Chapitre 16
La souveraine referma sa valise. Ses yeux brillaient d'impatience de revoir sa famille adoptive.
― Bien, il est temps de partir, Majesté ! ordonna Sardyl.
Amélia fronça les sourcils. Elle n'eut pas le temps de répliquer qu'une fumée noire se répandit dans la pièce. Sardyl éclata de rire. Alors que sa proie essaya de se téléporter, la fumée noire la rattrapa et la souleva du sol.
― Je t'en prie, arrête ça !
La rani était consternée. Elle faisait aveuglément confiance à ses serviteurs et ne les sentait pas malheureux. Évidemment qu'ils auraient pu avoir une place privilégiée au château vu leur formidable capacité, mais ils étaient nourris et logés dans un des lieux les plus spacieux du royaume. Ils restaient favorisés par rapport à leurs frères dépourvus de titre. Si un neciara avait demandé à Amélia de partir, celle-ci aurait accepté sans hésiter. Elle l'aurait aussi aidé à s'installer et lui aurait donné un présent de valeur pour que sa vie soit plus confortable encore.
Ce neciara qui était en train de la priver de ses pouvoirs ne semblait pas vouloir de sa générosité. Amélia devina qu'il était celui que Cyril et Nikolai avaient surpris en compagnie de Rubis des mois plus tôt ! Une fois le processus terminé, la rouquine retomba au sol en position accroupie, prête à bondir sur le rebelle. Devinant ses intentions, Sardyl se rua sur le côté pour esquiver son adversaire. Dans son élan, il saisit le pull dans la valise d'Amélia avec lequel il immobilisa les bras de la rani autour de sa propre taille.
― On va aller vers un tour ! lui susurra-t-il à l'oreille tout en la plaquant contre son torse.
Lorsqu'ils furent arrivés à destination, Sardyl revint aussitôt dans la chambre qu'il venait de quitter. Puisqu'il était prévu que la rani parte, le serviteur estima que personne ne s'inquiéterait de sa disparition. Cela ne marcherait qu'à une condition. Se téléportant une dernière fois, il atterrit dans sa propre chambre avec la valise de sa proie sous la main.
Amélia était sans voix face à la trahison de son frère. À présent, elle se retrouvait seule et sans pouvoir dans une chambre qui était si épurée que cela l'inquiéta instantanément. Pas de décoration sur les murs blancs ni sur le petit bureau qui ornait le coin de cet endroit inconnu. Par contre, Amélia entendait des voix provenant de derrière la porte, plein de voix qui formait un brouhaha sans nom.
Méfiante, la rouquine hésitait à sortir. Qui sait qui se cachait derrière cette porte ! Finalement, Amélia n'eut pas à attendre avant d'avoir une réponse. Elle venait à peine de débarquer dans ce nouveau décor qu'une femme blonde d'une quarantaine d'années environ entra sans frapper. S'attendant probablement à ce que la pièce soit vide, elle sursauta quand elle vit Amélia la dévisager.
― Vous m'avez fait peur, Madame ! Qui... Qui êtes-vous ? enquêta-t-elle, perplexe.
― Pas Madame, Amélia ! Heu... Où suis-je ?
La femme fronça les sourcils et toucha sa blouse d'une blancheur aussi pure que les murs de la chambre. Cette quadragénaire semblait vouloir se donner une contenance.
― Ma... Amélia, êtes-vous venue voir quelqu'un ici ?
Amélia ricana, nerveuse.
― Non, on ne peut pas vraiment dire ça. Je n'ai pas eu le choix !
― D'accord, très bien. Je m'appelle Sophie. Pourriez-vous me dire pourquoi vous êtes ici alors ?
― Je viens de vous le dire !
― OK... Hum, savez-vous qui vous a amenée ici ?
― Malheureusement oui, déplora le démon d'une triste voix.
― Très bien, et cette personne ne vous a rien dit d'autre ?
Amélia commençait à en avoir marre de l'interrogatoire que lui faisait subir cette inconnue. Ces questions vagues sur la raison de sa venue la mettaient extrêmement mal à l'aise, même si elle s'efforçait de paraître calme pour l'instant.
― Non, je ne sais pas exactement pourquoi je suis là. Ce que je sais, c'est que cette personne est dangereuse. Elle veut m'éloigner de mes amis pour préparer un sale coup. Croyez-moi, je dois vite partir d'ici !
