⚜ XXII ⚜

La rencontre avec Rani avait considérablement changé le quotidien de Hyeongjun. Elle le suivait partout lorsqu'il n'était pas en classe et lui posait toutes sortes de questions sur ce qu'il avait appris la journée. Elle avait des idées très arrêtées pour son âge, réfutant avec confiance ce que les professeurs affirmaient. Hyeongjun s'amusait de sa férocité et de ses idées saugrenues, sans pour autant les prendre au sérieux. Il savait que les enfants avaient tendance à avoir les idées fixes et il ne servait à rien de la contredire quand elle affirmait qu'elle en savait plus sur Elkiris que le professeur Shim.

Malheureusement, depuis qu'elle avait mis le grappin sur lui, il ne pouvait plus s'entraîner comme avant. Il craignait pour sa sécurité. Il était dangereux et il le savait.

« Pourquoi vous ne faites plus de magie ? »

Demande-t-elle avant de croquer dans son sandwich. Elle avait réparé une grosse partie de la pelouse d'un jardin abandonné dans lequel Hyeongjun s'était entraîné. En l'espace d'une semaine de pratique quotidienne, elle avait énormément progressé et il se demandait si elle s'en était rendu compte.

« J'en fais toujours.

— Non. Je n'ai presque plus rien à réparer, c'est donc que vous ne faites plus rien brûler. »

Elle avait raison. Il n'avait pas utilisé sa magie de cette manière depuis la fois où elle l'avait surpris.

« Vous avez peur de quelque chose ? »

Cela l'énervait à quel point elle pouvait se montrer perspicace. Elle n'avait que neufs ans tout au plus, mais elle lisait en lui comme dans un livre ouvert, s'en était presque effrayant. Ses expressions, étaient-elles si transparentes ?

« Bon, je vais reprendre la réparation, dit elle avec entrain. »

Et elle s'en alla vers un des derniers cercles brûlé.
Il l'observa faire, sentant sa magie au loin. Elle était différente. La jeune fille savait la manier avec une précision que Hyeongjun lui enviait. Elle lui faisait penser à Mariette qui pouvait s'introduire dans les esprits de manière si fine que personne ne le remarquait. Rani utilisait un fil si mince entre elle et les plante qu'il était presque imperceptible. Mais les effets n'en étaient pas moins puissants. Et bien qu'elle ne disposait pas d'une grande endurance, elle le contrait avec un contrôle quasi-parfait.
Il se demandait comment une enfant que tous pensaient quasiment dénué de magie avait pu développer un sens du contrôle pareil. Elle ne gaspillait pas une seule goutte de son énergie et la répartissait également entre toutes les plantes qu'elle traitait.
Sans s'en rendre compte, il s'était approché et observait les herbes se redresser lentement.

« Comment fais-tu ? »

Ses mots étaient sortis avant qu'il n'ait pu les contenir.

« Comment je fais quoi ? »

Elle le regarda avec une grimace. Elle trouvait visiblement sa question stupide et ne le cachait pas. Elle retira ses mains du sol et s'essuya le front de la sueur qui y avait perlé.

« Je... Je veux dire... Ta magie, comment fais-tu pour l'utiliser aussi bien ? »

Elle lui avait confié qu'elle n'était jamais allée en classe, aussi, il trouvait sa maîtrise encore plus étonnante.

« Je sais pas, je l'utilise, c'est tout. Je n'en ai pas beaucoup alors je l'économise et la concentre sur ce qui est vraiment important.

— Mais comment tu as appris à faire ça ? »

Elle le regarda avec un drôle d'air puis retira une mèche de son visage, laissant une marque terreuse sur son front.

« Mon papa me donnait des exercices quand j'étais petite. Je voulais tellement avoir de la magie moi aussi que je les ai suivis tous les jours. »

Hyeongjun la regardait en se retenant de rire, « quand j'étais petite » à ses yeux elle était encore petite, mais il ne dit rien.

