Eléonore (Chapitre 3)
La capitale Tertirus de Mars avait beaucoup changé ces dernières années, et Liam habitait désormais le point central de la ville, c'est à dire une tour de verre très fine qui culminait jusqu'à toucher en s'évasant le dôme de verre, surplombant ainsi toutes les autres.
Eléonore et son fils Ivan bénéficiait de la suite la plus somptueuse de ce véritable palais étrange, accolée à celle qu'occupait Liam et où il recevait régulièrement les notables de la ville ou des autres du complexe.
Les autres salles immense plus bas dans la tour étaient pour la plupart d'immenses centres informatiques où se traitaient les milliards de données collectées sur toute la planète et pour la partie restantes des salles de réception où le seul but recherché était de s'enivrer de plaisirs. Eléonore adorait cette nouvelle vie, s'inquiétant seulement parfois des disputes régulières d'Aileen-la-chérie-gâtée avec Liam, au sujet de ce que la planète était devenue.
Mais visiblement la reine d'AM.Erica ne pouvait effectivement pas se résoudre à entrer en guerre ouverte avec son frère, d'autant qu'il avait développé une puissante armée et qu'il était toujours partout son allié dans tous les points de la galaxie où une intervention militaire était nécessaire.
— Maman ?
Eléonore sentit une fois de plus toutes ses résistances fondre devant son adorable petit garçon de presque six ans qui venait de la rejoindre près de la chaise longue réglable où elle était étendue dans son salon aux murs couverts de teintures luxueuses, coûtant à peu près autant que les pendants de diamants qu'elle arborait.
La jeune femme ouvrit largement ses bras en se redressant et Ivan vint s'y réfugier avec un sourire terriblement mignon.
Eléonore finit cependant par doucement l'éloigner d'elle et demanda à son fils avec un joli rire :
— Alors, tu es content du nouveau jouet que je t'ai offert ce matin ?...
Il hocha la tête mais son regard resta légèrement craintif lorsqu'il demanda :
— Il faudra que je remercie Papa aussi ou pas ?
Le sourire d'Eleonore se fana légèrement sur ses lèvres et elle hésita un instant, partagée entre le fait qu'elle savait pertinemment que Liam détesterait avoir l'enfant dans ses pattes et son secret espoir d'arriver à lui faire aimer son fils. Elle finit par se décider et répondit :
— Oui, ce sera plus gentil. Dis-lui bonjour quand il arrivera tout à l'heure, et raconte lui comme tu as été content de cette série de films virtuels.
Ivan laissa échapper un tremblement de tous ses membres mais hocha courageusement et gravement la tête pour son âge avant de tourner les talons et de s'éloigner en direction de sa chambre.
Le cœur de sa mère se serra dans sa poitrine en regardant la porte coulisser derrière son enfant pour se refermer et elle poussa un soupir, ne trouvant plus sa vie si rose tout à coup.
Elle repoussa quelques coussins de soie qui la recouvrait et se leva, sa robe rouge bordeaux traînant légèrement sur le sol tandis qu'elle s'approchait des vitres-écrans.
Elle étaient actuellement réglées de façon à montrer une vue enregistrée de la ville autour d'eux mais si Eléonore l'avait voulu, elle aurait pu changer cela pour se donner l'impression que c'était le désert qu'elle voyait depuis sa fenêtre.
Elle avait la gorge sèche, repensant au regard terrifié de son petit garçon lorsqu'il avait évoqué Liam et tout lui semblait de nouveau sombre. Même la ville autour d'eux, si riche pourtant et seule capable de lui apporter tout le luxe dont elle avait toujours rêvé.
Tout était artificiel, même elle. La cité était éclairée partout d'une lumière fabriquée car les panneaux solaires étaient trop opaques et rapidement la capitale s'étaient énormément construite au point qu'il n'y avait de jardin ou de rue nulle part mais que l'on circulait toujours à l'intérieur de bâtiments éclairés d'une lumière bleutée.
Un aéronef n'aurait pas permis de se déplacer vu la hauteur des terrasses et pour les longues distantes l'on se servait uniquement des trains souterrains, capables aussi de vous emmener à l'autre bout de la planète par les tunnels de verre sécurisés. Mais de toute façon Eléonore était à sa place ici. Elle n'avait nulle autre endroit au monde où aller et elle tenta de se convaincre elle-même de son propre bonheur.
