps à leur sauveur envoyé par Caline d'arriver. L'homme, aux cheveux ébouriffés et épineux de couleur corbeau, débarqua de nulle part à quelques mètres de la tueuse. À peine Chas avait-il mis un pied sur le sol qu'il tendit son arc avec une rapidité déconcertante. Le temps que Rubis se retourne, alerté par son sixième sens, celui-ci décrocha une flèche qui s'enfonça dans la main où elle tenait son poignard argenté.

Blessée une nouvelle fois, Rubis lâcha son arme qui retomba à ses pieds. Chas arriva à sa hauteur en exécutant un salto bien plus assuré que celui de Cyril, mais avec autant de souplesse que notre gymnaste amateur. Rubis tenta alors de donner un coup de pied à son adversaire, mais ce dernier, qui était formé au combat depuis son enfance, n'eut pas de mal à parer son coup. La chasseuse voulue alors répliquer avec son poing mais Chas bloqua le bras de son adversaire dans la corde de son arc et l'attira violemment contre lui, de manière à pouvoir lui rendre son coup de poing raté.

Tout en reculant sous le coup, Rubis se dégagea le bras. Avant qu'elle n'ait pu reprendre possession de tous ses moyens, Chas lui assena un violent coup sur la tête avec son pied. Un peu sonnée, Rubis tomba à terre. Chas se baissa rapidement pour récupérer le poignard et se téléporta devant Nikolai qui observait la scène sans bouger. Cyril, de son côté, n'avait pas eu la force de tourner la tête.

― Mais qui...

― Pas le temps pour cela. Si tu veux vivre, il faut que tu me fasses confiance ! dit Chas d'un ton pressé.

Celui-ci n'avait pas le temps de prendre des gants, Rubis ne resterait pas à terre bien longtemps ! Il fixa Nikolai dans les yeux pour insister sur ce dernier élément : les deux garçons devaient absolument le suivre pour survivre. Le regard assuré de Chas fit son effet. Nikolai ne dit rien lorsque leur sauveur posa sa main sur son épaule pour les transporter par la voie la plus rapide du monde dans un lieu qu'ils ne seraient pas prêt d'oublier.

En attendant, Rubis avait une fois de plus laissé filer ses cibles. Elle les maudissait tellement fort ces deux youtubeurs ! La panyakulit devait l'admettre, elle avait besoin d'aide sur ce coup-là et peut-être le suivant. Elle se résolut donc à contacter son chef qui arriva quelques minutes après dans le salon du vidéaste qui venait tout juste d'échapper à sa sœur. C'est un garçon à la peau excessivement pâle, aux cheveux blond vénitien et au manteau vert empire coupé dans le style d'un magicien qui la toisa, visiblement très énervé, après qu'elle lui est faite le récit détaillé des dernières semaines.

― Tu t'es bien planté, Rubis ! C'est rare venant de toi.

― Oui, mais je ne pouvais pas deviner que Chas débarquerait. Comment a-t-il su ?

― Je ne te demande pas de me raconter tes exploits, seulement d'en réaliser ! Et maintenant que vas-tu faire ?

― Je ne sais pas encore, mais j'aurais besoin de toi. Personne ne doit s'apercevoir que Cyril a disparu de l'escape game !

― Il n'est pas terminé ?

― Non, ils sont encore en pleine épreuve. En attendant, j'aimerais que tu hypnotises cette espèce de...

― C'est bon Rubis, on a compris ! Est-ce vraiment utile de rattraper tes erreurs ?

― Je suis sûr de pouvoir tirer parti d'une autre occasion ! C'était des terkunchi, ils sont vulnérables.

― Effectivement. Fais en sorte qu'ils n'aient plus leur protecteur avec eux, sinon tu échoueras de nouveau. Continue à me décevoir et ce sera ta tête qui tombera, ma belle.

Rubis sentit que Bastior était implacable sur ce dernier point. Elle venait de lui apprendre beaucoup de choses d'un coup et, malheureusement, il n'y avait aucune bonne nouvelle dans le lot. Bastior était quelqu'un d'aussi insensible qu'elle. Pour lui, tout le monde était remplaçable, les démons autant que les terrestres.