« Il y quelque temps, j'ai pu commencer à soigner les plantes. Ma maman est une magicienne de la terre et mon papa aussi alors c'est normal que je fasse de la terre moi aussi. »

Puis, sans qu'il ne lui demande rien, elle se mit à raconter son histoire. Sa mère avait quitté Firis très jeune pour se rendre à l'académie Lyrim. Elle n'avait jamais été très douée dans l'art de la magie alors, après avoir validé ses niveaux, elle avait pris une place aux jardins. Durant ses années de service au palais, elle avait rencontré le père de Rani, un cuisiner aux dortoirs des hommes et ils s'étaient mariés. La même année Rani naissait. Aujourd'hui, elle avait un petit frère d'un an.
Tout en parlant, elle soignait les plante avec une adresse discrète.

« J'avais cinq ans quand ma maman m'a dit que je n'avais sûrement pas de pouvoirs. Mais je voulais quand même en avoir alors mon papa m'a donné les exercices. Tu veux que je te les montre ? »

Hyeongjun acquiesça malgré lui. Aurait-elle véritablement des exercices plus efficaces que ceux que ses professeurs lui avaient donné ? Il en doutait, mais il voulait tout de même essayer. Il se souvenait que Seongmin avait pu l'aider là où les autres avaient échouées. Peut-être Rani pourrait-elle l'aider aussi.
L'heure qui suivi, Rani lui enseigna des petites comptines qui servait à la concentration. Certaines parlaient des plantes, d'autres des saisons.

« Quand on récite les comptines, on « s'ouvre ». Alors là, la magie devient plus présente. Je la sens qui me touche et je lui réponds. Je lui montre comme elle doit être. C'est comme ça que je fais, je crois. »

Elle le regarda les lèvres pincées. Elle avait du mal à exprimer avec des mots ce qu'elle ressentait, mais ses phrases simples mettait du sens sur ce que Hyeongjun percevait d'elle.

Rani s'infiltrait dans les mailles d'Elkiris et copiait ce qu'elle y voyait. Elle incitait la fleur à reprendre la forme qu'elle devait avoir, la forme qu'Elkiris lui donnait. Bien sûr, quand la plante était trop abîmée elle lui donnait de sa propre énergie, mais la plus grosse partie du travail était faite par la plante elle-même. Par la magie d'Elkiris qui coulait dans sa sève.

« Tu penses que je peux essayer ?

— Essayer quoi ? De réparer les herbes ? Non ! Vous allez tout brûler encore. »

Il rit un peu devant sa mine renfrognée et lui promit qu'il n'essaierait pas. Elle parut ravie puis elle s'en alla chez elle.

Une fois seul, Hyeongjun s'essaya aux comptines, mais n'osa pas faire appel à sa magie. Il se laissa seulement aller à observer la puissance d'Elkiris autour de lui. Il reconnut aussi les bras chaleureux de Lyrim et sa magie douce. Elle était toujours là. Elle soutenait les lieux plus qu'Elkiris.
La chaleur maternelle de Lyrim l'engloba et il flotta sur les consciences alentour.

Pourra-t-il un jour espérer pouvoir contrôler ce qui brûle en lui ? Pourra-t-il un jour retourner auprès de ses amis sans risquer de leur faire du mal ?
Que perdrait-il à essayer les méthodes de la petite Rani ? Sa magie fonctionnait de manière familière. Si ça marchait pour elle, pourquoi pas pour lui ?

Les jours qui suivirent, Rani lui donna d'autres genres d'exercices qui étaient un peu plus techniques mais abordables pour une enfant. Elle prenait son rôle de précepteur avec sérieux et réprimandait durement Hyeongjun quand ce dernier se trompait dans les récitations. Elle le traitait comme un grand frère un peu idiot.
Hyeongjun s'en amusait, mais n'en suivait pas moins ses conseils. Elle avait beau ne pas avoir beaucoup de vocabulaire, elle savait se faire comprendre. Plus il passait de temps à pratiquer ses exercices plus il se demandait si elle ne disait pas vrai quand elle affirmait en savoir plus que monsieur Shim.
Un matin, elle avoua à Hyeongjun qu'elle n'avait parlé de ses découvertes sur la magie avec personne d'autre que lui, et qu'elle était contente de les lui dire. Il s'en sentit flatté et la remercia sincèrement de sa confiance.