Voyant que son interlocutrice se sentait réellement en danger, Sophie posa doucement les mains sur les bras d'Amélia pour tenter de la calmer. Elle essaya de la faire asseoir sur le lit, mais la rouquine résista. Elle dégagea sans ménagement son bras de l'étreinte de Sophie.
― Vous me dîtes que vous et vos proches êtes en danger, mais savez-vous ce qu'est ce danger ? répliqua celle-ci, l'air soucieux.
― Pas vraiment !
― Mais vous êtes certaine que cette personne vous veut du mal ? Comment ?
― Je ne sais pas non plus ! s'emporta Amélia qui commençait sérieusement à perdre patience.
― D'accord, s'exclama Sophie qui tenta de retenir Amélia en se plaçant devant elle tout en remettant ses mains sur le bras de la rouquine. Amélia... Hum... Pourquoi... Oui, selon vous, pourquoi cette personne s'en serait-elle prise à vous personnellement ?
La rani sentait bien que Sophie ne croyait absolument pas à son histoire. Mais qui était-elle pour juger cela ? Où le rebelle avait-il pu l'emmener ? Une chose était sûre, cette femme en blouse blanche qui essayait de lui extorquer des aveux ne lui inspirait aucune confiance.
― Bon, maintenant ça suffit !
Agacée et effrayée, Amélia attrapa les mains de Sophie sur son bras et les écarta violemment. Elle se précipita sur la porte quand elle entendit la voix implorante de la quadragénaire dans son dos.
― Amélia, je vais vous dire où vous êtes, écoutez-moi s'il vous plaît !
Curieuse, la souveraine s'arrêta à quelques centimètres de la porte.
― Vous êtes dans un établissement de soins psychiatrique et je suis psychiatre ici. Vous êtes dans une chambre inoccupée en cette période. J'ignore qui vous a amenée ici mais... Je crois qu'il a fait ça pour vous... Amélia... Je... Je crois que vous avez besoin d'aide !
Totalement déroutée, cette dernière voulut se retourner pour s'assurer de la sincérité de Sophie. Quand elle le fit, elle vit que la psychiatre en avait profité pour attraper dans sa poche une seringue contenant un puissant calmant. Destinée aux cas d'urgence, Sophie jugeait cela nécessaire en raison de la forte agitation de la visiteuse.
Grâce à ses réflexes de soldat, la terkunchi réussit à retenir le bras de son adversaire et à plaquer son aînée contre le mur. En obligeant la main de la psychiatre à taper la paroi contre laquelle elle l'avait poussé, Amélia parvint à se débarrasser de la seringue. Avec un bras sur le cou de Sophie et un autre qui bloquait fermement la main qui avait tenu l'objet, la reine tenait la psychiatre entre ses griffes.
― Amélia, je ne suis pas votre ennemi !
― On est d'accord mais vous avez voulu me planter une aiguille dans le cou !
― On peut se poser et en parler !
Sophie avait la voix tremblante. Il était rare qu'elle tombe sur de potentiels patients qui savaient bien se défendre. Le regard d'Amélia était planté dans le sien, scrutant la moindre expression du visage qui l'aiderait à y voir plus clair dans cette situation saugrenue.
― Ai-je une chance qu'on me laisse partir ?
― On peut en discuter.
La rouquine rigola. Avec le temps, elle n'avait plus besoin de la télépathie pour déceler certains mensonges.
― Non, vous avez déjà décidé. Vous ne me laisserez pas partir dans mon état !
Le rebelle avait très bien joué son coup, Amélia était coincée. Le pire, c'est que c'était ses propres paroles qui l'avaient mise en porte-à-faux. Elle n'avait pas pu s'arrêter de parler avant qu'il ne soit trop tard. Décidément, elle était bien la plus grande gaffeuse des puissants et Bastior savait comment s'en servir. Le malin avait dû échafauder les détails pratiques de son plan dès l'instant où Sardyl lui avait annoncé que leur reine comptait prendre des vacances.
Sophie avait établi un premier diagnostic dans sa tête. Cette femme qui s'agitait dans tous les sens semblait souffrir de délires. Elle l'a soupçonné d'être dans une phase aiguë qui la faisait totalement perdre contact avec la réalité. Les aptitudes au combat de la visiteuse et le fait qu'elle croyait être persécutée firent émettre à Sophie l'hypothèse qu'elle était peut-être nez à nez avec un ancien soldat souffrant de stress post-traumatique. Il y avait beaucoup de zones d'ombre à éclaircir avec cette jeune fille, mais c'était son métier.
