Sibylle (Chapitre 7)
Le bureau de la directrice était rangé, agréable et ordonné. La femme qui l'avait convoquée était elle-même installée derrière une table blanche, vêtue avec recherche d'un tailleur et d'une veste, à laquelle était piquée une petite broche en or fin représentant une fleur que Sibylle ne connaissait pas.
La jeune fille était pour le moment assise dans un siège en face de la dame aux cheveux roux ramenés en un chignon impeccable, et elle attendait patiemment, les mains posées sur ses genoux, le dos droit, que la femme commence.
— Ma chère enfant...
Sibylle baissa la tête. Oncle Saedor l'appelait ainsi chaque fois qu'il voulait la punir d'une bêtise... Mais à cet instant, ce souvenir ne faisait que la remplir de nostalgie et de tristesse.
— Oui madame ?
— Le centre numéro cinq que je dirige fait parti de l'orphelinat et nous n'avons que des adolescents comme vous. C'est à dire en âge d'étudier.
Sibylle fronça les sourcils. À Astra, le travail à seize ans consistait à choisir un centre d'intérêt et à constituer un dossier là-dessus. Sa meilleur amie Jeanne par exemple, avait fait de nombreux stages dans les hôpitaux, ainsi que des concours et des stages d'apprentissage. Sibylle ne voyait rien là-dedans qui nécessita un entretien avec la directrice. Elle répondit donc :
— Vous voulez savoir mon secteur d'intérêt ? Il s'agit des sports, la gymnastique en particulier, mais la littérature aussi et...
La directrice l'interrompit d'un mouvement calme de la main. La jeune fille se tut, attendant, tandis que son interlocutrice reprenait :
— Nous avons un autre système. L'apprentissage que vous venez de citer, nous le pratiquons pour les enfants de dix à quatorze ans. Suivent ensuite cinq ans de lycée, avec après des épreuves écrites et virtuelles en vue du futur métier que vous souhaitez faire.
Oncle Saedor aurait dû la mettre au courant... Mais elle comprenait la raison pour laquelle il ne l'avait pas fait. Elle comme Rodolphe n'étaient pas tout à fait apte à la vie en société... et elle avait terriblement peur de ce qui l'attendait. Mais comment se défiler face à la directrice sans se trahir ?
— Ecoutez madame je... Je ne pense pas que cela soit une bonne idée.
Le sourire de la femme s'agrandit doucement et elle demanda à Sibylle de lui tendre la main. Elle referma ensuite les siennes sur ses doigts, avant de dire calmement d'un ton rassurant :
— Je comprends que cette perspective vous effraye jeune fille... mais il est impossible hélas de faire autrement si vous souhaitez vous intégrer. Considérez les choses sous un angle positif : vous avez la chance de parler notre langue. La plupart de vos camarades vont devoir redoubler à cause de cela au moins la première année...
Pas s'ils s'en tiennent au plan... pensa à part elle Sibylle. Mais elle se contenta de dégager sa main, d'esquisser un sourire un peu crispé, avant de demander :
— Les cours auront lieu... ici ? Dans le centre numéro cinq ?
Si elle était entourée uniquement d'enfants d'Astra, peut-être qu'elle parviendrait à garder son secret, à... Mais la directrice mit fin à ses espérances. Elle secoua la tête et lui expliqua :
— Non, après-demain matin vous rejoindrez une capsule de transport. Vous rejoindrez le lycée le plus proche, où l'on vous débloquera les accès, les salles, et où vous sera fourni un emploi du temps.
Sibylle se levait pour partir sans répondre tant elle était emplie de désarroi, lorsque la directrice reprit son bras entre ses doigts aux ongles teintés de rouge et braqua un canalyseur sur son poignet.
Elle la lâcha ensuite et lui fit un clin d'œil amusé :
— Je comprends tout ce que vous devez ressentir. Je viens de vous débloquer l'accès à la salle de gym...
Sibylle inclina la tête, inspira, et quitta la pièce quelques secondes plus tard. Elle avait juste eu le temps de demander :
— Vous n'avez reçue que moi dans votre bureau ?
— Oh non j'ai une rude journée devant moi demain... Je vais veiller à avoir un rendez-vous avec chacun de mes petits pensionnaires...
Sybille repensait à ce dernier échange en marchant dans les couloirs et en rejoignant son dortoir. La directrice ne lui avait pas fait l'effet d'être une méchante femme, elle semblait à l'écoute, n'avait pas dit un mot des raisons qui faisaient que Sibylle n'avait pas été "adoptée" et avait sourit tout au long de la conversation.
Non, ce qui était vraiment désagréable, c'était cette histoire de lycée qui commençait après-demain.
Elle ne savait vraiment pas comment elle allait pouvoir s'en sortir...
En entrant dans son dortoir, elle trouva celui-ci occupé par cinq autres filles toutes plus ou moins de son âge. La porte de la salle de bain était fermée et l'on entendait le ruissèlement de l'eau d'une des douches.
D'où le fait que Sibylle n'avait sous les yeux que quatre de ses colocataires.
Elle esquissa un sourire, avant de refermer la porte derrière elle et de prendre la parole :
— Je m'appelle Sibylle. J'ai seize ans, je suis fan de gym, de lecture, et de sport en général...
Une fille aux cheveux mi-longs, noirs, s'avança et se présenta, omettant de la même façon son nom de famille :
— Jili, j'aime bien manger et dormir, faire la grasse matinée, ne rien faire de mes journées...
En disant cela elle souriait avec une joie spontanée appréciable et Sibylle la trouva sympathique au premier abord. Les deux autres étaient deux jumelles un peu maigrichonnes, qui avaient refusés de se séparer elles aussi, respectivement Flore et Oréa. C'était les plus jeunes, puisqu'elles avaient quinze ans.
La quatrième se présenta en se penchant par dessus le bord de sa couchette en hauteur, où elle était installée, en disant :
— Moi c'est Zarine. Et j'ai dix-sept ans, j'aime les maths, et toutes les sciences en général...
Elle aussi arborait un solide sourire et son visage était criblé de taches de rousseurs qui paraissaient étonnantes avec ses cheveux foncés. Elle avait des joues potelées, mais ça lui allait bien, et des sourcils épais, sans que cela ôte à son charme qui faisait d'elle une fille très jolie avec ses cheveux tressés dans son dos.
Sybille sourit, se dirigea vers sa couchette sans un mot de plus et avoua qu'elle n'avait plus qu'une envie : dormir.
On attendit que la retardataire de la douche arrive, elle avait des cheveux blonds presque blancs, des yeux gris, était plutôt petite, se présenta sous le nom de Heather, et fut d'emblée d'accord pour que l'on éteigne la lumière et que l'on dorme.
Aucune d'entre elles n'avaient osé parler du plan 439...
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