Chapitre 6
Le soleil s'était couché, Noah avait terminé de manger et vêtu de son pyjama, s'apprêtait à aller se coucher. Il montait les escaliers quand il entendit sonner. Il s'arrêta, attendant que ses parents viennent ouvrir à sa place, mais voyant que personne n'arrivait, il descendit et alla ouvrir. Eden se trouvait sur le pas de la porte, la tête légèrement baissée mais ses yeux profonds levés vers lui, l'air coupable, et profondément peinée. Il ressentit un élan de compassion puis se rappela qu'il était en colère contre elle. Alors à la place de lui demander ce qui n'allait pas, il resta là, en silence.
- Je suis désolée. Fit-elle d'une voix sincèrement triste, sur le point de se briser, même.
Mais qui était donc cette fille, s'excusant devant lui dans la nuit ? Le repoussant et l'attirant de nouveau vers elle ? Quel était ce jeu dont il ne pouvait s'échapper ? Son esprit lui hurlait de résister au magnétisme de la belle blonde, mais elle dégageait une telle détresse que c'était impossible. C'était une splendeur si sombre, Eden. Il ne pouvait pas lutter contre elle, elle s'était immiscée dans chaque recoin de son esprit. Elle le brûlait de l'intérieur.
- Ce n'est pas grave. Finit-il par répondre, un sourire aux lèvres.
Un immense sourire fendit alors son visage de poupée, et elle sauta soudainement dans ses bras. Elle le serra contre lui, brûlante de bonheur.
- Merci Noah. Ne me laisse plus jamais seule. Lui souffla-t-elle doucement.
Il ne répondit rien et profita de ce moment où leurs deux corps étaient si proches.
- Noah ? Qui est-ce ? demanda la voix lointaine de sa mère.
Aussitôt (et malheureusement), Eden s'écarta de lui.
- Oups, je crois que je vais y aller. Dit-elle d'un ton enfantin.
Elle colla un baiser sur la joue de Noah et s'éclipsa, se fondant dans l'obscurité. Il ferma la porte, rêveur, et remonta les escaliers doucement, comme s'il se trouvait dans un songe.
Eden tapotait nerveusement du pied, et avait la furieuse envie de se ronger les ongles, mais réussit à se contenir. Elle n'était jamais à l'aise quand elle était chez le psychologue. Elle avait beau être installée dans un confortable canapé, sous le regard bienveillant de ce monsieur à lunettes, elle ne croyait en rien à cette mascarade. On essayait de sonder son esprit. Et quand on découvrira qui elle était vraiment, on l'enverra en internat, comme son frère. Le psychologue déblatérait des choses sans importance qu'elle ne prit pas la peine d'écouter. Pour se détendre, elle sortit de sa poche son briquet, l'alluma et regarda la flamme danser. Cette vision l'apaisa.
- Regarder cette flamme vous aide-t-il ? demanda le docteur.
Elle hocha la tête, sans dire un mot.
- Pourquoi aimez-vous le feu ? reprit-il.
Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune fille.
- Car il peut tout éclairer et tout détruire. C'est son choix. Le feu est la puissance absolue.
- Et vous avez besoin qu'il vous transmette cette force ?
Elle haussa les épaules, dubitative.
- Oui, sûrement.
- Pourtant, le feu a laissé de graves séquelles dans votre vie. Si l'on croit vos précédents psychologues et médecins, vos troubles de la personnalité ont débuté après que votre maison ait pris feu, lorsque vous n'étiez encore qu'une enfant.
Son sourire s'agrandit. Elle souffla sur la flamme, qui s'éteignit.
- Il faut croire qu'une partie de moi a brûlé dans cette maison. Déclara-t-elle d'un ton léger, comme si elle annonçait une bonne nouvelle.
Elle se renversa sur son siège, à l'aise, et ajouta :
- Et c'était la bonne partie.
Document vidéo
La pièce se situe dans la pénombre, seulement éclairée par le faible éclat d'une bougie. La fille se tient sur le côté, et on ne distingue qu'une petite partie de son être, comme si elle n'osait pas se montrer face à la caméra.
- Le docteur dit que je suis malade. Dit-elle d'une voix faible.
- Il ne m'aide pas du tout. Les médicaments non plus. Je ne sais pas quoi faire, je suis perdue et mes pensées tordues s'emmêlent. Je crois que je me suis fait des amis, mais j'ai peur de les perdre. Peur de leur faire du mal. Qui suis-je ? Je ne le sais pas. Il a trop de monde dans ma tête. Trop de voix. J'ai envie de crier « Silence ! ». Mais elles ne s'arrêtent jamais. Les voix me chuchotent à l'oreille toute la journée. Elles ne me laissent jamais tranquille.
Elle soupire bruyamment et tente de se calmer.
- Alors que faire ? Si Noah me propose son aide, dois-je l'accepter ? Ou dois-je l'éloigner de moi avant qu'il ne soit trop tard ? Quand je suis avec lui, j'ai l'impression que je peux devenir la bonne Eden. Peut-être devrais-je lui raconter la vérité ?
Elle soupire une nouvelle fois.
- De toute façon ce fichu journal ne sert à rien. Je n'aurais jamais de réponse.
Elle se penche brusquement et l'écran devient tout noir.
Fin de la vidéo
Le lendemain, lorsqu'Eden lui fit coucou de la main, il aperçut les pansements qu'elle avait aux bouts des doigts.
