Chapitre 38 - Partie 1 : Retour
Bonjour ! :) Un grand, immense, gigantesque désolée pour toute cette attente ! :( J'ai été très occupée avec des examens et des révisions, je n'ai pas pu faire autrement... :/ De plus, ce dernier chapitre est trèèès long, j'ai été obligée de le scinder en deux ! Voici la première partie tant attendue. ;) Bonne lecture ! <3
- Allez, venez, on y presque, souffle Hakan, le visage tiré par la fatigue.
Je lutte depuis une bonne heure pour garder les yeux ouverts. Le soleil est déjà haut dans le ciel, caché par de nombreux nuages noirs. Il va bientôt pleuvoir.
Mes muscles me font souffrir le martyre... J'ai mal à des endroits dont je ne connaissais même pas l'existence, c'est pour dire...
Les douleurs de Nina doivent sûrement faire échos aux miennes. A différence près qu'elle n'a pas la même capacité de guérison que nous. Pour moi, je sens déjà mon pouvoir s'activer en petits fourmillements, et tenter de limiter les dégâts dans mon corps. Une bonne nuit de sommeil, et je serai sur pieds. Pour Nina, c'est une autre affaire.
Je la détaille un moment pendant que nous marchons. Elle peine à avancer, et fixe le sol, épuisée. Ses cheveux bruns sont emmêlés et ses vêtements sombres sont tâchés d'un mélange de terre et de neige fondue. Mais malgré tout, elle est là. Vivante. Un soulagement immense s'empare de moi lorsque je le constate.
Mettant ma douleur de côté, j'accélère légèrement le pas, et me place à sa hauteur. Délicatement, je lui prends le bras pour l'aider à se soutenir. Elle me lance un regard empli de reconnaissance et s'appuie dessus. Nous continuons de marcher ainsi, Hakan en tête du groupe. Même sa démarche à lui a perdu toute son assurance et sa vitalité. Nous sommes épuisés de toute cette marche. Sans parler de cette nouvelle course poursuite que nous avons faite en sortant du territoire des Noths. Ils avaient déjà tout prévu, et nous attendaient de pied ferme à la limite de leur forêt. Une dizaine de Noths... Grâce aux aptitudes de Hakan au combat, nous avons pu les fuir. Mais nous avons dû courir longtemps. Trop longtemps.
Je tangue un peu vers la gauche, avant de me secouer. Le sommeil menace à chaque seconde de se glisser en moi, mais je résiste. Je ne dois pas céder. Pas si près du Rocher.
- Combien de temps, encore ? je demande à Hakan d'une voix traînante.
Il s'arrête et se retourne vers nous. Ses habits sont déchirés et à de nombreux endroits, preuve des combats acharnés qu'il a dû mener. Ses cheveux ont encore des vestiges de flocons de neige, et sa peau est tachée de sang et de terre. Ses yeux bordeaux sont étrangement ternes.
- Encore quelques mètres, me répond-t-il enfin.
Il examine du regard les alentours. Je fais de même, cherchant un détail dans la végétation qui me prouve que nous sommes de retour. Les arbres dépourvus de feuilles agitent leurs fines branches sous la faible pression du vent. Les épines de pins sont molles sous nos pieds, et la neige commence tout juste à se retirer.
Rien se semble montrer que nous sommes arrivés. Et pourtant, quelques pas plus tard, le haut du Rocher m'apparaît comme par magie. Un long soupir de soulagement s'échappe de mes lèvres alors que je lâche Nina pour m'en approcher.
Une joie indescriptible m'envahit. Je suis là. Je suis chez moi. Dans ma tribu.
J'accélère le pas vers le Rocher, dépassant Hakan, qui n'essaie même pas de m'arrêter.
Contournant les buissons épais qui dissimulent son entrée, je ne peux m'empêcher de sourire. Fini, le rôle de Noths que je jouais. Pendant un instant, finie, la peur qui me tourne autour. Le temps, d'une seconde, de pouvoir souffler. Je suis de retour.
Mais je me stoppe net quand je remarque que le Rocher est ouvert, dévoilant son long tunnel qui s'enfonce dans l'obscurité.
Et mon sourire disparaît alors qu'un mouvement attire mon regard vers la gauche.
Il passe à côté de la paroi de pierre, sans faire attention à moi. Soudainement, il relève ses yeux. Ceux qui m'ont tant manqué.
Je me fige entièrement au moment où ils croisent les miens. Mais à mon grand étonnement, il ne réagit pas. Pas la moindre surprise, pas le moindre mouvement. Le dos droit, le visage stoïque et les yeux vides, il me fixe sans bouger. Et c'est alors que je comprends. Le calme avant la tempête.
Je n'ose pas avancer, perdue dans ses iris à la couleur si particulière.
Mon cœur accélère la cadence sous la pression. Je retiens inconsciemment ma respiration lorsqu'il fait un pas.
Ses yeux cuivrés s'animent d'un orange flamboyant au moment où il fonce vers moi. Je recule, surprise, mais il ne me laisse pas le temps de me reprendre.
Il referme ses mains sur ma taille et me soulève avec une facilité déconcertante du sol. J'entoure mes bras autour de sa nuque alors qu'il me plaque contre lui. Me serrant de toutes ses forces contre son torse, je me cramponne à lui comme je le ferais à une bouée de sauvetage. Son parfum vanillé m'assaille les narines alors j'enfouis mon visage dans son épaule.
- J'y crois pas..., dit Adriel à mi-voix dans mes cheveux. C'est vraiment toi...
Le son de sa voix vibrant contre mon oreille me fait fermer les yeux. Ses bras se referment en étau autour de ma taille, me maintenant plus fermement, comme pour se prouver que je suis vraiment présente, et non une hallucination.
