Chapitre 1

        Je savoure lentement le goût de la fraise qui libère son jus sur mes papilles. J'ai toujours aimé les fraises. Quand j'étais petite, je demandais toujours, dès que mes parents sortaient du village pour la chasse ou la cueillette, qu'ils m'en ramènent une bonne poignée, et ça les amusait beaucoup. Ma bouche était souvent couverte de jus d'un rouge rosé, car j'en mangeais dès que j'en trouvais sur le chemin de l'école. Aujourd'hui, bien que je ne suis plus une petite fille, j'aime toujours autant ces délicieuses baies, et mes parents continuent à nous en ramener, à moi et mes frères et sœurs, dès qu'ils peuvent.

        Écume rote à côté de moi, sur l'une des chaises rustiques en bois rugueux qui entourent notre table, tout aussi rustique. En fait, tout est rustique chez nous, depuis les poutres apparentes qui ne sont que de grosses branches d'arbre, aux trous laissés dans la charpente, bouchés au mieux par de l'argile et des plantes, qui n'isolent ni du bruit, ni de la température, ni de la pluie... En passant par les deux portes grossières qui ne ferment pas, celle de l'entrée et celle menant à notre chambre, dans le creux d'un chêne.

        Je tourne vivement la tête vers ma sœur en soupirant. Quel calvaire d'avoir des frangins aussi jeunes ! Écume n'a que quatre ans, et c'est déjà une véritable pile électrique. Quand je dois m'en occuper, généralement sur le chemin de l'école, j'ai juste à cligner des paupières pour qu'elle disparaisse, ce qui a le don de franchement m'agacer. Mais je ne peux jamais vraiment m'énerver contre elle. Sa petite bouille, avec ses grosses joues de bébé et sa petite couette blonde haut perchée, me fait tout simplement craquer. Je suis trop émotionnelle, et ça va me perdre.

        Comme je m'y attendais, suite à cette éructation, Pierre éclate de rire, étendant involontairement ses jambes sous la table. Il manque de justesse d'arracher le bas de la tunique qui me descend jusqu'aux genoux. Je foudroie aussitôt du regard ce gosse de huit ans qui a failli abîmer cette tenue végétale à laquelle je tiens tant.

« Pierre, sérieux ! Fais gaffe, maman va encore devoir la repriser ! »

Car oui, ma mère est bien la couturière en cheffe de ce village - et la seule titulaire, en fait. C'est elle qui crée nos tenues, essentiellement à base de feuilles et de plantes, mais parfois avec la peau des bêtes ramenées par les chasseurs, et qui les répare. C'est en partie pour cela que j'aime beaucoup la tunique que je porte actuellement, faite surtout de grandes feuilles de bardane cousues entre elles par du lierre effeuillé et brodées de quelques fleurs, des marguerites en majorité, pour combler les trous. Elle me rappelle sans cesse ma mère, qui reste ainsi toujours avec moi. C'est bizarre, pour une fille de dix-sept ans, d'être aussi attachée à sa maman, mais c'est comme ça. Malheureusement, celle-ci doit régulièrement réparer sa création, car les feuilles se déchirent ou deviennent trop abîmées en mourant.

        Je me tourne vers ma mère, assise sur le tronc d'arbre couché faisant office de ce que l'on appelait, dans l'Ancien-Temps, un sofa et je m'enquiers :

« P'pa est parti à la chasse, ce matin ? »

Ma mère hoche la tête et me répond, de son doux sourire habituel :

« Oui, comme d'habitude. Monsieur le Chef doit donner ses ordres et montrer l'exemple ! »

Je ris avec elle. Mon père, quant à lui, est un fier chasseur, et pas n'importe lequel : c'est le chef de l'équipe. C'est donc lui qui donne les directives et décide de qui va chasser et à quelle heure. Et il est si impliqué dans son travail qu'il participe souvent aux deux expéditions de la journée, ce qui le fait rentrer à la maison épuisé, le soir. Je lis dans les yeux ambrés de ma mère qu'elle s'inquiète pour lui et son surmenage. Mais elle n'a pas voix au chapitre, elle qui sort courir tous les matins à l'aube et s'empresse de rendre une multitude de services aux autres villageois.