― Bon, puisque je suis coincée, on va faire un marché. Ça vous tente ? concéda Amélia.
― Ce serait quoi le marché ?
― Je reste ici pour la nuit, mais en échange, vous ne m'injectez pas votre substance bizarre. Je me calme. Enfin, j'essaie. Vous la psy, cessez de m'assommer avec vos questions. Je me fous que vous ne me croyiez pas, je dois rester vigilante ! C'est une question de vie ou de mort. Je dois vraiment pouvoir me défendre !
― D'accord ! se résigna Sophie.
Amélia passa donc la nuit dans sa lugubre chambre. Elle avait songé à se suicider pour récupérer ses pouvoirs, mais elle espérait trouver un autre moyen qui la rendrait moins vulnérable. Il n'était pas exclu que Sardyl sonde les pensées et les gestes de sa proie. Dans le doute, mieux valait ne plus se montrer imprudente !
Sophie avait alerté ses responsables de la présence d'un nouvel arrivant dans l'établissement. Chacun avait bien tenté de voir avec la police si on leur avait signalé une disparition récemment, mais on ne trouva rien d'intéressant. De toute façon, sans le nom de famille d'Amélia, le personnel ne pouvait pas faire grand-chose de plus. Le lendemain matin, Sophie revint voir Amélia dans l'espoir d'en savoir plus sur elle.
Lorsqu'elle arriva dans la chambre, la professionnelle jeta un coup d'œil sur les vêtements de sa patiente qui avaient été posés à la hâte sur une chaise. L'hôpital avait accepté pour une nuit de prêter un pyjama à la jeune fille. L'apparence d'Amélia était le premier élément qui avait intrigué Sophie lors de leur rencontre. La soignante avait noté le raffinement de l'ensemble. Il était évident que ces vêtements étaient faits sur-mesure. Sophie avait raison puisque c'était bien la styliste Shelmina qui avait conçu la quasi-totalité de la garde-robe de son amie.
Pour un démon, il n'était pas difficile de repérer le style du vampire. Le côté sexy chic était assuré par le corset en dentelle, au décolleté en cœur, qui épousait la taille de la rani. Pour rendre l'habit adapté au combat, Shelmina avait, d'une part, créer un corsage moins serré que ce qu'il était d'usage au XVIe siècle. D'autre part, la styliste avait ajouté un ruban qui était noué au cou d'Amélia. Le bas était plus simple en se composant d'un pantalon fuseau. L'ultime touche de coquetterie de l'oiseau pour son amie était un foulard de soie dont les motifs aux dentelles dorées rappelaient la posture royale de sa propriétaire. Ce long bout de tissu accroché à la taille d'Amélia donnait à sa démarche un caractère aérien.
La psychiatre soupçonnait la rouquine d'être une bourgeoise au nom à particule. Elle en avait donc conclu que, si son hypothèse était juste, partir de l'identité de sa patiente lui donnerait de quoi fouiller pour avoir des indices sur la vie de celle-ci. Sophie posa un plateau se composant d'un petit-déjeuner offert par la maison sur le bureau de la petite chambre. Amélia était toujours endormie alors que le soleil était déjà levé depuis un moment. Il faut dire que sa nuit avait été très agitée. Devenu vulnérable, même le silence lui faisait peur.
― Amélia... chuchota Sophie tout en se rapprochant du lit de la mundur.
Profondément endormie, la jeune fille n'entendit pas la voix de Sophie dans ses songes.
― Amélia... retenta Sophie en effleurant le bras de sa patiente.
Depuis l'altercation de la veille, la psychiatre se méfiait des réactions très impulsives de notre rani. Elle avait peur que la moindre contrariété la fasse disjoncter. Pourtant, elle devait absolument apprendre à connaître la jeune fille pour comprendre pourquoi elle agissait de la sorte. Cette fois, Amélia sentit la main de la psychiatre sur sa peau. Elle ouvrit timidement les yeux.
― Bonjour, je vous ai apporté votre petit-déjeuner ce matin.
― Ho... Merci beaucoup, c'est gentil ! répondit la mundur, particulièrement surprise par l'attention de la soignante après ce qu'elle lui avait fait subir la veille. Vous faites ça avec tout le monde ?