Son organisation faisait partie du jeu où la moindre tentative pour obtenir le pouvoir et la soumission de tous avait sa place dans une partie d'échecs dans laquelle le magicien déplaçait ses pions. Bastior pense toujours que la vie ne se résume qu'en cela... Un échiquier où celui qui n'y trouve pas sa place se voit écraser sous la force des autres. Bastior laissait souvent une marge de manœuvre à ses compagnons d'armes car il savait qu'on ne pouvait pas gagner à tous les coups. Il faisait donc encore confiance à Rubis pour trouver une nouvelle tactique. Sa compagne d'arme avait envie de répliquer à ses attaques verbales. Si cela avait été quelqu'un d'autre que son chef, elle ne s'en serait pas privée. À la place, elle se tue. Rubis respectait et craignait trop Bastior pour riposter.

Conservant sa contenance, elle garda ses yeux fixés sur lui tout le long de la conversation, aussi dur était ce deuxième échec. Après cela, elle emmena Bastior au chevet de Noémie où le somnifère continuait à faire effet. Celui-ci plaça ses mains au-dessus du visage de notre belle au bois dormant. Irradiant de magie noire, il prononça ses mots :

― Noémie, rappelle-toi le projet de Gregor et Allan. Cette après-midi, tu es allée comme convenu rejoindre les autres dans la forêt et tu as participé à l'escape game. Tu as fait équipe avec Cyril et vous avez été les premiers à atteindre la relique, félicitations ! Tout s'est très bien passé et vous avez bien rigolé ensemble.

Grâce à la force persuasive de Bastior, l'image de cette journée décrite par l'illusionniste forma instantanément un souvenir dans la tête de la jeune fille. Il remplaça celui, confus, de sa bagarre avec Rubis. C'était au tour de la tueuse de jouer.

Le plan initial de la panyakulit était conçu ainsi : elle avait prévu de tuer le caméraman et Cyril, puis de remplacer ces deux-là par des sosies. De cette façon, ses camarades et elle joueraient le jeu pour terminer l'escape game et, ce faisant, éviter qu'on ne signale la disparition de Cyril trop tôt. En prime, la vidéo de Gregor et Allan aurait été la preuve qu'aucun massacre n'a eu lieu lors du tournage. L'alibi parfait pour contredire les faits, et ce, même si deux corps étaient retrouvés ! Rubis aurait tué Noémie à son retour de l'escape game. Toujours grâce à la vidéo, personne n'aurait pu faire le lien entre ce meurtre et les cadavres de la forêt.

Rubis retourna sur le lieu de tournage, accompagnée de deux caméléons envoyés par leur chef. Ses complices se dépêchèrent de déplacer le corps du pauvre cameraman. Ayant recouvert sommairement les taches de sang au sol avec des brindilles, Rubis reprit l'apparence de Noémie tandis que l'un de ses compatriotes prenait l'apparence du cameraman, et l'autre celui de Cyril. Elle briefa rapidement ses deux camarades sur l'attitude qu'ils devaient adopter. En reprenant les traits de Noémie, les blessures de la panyakulit disparurent. Rubis redoubla d'efforts pour se focaliser sur sa chasse au talisman. La chasseuse n'aurait pas supporté une nouvelle défaite en cette journée catastrophique !

Son équipe parvint à finir premier à la course comme elle l'avait juré à Bastior. Rubis choisit d'épargner Noémie afin qu'elle appuie la mise en scène des démons maintenant qu'elle avait oublié l'agression. Elle savait que sa supercherie ne tromperait pas les gens éternellement, mais elle avait gagné du temps. Lorsque le tournage fut bouclé, le démon regagna l'appartement de Nikolai. Là aussi, personne ne devait se douter de quelque chose.

― J'y suis peut-être allé un peu fort, confessa la panyakulit en jetant un œil à la porte d'entrée défoncée. Bon, je trouverais bien une excuse pour expliquer ça !

En attendant de trouver un bobard crédible, Rubis squatta l'appartement de Nikolai les jours suivants en se faisant passer pour lui. Elle en profita pour demander à ce qui se rapproche le plus de ce que le commun des mortels appelle une « amie » disposant de connaissances en médecine de lui soigner son bras. Dorénavant, elle n'avait plus qu'à guetter le retour de ses cibles à Paris !

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