Chose difficile, car petit à petit elle avait perdu goût pour toute la richesse qui l'entourait, n'aimant plus que deux choses véritablement : Liam, qui ne faisait montre que très rarement d'une véritable tendresse pour elle alors qu'elle en aurait désiré plus, et son fils, Ivan, le point central de sa vie...
Elle aurait tellement aimé pouvoir le rendre heureux et le faire rire plus souvent ! Mais son père le terrorisait, ne manquant jamais de lui hurler dessus et de l'envoyer promener lorsqu'il venait voir Eléonore, et ce malgré tous les efforts de cette dernière.
Elle en était là de ses réflexions lorsqu'elle entendit la porte de son espèce de salon (c'était le mot qui s'appliquait le plus à la pièce où elle se tenait, n'y ayant que des coussins, des fauteuils confortables, un meuble à boisson et une petite bibliothèque numérique) coulisser pour s'ouvrir.
En voyant Liam entrer chez elle, la jeune femme se sentit aussitôt immensément soulagée : son visage était éclairé d'un grand sourire, chose rare qui signifiait qu'il était de très bonne humeur.
— Liam ! Alors ton frère arrive bien ?...
Il n'y avait que cela qui pouvait le faire sourire autant... Le prince la rejoignit en quelques pas avant de l'attirer contre lui et de la prendre dans ses bras avant de la relâcher et de lui répondre avec un grand sourire :
— Exactement, ça se voit si facilement ? Edward devrait débarquer demain matin à la plateforme d'atterrissage à l'ouest, à l'écart du dôme, et il devrait arriver par le train avec son escorte dans l'après-midi. Ça me fait vraiment plaisir...
Eléonore s'apprêtait à répondre sur le même ton joyeux lorsqu'une petite voix se fit entendre derrière eux.
— Bonjour Papa... Merci pour votre cadeau d'aujourd'hui.
Liam devait vraiment être de bonne humeur car il ne s'énerva pas et se contenta de balancer sans regarder leur fils :
— C'est un plaisir. Maintenant du balais le mioche...
C'était un sensible progrès par rapport aux insultes habituelles. Eléonore, folle de reconnaissance, s'apprêtait à reprendre la parole lorsqu'à sa grande horreur Ivan accomplit quelque chose qu'il n'avait jamais fait jusque là : désobéir à son père.
— Je n'ai pas envie de repartir. Papa je peux rester un peu avec vous ? J'ai envie de vous parler...
Liam devint froid et Eléonore se pencha vers lui pour murmurer précipitamment :
— Chéri, laisse-moi résoudre ça, il est content aussi parce que je lui ai parlé de la visite d'Edward...
Elle espérait l'amadouer avec le nom de son frère mais cela n'eut que peu d'effet. Ivan fit alors une dernière bêtise, ne voyant pas le regard fou que posait sur lui sa mère, il se rua en avant vers les deux adultes avec un petit sourire heureux, ayant eut l'impression que son père n'était pas aussi terrible que d'habitude ce jour là en criant :
— Oui, c'est mon parrain n'est ce pas et...
Il n'eut pas le temps de poursuivre. Liam se dégagea brutalement de l'étreinte d'Eleonore et se retourna vers Ivan qui n'eut pas le temps de reculer mais poussa un cri.
Le prince s'emparer du gamin, leva un bras, et le frappa violemment au visage en lâchant froidement :
— Quand je dis qu'on dégage, on le fait imbécile !...
Eléonore comprit en un éclair qu'il avait cru voir son autorité défiée par un gamin qu'il détestait et méprisait. Mais elle ne s'attarda pas à ce détail et se précipita en avant en criant :
— Non ! Liam, lâche-le !...
Le jeune homme laissa tomber à terre leur fils qui demeura inerte sur le sol et il intercepta Eléonore lorsqu'elle allait se précipiter vers lui.
Il la prit par la taille, l'embrassa sans lui laisser le temps de se dégager, et la relâcha en se contentant de dire froidement :
— Que je ne le retrouve pas dans mon chemin, chérie. Je pourrais m'énerver beaucoup plus de ne pas être obéi.
Tremblante, elle hocha la tête avant d'attendre quelques secondes qu'il cesse de la fixer ainsi et alors seulement elle put venir tomber à côté de l'enfant sur le sol. Ses yeux se couvrirent de larmes lorsqu'elle vit qu'il ne bougeait pas et elle cria à travers ses sanglots :
— Nooon ! Si jamais tu me l'as tué Liam, je te ferais la même chose !...
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