Chapitre 3


Noah attendait devant le lycée que Lou' arrive. C'est alors qu'il vit une autre personne arriver, Eden. Celle-ci avait attaché ses longs cheveux en chignon, et portait une robe patineuse noire avec de nombreux bijoux. Elle était très apprêtée comme à son habitude. Elle avait à la main un sac en carton, et au moment où Noah l'observait, elle s'appliquait à traverser sans toucher les lignes blanches du passage piéton. Elle s'avança vers lui avec un grand sourire.

- Qu'est-ce qu'elles t'ont fait les bandes blanches ? demanda-t-il.

- J'ai l'impression que si je marche dessus, quelque chose d'horrible va m'arriver. répondit-elle très sérieusement.

Puis elle lui tendit le sac.

- Tes affaires. Lavées, repassées et bien pliées.

- Merci, il ne fallait pas.

- Merci à toi, bien que j'avais l'air de n'importe quoi dans tes habits.

Elle tourna vivement la tête.

- Lou' arrive, j'me taille !

Elle lui fit un clin d'oeil et quitta la scène comme un voleur.


Document vidéo.

On voit une main dans un fond avec du carrelage blanc. L'écran bouge jusqu'à ce qu'un visage apparaisse au premier plan. C'est une jeune fille d'un beauté saisissante. Elle a des cheveux châtain ondulés coupés au carré et des lèvres qui se mouent en un triste sourire. Mais le plus incroyable dans son visage ce sont ces yeux d'un vert émeraude et à l'éclat mélancolique.

- Vidéo numéro 3. annonce-t-elle.

Même sa voix a quelque chose d'envoûtant. Elle replace une mèche de cheveux derrière son oreille.

- J'ai connu les regards de peur quand on s'avance dans la rue. Les gens qui vous regardent comme si vous étiez malade, dangereuse. J'ai connu les gens qui vous évitent, ceux qui font un écart quand vous vous rapprochez d'eux. On m'a traité comme une folle.

Par moment sa voix se brise, mais elle reprend.

- Je ne suis rien de tout ça. Mais c'est l'image qu'on a choisi de moi. Quelqu'un de mauvais, qu'on doit éviter à tout prix. Personne n'a pris la peine d'écouter ma version des faits, personne. En même temps, qui ça intéresseraient d'entendre un monstre s'expliquer ? Personne. C'est bien ce que je disais, on vous fait croire n'importe quoi avec des sourires hypocrites, mais dans le fond on est seul. Tout seul.

Elle fit une pause et prend une grande inspiration.

- Je ne suis pas ce qu'on croit que je suis ! Je suis juste une jeune fille ! Ils ne me connaissent pas, alors pourquoi jugent-ils ? Tout ce que je voulais, c'est qu'on me traite comme une fille normale.

Elle lève la main et essuie brièvement les larmes qu'elle a aux bords des yeux. Elle prend une inspiration de nouveau.

- J'ai connu les médecins qui dévisagent. Les psychologues qui disent que vous allez bien et qui vous bourrent de médicaments par la suite. J'ai connu les recettes miracles, les excuses, les crises de larmes, les cris de colère.

Elle essuie une larme.

- Je veux juste avoir la paix. Dormir l'esprit tranquille. Pouvoir fermer les yeux et faire le vide dans mon esprit.

Elle replace une mèche de cheveux, essuie une larme, puis fixe la caméra de ses yeux vert. Son expression est indescriptible.

- Tout ce que je veux c'est être une fille normale.

Son visage se rapproche de plus en plus de l'objectif puis l'écran devient noir.


Noah discutait tranquillement avec Tim et Lou' quand Eden se planta devant lui en plaçant un carton à un centimètre de ces yeux. Il écarta sa main.

- C'est quoi ça ? fit-il.

Elle plaça une main sur sa hanche.

- Un carton d'invitation. Josh m'invite à une de ces fêtes.

- Tu ne perds pas de temps. fit remarquer Tim.

Elle haussa les épaules.

- C'est très bien, mais... et alors ? dit Noah qui ne voyait pas où elle voulait en venir.

- Et alors je vais me retrouver toute seule !

Elle se laissa tomber sur le banc, à côté de lui.

- Et ?

- Et bien viens avec moi. répliqua-t-elle, d'un ton agacé, comme si c'était logique.

Il souffla.

- Ce ne sont même pas mes amis.

- Ce ne sont pas les miens non plus.

