Je continue à rouler, en réfléchissant.

On est toujours lundi. J'ai l'impression que cette journée a duré cent ans !

Je tourne à droite.

Ça y est, j'ai un travail. Je vais nettoyer des chiens toute la journée, leurs faire des coupes et surtout me changer les idées. S'enfuir de ce lycée pourri. Sauf que je viens de m'apercevoir d'une chose. J'ai oublié de demander à Adriel quand est ce que je commencerai.

Ce n'est pas possible ! Mais quelle cruche ! Je m'arrête sur le bord de la route et fouille dans mon sac. Je l'ai ! Je m'accroche à la carte électronique et la retourne. Un numéro de téléphone est inscrit en bas. Je soupire, soulagée. Au moins je pourrai contacter le salon de toilettage.

Il faut vraiment que je fasse attention, maintenant que j'ai un travail, je dois corriger mes défauts qui pourraient me faire obstacle. Il faut savoir que je suis le genre de fille qui cherche ses clefs alors qu'elle les a dans la main et qui en plus fait tout tomber. Je suis étourdie et maladroite, le duo parfait.

Je me prends la tête entre les mains et pose les coudes sur le volant.

Je ne devrais pas faire ce travail, ce n'est pas pour moi, je suis sûre que je vais tuer un chien en le coupant maladroitement. Ou alors je vais l'intoxiquer en lui faisant boire du shampooing. Puis, je me ferai renvoyer de mon premier travail. Je pense que ça pourrait arriver, surtout à moi. Il n'y a qu'à moi que ça arrive ces choses là. Depuis que je suis petite, je n'ai jamais était chanceuse.

Je soupire encore une fois et me redresse. J'essuie mes larmes qui avait coulé sans que je m'en aperçoive -des larmes de panique, sûrement- et redémarre. Arrivée à un feu rouge, je la sens. Cette odeur si caractérielle pour moi. Je regarde au alentour. Personne. Maintenant que j'y pense, elle était là depuis que j'étais sorti du salon mais j'avais trop l'habitude de la sentir pour m'en apercevoir. Le feu est toujours rouge. J'en profite pour renifler toute la voiture. C'est obligé, elle est à l'intérieur. J'ouvre mon sac, me penche au dessus et renifle. Ça vient de là. Je jette un coup d'œil au feu. Rouge. Je sors tout de mon sac. Une fois son contenu sur le siège passager, je renifle toutes mes affaires. Trousse, stylos, cahiers, tout y passe. Je prends ma carte du salon et la sens. C'est elle ! C'est la carte ! Ce parfum boisée et florale. Je repose mon sac, la carte dans la main, abattue.

Un Klaxon retentit.

Le feu est vert, j'avance doucement.

Comment est-ce possible ?

Je ne peux pas sentir une odeur aussi forte alors qu'elle est sur une carte et en plus dans mon sac !

Et puis, j'ai senti ce parfum ce matin, sur le parking, et au lycée toute la journée. Or, si ça vient de la carte, je ne l'avais pas ce matin.

J'ai la tête qui tourne en me garant sur mon parking. Je remets toutes mes affaires dans mon sac, absente.

Je descends et me dirige vers ma maison.

Les gens que je croisent doivent me croire bourrée parce que : d'un, ils me regardent bizarrement et accélèrent quand ils me voient, et de deux, je ne tiens plus sur mes jambes et j'avance en titubant. Je suis bouleversée par ce que je viens d'apprendre. J'ai passé la journée à essayer de comprendre d'où venait cette odeur alors qu'elle vient d'une putain de carte que je n'avais même pas la première fois que je l'ai senti ! Rien n'a de sens.

Je farfouille dans mon sac pour trouver mes clés lorsque je la réentends, cette voix : Profite, avant qu'il ne soit trop tard...

Je me retourne.

-Qui est là ? je demande, tremblante.

C'est la deuxième fois que j'entends cette voix d'homme, elle était là sur le parking du salon.

Il n'y a personne. J'essaie d'ouvrir la porte en cherchant à tâtons la serrure dans le noir. Je tourne les clefs, actionne la poignée et rentre en claquant la porte. Je me tourne vers elle et la verrouille à double tours. Je me tourne vers mon salon en allumant la lumière.

Personne n'est là. Ni ma mère, ni mon fameux "beau-père".

Je monte en quatrième vitesse dans ma chambre, me déshabille, prends mon pyjama beige et me glisse dans mon lit.

Ne trouvant pas le sommeil, je me remémore ma journée : Je me réveille avec en tête mon cauchemar, une dispute avec ma mère, une rencontre renversante, la rentrée, ce parfum qui ne m'a pas quitté de la journée, la première fois que j'ai entendu cette voix, mon entretien, Adriel, l'odeur venant de la carte, la deuxième fois que j'entends la voix...

Je crois que c'est la pire journée de ma vie. Je deviens complètement folle. Il y a eu beaucoup trop d'événements bizarre aujourd'hui, sans parler des deux regards que j'ai vu. Un rouge bordeaux et un orange cuivré, incroyable. En pensant à Adriel, je m'aperçois que même avec lui l'odeur était là. Maintenant que j'y pense elle était même dix fois plus forte. L'odeur y est encore d'ailleurs.

Je me lève, allume la lumière et ouvre mon sac. Je prends la carte et la renifle.

Le parfum est encore dessus mais il ne vient pas de là.

Je me lève et me place au milieu de ma chambre. Je ferme les yeux et laisse mon odorat me guider. J'avance en direction de ma chaise à côté de mon bureau. Mes habits de la journée sont dessus. Toujours les yeux clos, je m'oriente vers cette odeur enivrante. Mes mains sont comme indépendantes, je ne dirige plus rien. Elles prennent mon manteau. Attrapent la capuche. Descendent vers la manche droite. J'ouvre les yeux et porte la manche à mon nez. La manche est imprégnée de cette odeur mais juste près du poignet.

Exactement là où Adriel m'a prise pour aller vers ma voiture. C'est donc de là que vient cette odeur. Ce parfum vient de lui ! Mais, ce n'est pas croyable.

Le manteau glisse de mes mains entrouvertes et tombe. Je le rejoins sur le sol.

Je ne me sens vraiment pas bien. Je n'aurais pas du sentir cela. Ce n'est humainement pas possible.

Je me lève pour rejoindre mon lit.

Je vois des étoiles, il y a trop d'informations en même temps. Je déteste quand le train-train quotidien de ma misérable vie est chamboulée comme ça.

Je tombe et ferme les yeux, ne pouvant plus me relever.

Ma dernière pensée avant de m'évanouir est que la journée de demain ne pourra jamais être pire que celle-ci.

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Merci d'avoir lu mon chapitre !
Je souhaitais remercier les personnes qui m'aident à m'améliorer et ceux qui lisent quotidiennement mon histoire.
Merci
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