Ce matin Hyeongjun n'avait pas de classes, le bal de la floraison approchant, certains cours étaient remplacés par des leçons d'étiquette et de danse, choses que Hyeongjun fuyait comme la peste. Il se dirigea vers les jardins dans lesquels Rani et sa mère travaillaient. Il s'ennuyait et espérait pouvoir donner un coup de main. Depuis qu'il était à l'académie, son physique avait beaucoup changé. Bien qu'il n'était pas des plus assidus durant les cours combat avec Monsieur Seo, il avait tout de même prit en muscles. Peut-être pourrait-il les aider à porter des sacs de terre ou autre. Il avait toujours aimé ce genre de travail manuel qui ne demandait pas à réfléchir. C'était comme retourner à un lui qu'il avait perdu dans les montagnes.

Il salua les jardiniers sur son passage, certains le reconnaissaient comme l'ami bizarre de Rani, d'autre comme celui qui possédait d'étranges pouvoirs, et l'évitaient comme la peste. Mal à l'aise, il se dépêcha vers l'endroit où il pensait trouver Rani et sa mère. Elles étaient en charge d'une serre de plantes aromatiques. En arrivant proche, il reconnut la silhouette familière de Koolan, la mère de Rani. Une grande femme bien en chaire, à la peau sombre et aux cheveux d'un blond scintillant. Elle rayonnait d'une aura maternelle et féroce. Elle était le genre de femme à tuer quiconque ne touche à sa famille. Ses yeux noisette pétillaient d'amour quand elle regardait son fils vagir dans son grand panier, mais se transformaient en brasier de haine quand elle remarquait un puceron sur ses plantes.

Elle se tourna vers lui à son arrivé et paru surprise qu'un élève ne vienne ici, puis le reconnu.

« Ha ! Monsieur Hyeongjun. Que me vaut l'honneur de votre présence ? Encore ici pour demander des conseils de magie à ma fille ? »

Elle souriait, mais il savait qu'elle était aussi méfiante.

« Non, je viens simplement aider, si je peux. »

Elle eut l'air soulagé.

« N'avez-vous pas de classe aujourd'hui ?

— Ce sont des cours d'étiquette et de maintiens. Ça ne m'intéresse pas. Je préfère me rendre utile. »

Koolan rit franchement et lui fit signe de le suivre dans la serre. L'air y était humide et légèrement plus chaud que dehors. Sur de longues tables et étagères, étaient entreposés des centaines de plantes en tout genre. Il y avait tellement et elles poussaient si bien qu'on ne pouvait pas voir passées les table. La magie de Lyrim était très présente et flottait dans l'air en volutes plus chaude, tordant très légèrement l'air autour d'elles. C'était un phénomène qu'il n'avait vu qu'aux pieds de Lyrim elle-même et il resta quelques instants muet face à la beauté de cette serre.

« Je n'ai pas grand-chose à vous faire faire monsieur.

— S'il vous plaît, ne me traitez pas avec tant de respect, dit-il en revenant au moment présent. Appelez-moi Hyeongjun, avant d'atterrir ici, je n'étais qu'un berger. »

Elle sembla surprise quelque instant puis un large sourire étira ses lèvres.

« Un berger ! Je n'aurais pas pensé. À vrai dire, il y a beaucoup de rumeurs à ton sujet, mon mari et moi pensions que tu étais un prince perdu ou quelque fantaisie de ce genre. Je suis un peu déçue, je ne vais pas te le cacher. »

Ils rirent de bon cœur et une petite tête blonde arriva en trottinant, un petit pot en terre entre les mains.