- Je suis vraiment désolée, murmuré-je en passant une main dans ses cheveux bruns, je n'aurais pas dû faire ça toute seule, et...
- C'était vraiment suicidaire, tu veux dire, me coupe-t-il brusquement. Je te le dis clairement : nous devons avoir une conversation, toi et moi. La gravité de la situation t'est apparemment passée au-dessus de la tête. Mais nous n'avons pas le temps maintenant, il faut signaler que tu es de retour. Plus tard nous parlerons.
Je soupire d'aise alors qu'il pose sa joue contre mon épaule, frôlant mon cou de ses lèvres.
Nous restons silencieux quelques secondes. Je ferme les yeux, la fatigue revenant à la charge.
Je commençais à m'endormir dans les bras d'Adriel mais sa voix froide et sèche me fait rouvrir les yeux.
- Qu'est-ce que tu fais là ? gronde-t-il.
Surprise, je me détache aussitôt de lui et suis son regard noir.
Hakan vient d'arriver, donnant le même accueil froid à son frère, les traits tendus et la mâchoire serrée.
- Je rentre chez moi, crache-t-il finalement. A moins que ça ne pose un problème ?
Ils se foudroient du regard, faisant comme si je n'étais pas là.
- Eh, j'interviens, c'est bon. Adriel, Hakan a ramené des tas d'informations sur les Noths, comme c'était prévu. Il n'y a pas de problèmes.
Mais les deux frères se fixent en chien de faïence, méfiants l'un envers l'autre. Quelque chose m'échappe.
- Hakan m'a aidée à m'enfuir, je reprends. J'ai cru que c'était lui le méchant dans l'histoire, tout ça à cause d'une morsure d'un... Enfin bref, j'expliquerai toute cette histoire quand tout le monde sera là, ça prendrait trop de temps, sinon. Donc tout est OK, on peut aller prévenir les autres qu'on est revenus, maintenant ? dis-je, impatiente et exaspérée par la situation.
Mais comme si mes paroles étaient rentrées dans l'oreille d'un sourd, il n'y a aucun changement chez les deux frères. Ils restent campés sur leurs positions.
- Tu ne lui as rien dit, n'est-ce pas ? grince Adriel.
Hakan glisse ses yeux vers moi mais garde le silence.
- Il ne m'a pas dit quoi ? je demande, agacée.
J'en ai vraiment assez de toutes ces cachoteries. J'en ai tellement marre, que la tête me tourne d'une manière soudaine.
- Et après, tu oses t'énerver quand je lui cache l'existence d'une simple lettre ? m'ignore Adriel.
- Ça n'a rien à voir, souffle Hakan en replantant ses pupilles dans celles de son frère.
- Ah bon, tu trouves ? demande Adriel, ironique. Et tu crois qu'elle va le prendre comment quand elle va savoir ? fulmine-t-il. Tu ne pourras pas cacher ça ! Ce que tu as fait est impardonnable, Hakan.
Le concerné plisse les paupières. Ses yeux envoient des éclairs, et je crains à tout instant qu'il ne se jette sur Adriel.
- Je n'ai pas eu le choix, articule-t-il difficilement.
- Comme si on t'avait forcé à le faire, insiste Adriel, mauvais. Comment un vrai Midas comme tu semblais l'être a pu faire ça ? Cela va à l'encontre de nos lois !
Nina, placée légèrement derrière Hakan, semble aussi perdue que moi. J'essaie d'intervenir une nouvelle fois, mais je crains de ne pouvoir le faire.
Je m'extirpe un moment de la conversation en fermant les yeux. Des étoiles dansent devant mes paupières closes, ce qui me fait froncer les sourcils. Un tapement régulier résonne dans mon crâne.
- J'ai mal à la tête, je glisse en chuchotant, espérant attirer l'attention.
Personne ne me répond, mais Adriel noue ses doigts aux miens pour m'apporter un soutien.
- Je te préviens, dit-il en s'adressant à Hakan, quand elle saura, tu en assumeras seul les conséquences. Et moi, au moins, je serai là pour elle quand elle en aura besoin. Je serai là pour essuyer ses larmes, comme je l'ai fait lorsque tu manquais à l'appel.
Hakan se met brutalement à grogner, tel un loup prêt à sauter sur sa proie. Adriel a l'air de le percevoir autant que moi, puisqu'il lui répond avec un même grognement.
J'ai renoncé à essayer de comprendre. J'ai si mal. J'ai la furieuse impression qu'on compresse mon cerveau, cherchant à le réduire en bouillie.
Et c'est un tanguant d'avant en arrière que je saisis que quelque chose cloche.
La tension dans l'air me paraît bien moins importante lorsque je m'effondre au sol, sonnée.
Adriel m'a rattrapée juste avant que mon corps ne touche la terre ferme. Malheureusement, ça n'a pas suffit à me faire rester consciente. Je sombre vite dans les mers agitées des cauchemars.
* * *
La première chose que je vois en rouvrant les yeux, c'est l'obscurité. J'ai beau tourner la tête en tout sens, le noir occupe chaque centimètre carré de cet endroit.
Je panique rapidement. Où suis-je ? Je n'en sais rien. Où sont mes amis ? Je n'en sais pas plus. Ces constatations accélèrent ma respiration.
Je baisse les yeux sur mes pieds, affolée. Ils ne touchent pas le sol. En réalité, je remarque que je suis debout, les bras le long du corps, incapable de bouger un seul de mes membres hormis la tête, et je flotte au-dessus d'un sol que je ne vois même pas.
Rien ne semble réel. Il n'y a aucun bruit, aucune odeur... Aucune forme mis à part mon corps, tel un intrus au milieu de ce paysage étrange.