― J'aimerais, mais n'en ai pas souvent le temps. Puisque vous êtes nouvelle, je voulais vous souhaiter la bienvenue !
Sophie affichait un sourire radieux. Amélia eut un pincement au cœur quand elle se rappela comment elle avait fait peur à cette pauvre dame qui croyait bien faire. Pour calmer le jeu, elle s'appuya sur le bord du bureau et prit un croissant. Tout en mangeant, elle fixa l'horizon à travers la fenêtre en se demandant si le magicien avait déjà envoyé ses troupes sur Permana. Sophie toussota pour sortir la jeune fille de ses rêves.
― Amélia, est-ce que je peux vous poser des questions personnelles ?
Cette dernière soupira, lassée d'être dans un endroit où les gens se posaient autant de questions sur leurs prochains.
― Je ne vous promets pas d'avoir des réponses à vous donner mais si vous y tenez ! céda-t-elle.
― Avez-vous de la famille dans la région ou quelqu'un que l'on pourrait contacter ?
― On est dans quelle région au juste ?
― La région parisienne.
― Alors non je n'ai personne.
― D'où venez-vous ?
― Du sud de la France.
― Est-ce que vous avez prévenu votre famille que vous étiez ici ?
― Je n'ai pas de portable !
― Tiens, on n'entend pas ça souvent de nos jours ! Voulez-vous qu'on vous prête un téléphone pour pouvoir les contacter ?
Amélia savait bien que ce serait l'occasion parfaite pour l'hôpital de récupérer de précieuses informations sur elle. De toute façon, ses parents adoptifs ne pouvaient rien faire pour elle sans risquer de tout dévoiler.
― Non, ils ne m'aideront pas.
― Pourquoi ?
Pour seule réponse, Amélia décrocha enfin un regard vers la psychiatre. Elle nota alors que son interlocutrice scrutait furtivement son corset, un air songeur sur le visage. Amélia se doutait de la raison de ce geste, mais elle n'en montra rien. Cela lui paraissait plus amusant de rebondir sur la remarque de Sophie. La rouquine arbora un sourire malicieux.
― Autre chose à me demander ? enchaîna-t-elle.
― Comment vous vous sentez ?
― Comme hier !
― Alors je vous conseille de rester là encore quelque temps. Je... Enfin... Est-ce que vous accepteriez de me parler un peu plus de vous, votre enfance et vos parents, par exemple ?
Amélia ne voyait que deux options : mentir ou dire une partie de la vérité. Tout ce qu'elle avait confié depuis son réveil était véridique, chose qu'elle se permettait puisque son état civil attestait de sa naissance sur la planète bleue. Comment pouvait-elle supprimer de telles preuves sans prendre le risque que l'État ne s'en rende compte ? Sa mère avait également signalé l'enlèvement de son adolescente à la police. Sans un nom de famille et des preuves irréfutables, Amélia savait qu'aucun officier n'accepterait de croire qu'elle avait refait surface après tant d'années.
― Petite, je vivais dans une maison à la taille et au confort modeste que j'aimais beaucoup, décrivit Amélia. Il y avait mes parents, moi et un chien de berger noir que j'adorais. La plupart de mes amies étaient des filles de mon quartier. J'étais une élève avec de bonnes notes. Un jour, un homme est entré dans ma chambre sans que personne ne l'entende. Il m'a emmené dans un endroit très spécial. Je ne savais pas encore que ma place était là-bas. Après des jours à pleurer et réclamer mes parents, je l'ai compris. J'ai appris tout ce que je devais apprendre sans avoir le droit de les revoir. Les quelques fois où j'ai essayé, mon kidnappeur ou l'un de ses hommes me rattrapaient toujours ! Je me suis perfectionnée et j'ai accepté de prendre la place dont j'avais hérité à la seule condition que je puisse retourner en France avant.
Amélia vit la figure de la psychiatre passait de la concentration à la stupéfaction. Elle perçut aussi de la sympathie encouragée par une préoccupation accrue pour sa personne. Malgré le protocole, Amélia n'avait pas eu la force de cacher ses pouvoirs à ceux qui l'avaient élevé.
― Comment se sont passées ces retrouvailles ? enquêta Sophie en se servant un verre du jus d'orange posé sur le plateau qu'elle avait apporté.