« Oh ! Monsieur Brûle-tout ! Qu'est-ce que vous faites ici ?

— Je suis venu voir si je pouvais aider.

— D'accord, mais mettez pas le feu, hein !

— Voyons, Rani, tes manières, lui rappela sa mère.

— Ce n'est rien Koolan, elle a raison, j'ai tendance à brûler les choses. »

Le visage de la femme prit une expression perplexe puis, bombant le torse elle dit :
« Bon, nous n'avons pas toute la mâtiné à gâcher en papoteries, vous voyez les gros sacs là-bas ? »

Elle montrait du doigt un tas de sacs empilé sur une étagère dans un coin.

« Pouvez-vous m'en apporter deux dehors ? Je dois rempoter aujourd'hui.

— Tout de suite ! »

Et Hyeongjun s'exécuta. Les sacs étaient lourds et il était heureux d'épargner cette tache à Koolan. Lorsqu'il eut fini, il retourna à l'intérieur de la serre et chercha la femme pour le lui annoncer.
Elle et Rani étaient au fond du bâtiment, assises sur de hauts tabourets. Devant elle, sur une table habituellement vide, se trouvait les plans malades ou mourants. Rani, l'air troublé posait des questions à sa mère qui y répondait avec patience. Puis alors que Hyeongjun approchait, Koolan utilisa la magie d'Elkiris pour soigner un plan et montrer à sa fille.

« Tu penses pouvoir soigner toutes ces plantes toute seule Rani ? »

Il y en avait au moins une trentaine à des stades différents de la maladie.

« Oui, je pense. Je me suis bien amélioré maman.

— Dans ce cas, je te laisse faire. Si tu as besoin d'aide, je serai dehors. »

Koolan se leva et fut surprise de trouver Hyeonjun juste là.

« Tu as déjà fini ? Dans ce cas, j'imagine que tu peux aider Rani avec ces plantes malades. Tu as juste à couper les feuilles sèches, elle te montrera. »

Et elle fila d'un pas sûr. Hyeongjun prit sa place et regarda Rani travailler sur un plan. Le soigner lui prit plus de temps que sa mère, mais le résultat semblait plus stable aux sens de Hyeongjun.

« Tu es de plus en plus douée.

— Oui ! dit-elle fièrement. »

Elle posa le plan sain plus loin et montra à Hyeongjun quelles feuilles couper. S'entama alors une routine. Il coupait, elle soignait, il observait, puis ainsi de suite, durant un long moment. Chaque plante demandait un soin particulier, similaire aux autres, mais intimement unique. Chacune avait sa structure propre, sa propre énergie, son propre chemin de vie. C'était une chose fascinant que Hyeongjun n'avait alors jamais perçu. Observer comment Rani soignait ces plantes ouvrait une facette de la magie qu'il ne comprenait pas jusqu'alors. La magie ne sortait pas de nulle part, elle était guidée par les pensées, guidées par les gestes et les intentions des créatures. Toutes les magies étaient liées en Elkiris et formaient une tapisserie chaotique.

Il ne restait bientôt plus de plans à soigner et Rani commençait à être vraiment fatiguée. Ses yeux se fermaient tout seuls et son estomac criait famine.

« Tu devrais faire une pause.

— Mais il en reste encore à soigner... elles comptent sur moi.

— Je peux peut-être essayer ?

— Vous allez tout brûler encore... Votre magie, elle peut pas soigner les plantes. »

Plus il observait Rani, plus il comprenait que sa magie n'était pas si différente. Il l'avait utilisé de manière intuitive et ignorait tout du contrôle. Mais aujourd'hui, cela ne lui semblait pas impossible. C'était un drôle de sentiment de se sentir capable tout en étant inapte à expliquer pourquoi. Il voyait comment faire sans que ce soit quelque chose de clair à son esprit. Un peu comme lorsque l'on sait ce que veut un animal sans avoir besoin de communiquer avec lui. Une forme d'intuition puissante mais remplie d'une connaissance abstraite.

