Chapitre 26 : Répit

- Ne fais pas de bruit, on ne sait jamais si elle s'est garée un peu plus loin, murmuré-je.

Sarah hoche silencieusement la tête, déterminée. Je rentre la clé dans la serrure de ma porte d'entrée, en inspirant pour me donner du courage.

Nous appréhendons toutes les deux de trouver ma mère dans le salon, à m'attendre. Sa voiture n'est pas garée à sa place habituelle, devant la maison.

Si jamais elle est à la maison... Je suis fichue. Je cherche déjà des excuses à lui donner. Il est plus de dix heures, étant donné qu'avant de sortir du Rocher, nous avions dû voir comment s'en sortait Adriel et dire à Hakan que Sarah me ramenait. Sur le chemin, Sarah m'a raconté plus en détails son admission au Rocher, ses transformations et ses problèmes. Je me sens désormais un peu moins ignare même si, malheureusement, son espèce -les chouettes- n'a rien à voir avec la mienne... Beaucoup de mes questions sont encore en suspens...

- J'entends du bruit, chuchote Sarah, la tête collée sur la porte.

J'aimerais tellement avoir une ouïe pareille...

- Mais c'est bizarre, reprend-elle. Ce n'est pas très bruyant. C'est... je n'arrive même pas à décrire ! s'exaspère-t-elle.

Elle me lance un regard agacé, puis me prend brusquement la main.

- Qu'est-ce que tu fais ? m'exclamè-je en chuchotant, voyant que ce geste n'avait rien d'affectif.

- Je ne t'ai pas encore fait part de cette particularité qu'ont les métamorphes, dit-elle en serrant plus fort ma main. Il faut un certain temps pour pouvoir le faire.

- Qu'est-ce que tu vas faire ? murmuré-je, perdue.

- Je vais partager un bout de mon pouvoir avec toi. Tu es prête ?

- Heu... ce que tu t'apprêtes à faire est un peu flou dans ma tête, là. Enfin bon, vas-y quand même, soupiré-je.

Comme j'ai de plus en plus l'habitude de vivre des choses sans explication logique, je ne cherche même plus à protester. Je me laisse donc faire, pour cette fois, du moins.

Une certaine chaleur remonte le long de mon bras, venant de nos mains entrelacées. Puis, sans crier gare, j'entends tout. La fourmi se baladant sur une feuille à quelques mètres de là. Dans la maison collée à la mienne, le voisin ronfler tandis que sa femme soupire de mécontentement. Le trafic routier sur une autoroute non loin.

- Concentre-toi sur la porte, souffle Sarah.

Je me secoue, surprise. C'est donc ainsi que Sarah entend quotidiennement... C'est vraiment incroyable.

- La porte, me rappelle Sarah.

- Désolée, marmonné-je. C'est tellement... surprenant.

Sans me répondre, Sarah jette un coup d'œil anxieux derrière son épaule. La petite route qui mène à chez moi est déserte, mais ma mère risque d'arriver à tout moment. Si elle n'est pas déjà là...

Je me concentre du mieux que je peux sur la porte, essayant de faire abstraction des bruits autour de nous. Soudainement, tout s'efface. Je n'entends qu'un son plus que familier. Un barbotement presque en continu.

- Patrick ? je chuchote, abasourdie.

- De quoi ? s'exclame Sarah, déboussolée. Qui est Patrick ? Un intrus ?

Je la sens se tendre à côté de moi, prête à se défendre. Je la rassure tout de suite, bien que je sois toujours choquée d'avoir pu l'entendre aussi distinctement.

- Non, Patrick est mon poisson rouge... Enfin, celui de ma mère.

Sarah arrache sa main de la mienne. Je soupire de soulagement lorsque la cacophonie environnante s'arrête enfin.

- Mais qui appelle son poisson rouge Patrick ? s'énerve-t-elle. Sérieusement ?

Elle passe une main sur son visage, rassurée malgré tout. J'avoue que peu de gens doivent appeler leur poisson par un nom utilisé pour les hommes.

Alors que je reprenais mes esprits, troublée parce cette brusque augmentation de sons, je me dis que l'on doit vraiment ressembler à des débiles, toutes les deux -j'imagine très bien les têtes de deux filles collées à une porte, alors qu'il fait nuit noire et que personne n'est dehors à cette heure-ci.

