Edward (Chapitre 90)
Edward se tenait dans le petit bureau qu'il affectionnait dans l'ancien palais du gouverneur. Il y était revenu après quelques jours passés à gérer les derniers détails à régler après la destruction des canons comme pourchasser les quelques soldats qui étaient parvenus à s'enfuir, ce qui n'avait pas été trop compliqué grâce à l'aide de la population qui soutenait le prince à cent pour cent ou presque.
Pour l'heure le jeune homme était penché sur des dizaines de plan et trois personnes l'entouraient dans la petite pièce. Son amie Tiny d'abord, qui s'obstinait à demander quel était l'intérêt de moderniser Egrabe, Gueric en train pour l'heure de bourrer une vieille pipe de bois et enfin Carlys, sifflotant près de la fenêtre et mains dans les poches.
Le prince suivait des yeux les propositions diverses que venaient de lui apporter trois des architectes qu'il avait embauché pour déjà avoir des esquisses de plan.
— Bon, construire des barrages est le plus urgent, ainsi que des zones de panneaux solaires sur les toits des maisons et...
Ce fut ce moment que choisi Tiny pour se lever d'un bond de son siège, visiblement exaspérée, sous le regard carrément amusé de Carlys.
Tiny était vêtue d'une robe courte constituée un tissu marron simple et ses cheveux bruns tombaient sur ses épaules sans qu'elle y prenne garde. De temps en temps un regard lui échappait, celui qu'elle avait lorsqu'elle trahissait son amour pour Edward, mais elle savait se reprendre très vite.
Et de toute façon, pour l'heure, elle était tellement furieuse que cela ne laissait nullement place à d'autres sentiments.
Elle s'avança jusqu'à la table de rondins de bois et balança tous les plans par terre tandis qu'Edward sentait monter en lui la colère. Il gardait malgré sa gentillesse et son ouverture d'esprit une grande habitude de voir respecter son statut d'Altesse, mis à mal régulièrement par son entourage.
— Ça suffit Edward ! Tes projets sont ridicules ! Pourquoi veux-tu moderniser Egrabe ? Tu veux nous construire des villes comme celle de l'AM.Erica... De la pierre, du béton ! Des millions d'individus regroupés dans quelques mètres carrés... Ça ne nous fait pas rêver ! Je croyais que tu respectais nos coutumes ?
Edward fit un violent effort sur lui même pour redevenir parfaitement calme et Carlys de son côté éclata d'un rire exaspérant, tout en commentant :
— Un point pour notre élégante sauvage qui refuse la civilisation !...
Tiny lui lança un regard noir qui ne l'atteignit évidemment pas tandis qu'Edward se penchait pour ramasser les feuillets épars, agacé d'être obligé de le faire. Lorsqu'il se releva ce fut pour toiser la jeune femme, et dire d'une voix calme et froide :
— Tu vas m'écouter maintenant. Je n'ai pas l'intention de faire d'Egrabe une AM.Erica bis si c'est ce que tu crains. En revanche je souhaite moderniser la planète en construisant des hôpitaux par exemple, qui sont actuellement presque inexistants. Vos guérisseurs sont doués mais aucune de leurs connaissance n'est répertoriée et tout cela n'est pas au niveau de la médecine moderne... Tu as quelque chose à redire à cela ?
— À cela non... Mais tes histoires de panneaux solaires et de barrages ? Ça sera pour les hôpitaux aussi ?
— Non. Les barrages fourniront de l'énergie qui sera utilisée d'abord pour recharger le bouclier magnétique de la planète car je préfère avoir un minimum de sécurité militaire par les temps qui courent. Ensuite je compte mettre en place partout, dans chaque village, l'électricité et l'eau courante. D'où la présence des panneaux solaires également donc. Mais je ne souhaite construire aucun bâtiment du style de l'AM.Erica... je sais trop bien qu'aucun de vous ne le voudrais.
Il fit une pause puis ajouta :
— J'aurais volontiers rendu possible la modernisation du transport également, m'en voudrais-tu pour cela ?, mais Egrabe a le même problème de base que Sagan : des métaux parasites dans le sol. Les travaux pour les enlever seraient titanesques et personne n'aura la volonté de le faire ici comme à Sagan. Nous conserverons donc nos fidèles destriers... Cela te va Tiny ?
Au fur et à mesure qu'il exposait ses projets, il s'était parfaitement calmé et un sourire éclairait maintenant ses lèvres.
La jeune femme, détendue elle aussi, acquiesça avant de répondre.
— Parfaitement. Désolée d'avoir douté de toi comme ça, j'aurais dû savoir que tu connaissais bien nos valeurs maintenant.
— Aucun problème. Mais je suis heureux d'avoir remporté ton adhésion car je me servirais de toi pour convaincre la population.
— Quoi ? Edward, ça c'est de la trahison !
Convaincre les habitants de l'Egrabe qui étaient capable de s'exclamer pour la plupart "sorcellerie" en voyant une ampoule électrique n'avait en effet rien d'une partie de plaisir. Carlys dans son coin esquissa son habituel sourire ironique et s'avança vers eux pour lâcher :
— Dommage Tiny, je crains que tu ne viennes d'écoper d'une mission très difficile... mes plus sincères encouragements...
Voyant qu'elle s'apprêtait à répliquer, son sourire s'accentua et il leva les mains devant lui en signe de dénégation :
— Ooooh non n'y compte même pas ! Notre cher seigneur t'a nommée toi pour ce rôle, pas moi...
Edward laissa échapper un rire avant d'observer :
— C'est drôle de voir Carlys comme tu te souviens de mes titres quand ça t'arrange.
Le prince se tourna ensuite vers son ami Gueric et demanda doucement à l'homme d'âge mûr :
— Et toi ? Qu'en penses tu ?... Tu n'as rien dit et ton avis compte beaucoup pour moi.
Son interlocuteur arracha une bouffée à sa pipe avant de répondre calmement, le regard brillant :
— J'en pense que Jiliar aurait été fier de toi. Il se serait dit qu'il avait fait le bon choix de te suivre il y a de cela quelques années...
Un sourire reconnaissant envahit les traits d'Edward au souvenir du maire tombé dans l'une de leurs batailles.
— Merci. C'était un homme merveilleux.
Puis il se détourna pour cacher son émotion et demanda calmement à Carlys pour changer de sujet :
— Des nouvelles intéressantes ?
Il en avait eu assez de voir le jeune homme toujours tout savoir avant tout le monde et passer sa vie à espionner à peu près tout. Résultat il l'avait nommé responsable du renseignement, lui donnant accès à ses écrans personnels (il soupçonnait d'ailleurs que Carlys s'en était déjà servis auparavant sans permission aucune) et depuis il n'avait qu'à l'interroger pour avoir un rapport complet de ce qui avait lieu dans la galaxie (ce n'était pas toujours vraiment intéressant d'ailleurs...).
Mais cette fois ci au sourire ironique de Carlys un tout petit peu plus grand que d'habitude -tout était dans la taille de ces grimaces pour analyser son humeur-, il devina qu'il allait probablement apprendre quelque chose d'intéressant.
D'autant que lorsque le jeune homme commençait ses phrases en s'adressant à lui par son titre cela annonçait très souvent ou une énorme catastrophe ou... une petite catastrophe. Alors Edward s'attendait forcément au pire...
— Altesse, j'ai une nouvelle qui va beaucoup t'intéresser je crois. C'est au sujet de ta petite sœur, la reine de l'AM.Erica si je ne confonds pas.
Cet air innocent n'allait PAS DU TOUT à Carlys mais il lui dirait plus tard.
— Très bien, et qu'est-ce que c'est ?
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