Rodolphe (Chapitre 92)

Rodolphe avait l'impression de simplement venir de s'endormir tant il avait eu du mal à trouver le sommeil, sans cesse envahi de lourds cauchemars lorsqu'il se sentit violemment secoué.

Il se réveilla en sursaut alors en lâchant dans un demi-cri :

— Ah ! Que... Que se passe-t-il ?

C'était sa sœur, assise près de lui qui venait de le tirer si brutalement du sommeil. Pourtant à son regard triste et lointain, il était sûr qu'elle l'avait observé pendant de longues minutes avant de le faire sortir du pays des songes donc a priori rien n'était urgent...

Il murmura d'un ton adouci :

— Sibylle, je t'ai déjà dit de ne plus te forcer à agir normalement. Tu aurais dû me hurler dessus plutôt que me secouer comme tu l'as fait alors que cela te fait si horriblement souffrir...

Les lèvres de la jeune femme s'étirèrent en un sourire triste et amer avant qu'elle ne réponde d'une voix un peu froide :

— Je ne veux pas être une poupée de verre Rodolphe. Plutôt vivre et souffrir que ne jamais plus voir le jour ou assurer à notre vengeance...

Le jeune homme la contempla un long moment avant de détourner ses yeux aux reflets d'or. Il savait qu'elle n'arrivait à tenir que parce qu'elle savait pouvoir l'aider à bien mener leur quête et il ne pouvait lui laisser deviner l'étendue de la peine qu'il éprouvait pour elle. Il répondit d'une voix rauque en se soulevant sur un coude sur le vieux lit qui remplaçait une couchette réglable que les propriétaires de l'appartement miteux n'avaient pu payer :

— Un jour je trouverai un moyen de t'enlever cet appareil...

Le sourire de sa sœur se fit plus calme, mais plus tendu aussi, et elle se releva pour se diriger vers la porte et lâcher sans se retourner :

— Je n'en doute pas, Rodolphe.

Et elle ajouta en ouvrant le battant :

— Si je t'ai réveillé c'est parce que d'ici un quart d'heure la reine d'AM.Erica a annoncé qu'elle avait une communication de la plus haute importance à faire et elle apparaîtra sur les écrans d'ici quelques minutes. Tu nous rejoints dans le séjour ?

Il inclina la tête sans qu'elle puisse le voir puisque le battant se refermait déjà derrière elle mais il ne s'en préoccupa pas, sachant que de toute façon elle n'attendait aucune réponse de sa part.

L'endroit où ils avaient trouvé refuge était un petit appartement sombre, où toutes les pièces n'étaient pas électrifiées dans une tour très endommagée par la guerre et pas encore reconstruite.

L'avantage était que la tour n'avait normalement aucun habitant si ce n'est quelques vagabonds peu dérangeants et qui évitaient l'endroit depuis que des bandes de jeunes le squattait, tous d'Astra.

Quant à la sécurité elle était assurée par de discrets guetteurs postés partout, dans le quartier entier, dans chaque immeuble ou moindre recoin où l'on pouvait se rendre un minimum discret.

Rodolphe se leva sur cette pensée, entièrement vêtu, n'ayant pas pris le temps de se changer la veille, et il fut d'autant plus reconnaissant à la personne qui avait pensé à poser une pile de vêtements propres sur l'une des chaises de bois, meuble visiblement bricolé après-guerre.

Il se changea rapidement après s'être débarbouillé le visage et le torse à l'aide d'une bassine d'eau froide et d'une serviette dans un coin et ce ne fut qu'après cela qu'il se dirigea vers la porte de la petite pièce exiguë et gagna le couloir.

Un moment plus tard il franchissait l'encadrement du séjour et l'habituel malaise le saisit aussitôt.

— Votre majesté ! Bien dormi ?

Et les quelques jeunes présents pour sa sécurité, tous armés, parfois de façon rudimentaire mais enfin capables de se défendre, s'inclinèrent devant lui, ployaient un genou à terre.

Malgré tous ses efforts pour qu'ils le tutoient et abandonnassent ce rituel.

Sa seule consolation était que sa gêne visible arrachait toujours un sourire à sa sœur, si maigre et si terriblement sombre toujours !

Un écran avait été apposé au mur quelques jours plus tôt pour pouvoir suivre de près les nouvelles et surtout rendre les journées un peu moins longues et monotones, pour le moment Rodolphe comme Sibylle n'ayant rien de mieux à faire que de se cacher le plus longtemps possible en attendant de trouver un moyen sûr de sortir de la ville.

Une fille brune coiffée d'une haute queue de cheval lui adressa un grand sourire et lui céda sa place sur le canapé puis alla se chercher une caisse de plastique comme siège. Il eut beau insister pour ne pas lui prendre les coussins, tous les jeunes présents agirent comme s'il était parfaitement normal que l'un d'eux se lève que Rodolphe dû bien accepter.

Sa sœur lui adressa un léger clin d'œil, debout pour sa part derrière le bar de la cuisine avant de se déplacer pour venir se poster derrière lui sans pour autant faire mine de s'asseoir ou de toucher le canapé, abstention que remarqua le jeune homme qui sentit une fois de plus un mélange de colère et de tristesse l'envahir.

Mais un gamin de treize ans, l'un des rares de cet âge toléré si proche de l'empereur et en qui tout le monde avait une aveugle confiance méritée, alluma l'écran et les bavardages cessèrent immédiatement dans la pièce.

Le garçon -celui qui avait réussi à faire sauter l'électricité quelques jours plus tôt dans la ville- alla s'assoir sur le parquet près de la fenêtre dont les stores étaient tirés tandis que Rodolphe s'efforçait de reprendre le contrôle de lui-même une fois de plus.

Aileen... Comment pouvait-on aimer aussi fort quelqu'un tout en le détestant aussi comme lui ?...

Pourrait-il supporter de voir son visage apparaître sur l'écran devant lui ? Ses longs cheveux bruns ondulés, ses yeux violets, ses lèvres qui lui évoquaient invariablement le goût de leurs baisers échangés...

Mais il n'eut pas plus le temps de réfléchir que l'écran s'illumina et que la chaîne des informations s'afficha. Le présentateur se tenait visiblement dans l'un des salons du palais de l'AM.Erica et Rodolphe entendit à peine ce qu'il disait tant il était tendu dans l'appréhension du moment où Aileen apparaîtrait devant lui à l'écran, soudain si proche, comme dans le rêve qu'ils avaient fait tous les deux...

— Toute la galaxie attend de découvrir quel est la mystérieuse nouvelle que notre reine souhaite nous faire partager... Après les événements des dernières semaines, nous espérons tous que ce ne sera que pour nous conforter dans la paix qui semble donner suite aux émeutes...

Le présentateur tourna alors la tête et Rodolphe retint son souffle tandis qu'une silhouette se profilait à gauche de l'écran et qu'Aileen entrait dans son champ de vision.

L'homme lança d'un ton jovial quelque chose que n'entendit même pas le prince, yeux toujours rivés sur celle qui demeurait officiellement sa femme même s'ils étaient séparés maintenant depuis plus de trois semaines.

—... Majesté, c'est un honneur pour nous tous d'entendre ce que vous avez nous dire. Tout le monde admire la façon dont vous avez mis fin aux émeutes... Quel est votre message aujourd'hui ?...

Bonjour,

Merci beaucoup à tous ceux qui sont passés au salon du livre hier, ça a été un plaisir de vous voir et de discuter ! À une prochaine fois, en espérant que ça vous ait plu à vous aussi. ;)

Azylis

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