Sans plus attendre, je pousse la porte d'entrée et m'engouffre à l'intérieur. J'allume la lumière et me tourne vers Sarah, tandis que cette dernière ferme la porte en prenant soin de la verrouiller.

Je remarque immédiatement le petit poisson rouge se trémousser dans l'aquarium, l'objet posé près du mur, sur le comptoir de la cuisine. Je ne l'ai donc pas imaginé. J'ai vraiment entendu les bulles qu'il faisait...

Je souffle de soulagement avant de m'étendre de tout mon long sur mon canapé. Sarah choisit, plus sobrement je l'avoue, de s'assoir dans un fauteuil blanc en face de moi, et de croiser les jambes.

- Ma mère n'est pas là. Il est au moins vingt et une heure trente... C'est rare qu'elle rentre après vingt et une heure...

Un élan de panique m'envahit. Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Un accident de voiture ? Ou un problème avec Franck ? Je ne le sens toujours pas, ce gars...

- Elle ne devrait pas tarder, répond Sarah en me rassurant. Il y a des bouchons sur la route, je l'entends un peu, dehors.

C'est vrai que j'avais entendu des klaxons et des protestations, lorsque son pouvoir s'est fondu avec le mien. J'espère que ma mère est bel et bien dans le trafic routier.

- Comment c'est possible, de partager les pouvoirs ? je demande de but en blanc. Comment fait-on ?

Sarah penche la tête en arrière, s'appuyant sur le dossier du siège. Elle parle doucement, le regard se baladant sur le plafond.

- Certaines personnes mettent des années avant d'y arriver. D'autres plusieurs mois. Plusieurs sont incapables de le faire. Nous t'apprendrons ça en temps voulu. Tu vas t'emmêler les pinceaux si on te dit tout d'un coup, finit-elle dans un sourire.

Je commence à triturer mes doigts dans un geste nerveux, fixant à mon tour le plafond, sur le dos.

- Tu dois me comprendre... J'ai plus l'impression d'être un boulet qu'autre chose... Je ne connais rien à rien ! Et s'il y a d'autres péripéties comme avec les Brumeurs, je suis fichue !

Le rire clair de Sarah emplit la pièce. Je tourne la tête vers elle, un air faussement vexé sur le visage. Sarah me regarde, un grand sourire aux lèvres.

- Ne sois pas pessimiste ! Et puis, il n'y a pas à avoir de "péripéties" comme tu dis ! dit-elle en mimant les guillemets avec ses doigts. Tu n'es qu'une Apprentie, tu ne seras pas mêlée à ça, ne t'inquiète pas, achève-t-elle en souriant de plus belle.

Je retourne à la contemplation de mon plafond, soucieuse. J'ai bien peur que d'une manière ou d'une autre, j'aie le nez dans ces affaires-là... Un mauvais pressentiment me dit que je dois me préparer et apprendre le plus de choses possibles.

Sarah se lève lentement de son fauteuil, et me jette un coup d'œil.

- Allez, va te coucher, je vois à ta tête que tu es fatiguée. Ta mère va bientôt arriver, la circulation a repris, m'annonce-t-elle avec une mine désolée.

Je hoche doucement la tête, me forçant à accepter la vérité. Je suis tout simplement crevée. Entre mon footing ultra rapide avec Hakan tout à l'heure et les échelles que m'a fait monter Sarah, je n'en peux plus. Mais je vois bien que je ne suis pas la seule à être épuisée. Sarah a du mal à tenir debout, je le vois bien à sa démarche branlante. Je ne peux pas la laisser rentrer seule, fatiguée et en plein milieu de la nuit... Pas après tout ce qu'elle a fait pour moi. Elle doit en plus rentrer au Rocher à pied...

- Sarah, reste dormir à la maison, si tu veux.

Tandis que Sarah se dirigeait vers la sortie, elle se fige, et tourne lentement sur elle-même, ses yeux avisant avec hésitation mon visage détendu et mes yeux pleins d'espoir. Je n'oserai sûrement pas l'avouer, mais je n'ai pas envie de rester toute seule... Ma mère va rentrer, mais je serais toujours seule à proprement parler... Même si l'on s'est réconciliée, ce n'est pas encore gagné de passer du temps avec elle. Et puis, c'est la moindre des choses de proposer à Sarah de rester, après tout ce qu'elle m'a dit sur elle et sa gentillesse à mon égard.