« En tout cas, reprend elle, il m'a dit de t'informer que tu participes, avec tes amis Lys et Hyacinthe, à la partie de chasse de cet après-midi, qu'il supervise. »

        Je souris alors, enthousiaste. Comme tous les adolescents de plus de quatorze ans, j'ai dû me spécialiser afin de choisir mon futur métier. Ayant un père chef des chasseurs ainsi qu'une assez bonne aptitude au tir à l'arc, que je pratique depuis aussi longtemps que je me souvienne, je n'ai pas hésité une seule seconde et j'ai rejoint le rang des apprentis traqueurs. Depuis, je passe mes matinées à l'école et mes après-midis, qui se déroulaient avant à la garderie, à la cueuillette ou à la maison, dans la forêt, à la chasse. De quoi bien me défouler après plusieurs heures à rester assise sur de vieux bancs en bois peu confortables.

        Une fois notre petit-déjeuner fruité englouti, je file chercher mon arc et l'attache par une tige de lierre à mon dos. Je glisse dans cette ceinture improvisée une dizaine de flèches, au cas où. Ensuite, je tente de démêler mes cheveux bouclés, oranges et fous, à l'aide de ma brosse, une large branche hérissée de picots destinée à cet effet. J'enfile ma besace en peau de lapin et vérifie à la va-vite que j'y ai bien rangé ce qu'il faut : une plume de merle noire à la hampe finement taillée, un morceau de galette, une pomme, quelque grandes feuilles pour prendre mes notes... Enfin, je glisse mes pieds, étrangement pâles malgré mes nombreuses virées à l'extérieur, dans mes sabots de bois. Je suis fin prête.

        Nous nous réunissons, mes deux frères, l'une de mes deux sœurs - je ne sais pas où est passée l'autre, Tulipe - et moi, devant notre hutte. Je qualifierai plus cet enchevêtrement de branchages, tout contre le gros tronc d'un chêne vide, de taudis, mais ce n'est que mon avis. Mes parents en sont très fiers, car ce sont eux qui l'ont bâti, avec l'aide de nos voisins, alors je ne veux pas leur enlever ça. Je prends une grande inspiration, comme à chaque fois que je me retrouve en plein air, c'est-à-dire très souvent, pour laisser l'air gorgé des parfums des sous-bois emplir mes narines, puis mes poumons. Mais cet état presque méditatif s'évapore aussitôt. Écume et Pierre commencent à se disputer, la première s'amusant à grimper sur le dos du second, ce qui ne lui plaît pas et le fait se secouer dans tous les sens. Je soupire, mais j'aperçois que Prune, âgé de six ans, s'éloigne déjà pour jouer avec Buisson, son gentil golden retriever, qu'il ne peut pas emmener à l'école. Je lève les yeux au ciel, et l'arrivée de ma mère n'arrange rien.

« Fais attention à tes petits frères et sœurs ! »

        Je soupire de plus belle : comme si ces gamins insupportables devaient craindre ne serait-ce qu'une seconde les loups. À les regarder se chamailler, je serais même prête à parier qu'ils les feraient fuir à coup sûr, et moi avec. Je n'ai aucune envie de cheminer avec eux et de les entendre brailler à mes côtés, venant m'embêter à chaque instant. Mais l'air contrarié qu'affiche notre mère me décourage immédiatement de prononcer le moindre mot, la moindre plainte. Et, comme si ça ne suffisait pas, elle en rajoute une couche.

« Fougère, s'il te plaît, ils sont ta famille ! Profite d'eux tant que tu le peux encore ! »

Oh non, je sais où elle veut en venir ! Je l'entends déjà sortir son petit discours larmoyant à propos de sa jumelle, noyée il y a vingt ans durant l'événement qui nous a amené, humains, à changer complètement de mode de vie.

 « Tu sais que j'avais une sœur, moi aussi, et que, lors du Courroux...