- Kami.
Puis une voix féminine résonne comme un souffle de vie dans mes oreilles. Elle semble venir de derrière moi.
Sur mes gardes et guettant le moindre danger, je me contorsionne pour tourner la tête dans la direction de cette voix. Rien. Encore et toujours le néant.
- Kami.
Elle m'interpelle une nouvelle fois, mais d'en-dessous, cette fois. Totalement terrorisée, je me penche comme je peux pour y risquer un œil. La pointe de mes pieds tombe vers le bas, comme si j'étais pendue à quelque chose. Mais le problème est là. Je ne suis pendue à rien du tout. Je flotte littéralement dans les airs.
J'essaie d'écarter les jambes pour tenter d'apercevoir ne serait-ce qu'un mouvement ou une lumière. Mais toujours rien.
D'où peut bien provenir cette voix ? Et surtout, à qui appartient-elle ? Mais encore plus important : pour quelle raison je me trouve dans une pièce noire et sans murs, en apesanteur ? Un effroi sans nom me secoue lorsque je comprends que je ne sais absolument pas quoi faire pour échapper à cette situation.
- Kami..., murmure alors la voix, sur ma gauche.
Automatiquement, je regarde à gauche. A quoi je m'attendais ? A une apparition soudaine ? Eh bien je pense avoir la permission de dire que je suis déçue. Parce qu'il n'y a toujours rien de ce côté.
Puis on m'appelle par la droite. Je tourne la tête par là-bas. Presque aussitôt, on m'interpelle une deuxième fois en bas. Sans me laisser le temps de réagir, c'est à droite qu'on me rappelle. On me fait tourner en bourrique...
Ouvrant frénétiquement les yeux, je scrute la noirceur environnante.
Bientôt, on murmure mon prénom, de tous les côtés, de plus en plus près de moi. La tête m'en tourne vite, aussi bien de regarder partout que d'entendre autant de chuchotements d'un coup. Ceux-ci se répercutent et résonnent, tel un écho désagréable.
Je plaque mes mains sur mes oreilles, cherchant à me restreindre de cette zizanie. Et c'est en fermant mes paupières de toutes mes forces qu'un mal de crâne hallucinant s'éveille.
Pour se taire aussitôt. Tous ces murmures font de même la seconde d'après, comme étouffés.
Une seule voix sort désormais du lot, éclipsant les autres par sa source. Pour la première fois depuis le début, un appel vient d'en haut.
- Kami. Tu n'as pas à avoir peur.
Cette voix masculine à une inflexion grave et semble vibrer dans l'air. Il ne me semble pas l'avoir déjà entendue.
Curieuse par la tournure des événements, je penche légèrement la tête sur le côté, plutôt intriguée. Qui est-ce ?
Mais lorsque je commence à dénouer ma langue pour formuler ma question, aucun son ne sort de ma bouche. Mes cordes vocales ne semblent pas disposées à trembler pour me permettre de parler. J'essaie encore. Et encore. Mais rien n'y fait. Je ne peux pas parler.
La voix résonne de nouveau :
- Tu n'as rien à craindre, ici, tu es en sécurité. La peur que je lis dans ton cœur doit s'envoler. Tu es venue à moi aujourd'hui car je t'ai appelée. Au nom des Elkatars, j'ai un message à te transmettre, tu dois l'écouter.
Ma curiosité est désormais piquée au vif devant ces phrases. Sans me laisser le temps de réfléchir, il enchaîne :
- Tu as lamentablement échoué à nos mises en gardes ; maintenant, fais attention. Cesse de voir tout ce qui t'entoure en noir ou blanc, ce n'est pas la solution. Cherche à voir plus loin, à analyser chaque morceau de tes visions. Car telle est notre mission. Te faire comprendre que tes pouvoirs ne sont pas une aberration. N'aie pas recours à l'abdication. Nous pouvons t'aider à comprendre ta différence, nous pouvons servir à ton Activation. Depuis ta naissance, nous sommes avec toi en collaboration. Mais ça, tu n'y faisais pas attention. Il est temps que tu apprennes la Sensation.
Je hausse les sourcils devant ce charabia poétique. Enfin, si on peut appeler ces rimes poétiques. Elles n'ont ni queue ni tête. Je ne comprends strictement rien à ces paroles... Tout ce que je sais, c'est que c'est important. Si c'est bel et bien un message des Elkatars comme souligné auparavant, ça ne peut être qu'important.
Avant que mes réflexions n'atteignent un stade plus avancé, la voix reprend :
- Aujourd'hui, nous venons à toi. Demain, tu viendras à nous. Tu n'as pas le choix. Il devient urgent de faire sauter le verrou. La fin approchera bien assez tôt si tu ne réagis pas. Aussi bien pour toi que pour tout le monde. Tu finiras avec ton papa. Et les métamorphes seront condamnés à bien d'autres choses absurdes. Maintenant, réfléchis bien. Souhaites-tu être la cause ou la conséquence ? A toi d'appliquer ta sentence. (La voix marque une pause.) Nous nous reverrons un jour prochain.
Encore plus perdue qu'à l'arrivée, je secoue la tête. Expliquez-vous clairement, nom de non ! Mais malheureusement, je n'arrive toujours pas à parler.
Je ne comprends pas...
Je mime donc de mes lèvres, cette dernière pensée.
Mais la voix de cette homme reste claire et répétitive :
- Nous nous reverrons un jour prochain.
Que dois-je faire ? Je tente, le tout pour le tout.
- Prends soin de toi, Kami. Et écoute tes amis. Ils t'aideront dans tes problèmes. Mais parfois, tu devras penser de toi-même.