- Oui mais c'est toi qui est invitée.

Il fronça les sourcils.

- Viens avec mooooooi. dit-elle en s'accrochant à son bras.

Puis elle éclata de rire. Lou' saisit sa chance.

- Moi je peux venir. Avec plaisir même. déclara-t-il avec un sourire éclatant.

Sauf qu'elle ne quitta pas Noah des yeux.

- Noah, es-tu près à céder ta place à Lou' ?

Maintenant que quelqu'un convoitait sa place, il était beaucoup plus intéressé par la proposition. En plus, il n'était jamais allé à ce genre de fête. Il esquissa un sourire.

- Bon d'accord, je t'accompagne.

- Parfait !

Elle se pencha pour regarder Lou' qui était à l'autre bout de banc.

- Une prochaine fois Lou', promis !

Elle fit un sourire doux, attrapa sa main puis se leva et partit rejoindre Josh et les autres. Lou' contempla sa main avec émerveillement.

- Eden Grace m'a pris la main... fit-il d'un ton rêveur.

- C'est moi ou cette fille change d'humeur toutes les secondes ? demanda Tim à Noah.

- C'est bien ça. D'ailleurs, elle ne m'a même pas dit quand était la fête.

Il soupira, bien qu'il ait un immense sourire aux lèvres.

- J'ai le sentiment de m'être fait manipulé.

- C'est parce qu'elle vient de le faire.

- Et sinon, tu étais où avant ? demanda Lou' en croquant dans son hamburger.

- Dans un internat, Sainte-Madeleine. Le pire de tous. On avait le droit de rien faire, et les gens étaient si antipathiques ! Brr. Heureusement, j'ai trouvé un moyen de partir.

- L'exclusion ? fit Tim.

- Oui c'est ça.

Ils savaient désormais tous les 3 qu'ils ne faillaient pas essayer de chercher plus loin. Elle avala ce qu'elle avait dans la bouche puis dit :

- Vous vous êtes connus comment, vous 3 ?

- Je crois que je suis ami avec Lou' depuis... que je suis né. déclara Noah en riant.

- On est voisin. compléta Lou'.

- Et Tim ?

- Ca devait être en quatrième je crois. Toute la classe était contre moi et ils étaient les deux seuls à me parler, ça a engendré une amitié. fit Tim.

Elle prit une mine attristée.

- L'exclusion, je connais ça. Les gens sont de véritables crétins. Pourquoi personne ne te parlait ?

- Parce qu'il faut savoir que Tim est un véritable intello. dit Lou'.

- Et j'assumes ! s'écria-t-il en se levant de sa chaise.

Tous les regards se tournèrent vers lui, alors il redescendit doucement sur sa chaise et se recroquevilla sur lui-même.

- Voila pourquoi. termina Noah, en faisant allusion à ce qui venait de ce passer.

Eden éclata d'un rire clair et enfantin.

- Sérieux, les gars, je vous adore !

- Et toi, tu n'as pas gardé contact avec tes amis de tes anciens lycées ? questionna Noah.

Le visage d'Eden s'assombrit sous leurs yeux.

- Non. Personne.

Changer de sujet.

- Au fait, c'est quand la fête ?

- Dans 2 jours.

Elle engloutit le reste de son repas avec une vitesse folle, attrapa son plateau et quitta le réfectoire sans demander son reste.


« Tu sais quand tu tombes amoureux quand tu ne sais pas pourquoi tu l'es. » C'est ce que lui avait dit sa mère un jour. Noah se remémorais cette phrase dans son esprit alors qu'il regardait Eden dessiner sur son cahier en classe. Parfois, Eden était douce, mielleuse et drôle. Puis, l'instant d'après, elle devenait froide, mystérieuse et imbuvable. Elle ne voulait jamais parler de son passé, à chaque fois qu'on lui posait une question, elle l'esquivait ou se braquait. Elle le manipulait sans scrupules. Il ne savait jamais à quoi elle pensait. Il ne la connaissait pas en réalité. Il ne savait rien d'elle. Pas de films préféré, pas de livre favori ni une couleur qu'elle affectionne particulièrement. Rien, le vide. Il ne savait même pas s'ils étaient amis ou non. Tout était flou autours d'elle.

Et pourtant, quand elle était près de lui, il sentait son coeur accéléré le cadence. Pourquoi l'aimait-il ? Aucune raison ne lui vint en tête.