- ...elle a disparu dans les flots avant que tu ne puisse lui dire au revoir, je sais, je m'empresse de compléter. Tu me l'as déjà raconté au moins cent fois ! Mais le Courroux, c'est fini ! On est en 2050, maintenant, on ne risque plus rien. »

        Bon, je l'avoue, j'ai un peu exagéré, même si mon ton se veut purement rassurant. Et pas qu'un peu, en fait. Je le vois dans son regard, bien que ma mère est réputée pour son calme inébranlable. Cette histoire l'a brisée, lorsqu'elle n'avait que vingt-et-un ans, et elle n'a toujours pas fait le deuil de sa sœur. Tout comme les habitants du Village de la Forêt, de France, et même du monde entier n'ont pas fait le deuil des millions, voire des milliards de camarades qui ont péri. Tout de suite, je m'en veux d'avoir dit ça, sur un coup de tête, sans réfléchir. C'est vrai que les liens familiaux et fraternels peuvent être éphémères et sont donc très importants, même si les miens sont plutôt désagréables. Baissant la tête, je finis par prendre la main de Prune pour le séparer de Buisson, puis d'Écume, qui a enfin daigné descendre des épaules de Pierre.

« Allez, Pierre, viens, on y va ! j'ordonne, sans grand enthousiasme. »

        Tandis que je me demandais où était passée ma petite sœur la plus âgée - où plutôt, que je faisais des estimations intérieures pour savoir quand est-ce qu'elle aurait fini de se pomponner dans notre chambre - , une voix affreusement aiguë s'élève dans mon dos, depuis notre porte d'entrée qui ne claque pas.

« T'avise pas de me donner des ordres ou la main, je peux très bien marcher toute seule, merci ! »

        Je me retourne et découvre ma petite sœur, Tulipe, dix ans, la plus insupportable de tous avec ses minuscules couettes rousses, son air supérieur et la multitude de fleurs qu'elle pique un peu partout, sur sa robe, dans ses cheveux, jusqu'à ressembler à un bouquet géant aux couleurs agressives. Elle me passe devant, le buste bien droit, et part d'un pas rapide entre les habitations forestières, jusqu'à ce que je la perde de vue. Levant de nouveau les yeux au ciel, je salue ma mère et tire mes deux autres frangins vers l'allée, Pierre me passant devant en courant, énergique. Tant pis pour eux. Au mieux, le village aura deux bouches en moins à nourrir. Au pire, de pauvres bêtes mourront de peur en les voyant, mais ça nous fera du gibier en plus, qu'il s'agisse de prédateurs en moins ou de proies.

        Nous nous engageons entre les arbres espacés sur le terrain de terre, croisant de temps en temps quelques autres constructions de bois asymétriques, semblables à la nôtre. Je sais, je ne devrais pas me plaindre. Avec cinq enfants, je ne fais pas partie de la plus grande famille du Village de la Forêt. Ce titre revient à la famille de Lys, les Vigne & Lierre. Elle a onze frères et sœurs, dont huit plus jeunes à gérer pour aller à l'école ! Au moins, elle a un frère plus âgé, mais toujours mineur pour l'y aider dans cette situation. D'ailleurs, je les vois qui arrivent, depuis une bifurcation qui n'est en fait qu'une trouée plus large encore entre les troncs, une autre allée. Il faut dire que leur grande troupe ne passe pas inaperçue au beau milieu de notre minuscule hameau. Arborant mon premier sourire de la journée, bien qu'il soit un peu forcé - j'ai du mal à sourire sur commande -, je viens à leur rencontre, tirant péniblement Prune et Écume, qui ne veulent visiblement pas me suivre, derrière moi.

        « Salut Lys ! Salut Élan ! Salut... tout le monde, j'abrège, peu patiente.