Totalement à l'ouest, je tente de relier les éléments entre eux. Mais ce n'est clairement pas le bon moment. Lorsque j'essaie d'y réfléchir, une lumière grise illumine ce ciel noir.
Je lève les yeux, surprise. Que va-t-il se passer, encore... ?
D'une manière presque instinctive, je fouille des yeux cette vapeur grise, et je rencontre ceux d'une autre personne. Un regard de miel, translucide et étincelant dans la matière grisâtre. Une lueur de sagesse et d'inquiétude s'y trouve.
Soudain, le décor se met à trembler. Alarmée, je baisse les yeux. Je suis toujours dans les airs, je n'y vois rien, mais j'ai vraiment l'horrible impression qu'un tremblement de terre a lieu.
Je remonte mon regard paniqué vers ces yeux jaune transparents. Ils se plissent, puis je crie. Brutalement, je dégringole dans le vide, la pesanteur retrouvée.
- Nous nous reverrons un jour prochain, j'entends une dernière fois, dans le lointain.
Je hurle à pleins poumons, le cœur battant anxieusement vite. Où vais-je tomber ? Je ferme les yeux, priant de toutes mes forces pour me retrouver vivante.
Une image s'imprime sur mes paupières fermées juste après les avoir closes. Un indice dont le sens m'échappe.
Un chapeau de cowboy.
* * *
- Kami ?
J'ouvre les yeux. Je me redresse en sursaut, totalement paniquée. Non, je vous en supplie, pas encore cette voix qui m'appelle...
Je croise le regard orangé et inquiet d'Adriel à ma gauche, ce qui me rassure instantanément. Me voilà de retour dans la réalité.
Il pose ses mains sur mes épaules pour me forcer à me rallonger, ce que je fais sans opposer de résistance. J'ai si mal aux muscles... Encore plus que tout à l'heure.
- Calme-toi, me rassure Adriel, tout va bien. (Il souffle en se passant une main dans les cheveux.) Tu nous as fait peur, Kami. Mais vraiment.
Je fronce les sourcils en observant autour de moi. Je reconnais immédiatement ma chambre, au Rocher. La roche grise m'est familière et la lanterne accrochée à côté de la porte diffuse une lumière jaune et tamisée dans cette grande pièce. J'ai retrouvé le confort de mon matelas, allongée dans les draps beiges.
Je me passe une main sur le visage, perdue. Je reporte mon attention sur Adriel, qui me fixe avec anxiété.
Je me prépare à parler, mais finalement, une crampe d'estomac me fait grimacer. Je baille légèrement et dis d'une voix ensommeillée :
- J'ai faim.
Adriel affiche un immense sourire, et semble retrouver un peu de sa bonne humeur.
- Je m'en doutais, c'est normal que tu aies faim. Je t'ai apporté de quoi manger.
Il me dépose un plateau-repas sur les genoux. Mon estomac gronde quand l'odeur des pommes de terre me monte aux narines. Je me jette sur mon assiette, affamée.
Adriel rit légèrement en me voyant. Il rapproche un peu plus sa chaise de mon lit.
- Tu as une faim de loup, ma parole ! me lance-t-il avec un sourire.
Je lève les yeux au ciel et continue de me nourrir. J'ai l'impression désagréable de ne pas avoir mangé depuis un moment.
J'arrête ma fourchette en plein milieu du trajet jusqu'à ma bouche, puis la repose dans mon assiette, attentive. Adriel a l'air rassuré, mais également préoccupé. Il fixe le sol, les sourcils froncés. Quelque chose ne va pas.
Je m'essuie la bouche à l'aide d'une serviette en papier, et attire son attention.
- Adriel ? (Il relève ses yeux vers moi d'un battement de paupières.) Combien de temps ai-je dormi, au juste ?
Il baisse les yeux, comme embarrassé. Mon Exploiteur passe une main stressée dans ses cheveux, avant de poser ses coudes sur ses genoux.
- Deux jours.
J'écarquille les yeux, sous le choc. Deux jours que je suis endormie ?! Je secoue la tête, perplexe.
- C'est impossible, je réfute, je me suis simplement évanouie sous le coup de la fatigue, je n'ai pas pu être dans les vapes pendant autant de temps, enfin !
Je ne veux pas le croire. Cela révèle de l'impensable !
- Et pourtant, murmure Adriel, ça fait bien deux jours. On te nourrissait par perfusion...
Il désigne la poche pendue, presque vide à côté de mon lit, reliée à un tube, qui repose sur la table de chevet. Un gros pansement m'entrave la bras gauche. Je n'avais même pas remarqué...
- Romain avait prévu qu'il y aurait de grandes chances pour que tu te réveilles aujourd'hui. Il voulait que tu manges par toi-même le plus vite possible. Il te l'a enlevée dans l'après-midi.
Je fronce les sourcils de nouveau, avant de me figer brusquement.
- Et Nina ? Où est-elle ? je m'exclame, alarmée. Vous ne l'avez pas fait rentrer dans le Rocher, j'espère ?
Adriel secoue la tête en fermant les yeux.
- Non, nous nous sommes occupés d'elle, ne t'inquiète pas. Par contre, tu dois me promettre quelque chose. (Je hoche la tête, attentive.) Tu ne lui reparles plus jamais de sa prise d'otage chez les Noths, compris ?
- D'accord, accepté-je, soucieuse.
J'attends qu'il s'explique, ce qu'il ne tarde pas à faire. Je crains le pire.
- Nous avons été obligés de lui faire oublier ces événements. (J'ouvre la bouche pour l'interrompre mais la referme la seconde d'après, prise de court.) Nous avons des lois, nous, les métamorphes. Cela ne s'applique pas qu'aux Midas. Une d'entre elles est de ne jamais parler de notre différence aux Ordinaires.