- Ça ne te dérange pas ? commence-t-elle, un sourire naissant sur ses lèvres. Et ta mère ? Je ne veux pas vous gêner...

Je la rassure d'un vague signe de la main.

- Si je te le propose ! Et ma mère ne saura sûrement pas que tu es là. Elle part tôt le matin. Et si jamais elle est ici demain, ça ne la dérangerait pas de voir que je suis avec quelqu'un...

- Comment ça ? demande Sarah, ayant senti que j'essayais de cacher quelque chose.

- Comment dire... Je ne fréquente pas tellement de gens, au lycée. J'ai mon groupe d'amis, et ça me suffit. La timidité est un vrai fléau ! j'ajoute en riant. Pour en revenir à ce que je disais, je ne ramène qu'une seule personne à la maison, ma meilleure amie, Nina. Ma mère croit que je n'ai qu'une seule amie et que je suis cloîtrée dans la solitude ! je finis dans un éclat de rire.

Sarah rit à son tour avant de pousser mes jambes et s'assoir à côté de moi, sur le canapé.

- En même temps, je la comprends, je reprends. J'ai connu Nina en sixième, on est devenu vraiment bonnes amis en troisième... C'est à ce moment-là que je me suis détachée de ma mère et qu'elle a commencé à travailler beaucoup plus. Comme je ne lui parlais presque pas et qu'elle ne voyait que Nina venir à la maison, elle s'est fait des films... finis-je en soupirant.

Voyant que Sarah ne répondait pas, je tourne la tête vers elle. Je la vois la main devant la bouche, retenant un fou rire.

- Arrête, piaillé-je. Il n'y a rien de drôle !

Elle explose enfin de rire, les mains sur son visage. Je me lève du canapé en souriant. Le pire, c'est qu'il n'y avait vraiment rien de drôle.

Je me dirige vers la cuisine, ayant la ferme intention de manger quelque chose. La voix de Sarah me parvient du salon, étouffée et joyeuse.

- Effectivement, il n'y avait rien de drôle. Sauf ta tête ! On voyait que tu étais totalement dépitée et exaspérée par les événements passés, dit-elle sur le ton de la rigolade.

- Je rêve ou tu moques de moi et de ma vie pourrie ? dis-je en enfouissant ma tête dans le frigo.

La voix claire de Sarah vibre tout près de mon oreille lorsqu'elle dit :

- Non, je me moque de ta tête !

Je sursaute en cognant le sommet du crâne contre la plateforme du réfrigérateur. Sarah se tient juste à côté de moi, les mains derrière le dos ; un grand sourire malicieux s'étend en voyant qu'elle a réussi sa blague.

- Comment tu as fait pour arriver sans bruit, comme ça ? je m'exclame en sortant le jambon du frigo.

Je claque la porte du frigo, agacée. J'en ai assez de me faire surprendre...

- Une particularité des chouettes, dit Sarah en haussant les épaules.

Pendant que je prends un plateau repas dans un meuble de la cuisine, j'observe Sarah en biais. Son sourire ne quitte pas ses lèvres et elle observe discrètement les photos de ma mère et moi placardées sur le réfrigérateur. Je me dirige vers un placard, en quête d'un paquet de chips à manger.

- Pourquoi vous ne vous entendiez plus, ta mère et toi ? Je veux dire, qu'est-ce qui s'est passé pour que ça change ? m'interroge Sarah en retrouvant un semblant de sérieux.

J'attrape le paquet de chips, prends des couverts et des assiettes et me tourne vers elle.

- Je t'expliquerai tout ça en haut, je n'ai pas envie que ma mère nous surprenne en train de fouiner dans sa cuisine.

Sarah rit doucement avant de me suivre dans les escaliers. Je pousse ma porte de chambre d'un coup de pied avant de tout laisser tomber sur mon lit.

- Tu as une très jolie chambre, me complimente Sarah.

- Merci, c'est gentil.

Ma chambre n'a rien de bien extraordinaire... Des murs blanc cassé, un parquet comme dans toute la maison, un lit deux places avec des draps blancs, un bureau et une armoire en bois. Quelques photos de Nina et moi sont accrochées un peu partout.

J'installe toute la nourriture sur le plateau repas et nous nous asseyons toutes les deux en tailleur sur mon lit.