- Coucou Fougère ! s'exclame Lys, agitant vivement sa main et, par la même occasion, son épaisse tignasse châtain coupée au carré. »

        C'est comme cela chez nous : on aime se couper les cheveux très courts. Soit disant parce que c'est bien plus pratique pour la chasse, qui est notre spécialité. Pour les non-chasseurs, ils disent qu'au moins ils s'accrochent moins dans les branches des arbres, lorsqu'ils sortent se promener, cueillir ou effectuer leur profession. C'est vrai que j'ai quand-même ce problème, parfois, et qu'on retrouve souvent des touffes rousses dans les branchages. Mais jamais, pour rien au monde, je ne raccourcirais mes boucles comme les autres. Moi, je les laisse pousser jusqu'à ce qu'elles tombent en cascade dans mon dos. Je n'ai aucune envie de me fondre dans la masse et de faire comme tout le monde. L'effet de mode, je ne sais pas ce que c'est. Ce que je veux, moi, c'est me démarquer.

« Salut ! me dit gentiment Élan, à qui je ne parle pourtant plus beaucoup ces temps-ci. Alors, prête pour le Grand Pèlerinage ? »

        Le Grand Pèlerinage... le village ne parle plus que de ça, en ce moment. Dans les "rues", sur la "place" à l'heure du Marché ou du dîner, à l'école... On dirait qu'il n'y a plus que ça qui existe désormais, qu'il s'agit de leur seule préoccupation. Comme chaque année à la fin juin, vous me direz. Je devrais avoir l'habitude, maintenant, mais je n'arrive toujours pas à m'y faire. En tout cas, si j'avais manqué l'information, je l'aurais obtenue bien assez tôt, avec tous ces bavards pressés de revoir de vieux amis à la Lande Sacrée. Car c'est là que nous mènera ce voyage respecté de tous. Prenant un air assuré, ce que je suis, au fond, car je n'ai pas matière à douter, je lui réponds :

« Bah, oui, pourquoi ne devrais-je pas l'être ? Impossible que je ne sois pas au courant, en tout cas. »

        Tout le monde rit alors que nous passons la lourde porte en bois pour nous retrouver en dehors de l'enceinte du village. Tout le monde, d'Élan, mon vieil ami aussi âgé que moi, aîné des enfants mineurs des Vigne & Lierre, à Écume, benjamine de la famille Camomille & Chêne. Tous, même les plus jeunes, ont remarqué l'effervescence qui règne au village, et savent que le Grand Pèlerinage aura bientôt lieu. Enfin, tout le monde rit, sauf Prune. Le pauvre est toujours très angoissé en public et reste silencieux, collé étroitement à mes jambes. Un peu gênée, j'ai envie de lui dire d'arrêter, mais je ne peux pas : il est trop craquant. C'est le seul de ma fratrie que j'arrive à encadrer. Alors, je caresse doucement ses cheveux auburns dans le but de le rassurer au maximum.

        Nous poursuivons notre chemin entre les arbres. L'école et la garderie forment un bloc fortifié à part du village, légèrement à l'écart des habitations. Comme la structure à créer était assez imposante, dans le but d'accueillir jusqu'à plus d'une trentaine d'élèves un jour, ils ont dû chercher un peu plus loin un terrain suffisamment plat pour effectuer les travaux. Cela nous laisse alors une petite trotte à parcourir, à la merci des bêtes sauvages, comme disait ma mère, chaque matin avant d'y arriver.

        « Ne me dites pas qu'on aura un cours obligatoire sur le Courroux, cette année encore ! j'implore, désespérée.

- Si c'est le cas, ça fera douze fois qu'on y a droit, Fougère, s'amuse Élan. »

Je suis moins amusée, moi. Seulement un brin désespérée, agacée ou ennuyée, peut-être, je ne sais pas exactement. Non pas qu'Abysse, le professeur qui enseigne généralement ce cours, soit une horreur. Au contraire, il est génial ! J'en ai juste un peu marre d'entendre la même chose un nombre incalculable de fois, à n'en plus finir. À quoi bon ressasser indéfiniment un événement vieux de vingt ans qui n'a plus aucune répercussion aujourd'hui sur nos vies ? Ce n'est pas comme si l'humanité avait complètement disparu et ne s'était pas relevée, ou si l'on mourrait de faim à cause de lui. La nourriture est plus rare et difficile à trouver, moins de repas rythment notre journée, mais nous nous y sommes adaptés. On a réussi à se reconstruire et, personnellement, je trouve que ma vie est parfaite, bien qu'un peu redondante.

