Cyndie (Chapitre 10)

-Où est Damien ?

Sa mère releva la tête pour fixer Cyndie qui esquissa un petit sourire crispé. Instinctivement, la petite fille s'était assise près de la porte, dans le salon, ce que les deux adultes avaient bien remarqués sans rien dire pourtant.

Elle avait besoin de pouvoir s'enfuir. Au cas où elle entendrait des cris, des flammes... Ce fut son nouveau père qui se leva, s'approcha d'elle, et vint s'agenouiller pour être à sa hauteur.

-Tu n'as plus à avoir peur. Damien devait aller à un stage de deux jours... Une préparation pour distinguer quels sont ses centres d'intérêt, pour les études plus tard et tout ça, tu comprends ?

Cyndie avait hoché la tête. Elle aimait bien simplement poser des questions, entendre les réponses, et ne pas trop se souvenir.

-Et vous, vous ne travaillez pas ?

Elle regardait tour à tour ses deux parents. Son père la souleva alors dans ses bras, et l'amena entre eux sur le canapés lorsqu'il se rassit. Il lui adressa un chaleureux sourire tandis que maman lui caressait doucement la joue.

-Nous avons un jour de congé pour nous occuper de toi... Cyndie, de quoi as-tu si peur ? Nous pouvons t'aider...

La petite secoua la tête farouchement avant de répondre d'un ton buté :

-Je n'ai pas le droit de le dire.

Ses parents échangèrent un regard désolé. La jeune femme détourna quelques minutes plus tard le sien, sachant que son mari pensait à la même chose qu'elle : les cris horribles de l'enfant cette nuit.

Jamais Leonor n'avait entendu une voix humaine exprimer un tel désespoir, et elle n'avait pas pu se rendormir après. Et là elle était très fatiguée...

Elle en avait ensuite discuté avec Andrew, et ils étaient tombés d'accord sur la seule solution : il fallait réussir à faire parler Cyndie, à ce qu'elle se libère de ce qui la hantait. Mais comment faire ? Ils n'en avaient aucune idée. Elle tenta pourtant de nouveau de s'adresser à la petite fille :

-Cyndie, pourquoi ne peux-tu rien nous dire ?

L'enfant releva ses yeux vers la jeune femme. Elle se resserra contre elle, posant sa tête contre son épaule. Elle avait envie de lui faire plaisir, de lui expliquer...

-On me l'a dit. Vous... Vous ne m'en voulez pas ?

Elle levait la tête vers Andrew en disant cela et celui-ci esquissa un sourire fatigué. Lui non plus n'avait pas très bien dormi. Quelques minutes de silence passèrent puis il lui prit la main :

-Tu peux nous tutoyer tu sais. Et tu n'es pas obligée de nous appeler tout de suite papa et maman...

Il avait remarqué qu'elle évitait de dire ces mots à haute voix ? Cyndie ne voulait pas se rappeler. Elle hocha timidement la tête et demanda :

-Comment alors ?

-Par nos prénoms. Leonor, et moi Andrew...

Elle leur adressa à tous deux un nouveau sourire et sa maman, il fallait bien qu'elle essaie de l'appeler ainsi quand même, lui ébouriffa les cheveux. Puis Leonor changea radicalement de sujet et demanda :

-Quand est ton anniversaire Cyndie ? Que nous ne rations pas la date !

Mais la petite fille se referma de nouveau sur elle-même : Sibylle l'avait bien dit, aucune information personnelle.

Sa nouvelle maman parut néanmoins triste mais n'insista pas. Elle se leva du canapé, et lui demanda doucement :

-Puisque nous avons toute la journée, que voudrais-tu faire ?

-Je... je peux aller dormir ?

Cyndie n'avait pas osé le demander avant. Mais elle était si fatiguée après sa nuit manquée... et elle dormait mieux le jour.

Ce fut son nouveau père qui répondit, en se levant à son tour du canapé.

-Bien sûr que tu peux...

Elle se leva alors, se faufila entre les deux adultes, avant de gagner la porte. Lorsqu'elle fut dans le couloir, elle eut juste le temps d'entendre avant de passer à sa chambre qu'elle partageait avec Damien :

-Chérie, je crois qu'il va nous falloir un peu plus de temps que prévu pour apprivoiser notre petit oiseau...

Cyndie sourit. Elle aimait beaucoup les petits oiseaux.

Une fois allongée sur sa couchette, elle s'endormit pratiquement instantanément. Elle rêva de sa cousine une fois de plus, mais ce n'était pas un cauchemar, il n'y avait pas de flamme.

***

Sibylle lui bandait la jambe, lui étalait une crème qui la picotait légèrement mais atténuait la douleur de la brûlure... Elle ne l'avait même pas sentie, pourtant, là-bas à Sagan au milieu des hommes gris...

Elle lui disait ensuite avec un sourire :

-Ne t'inquiète pas, je vais m'occuper de toi. On est de la même famille, tu le sais n'est-ce pas ? Ton père était le frère de ma mère... On est cousine.

Oui, Cyndie s'en souvenait. Sibylle était venue une fois à la maison, visiter Sagan avec son frère. C'était une amie, ce n'était pas quelqu'un qui allait lui faire du mal.

Alors elle s'était débrouillée pour la suivre partout, pour être toujours avec elle. Même si de quelques fois Sibylle l'éloignait, la plupart du temps elle acceptait d'être avec Cyndie.

Mais quand ils étaient montés dans les vaisseaux, pour partir en AM.Erica, sa cousine n'avait pas voulu qu'elle vienne avec elle. Elle lui avait dit :

-Non, c'est trop dangereux que nous soyons ensembles...

-Pourquoi ?

-Tu es importante Cyndie, ok ? Tu es la dernière personne de Sagan... Tu comprends ?

Non, elle ne comprenait pas. La petite fille avait commencé à pleurer, ce qui exaspérait toujours Sibylle elle le savait, même si sa cousine essayait toujours de rester patiente.

-Mais... pourquoi on ne peut pas être ensembles ?

-Si on découvre mon identité, je ne veux pas te mettre en danger. Et si on découvre la tienne...

À cette idée la voix de Sibylle s'était brisée et elle avait perdu son petit ton de commandant qu'elle prenait toujours pour masquer ses émotions.

Elle l'avait prise dans ses bras brusquement, l'avait serrée très fort et lui avait dit :

-Oh Cyndie ! Je te promets qu'on se retrouvera... Il faudra juste que tu sois patiente... mais on se reverra !

Elle avait reculé, et la petite fille l'avait fixée avec deux grands yeux inquiets.

-Tu ne disparaîtras pas ? Pas comme maman et papa ? Pas comme grand-Pa ? Pas comme les autres ?...

Sibylle avait secoué la tête, lui avait adressé un dernier sourire crispé, et était monté dans le vaisseau. L'enfant avait été poussée vers un autre...

Et elle était arrivée, pour découvrir Damien et ses parents. Ce n'était pas sa cousine, mais c'était des gens qui la protégerait.

Qui ne disparaîtraient pas... À cette idée, Cyndie poussa un gémissement et ouvrit les yeux. Comment en être sûre ?

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