Je tilte brusquement, une vague d'effroi me submergeant. Ne jamais parler de notre différence aux Ordinaires ? Mais... ma mère en est une, et pourtant voilà des années qu'elle est au courant...
- Que se passe-t-il lorsqu'on dit la vérité à un Ordinaire ? je demande, impassible. J'aurais pu expliquer à Nina notre vraie nature sans soucis, non ?
- C'était hors de question, Kami, s'insurge Adriel, comme si je venais de sortir la débilité de l'année. Les Ordinaires connaissant le monde magique sont rares, très rares. Tout simplement car ils ont tendance à disparaître dans la nature sans laisser de trace. On soupçonne qu'une organisation secrète œuvre pour protéger nos espèces..., dit Adriel, avec accablement.
Je fronce les sourcils, partagée entre l'horreur et le doute.
- Mais ton père est un Ordinaire, Adriel ! soufflé-je, d'une voix blanche. Il ne risque pas lui aussi de se faire enlever ou...
- Laisse-moi finir, me répond-t-il d'une voix douce. Les Ordinaires qui connaissent notre monde ne risquent pas d'avoir de problèmes, à une condition : ils doivent promettre fidélité aux êtres surnaturels. Mon père tient une boutique de toilettage, mais, comme tu as pu le remarquer, il soigne des loups blessés et même des métamorphes. L'arrière de la boutique est une vraie mine d'or en armes, sortilèges et gadgets magiques. En résumé, il faut que leur vie soit dédiée aux espèces surnaturelles, quelles qu'elles soient. (Il marque une pause, las.) On ne pouvait pas se permettre de choisir l'avenir de Nina à sa place. On n'avait qu'un seul recours : l'oubli. Il fallait qu'elle oublie tout ce qu'elle avait vu, pour son bien avant tout.
Je hoche la tête, anxieuse, en portant une nouvelle fois ma fourchette à ma bouche.
- Je comprends, Adriel, c'est plus clair désormais. Mais comment avez-vous fait pour lui faire oublier une chose d'une telle ampleur ! Ce n'est pas rien...
Il secoue la tête, prêt à tout me raconter.
- Lorsque tu t'es évanouie, je t'ai immédiatement emmenée dans ta chambre. J'ai croisé Maya sur le chemin et lui ai rapidement expliqué la situation. Elle est partie dans son bureau chercher le sortilège d'Oubli, qui consiste à effacer une partie de la mémoire à un Ordinaire.
Et soudain, j'ai peur. J'ai peur pour la santé de Nina, ainsi que pour la logique des événements. On ne peut pas faire oublier neuf jours à une personne sans que ça ne laisse de séquelles. C'est impossible.
- Attends, pause, le coupé-je. Vous avez le droit de faire ça ? Lancer un sort à une Ordinaire non-consentante ?
Je secoue la tête. Ce n'est pas croyable, ils ont osé faire ça...
- Les règles à propos de la magie sur les Ordinaires sont très strictes, c'est pourquoi ce sortilège est prédestiné à ce genre de problème, m'explique-t-il. En bref, Maya s'est occupée de lui administrer le sortilège, et Hakan l'a ramenée chez elle.
Je me frotte les yeux, essayant de rester éveillée. Même après avoir soi-disant dormi deux jours, je suis encore crevée, c'est normal, ça ?
- Et comment va-t-elle expliquer à ses parents où elle était pendant ces neuf jours ? demandé-je d'une voix traînante. Que va-t-elle raconter à Isaac ? Elle va être totalement paumée..., paniqué-je.
- Tu n'as pas à t'en faire pour ça, selon elle, elle est partie en vacances avec toi et trois autres amies, au ski. Elle a simplement oublié de prévenir tout le monde.
- Mais il va bien y avoir un moment où ça va bloquer ! m'écriè-je finalement, exténuée. Ses parents vont vouloir savoir avec qui elle est partie, elle va citer des noms, mais ses amies ne seront jamais parties avec elle ! Sans parler de ses affaires ! Elle est partie sans valise et sans affaires de ski ! On aurait mieux fait de lui dire la vérité, en fait. Ç'aurait été plus simple, soufflé-je.
Comment je vais faire, moi, si jamais ses parents ou même Isaac me demandent des précisions sur notre séjour ? Des photos, des anecdotes à raconter ? Je sais que les parents de Nina ne s'occupent pas trop de leur fille, mais ils restent vigilants quant à ses déplacements et ses fréquentations. Ils ne vont pas mordre à l'hameçon, c'est certain.
- Ça bloquerait quelque part, en effet, me répond enfin Adriel, si on avait pas pris soin de brouiller les pistes...
- Comment ça ? j'ajoute, méfiante.
- Le sortilège d'Oubli ressemble au pouvoir des Brumeurs. A la différence près que les Brumeurs endorment leurs victimes pour leur prendre des souvenirs. Ce sortilège-ci ne fait que plonger l'Ordinaire dans un état de transe, et il nous suffit juste de lui dire ce qu'elle a vécu durant les derniers jours. Un peu comme l'hypnose, en fin de compte.
- Et comment vous vous êtes débrouillés ? j'insiste. Vous lui avez dit qu'elle était partie en vacances avec des filles qu'elle ne connaissait pas ? craché-je, énervée malgré moi.
Oui, je m'emporte. Mais je ne fais que m'inquiéter pour l'avenir de ma meilleure amie. Si jamais le sortilège n'a pas correctement fonctionné sur elle, comment faire ? Une boule de stress se forme dans ma gorge.
