Sibylle (Chapitre 18)
Sibylle sortit dans le couloir sombre, se précipitant une nouvelle fois hors de la cabine. Il devait être six heures, instant du retour à l'orphelinat.
La jeune fille se tourna ensuite vers Carlys qui sortait de la cabine à son tour de son pas tranquille et observa, à son attention, tandis qu'Heather rentrée avec eux descendait derrière lui elle aussi :
-Tu n'as rien dit depuis que j'ai refusé de te dire ce que je te cachais...
-Je t'avoue que ça m'a coûté pas mal d'efforts. Je suis effroyablement bavard... Mais j'espérais bien que sous le coup du repentir tu me dirais tout...
Sibylle retint une demi-douzaine de remarques avant de pousser un énième long soupir qui fit rire Carlys.
-J'ai l'impression de te faire souvent soupirer ! Tu vas finir par me faire penser que je suis invivable !
Sibylle fit mine d'être étonnée et demanda :
-Tu n'en avais pas encore conscience ?
-Pas vraiment non. Je m'entends très bien avec moi-même...
Ils éclatèrent alors tous les trois d'un rire joyeux et ce fut Heather -elle n'avait pas posé de question quant au fameux secret- qui eut le dernier mot :
-À mon avis vous êtes tous les deux aussi insupportables et c'est pour ça que vous vous entendez aussi bien...
Les jeunes gens se mirent à marcher dans le couloir sombre Heather reprit :
-Ça vous dirait qu'on aille travailler ensembles dans une des salles communes ?
Carlys secoua la tête d'un air désinvolte avant de répondre catégoriquement :
-Travailler ensembles, pourquoi pas, mais à la bibliothèque. Je me suis promis d'aller y faire un tour...
Sibylle intervint aussitôt avec une grimace :
-Dis donc, tu lis toi ?
-Pas vraiment. Enfin, uniquement des trucs qui ne plaisent qu'à moi. Des bouquins de philosophie généralement...
Heather marqua un temps d'arrêt dans le couloir avant d'esquisser une moue incrédule :
-Non, sans rire ? De la philo ?
-Pourquoi pas ? C'est très intéressant, tu devrais t'y mettre !
Il continua de marcher à côté de Sibylle et Heather les suivit tout en lâchant quelques remarques sur les garçons bizarres.
Pour sa part, la princesse ne voyait pas tout à fait les choses sous le même angle. Elle trouvait simplement l'idée intéressante, en même temps qu'elle ne put s'empêcher de demander :
-Quelle genre de philosophie ?
-Profiter de la vie, etc... À mon humble avis ça te ferait un bien fou de lire un peu de tout ça.
-J'ai un léger doute mais si tu le dis...
Elle secoua la tête, réprimant un nouveau sourire, tandis qu'ils arrivaient enfin à une porte de verre sur laquelle était peint un vieux numéro cinq écaillé. Heather passa son poignet sous le détecteur, les deux autres adolescents firent de même, histoire que le service informatique enregistre leur retour, puis entrèrent après que la porte eut coulissé.
Ce fut Carlys qui se chargea de les guider à travers les nombreux couloirs jusqu'à la bibliothèque grâce au plan de son écran mais surtout à son sens de l'orientation. Sibylle n'y serait jamais parvenue même après avoir vécu des années dans le centre cinq...
Lorsqu'ils entrèrent dans la salle qu'ils cherchaient, la première chose que remarqua la jeune fille fut la taille de la pièce et la luminosité qui se dégageait de l'ensemble. La salle était blanche, intégralement, murs, étagères, fauteuils... Les seules touches de couleur semblaient être les réceptionnistes.
Dans les dizaines de milliers de casiers, les écrans étiquetés par sujet étaient tous uniformément noirs et Sibylle songea qu'une touche d'originalité n'aurait pas fait de mal. Elle allait finir par se convaincre que les eriquiens détestaient tout ce qui n'était pas uniforme...
Elle s'approcha pourtant d'une table libre, posa son sac, tandis qu'Heather s'installait carrément et commençait à pianoter sur son écran sur une application de stimulation de la mémoire -ils étaient sensé y passer une demi-heure-.
Mais Sibylle avait envie de découvrir ce que contenaient les rayons. Carlys avait disparu dans l'un d'eux et elle ne chercha pas à le retrouver mais plutôt à dénicher quelque chose qui pourrait lui plaire.
Comment était fait le classement ? Par ordre alphabétique. Sibylle avait envie de se promener entre tous les rayonnages mais le côté titanesque de la tâche l'en dissuada et elle finit par connecter l'écran de son poignet au réseau de la bibliothèque.
Il ne lui restait maintenant plus qu'à taper dans la barre de recherche ce qu'elle désirait.
Mais que pouvait-elle bien vouloir apprendre ? Le premier mot qui lui vint à l'esprit fut "Astra" mais elle secoua la tête pour elle-même.
Pas question de nostalgie maintenant. Sur quoi avait-elle toujours rêvé d'avoir plus d'information ?
Elle eut alors comme une illumination et ses doigts se mirent à taper tous seuls comme animés d'une volonté propre :
MUTATION
Aussitôt, une liste d'ouvrage apparu sur son poignet et une petit voix électronique jaillit même de l'appareil pour indiquer :
-Veillez tourner à gauche dans le premier rayon, puis prendre la rangée numéro 42, et ensuite...
Sibylle suivit les instruction et ne tarda pas à se trouver devant une rangée de casiers en tous points similaires aux autres. Elle avait simplement perdu de vue la table où elle avait posé son sac et Heather mais cela n'avait pour le moment aucune importance car son regard venait de s'attacher à un titre de livre dans la liste qui la captivait littéralement.
"Mutations - effets des nouveaux rayonnements iadium".
C'était ça... un nom que la jeune fille avait entendu des dizaines de milliers de fois... Chaque fois que son frère ou elle en discutaient, encore et encore, ou que son oncle tentait de lui expliquer les raisons qui avaient fait d'elle un être à part.
Elle cliqua sur le titre, et un voyant rouge se mit alors à clignoter sur sa gauche en haut d'une étagère.
Elle était légèrement trop petite mais en se mettant sur la pointe des pieds elle parvint à tirer le casier et ses doigts se refermèrent sur plusieurs écrans. Après avoir effectué un léger tri, elle remit ceux qui ne l'intéressaient pas à leur place et n'en garda qu'un entre les mains : celui qu'elle était venue chercher.
Mais alors qu'elle ouvrait presque fébrilement l'écran, elle entendit le pas de Carlys qui se rapprochait et le jeune homme commença joyeusement :
-Les œuvres complètes de Voltaire ! Ah franchement je n'y croyais pas... Et toi qu'est-ce que tu as pris ?...
Sibylle lui sourit, avant de choisir de répondre sur le même ton que lui, gentiment moqueur :
-Rien qui te concerne...
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