Article de journal datant du 14 avril 2015.

La ville de Annecy est tétanisée par le malheur qui s'est abattu sur elle la nuit dernière. Une de ses plus grandes écoles, l'internat Sainte-Madeleine a pris feu. A l'heure d'aujourd'hui, il ne reste plus de ce prestigieux bâtiments que des cendres et des débris. Toutes la coure a aussi été brulée, ainsi que les jardins alentours. On estime que le feu aurait été allumé aux alentours de 21h23. La police est en train d'interroger plusieurs suspects parmi les élèves et les enseignants. Cet incendie a tout l'air d'un incendie criminel. Mais quand nous interrogeons Madame Norton, la directrice de l'établissement, celle-ci passe à autre chose. « Nous sommes tous très retournés par l'incident d'hier. De plus, tous les livres et tous le matériel a brûlé. Pour l'instant, nous n'avons nulle part où aller, mais le corps enseignants et moi-même gardons le sourire, après-tout, personne n'a été tué et nous ne comptons que 3 blessés légèrement. » nous confie-t-elle.

«  Tout ça c'est grâce à la petite Eden. C'est elle qui a détecté le feu, et elle a tout de suite courru réveillez tous les élèves dans leur chambre. Elle nous a aidé à évacuer tout le monde sans encombres. C'est une brave petite. » Témoignage de Monsieur Rogers, concierge de l'école.

Un briquet a été trouvé sur le lieu de crime. La police est en train d'analyser les empreintes digitales se trouvant dessus. Toute la ville tremble d'horreur en attendant une réponse et un coupable.


Eden avait décidé de rentrer avec Lou' et Noah puisque leur maison se trouvaient sur son chemin. Elle marchait en regardant le ciel.

- C'est cool que nous ayons beau temps aujourd'hui. déclara-t-elle. Je n'aurais pas eu le courage de rentrer sous la pluie une nouvelle fois.

- Tu aurais pu venir chez moi. intervint Lou'.

Elle le fixa en fronçant les sourcils.

- Lou', laisse-moi un peu tranquille à la fin.

Celui-ci détourna le regard d'un air contrit. Elle trébucha sur le pavé.

- Ces chaussures à talon ! s'écria-t-elle.

- Je ne vous comprends pas vous les filles, avec vos 100 paires de chaussures. dit Lou' d'un ton sec.

Elle se tourna vers lui, une expression mélancoliques au visage.

- Lou', sache que les filles comme moi sont tristes. Elles ne se trouvent jamais assez bien. Alors elles achètent des vêtements pour se trouver belle, et l'espace d'un instant, elles se sentent bien. Nos 100 paires de chaussures nous servent à combler le vide.

Son ton sincère leur cloua le bec, et ils n'osèrent plus rien dire. Elle éclata de rire et leur donna un coup de coude chacun.

- Faites pas une tête pareille !

Ils esquissèrent un sourire timide.

- Rho, un rien vous chamboule. dit-t-elle avec un sourire moqueur.

- Nous sommes arrivés. déclara Noah.

Il s'apprêtait à rentrer chez lui quand il tourna la tête vers Lou'. Celui-ci fouillait dans toutes ses poches en soupirant.

- Laisse-moi deviner, tu as oublié tes clefs.

- Je crois bien.

- Ce n'est pas grave, je vais attendre avec toi. On n'a qu'à se poser sur un banc, là-bas. dit-elle avec un sourire radieux.

En partant, Lou' se retourna vers Noah pour lui faire un clin d'oeil.

Assise sur le banc, Eden jouait à allumer puis éteindre un briquet. Lou' voyait l'éclat de la flamme dans ses yeux.

- Tu fumes ? demanda-t-il.

- Non, pas du tout. Ca me foutrais trop les boules d'être dépendantes

à un truc aussi con que la cigarette. répondit-elle son quitter des yeux le feu.

Il rit un peu.

- Pourquoi tu te balades avec un briquet alors ?

- Parce que je suis une dangereuse psychopathes qui attend d'être seule sur un banc avec un garçon pour lui brûler les cheveux. répliqua-t-elle d'un ton sérieux.

Ils se regardèrent droit dans les yeux puis éclatèrent de rire en même temps.

- J'aime juste regarder le flamme. Je trouve que c'est une image chaleureuse. Et puis...

Elle marqua une pause.

- Je suis le genre de fille qui aime jouer avec le feu.

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