- Arrête de paniquer, dit Adriel d'une voix posée. Dans la version officielle, elle est partie avec toi, et trois filles du lycée.
- Qui ? je m'obstine.
Adriel souffle en levant légèrement les yeux au ciel.
- Camille, Emma et Manon.
Je hausse les sourcils. Effectivement, ce ne sont pas vraiment des filles à qui je parle habituellement, mais ce sont de grandes amies de Nina.
- Comment avez-vous su que c'étaient ses amies ? je l'interroge, choquée.
- Tu ne veux pas essayer de te reposer un peu, Kami ? enchaîne Adriel sur un tout autre sujet. Tu n'as pas à te tracasser la tête pour ça.
- Ne change pas de sujet, lancé-je d'une voix dure. Je ne dormirai pas sur mes deux oreilles tant que je ne serai pas rassurée.
Adriel souffle lourdement en esquissant une moue embêtée. Je le supplie du regard de continuer.
- Bien. En bref, pendant que tu dormais, Hakan et moi sommes allés voir ces trois filles et leur ont également appliqué le sortilège d'Oubli sur ces neuf derniers jours. Tout ce qu'il faut retenir, c'est qu'elles ont voulu partir sans prévenir personne pour oublier tous leurs problèmes. Elles sont rentrées hier, des valises à la main et pleines d'affaires et de souvenirs pour leur famille respective. Tu n'as pas à t'inquiéter Kami, tout est rentré dans l'ordre.
- Et vous avez fait tout ça en aussi peu de temps ? je demande, scandalisée.
- Eh oui, dit Adriel dans un sourire. Nous avons déjà fait pire que ça. Tu sais, quand on est différent, il faut apprendre à le rester en utilisant tous les moyens possibles pour cacher ses particularités.
Un ange passe pendant que j'assimile les informations.
- Alors tout va bien ? je m'assure, la voix tremblante sans que je comprenne pourquoi.
Mon Exploiteur sourit et hoche la tête.
- Tout va bien, confirme-t-il.
Il se lève de sa chaise, mais je le retiens, le regard dans le vide. Au final, je mets le doigt sur la chose qui me préoccupe.
- Quel jour sommes-nous ?
Je relève les yeux vers lui, attendant ma réponse.
- Dimanche, me répond-t-il.
- Le combien ? je m'alarme.
- Le 19 février, lâche-t-il, tendu.
- Non, non, soupiré-je, stressée à l'extrême. L'heure ? Quelle heure ? je crie presque en regardant autour de moi, à la recherche d'une quelconque horloge qu'on aurait accroché au mur pendant mon absence.
- Mais calme-toi, Kami, souffle Adriel d'une voix douce, qui parvient à peine à m'apaiser. Il est tard, la nuit est tombée depuis un moment, j'attendais que tu te réveilles pour aller dormir, ça fait depuis un moment que je veille à ton chevet, déclare-t-il en passant une main sur son visage fatigué.
- Mais... tu... tu ne comprends pas, balbutié-je, affolée, demain c'est la rentrée, je ne suis pas prête du tout, toutes mes affaires sont chez moi et...
- Tu n'iras pas au lycée, demain.
- Quoi ?
Je m'arrête de parler, effarée. Je ne vais pas rater la rentrée, quand même... !
- Tu es encore trop faible, Kami. Je ne sais pas si tu te rends compte que tu es restée deux jours endormie ! Deux jours dans une sorte de coma vraiment étrange ! Tu réalises ?
Je secoue la tête devant son air las, avant d'observer plus attentivement son visage.
Je remarque les grands cernes violets et gris sous ses yeux, et ses traits tirés. Je me détends en le voyant ainsi. Et une pointe de culpabilité me pique. Je me suis tout de suite inquiétée sur l'état de Nina, je ne lui ai même pas demandé comment lui, il se sent.
- Ça va, toi ? dis-je, légèrement anxieuse, oubliant le lycée.
Mon Exploiteur me fixe un instant, puis hoche la tête en soupirant.
- Je suis juste crevé.
Il jette un œil à sa montre.
- Tu ferais bien de te reposer encore un peu. Même si tu as dormi longtemps, Romain t'a auscultée pendant ton sommeil, et il semblerait que tu aies besoin de beaucoup de repos. Profite du reste de la nuit pour te détendre.
Je lève mes yeux fatigués vers lui. Je prends mon plateau et me penche pour le déposer sur la table de chevet. Je croise les bras et le fixe.
- Dors avec moi, je déclare.
Adriel hausse les sourcils, surpris par ma demande.
Moi-même, je suis surprise d'avoir demandé une telle chose. Mais j'ai passé une semaine sans mes amis, sans sa présence près de moi. J'étais chaque heure seule dans ma chambre, de jour comme de nuit. L'obscurité était ma seule amie. Je ne peux pas la supporter une nuit de plus en étant seule.
Adriel s'apprête à dire quelque chose, mais je le coupe dans son élan.
- S'il te plaît. J'en ai besoin. Je... S'il te plaît.
Il souffle. Après quelques secondes d'hésitation, il retire ses chaussures.
Soulagée, je me décale pour lui laisser de la place alors qu'il se glisse à côté de moi sous les draps.
Il entoure mes épaules de son bras droit alors que je pose ma tête sur son pectoral. Son odeur vanillée me fait fermer les yeux.
- Combien de fois vais-je tomber dans tes filets, Kami ? murmure-t-il, son souffle balayant mes cheveux.
- J'en ai assez d'être seule, je réponds sur le même ton. Merci d'être là pour moi, Adriel.
Il me serre un peu plus contre lui.
Confortablement installée contre lui, je me rendors paisiblement, priant pour que cette fois, aucun cauchemar étrange ne vienne polluer cette sensation de quiétude.