        Pour changer de sujet, je lance à Lys :

« Ah oui, au fait, Lys ! Papa a organisé les parties de chasse ce matin et, après les cours, on part chasser toi, moi, Hyacinthe et lui.

- Trop cool ! s'écrie mon amie, avec son incorrigible enthousiasme qui en devient presque ridicule, même si je l'adore. J'aime trop quand on part à la chasse ensemble ! »

Je rends son sourire à Lys - un vrai sourire cette fois, sans artifice.

« Oui, moi aussi. »

        Lys et moi, on se connaît depuis l'arrivée de mon amie chez la nourrice. Moi, j'y étais déjà depuis un an, ayant une année de plus qu'elle. Mais on s'est tout de suite super bien entendues, et depuis elle est celle que je considère le plus comme ma meilleure amie. C'est pour cette raison que je semble plus à l'aise en discutant avec elle. Sinon, je ne suis pas du genre très sociable. Enfin, si, j'aime bien me faire de nouveaux amis, quand je le peux, discuter avec les gens, tout ça... mais, parfois, je préfère rester seule, ou écouter les autres parler sans donner mon avis.

        Nous arrivons enfin à l'école, construite sur une clairière semblable à celle qui constitue la place du village. Une muraille a été érigée tout autour, un rang de nombreux troncs plantés profondément dans le sol, qui a été désherbé au niveau de leur base. Perché sur cette barricade, Écorce, l'un des enseignants aux cheveux et à la légère barbe brune, nous ouvre la grande porte. Là encore, celle-ci ne se verrouille pas comme autrefois, mais sa solidité permet au moins de maintenir les prédateurs à distance. Nous entrons dans l'enceinte et apercevons, à l'intérieur, les nombreuses huttes qui constituent les classes, de part et d'autre de la cour de récréation herbeuse et nue. Elles sont bien plus grandes que nos habitations. Seuls deux arbres se dressent fièrement dans ce lieu immense. Près de l'un deux, j'aperçois Libellule, une très jeune femme aux cheveux coupés au dessus des épaules, d'un blond foncé, qui nous sourit.

        Soulagée, je lui confie Écume en la saluant, tandis qu'Élan lui confie Framboise, la petite dernière de leur famille. Puis je peux me débarrasser de Prune qui se dirige timidement dans un coin de la cour. J'avoue qu'il me fait un peu de la peine, ce garçon solitaire, mais je sais que je ne peux rien faire pour l'aider, il ne le voudra pas. Malheureusement, je vois que les deux autres, les moins sympathiques, sont arrivés en un seul morceau également. Je me dirige ensuite avec mes amis vers l'autre arbre, celui où doivent attendre les enfants âgés de plus de cinq ans, les écoliers, avant les cours. J'attends sagement près de Lys pour savoir à quelle sauce on va nous manger aujourd'hui. Alors, Courroux ou pas Courroux ?

        Comme si elle lisait dans mes pensées, Lys tente de rester optimiste, comme à chaque fois :

« Oh, je parie qu'ils vont nous l'épargner, pour cette fois ! Le Courroux nous explique le Grand Pèlerinage, qui ne concerne que les plus âgés, donc nous, qui savons de toute manière tout sur le sujet. »

Dans un petit sourire espiègle, je lui demande, sautant sur l'occasion.

« Ah oui ? Tu paries quoi ?

- Ma prochaine part de galette à la confiture de fraise ! annonce elle alors, visiblement très sûre d'elle. »

Me léchant les babines d'avance, je lève ma main et m'exclame, ayant hâte de manger une double ration de mon dessert favori :

« Marché conclu ! »

Elle frappe dans ma main et je jubile intérieurement. Il faut vraiment un rien pour me rendre heureuse, finalement !

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