Je lui raconte toute l'histoire avec mon père le temps que nous mangions. Sarah a l'air de me comprendre, comme si elle avait vécu la même chose... Puis je me souviens qu'elle est orpheline. Et qu'elle a grandi sans parents. Je me sens soudain égoïste de parler de mes disputes et malentendus avec ma mère, sachant que contrairement à elle, j'avais la chance d'en avoir une.

- Enfin bref, dis-je, alors que nous avions fini de manger. Arrêtons de parler de moi. Tu as encore faim ou pas ? l'interrogé-je en voyant le paquet de chips vide, le contenu engloutit par les deux voraces que nous sommes.

- Non, non, merci.

Je dépose donc le plateau repas sur mon bureau, à côté de mes livres.

- C'est difficile en ce moment les cours, non ? me demande Sarah en voyant mes livres de mathématiques et d'histoire-géographie posés sur ma table de chevet.

- Un peu, avoué-je. Surtout qu'avec toute cette histoire, je n'ai pas trop le temps pour mes révisions... J'ai le BAC en fin d'année...

- Je sais, répond-elle, en passant ses mains dans ses cheveux roux. Mais tu n'as pas à stresser, si je l'ai eu, tu l'auras ! dit-elle en riant.

- Quel âge as-tu ? je lui demande en m'adossant à mon bureau pour lui faire face.

Elle se laisse tomber lourdement sur le lit, les bras écartés, prenant toute la place.

- J'ai dix-neuf ans. Je viens de les avoir, déclare-t-elle avec un clin d'œil. Je suis devenue il y a peu, une métamorphe indépendante.

- Comment ça ? dis-je en fronçant les sourcils et croisant les bras, souhaitant qu'elle précise sa phrase.

- La formation des Apprentis dure environ un an. Étant donné que je suis super douée, se vante-t-elle en riant, je l'ai finie un peu avant. Du coup, je ne suis plus Apprentie depuis peu, si tu préfères, finit-elle en souriant.

C'est dingue comme cette fille est souriante ! Elle a beaucoup le sens de l'humour, aussi. Heureusement, car je ne peux pas supporter les gens sans humour...

Alors que j'allais lui demander qui était son Exploiteur, j'entends la porte d'entrée au rez-de-chaussée s'ouvrir et les pas caractéristiques de ma mère entrer.

- Je vais descendre voir ma mère. Si tu veux prendre une douche et te laver les dents, fouille dans la salle de bain juste là, commencé-je en désignant la porte à côté de mon armoire. Tu trouveras des serviettes propres et des brosses à dents neuves. Et, je vais te prêter un pyjama.

J'associe le geste à la parole en lui sortant un short en tissu et un t-shirt de mon armoire.

-Merci beaucoup pour ce que tu fais. C'est vraiment très gentil de me laisser dormir chez toi, lance Sarah en se redressant sur le lit, les yeux brillants et un tendre sourire envahissant son visage pâle.

- C'est normal, la rassuré-je en posant ma main sur son épaule. Je te laisse avant que ma mère monte.

J'attrape le plateau repas et dévale les marches tandis que j'entends déjà l'eau de la douche couler. Arrivée en bas des marches, j'ai une certaine forme de pitié qui m'envahit. Ma mère se tient près de la porte, enlevant son manteau avec des gestes lents et imprécis. Lorsqu'elle se tourne vers moi, des cernes violettes et des poches marrons s'étendent sous ses yeux gris. Son dos est à moitié vouté par la fatigue et le stress. Je dépose précautionneusement pour ne pas faire trop de bruit, le plateau repas sur la table.

- Ça va, maman ? je demande, légèrement inquiète pour elle. Tu as mangé ?

- Oui, oui ça va, ne t'inquiète pas ma chérie. J'ai mangé au travail, je suis juste fatiguée. Quelle heure est-il ? commence-t-elle d'une voix trainante et contradictoire vis-à-vis de ses précédentes paroles.

L'horloge murale à côté de l'escalier indique en chiffres romains onze heures dix-sept. Je fais quelque pas vers elle et attrape son manteau et son sac.

- Va te coucher, maman, tu travailles trop.

Elle me lance un regard à la fois fatigué et attendri.

- Ne t'en fais pas pour moi, j'aime mon travail.

- Peut-être, mais rien ne t'oblige à y aller aussi tôt est rentrer aussi tard. Rassure-moi, demain tu ne travailles pas, hein ?