* * *
Passant un dernier coup de brosse dans mes cheveux, je me sens prête. Je soupire doucement et sors de ma salle de bain.
Après m'être réveillée seule dans mon lit, je suis tombé sur un mot d'Adriel, me disant de me préparer pour aller déjeuner.
Après un passage dans la salle de bain, je me sens beaucoup mieux. Et j'ai extrêmement faim.
J'ouvre un grand la porte de ma chambre pour sortir, et me retrouve nez-à-nez avec Sarah.
- Kami, souffle-t-elle.
Sans me laisser le temps de réagir, elle referme ses bras sur moi, me serrant de toutes ses forces. Je lui rends son étreinte en fermant les yeux.
- Ça me rassure de te voir debout, on s'est tous tellement inquiété !
Elle se détache de moi et me scrute avec une moue désapprobatrice.
- Qu'est-ce qui t'a pris de partir comme ça ? Seule ? En pleine nuit ? T'es une grande malade ou quoi ?
Je souris doucement mais baisse la tête. Je le sais, ça, que je n'aurais pas dû, mais sans ça, peut-être que Nina ne serait pas libre aujourd'hui. Même si nous avons dû lui effacer la mémoire, elle va bien, et est écartée de tous problèmes surnaturels. Hors de danger.
- J'aurais dû contrôler mes émotions, continue Sarah en culpabilisant. Tu m'as vue complètement désemparée, mais c'est que toute cette histoire m'a ravivé des tas de souvenirs que j'aurais préféré oublier... Enfin, vraiment, je m'excuse, Kami, je ne voulais...
- Arrête Sarah, je l'interromps. Ce n'est pas ta faute. Que tu m'aies prévenue en étant calme ou au bord de la crise de panique, ça n'aurait rien changé ; je serais partie. Et si l'occasion venait à se représenter - ce que je n'espère pas - je referais cette erreur sans aucune hésitation. Pour sauver ma meilleure amie.
- Tu es une bonne personne, Kami. Suicidaire parfois, mais bienveillante. Je suis contente d'être ton amie.
Elle me sourit de toutes ses dents, et je jure que je n'ai jamais été aussi heureuse de revoir des dents. Son sourire est si unique et incroyable.
- Tu m'as vraiment manqué, Sarah.
Je la reprends brièvement dans mes bras, et chasse d'un battement de cil les prémisses d'une crise de larmes.
- Allez viens, on va aller manger, dit-elle de sa voix douce. Tout le monde t'attend.
Elle m'entraîne par le bras vers l'Antre, traçant son chemin tout droit en sortant de notre chambre. Puis elle tourne à droite, passant sous un balcon creusé dans la pierre. En levant les yeux, j'aperçois que la baie vitrée en question donne sur le bureau lumineux de Maya, la dirigeante des Midas.
Une vague de nostalgie me submerge. Voilà un long moment que je ne suis pas entrée dans cette pièce...
Quelques secondes plus tard, nous voilà toutes les deux devant les grandes portes en bois sculpté du Réfectoire.
La métamorphe chouette les pousse sans attendre.
Une luminosité assez faible me fait tout de même plisser les yeux. Je redécouvre avec émerveillement les dizaines de longues tables disposées verticalement et horizontalement, une nourriture abondante disposée dessus. Également présente à foison près de chaque paroi, posée sur des comptoirs longilignes. Le tout en bois brut et foncé. Des lianes marrons courant le long des murs en roche. Le plafond de cette salle ovale est envahi de lanternes qui répandent leur lumière jaune et tamisée sur nous.
Je m'avance de quelques pas, subjuguée par l'ambiance mystérieuse et féérique du lieu.
Sarah me devance et s'arrête plusieurs mètres plus loin, commençant à parler. Je la suis un peu plus doucement, intimidée par tous ces regards inconnus posés sur moi.
Je me stoppe à la hauteur de mon amie et regarde avec quelles personnes elle a débuté une conversation.
Adriel ainsi que deux garçons participent activement à la discussion, tandis qu'une fille les regarde, occupée à boire une mixture étrange.
Sarah tire un tabouret et m'invite à faire de même. Ils continuent à se tailler une bavette tandis que je ne cherche pas à m'intégrer. J'attrape une brioche à côté de moi, me débrouille pour qu'une petite fille assise un peu plus loin lâche la pâte à tartiner, et commence à manger, soulageant la douleur qui me tiraille l'estomac.
Je me sers aussi un jus de fruits, assoiffée. Je prends une deuxième part de brioche et la tartine de chocolat. Fêtant mes retrouvailles avec la nourriture, je n'avais pas tout de suite réalisé qu'on m'appelait.
- Kami ? m'interroge Adriel.
Je lève les yeux vers lui.
- Ça va mieux ?
Je hoche la tête, léchant un par un mes doigts pleins de chocolat.
- Faim, je réponds en croquant dans ma brioche.
Il lâche un éclat de rire, vite accompagné par Sarah et un des deux hommes. La fille et le garçon restant se contente de sourire.
- Normal que tu aies faim comme ça, ils ne devaient même pas te nourrir, ces chacals ! dit le garçon dont je ne connais pas le nom, en riant.
Je fronce les sourcils lorsque je comprends la référence aux Noths, mais mon attention se redirige presque aussitôt vers mon petit déjeuner, auquel j'arrache encore un bout brioché.
- Zach, ne dis pas de bêtises, tu sais très bien qu'en tant que fille du Monstre, ils se devaient de prendre soin d'elle, précise le deuxième garçon, avec un air à la fois sérieux et à la fois souriant.
Le prénommé Zach envoie une pichenette dans la joue du métis.
- Ça va Romir, c'était une blague, pas besoin de te la jouer intello.
