Chapitre 2

- Hey !

Eden arriva par derrière et le serra contre elle, puis elle se détacha. Noah se retourna.

- Tu peux éviter de me sauter dessus à chaque fois que j'ai le dos tourné ? demanda-t-il avec un sourire.

- Je te souhaite le bonjour à toi aussi. répondit-elle avec un demi-sourire.

- Eden, comment ça va ?

Lou' venait d'arriver. Il avait tout de suite succombé au charme d'Eden et depuis ne la quittait presque plus. Bien sûr, cela agaçait Noah au plus haut point. Lou' était grand et maigre et avait quelques problèmes d'acné. 

- Bien et toi ? 

- Très bien.

C'est à ce moment que la sonnerie retentit.

- Bon, a plus Lou' !

- Oui, a plus. fit-il d'un ton absent.

Sans doute était-il en train de se remémorer la scène en boucle dans son esprit. Lou' resta sur place, sans ciller, trop occupé à ne pas quitter des yeux Eden qui s'éloignait déjà.


C'était une matinée chaude et orangée. Le soleil matinal brillait déjà fort sur les fenêtres de la classe. Il n'y avait pas une brise, l'air semblait épais, compacte. C'est pour ça que très vite dans le cour une main se leva.

- Monsieur, on peut ouvrir une fenêtre ?

- Bien sûr.

- Non !

Tous les yeux se tournèrent alors vers celle qui avait commis une objection : Eden. Sous les regards interrogateurs, elle sourit timidement et ajouta :

- Non s'il vous plait, on n'ouvre pas de fenêtre.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, Noah crut voir la peur tanguer dans ses yeux émeraudes.

- Mais pourquoi donc ? interrogea le professeur, qui ne comprenait pas son comportement.

- Je... je n'aime pas les fenêtres ouvertes. bafouilla-t-elle.

Elle essayait de garder cet air légèrement hautain qu'elle avait toujours au visage, mais c'était à grande peine. Une personne s'était levée, et elle voyait sa main s'approcher de plus en plus de la fenêtre. 

- Non ! S'il vous plait, on n'ouvre pas de fenêtre !

La panique qui émanait de sa voix était flagrante. 

- Bon, très bien. Mathieu, aller vous rasseoir.

Toute la classe soupira en silence. Il faisait une chaleur monstre dans la classe, et un peu d'air frais n'aurait pas fait de mal.


- Qu'est-ce que tu nous as fait en cour ? demanda Noah tandis qu'ils descendaient les escaliers.

Elle serra les bretelles de son sac, et fronça les sourcils. Tout son visage sembla se contracter, sa bouche se pinça et son nez se plissa légèrement. C'était vraiment étrange de faire toute une histoire pour une fenêtre. 

- Tu sais, fit-elle. Quand j'étais petite, j'avais une peur horrible d'un très grand nombre de choses. Puis un jour, en grandissant, les peurs on finit par s'estomper jusqu'à disparaître.

Elle planta son regard vert dans le sien.

- Sauf que la peur ne part jamais. Elle trouve juste une bonne cachette, puis un jour, elle se réveille. Et jamais la terreur n'est aussi grande qu'à ce moment-là.


Toute la journée, ils virent le ciel virer du bleu clair au bleu foncé, puis du bleu foncé au gris menaçant.  L'air était lourd, l'orage allait bientôt éclater. La sonnerie de fin de journée retentit, et Eden et Noah sortirent de classe.

- Cours ! ordonna-t-elle avant de partir en courant.

- Pourquoi ? demanda-t-il.

Sauf qu'il était déjà en train de courir. Ils arrivèrent en bas du bâtiment A en une poignée de seconde. Là, Eden s'arrêta et leva la tête vers le ciel.

- C'est dingue comme le temps change vite. déclara-t-elle.

" Comme Eden." songea-t-il. Elle se mettait à rire, puis la seconde d'après elle était en colère.Elle paraissait triste, puis tout d'un coup elle se mettait à sourire sans aucune raison. C'était une fille incompréhensible. Eden était une énigme pour Noah.

- Allons-y avant qu'il pleuve. déclara-t-il.

- Entendu chef !

Ils sortirent du lycée et marchèrent un peu. De petites gouttes d'eau tombèrent du ciel.

- Le ciel pleure. dit Eden.

- Hum.

C'est alors que les petite gouttes d'eau se transformèrent en pluie torrentielle.

- Wow c'est vraiment un gros chagrin alors ! dit Noah en essayant tant bien que mal de se protéger en brandissant son sac au-dessus de sa tête. Eden en fit de même.

- Vite !

En quelques secondes ils se retrouvèrent trempés jusqu'aux os. Ils se mirent à courir à la rechercher d'un abris.

- Là ! s'écria Noah.

Ils coururent alors jusqu'à un parc, et se glissèrent sous un toboggan. Eden ramena ses genoux sous sa tête.

- Tu es trempé mon pauvre. constata-t-elle.

- Je te rassure toi aussi. 

Elle fit un sourire doux.

- Bonne idée le toboggan.

- Merci.

Elle sortit sa tête de leur abri provisoire.

- Ca devrait bientôt se calmer.

Elle essora ses cheveux et soupira.

- J'ai encore une route folle pour rentrer chez moi.

Il réfléchit, mais seulement une seconde.

- J'habites à côté. Je peux peut-être t'offrir un chocolat chaud.

Son visage s'éclaira.

- Tu sais que tu es adorable Noah ?

- Oui, je le sais.

Seulement, le rouge qui lui était monté aux joues rendait sa réponse peu crédible.


Il étendit ses affaires sur le radiateur, puis se changea. Il sortit de sa chambre, un jean et un sweat à la main.

- Je doute que ce soit à ta taille, mais c'est mieux que rien.

- Ca ira ne t'inquiète pas.

Elle sourit et saisit la pile de vêtement. Elle sortit peu après de la salle de bain, les vêtements qu'elle portait bien sûr beaucoup trop grand pour elle. 

- Je me suis permis d'étendre mes affaires en attendant. fit-elle timidement en pointant du doigt la salle de bain derrière elle.

- Oui, bien sûr.

Il lui fit signe de descendre avec lui. Ils entrèrent dans la salle de bain. Il sortit deux bols d'un placard et se mit à faire chauffer du lait. Quand il se retourna, Eden était en train de contempler la fenêtre, recouverte de petite gouttes de pluie. Ses cheveux mouillés retombaient sur son visage et elle semblait fatiguée. Pendant un moment, elle sembla vulnérable.

- Hey, ça va à me mater comme ça ! s'écria-t-elle.

- Euh... je.

Elle leva la main, signe qu'elle se moquait de sa réponse, et attacha ses cheveux en chignon avec un élastique qu'elle avait au poignet. Il retourna donc à ses casseroles.

- C'est près.

Il versa le lait dans les bols et alla chercher le chocolat. 

- Merci beaucoup Noah. dit-elle en touillant dans son bol, retrouvant sa douceur.

- Bah, de rien.

Elle releva la tête avec un triste sourire.

-Je sais que c'est dur de me supporter, alors félicitations !

Et ça lui retomba dessus comme ça, sans prévenir, comme se prendre un mur en pleine tête. En même temps, c'était franchement inévitable, parce qu'Eden avait ces yeux, et ce sourire, et qu'elle avait ce petit quelque chose qui la rendait irrésistible. 

Plus que de la supporter, il l'aimait.


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