« Je peux quand même essayer ? »

Elle regarda les plantes, réfléchit et prit un pot. La plante à l'intérieur n'était plus qu'une tige brun-vert d'où pendait des feuilles mortes et rabougries.

« Tenez essayer sur ça. Vous ne pourrez pas lui faire plus de mal, c'est déjà presque mort. »

Il attrapa le pot et regarda attentivement la plante. Il ne la connaissait pas. Ce n'était pas la même que celles qu'elle avait soigné jusqu'ici.

« C'est un Doudoulier. Ça fait ces fruits rouges, à la chaire moelleuse et acide qu'on utilise pour faire des tartes. Je voulais essayer de le faire pousser, mais je sais pas trop pourquoi il est mort. Enfin, presque. Je réessaierai plus tard.

— D'accord. Je pense savoir à quoi ça ressemble normalement.

— Allez dehors pour faire votre truc, je veux pas que ma serre finisse en cendres.

— Oui madame, ricana-t-il en se dirigeant vers la sortie. »

Il sortit et s'installa sur le côté Est de la serre. Il ne voulait pas déranger Koolan qui travaillait sur le flanc Ouest. Il tira une petite table branlante qui traînait, posa son pot dessus, et commença à passer en revue ce qui n'allait pas. Il retira les feuilles mortes, enleva la plante de son pot, nettoya, puis inspecta les racines moisies. Il ferma les yeux puis, doucement, il sonda le maillage de son être. Elle n'était pas tout à fait morte. Il remarqua qu'elle manquait d'air, elle avait été noyée. Ses racines avaient moisi et la plante avait suivi. heureusement, il lui restait encore un peu d'énergie.

Avec précautions, Hyungjun avança son esprit entre les mailles de ce pauvre doudoulier. Timidement, il lui donna de sa propre énergie, juste un peu, pour ne pas l'étouffer et le brûler. Avec lenteur, et une précision maladroite, il redressa les mailles lâches de sa structure raffermissant ses racines. Curieusement, il sentit la plante lui répondre en demandant plus d'énergie, il la lui donna sans se poser de questions.

Les racines réparées et débarrassées de leur moisissure, il s'attaqua à la tige, puis poussé dans son élan, il l'aida à reconstruire ses feuilles, puis à grandir, grandir, grandir encore et encore jusqu'à ce que l'arbre fasse des fleurs, puis il continua de grandir. Ce n'était plus une petite plante, mais un arbuste maintenant, ses racines s'avançait vers la terre, s'enroulant autour de la table. Et ce ne fut que lorsque cette dernière ne put plus supporter le poids de l'arbre et qu'elle s'effondra, que Hyeongjun sorti de sa transe et ouvrit les yeux. Quelques jardiniers s'étaient rassemblés autour de lui ainsi qu'une Rani bouche bée accompagnée de sa mère.

Mais bien qu'il fut sorti de cet état second, il sentait toujours l'arbre puiser dans ses ressources pour continuer de grandir, et il grandissait toujours. La tige était devenue un tronc et de gros fruits pendaient des branches qui ne cessaient de croître.

« Mais arrêtez ça ! cria un des jardiniers. »

Mais Hyeongjun était comme en extase face à ce qu'il se passait et n'arrivait plus à stopper la croissance.
Ce fut alors que l'arbre menaçait la structure de la serre que Rani se jeta contre. Hyeongjun la regarda de son regard éthéré et vit la conscience de la jeune fille raisonner le doudoulier. Il la vit lui faire reprendre raison, puis couper le lien.

La fillette soupira longuement et se laissa tomber au sol.

« Je ne vous ai pas demandé de le rendre si gros !! lui cria-t-elle. »

Hyeongjun repris alors totalement possession de ses esprits et contempla sa bêtise.
L'arbre était désormais adulte et magnifique. Grand de six mètres environ, ses branches se déployaient en tous sens au mépris des cultures qui poussaient en dessous. Les débris de la table s'étaient pris dans les racines et faisaient désormais partie du doudoulier. Son tronc était large comme un homme et les fruits, mûrs et prêt à être ramassés.