Je porte mon verre à mes lèvres en reconnaissant ces prénoms. Ce ne serait pas... ?
- Vous êtes allés tous les deux chercher ma meilleure amie, non ? je leur demande brusquement. Vous faisiez partie de la patrouille de recherche ?
- Tu parles de l'Ordinaire ?
Je me tourne vers Zach, un garçon au teint bronzé et aux cheveux bruns mi-longs. Ses yeux noisette ont l'air constamment rieurs.
- Oui, dis-je en hochant la tête. Mais il y avait d'autres personnes... Je sais qu'il y avait Sarah, Adriel, vous deux, mais il y avait d'autres Midas..., je leur demande, préoccupée.
- Comment sais-tu ça ?
Adriel me fixe soudainement avec sérieux, attendant ma réponse.
- Je..., bégayé-je, on me l'a dit.
- Eh bien tu as raison, nous coupe Zach en s'étirant. Il y avait ma sœur, aussi. La fille qui n'a pas l'air décidé à parler, là, dit-il en désignant la personne en face de moi, légèrement sur ma droite.
Elle lève les yeux vers moi à ce moment-là, et je vois tout de suite à ses yeux et à ses joues roses qu'elle est timide. Je lui adresse un sourire, et je suis heureuse de voir qu'elle me le rend.
- C'est Lucie, la présente Zach. Il y avait aussi Rubis, qui était là avec nous, mais elle n'est pas là aujourd'hui..., semble-t-il remarquer, en tendant le cou pour balayer la pièce du regard.
- Bah, tu sais comment elle est, souffle Romir, levant ses yeux noirs au ciel.
- Et, je reprends, curieuse, vous êtes quel animal, vous ?
- Adriel avait besoin de personnes avec un bon flair pour pister Nina, commence Romir, donc...
- Il nous appelés ! l'interrompt Zach en s'exclamant. Et moi, j'ai un flair hors pair ! Je suis le meilleur ami de l'homme, ma jolie !
Je souris en le voyant faire craquer ses doigts, en vantant ses mérites.
- C'est bon Zach, râle légèrement Romir, c'est pas parce que tu as la "chance" d'être un chien, qu'il faut te vanter. Ta sœur est comme toi, et pourtant, elle n'en fait pas des caisses !
Sarah rit au moment où Zach balance un verre d'eau à la tête du rabat-joie. Mais juste avant que l'eau ne touche Romir, elle se met à léviter dans l'air, formant de petits flaques volantes.
J'ouvre ma bouche en grand sous le coup de la surprise, mais ça n'a l'air de choquer que moi.
- Comment... ?
- Mon pouvoir spécial, m'informe Romir. En étant un métamorphe éléphant, je peux faire léviter chaque liquide présent près de moi, et m'en servir comme arme. Cool, non ?
Il tourne son poignet d'un mouvement assuré, puis toute l'eau auparavant dirigée vers lui, se retourne contre l'ennemi en un clin d'œil. Zach se retrouve les cheveux trempés et son tee-shirt humide sur les épaules.
Toute la table éclate de rire, et je ne peux m'empêcher de me joindre à eux. Ça fait du bien de rire, de pouvoir mettre tous ses soucis de côté le temps de quelques secondes ; quelques instants d'euphorie.
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Hey ! :D Vous venez de finir cette première partie du chapitre 38, que j'ai coupé en deux parce qu'il était vraiment trop long en entier (16 000 mots ^^). La partie 1 fait 6 800 pile, la deuxième sera donc plus longue ! Cette dernière sera d'ailleurs la fin de cette histoire, préparez-vous ! :3
Je ne dédicace ce chapitre à personne en particulier, parce que c'est le dernier, alors je le dédicace à toi, lecteur qui lit mon histoire ! Merci pour ton soutien, direct ou non ! <3
Alors, cette première partie, qu'en pensez-vous ? ;p
Notre trio est enfin arrivé au Rocher ! Pour le meilleur comme pour le pire, comme vous l'avez lu... ;p
Quelle était la source du conflit entre Adriel et Hakan, à votre avis ? Ç'a bien déstabilisé Kami et Nina dans tous les cas ! :0
Nina, tiens, parlons-en ! Quel grand bazar pour lui faire perdre la mémoire ! Aux grands maux les grands moyens, comme on dit. XD Trouvez-vous que c'était une bonne idée de lui faire oublier, ou alors aurait-il fallu qu'elle reste au courant malgré le danger qu'elle aurait couru ? J'attends vos avis ! **
Ouh, le fameux rêve/cauchemar/vision de Kami ? J'ai presque oublié ! XD Serait-ce vraiment un message des Elkatars ? Dans ce cas, qui était la personne qui lui parlait ? --' Et ce chapeau de cowboy ? C'est du grand n'importe quoi ! XDDD Par contre, j'ai vraiment eu du mal avec les rimes, j'ai passé au moins un quart d'heure sur le dialogue aha ! x) J'espère qu'elles étaient assez potables, quand même ! :/
Kami et Adriel ont passé la nuit ensemble ! Demande un peu osée de la part de notre petite métamorphe, mais elle en avait réellement besoin ! :D
On retrouve aussi vaguement Sarah ! ;)
Découverte de nouveaux personnages, aussi ! Vos premières impressions sur Lucie, Zach et Romir ? *w*
J'ai si hâte de vous poster la dernière partie, qui ne devrait pas mettre autant de temps à arriver que celle-ci ! ;)
Je m'excuse encore de mon retard, j'espère que vous ne m'en voulez quand même pas trop... :/ On se retrouve en commentaires, ils m'ont tellement manqué ! :D
Je vous fais de gros bisous ! <3
<3<3<3
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