― Ma mère voulait absolument arrêter les monstres qui avaient lavé le cerveau de leur fille. C'est la seule explication qu'elle a trouvée au fait que je n'ai pas tenté davantage de m'enfuir pendant toutes ces années de séquestration. Elle a tenté de me persuader d'aller voir la police, mais j'ai refusé. Elle voulait tellement coincer ces monstres qu'elle a décidé de conduire la police jusqu'à moi. Elle a réussi à persuader un policier de venir à la maison. Pour être sûr que je ne le verrais pas arriver, il n'a pas sonné à la porte... (Amélia sourit fièrement) Sauf que je l'ai sentie venir. Lorsqu'il a ouvert la porte de ma chambre, seul un oiseau s'envolait par la fenêtre. Depuis, plus aucun policier n'écoute mes parents !
Sophie tripota le bord de son verre, les sourcils froncés par la concentration qu'elle avait retrouvé. Amélia était convaincue que ses propos avaient renfoncé des hypothèses semblables à celles que sa mère se faisait à son sujet depuis son retour.
― Comment votre père a réagi à votre histoire ? creusa Sophie.
― Il a fini par l'accepter, contrairement à ma mère. Par amour, il l'écoute, mais il essaie en même temps de rattraper le temps perdu avec moi. Tant que nous sommes ensemble lui et moi, j'évite les disputes avec ma mère.
Le tendre sourire d'Amélia en évoquant son père adoptif était communicatif. Sophie sourit à son tour, visiblement rassurée que sa patiente ait au moins un proche sur qui compter. L'enfermement et le conditionnement psychologique qu'elle semblait avoir vécu coïncidaient avec des pratiques sectaires. Le fait que ses ravisseurs lui aient appris à se défendre pouvait corroborer cela.
― Merci pour vos confidences, Amélia. Je le noterais dans votre dossier.
Encore une trace que son passage sur Terre laisserait ! Amélia ne s'en inquiétait pas trop car l'absence de nom de famille ainsi que le désintérêt de la police pour son affaire ne permettaient pas de faire de liens avec ses propos. De plus, la rouquine ne faisait que répétait ce que sa mère exposait sans retenue à quiconque voulait l'entendre.
― Un dossier ? s'exclama-t-elle. Je ne vois pas de calepin dans vos poches.
― J'ai une bonne mémoire et c'est un dossier numérique. Je ne peux pas garder ces informations sur l'ordinateur de l'hôpital sans votre accord...
― Mais vous pouvez le garder sur votre ordinateur personnel, devina la souveraine. Comme vous semblez y tenir pour une raison que j'ignore, j'aimerais que mes confidences restent chez vous.
Sophie était impressionnée par les capacités d'analyse de sa patiente. Si elle continuait à se baser sur sa théorie de secte, cela pouvait laisser penser qu'Amélia occupait une position haut placée en son sein qui nécessitait de telles habiletés.
― Je m'intéresse à vous car j'ai rarement l'occasion de croiser des personnes aussi touchantes et intrigantes que vous dans cet hôpital. Je ne peux pas vous retenir ici contre votre gré. Seulement, je ne peux pas non plus vous abandonner toute seule dans la rue. Ce ne serait pas prudent, surtout si vous êtes en danger non ?
Voilà que Sophie rentrait dans le jeu d'Amélia pour la convaincre de rester. Décidément, elle était futée ! Au final, que la terkunchi reste ici ou parte, cela ne changerait rien. Elle ne pouvait pas appeler ses parents ni circuler sans papier ou argent. La rouquine était totalement démunie à Paris. Bien qu'elle s'y soit fait des amis récemment, elle était seulement allée chez Valérian par téléportation. Elle n'avait pas non plus le numéro de téléphone d'un des vidéastes. Cerise sur le gâteau, personne ne savait qu'Amélia avait perdu ses pouvoirs ! Cette dernière ne voyait aucune porte de sortie à sa situation désespérée. Que faire si ce n'est attendre ?
― Combien de temps je peux rester ici ?
― Je ne peux pas vous le dire, ça dépend des arrivées et des départs. Dans ce cas, il faut que je vous enregistre, j'ai besoin de plus d'informations sur vous !
― Et je ne peux pas vous les donner.
― Alors vous ne pourrez pas rester très longtemps ici. Amélia, soyez raisonnable !
― Ce n'est pas dans ma nature ! conclut cette dernière sur un ton mystérieux.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top