Il regarda autour de lui. Tous le regardaient avec admiration et crainte. Certain avec colère. Et en prenant conscience de tous, il se rendit compte à quel point il était fier de lui, mais aussi à quel point il était épuisé.

« J-j'ai réussi ! Rani ! J'ai réussi !

— Oui, UN PEU TROP ! dit-elle, en colère. Je voulais juste un arbuste ! Pas un arbre adulte !

— C'est impressionnant, dit Koolan, la bouche grande ouverte. Je n'ai jamais vu rien de tel !

— Digne des gens de la haute ! Lança un vieux jardinier.

— Vous devriez devenir jardinier avec ce talent ! s'exclama Koolan. »

Hyeongjun garda le silence, savourant sa victoire, ne prêtant aucune attention à ce que disaient les gens autour de lui.

« Il faut que j'aille le dire à Jungmo ! »

Et il détala comme un lapin, puisant de l'énergie dans l'excitation du moment.

Lorsqu'il trouva enfin Jungmo, ce dernier se dirigeait seul, vers le bureau de son père.

« JUNGMO ! Le héla-t-il, du bout du couloir. »

Le mage de vent se retourna d'un bond, probablement surpris d'entre la voix de son ami à qui il n'avait plus parlé depuis des semaines.

« Jungmo, j'ai fait pousser un arbre ! Un arbre ! Tout seul !

— Q-quoi ? »

Hyeongjun s'arrêta, à bout de souffle, devant lui et prenant une grande inspiration reprit :
« J'ai fait pousser un arbre ! Un doudoulier ! Un grand arbre de six mètres, un doudoulier adulte avec les fruits et tout !

— Comment ça, tu as fait pousser un arbre ?

— J'étais à la serre des plantes aromatiques avec Rani, la fille de Koolan, elle m'a donné une plante à soigner et je l'ai fait pousser ! Avec ma magie ! »

Jungmo resta muet, bouche bée, les yeux ronds. Puis, à mesure que Hyeongjun le regardait, son visage se transforma peu à peu, ses sourcils se rapprochèrent, sa bouche se ferma et se mit à trembler alors que ses yeux s'emplissaient de larmes.

« Tu-tu me parles ?! Tu es venu jusqu'ici pour me dire ça à moi ? Dit-il d'une petite voix.

— Je... Oui. Tu es la première personne à qui j'ai pensé... »

En lui, la gêne se disputait avec l'excitation. Il se sentait idiot d'être venu directement, mais en même temps, il était heureux de pouvoir partager ça avec son ami le plus proche.
Sans qu'il ne s'y attende, Jungmo le tira contre lui et le serra dans ses bras.

« Je suis désolé Hyeongjun, pardon d'avoir dit ça chez ma tante, pardon d'avoir douté de toi. »

Sa voix se brisait, il pleurait.

« Pardon de m'être éloigné, avoua Hyeongjun. Pardon de t'avoir mis à distance. »

Timidement, Hyeognjun glissa ses bras autour de son ami.

« J'avais peur de vous perdre... De te perdre, comme j'ai perdu les miens. J'avais peur de te blesser avec ma magie sans le vouloir. J'avais peur et je me suis écarté... Je m'en rends compte maintenant... Mais je vous ai tenu à l'écart. »

Jungmo acquiesça et le serra un peu plus.

« Je ne t'en veux pas Hyeongjun, je comprends. Enfin, non, je t'en veux un peu parce que tu m'as énormément manqué...

— Je t'ai manqué ? »

Jungmo se recula un peu et acquiesça.

« Terriblement. »

Il prit le visage de Hyeongjun en coupe et sans lui laisser le temps de comprendre le sens de ces mots, il déposa ses lèvres contre les siennes.

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