- Qu'est-ce que tu t'es fait ? demanda immédiatement Noah.
Elle haussa les épaules avec désinvolture.
- Oh, rien.
Il fronça les sourcils. Pourquoi ne pouvait-elle-même pas répondre à cette simple question ? Il n'insista pas, de peur de s'attirer les foudres de la belle. Elle avait l'air d'être dans un bon jour, mais on ne pouvait jamais vraiment savoir quand il s'agissait d'elle. En la regardant fourrer ses doigts couverts de pansements dans ses poches, si belle et si simple, il avait follement envie de lui dire, voire de lui crier « Mais dis-moi ! Parle-moi ! Je peux t'écouter. Putain, peu importe ce que tu me diras, je ne te jugerais pas. Je ne suis pas comme les autres, tu peux m'avouer tes secrets. Je t'écouterais, je pourrais t'aider, Eden. Pourquoi tu te comportes comme ça ? Je voudrais tout savoir de toi. Je voudrais connaître chaque parcelle de ton âme, alors, dis-moi tout. » Il était prêt à tout entendre, même le pire, car son cœur brûlait d'amour pour elle.
Mais comme d'habitude, il se tût.
Ils se dirigèrent tranquillement vers leur salle de classe, et entendirent soudainement qu'on les interpellait. C'était Josh, entouré de sa bande d'amis.
- Ca va, la tarée ? demanda-t-il, hilare.
Eden se retourna subitement vers lui et le foudroya du regard. Loin d'être déstabilisé, le garçon repris :
- Je savais que tu étais bizarre, mais pas au point de prendre des médocs.
Noah regarda la jeune fille d'un air interrogateur, sans comprendre de quoi il parlait. Il vit le moindre petit muscle de son corps se crisper. Pour une fois, elle n'avait rien à répondre, elle se contentait d'assassiner des yeux toute la petite troupe.
- Maris t'a vu, quand tu étais aux toilettes, et elle a tout entendu aussi. Expliqua-t-il.
Elle serra les poings si fort que les jointures de ses mains devinrent blanches. Elle ne disait toujours pas un mot.
- En tout cas, je ne veux pas que tu t'assieds à côté de moi en cours, folle dingue. Dit une fille.
Une avalanche de « moi non plus » fut répétée derrière elle. S'en était trop. Eden brandit son poing derrière sa tête et s'apprêta à leur sauter dessus, mais Noah la stoppa dans son élan. Il la saisit par les épaules et l'emmena loin du groupe le plus vite possible. Les rires fusèrent derrière eux.
- Ce ne sont que des crétins. Déclara-t-il gentiment.
- C'est bon Noah. Répondit-elle d'un air fatigué.
- Mais je...
- J'ai dit c'est bon ! cria-t-elle.
Elle haussa les épaules pour se défaire de son étreinte et lui jeta un regard noir.
- J'ai besoin d'être seule. Déclara-t-elle.
Et elle partit de son côté. Il poussa un long soupire. Le mystère autour d'Eden s'épaississait et il était loin d'obtenir les réponses.
Léa était tranquillement chez elle, négligeant ses devoirs pour être sur son portable, lorsqu'elle reçut un appel de Maris. Elle décrocha et entendit la voix complètement paniquée de son amie.
- Attends, tu peux répéter, tu parles trop vite. La stoppa Léa.
Maris reprit, plus calmement.
- Je venais juste de rentrer chez moi, et j'étais dans le salon, quand j'ai entendu un bruit de verre brisé. Je me suis tournée et j'ai vu qu'on venait de casser ma fenêtre en y lançant une pierre enroulée dans du papier journal. Et là, j'ai vu qu'en réalité, le papier journal était en train de se consumer. Heureusement, j'ai pu facilement éteindre le feu, mais je peux t'assurer que j'ai eu un coup de chaud !
Lucas fut étonné lorsqu'il vit Eden pousser les portes du café sans être accompagnée de son sbire. Elle avait un grand sourire aux lèvres, et s'assit sur une banquette plus loin avec légèreté. Quand elle passa prêt de lui, il l'entendit même chantonner. C'était étrange de la voir de si bonne humeur après ce dont il avait été témoin la veille. Des questions plein la tête, il s'approcha d'elle, carnet en main.
- Salut. Dit-il.
Elle leva les yeux de la carte pour les poser sur lui. Son visage s'éclaira.
- Oh tiens Lucas ! Je voulais justement te voir ! fit-elle d'un ton enjoué.
Mal à l'aise, il se mit à se balancer nerveusement d'un pied à l'autre. Cette fille avait le don de le gêner.
- Tu n'es pas avec Noah ?
- Oh non, c'est bien de prendre des distances de temps en temps, il ne faudrait pas qu'il tombe amoureux de moi !
Elle ponctua sa phrase d'un rire clair et cristallin.
- Sinon, comment tu vas ? reprit-elle.
Il haussa les épaules, son malaise se renforçant.
- Bien... Et toi ?
En réalité, il avait peur de sa réponse. Mais elle haussa les épaules et son sourire devint encore plus lumineux.
- Je vais parfaitement bien, comme tu le vois. Tu sais parfois, il suffit de trouver le bon moyen de se détendre, et tout de suite, ça va beaucoup mieux.
NDA : J'ai finalement décidé de reprendre cette fiction ! Merci à tous ceux qui ont laissé des commentaires car c'est grâce à vous que j'ai retrouvé la motivation. J'espère que cette histoire continuera de vous plaire. Gros bisous.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top