Demain, nous sommes dimanche. Si jamais elle travaille, je crois que je l'attache au lit.

- Non, mes supérieurs m'ont dit que je faisais trop d'heures supplémentaires, dit-elle avec une moue dépitée de chien battu.

J'ai soudain envie de rire, comprenant désormais parfaitement le fou rire de Sarah tout à l'heure.

- Allez maman, va dormir.

- Mais je dois encore faire... commence-t-elle en faisait mine de reprendre son sac.

Je balance le sac de ma mère sur le canapé, ignorant ses protestations. Les traits de son visage tentent vainement de prendre une expression de colère, mais la fatigue est trop présente pour que cela ressemble à une quelconque expression coléreuse.

- Viens, je t'accompagne...

Son manteau rejoint son sac sur le canapé avant que je pose mes mains sur les épaules de ma mère et avance derrière elle. Je la guide ainsi des escaliers jusqu'à sa chambre, la première porte en bois brun à droite, à l'étage.

Nous débouchons sur une pièce sombre, les draps de son lit d'un violet violine et ses murs peints en marron. Les rideaux noires sont tirées, ne me laissant pas le loisir de détailler précisément la chambre dans laquelle je ne suis pas rentrée depuis bien longtemps.

J'assois ma mère sur son lit, ayant l'étrange impression d'être un marionnettiste tirant sur les fils de sa marionnette. Ma mère a déjà les yeux fermés et semble littéralement dormir debout. Je lui retire délicatement ses chaussures et l'allonge dans son lit. Je lui caresse les cheveux, comme elle le faisait avec moi lorsque j'étais petite.

- Bonne nuit, maman, murmuré-je.

Je me lève et referme lentement la porte derrière moi. Je souffle de soulagement en me souvenant qu'elle ne travaille pas demain. C'est la première fois que je vois me mère autant fatiguée par son travail... Cela fait longtemps que je n'ai pas vu cette facette aussi douce de ma mère, qui me rappelle la femme qui prenait, à l'époque, tout à la légère. Cette même personne, qui est maintenant obnubilée par son travail de bureau...

Je me dirige sur la pointe des pieds vers ma chambre, au bout du couloir, à gauche, cette fois. Je retrouve Sarah, assise à mon bureau, penchée sur mes livres de cours, en pyjama. Elle relève la tête quand je referme la porte.

- C'est dingue comme on oublie tout une fois qu'on ne va plus au lycée ! dit-elle en se replongeant dans un livre d'anglais.

Je souris légèrement avant d'aller à mon tour dans la salle de bain pour me brosser les dents et mettre un pyjama.

Quelques minutes plus tard, je sors de la salle de bain avant de me jeter sur mon lit. Je me tourne sur le côté, regardant le dos de Sarah, la tête posée sur ma main.

- T'as l'intention de lire mes livres de cours toute la nuit ? demandé-je exaspérée.

Je crois que c'est bien la seule personne capable d'aimer lire des livres aussi barbants après avoir fini ses études... Je ne rêve que de jeter ses livres à la poubelle, moi. Sarah tourne sur elle-même sur sa chaise à roulettes, s'orientant face à moi.

- Non, bien sûr que non... Je peux te les emprunter ?

Je me fige d'horreur en voyant son visage sérieux. Puis, elle explose de rire avant se laisser tomber sur le lit à côté de moi, les larmes aux yeux.

Je la regarde, complètement abasourdie.

- Si t'avais pu voir ta tête ! s'exclame-t-elle en hoquetant de rire.

Je commence à partir dans un fou rire nerveux, ne pouvant me retenir en regardant Sarah se tordre ainsi de rire.

- Tu aimes vraiment lire ça ? la questionné-je, après quelques minutes de rigolade.

- Ça ne me dérange pas tant que ça, tu sais. Je redécouvre des choses, me répond-elle en souriant.

Je souris à mon tour. Ça fait du bien d'arrêter de penser à tous ces problèmes que nous avons. Un pur moment d'euphorie et d'amitié qui fait ressurgir des tas de souvenirs avec mes amis. Je soupire d'aise avant de poser ma tête sur un oreiller. Je vois Sarah bailler discrètement.

- Tu es fatiguée ? je l'interroge en sentant la fatigue me gagner.

- Oui... Ça fatigue de rire ! avoue-t-elle, toujours avec un grand sourire.

C'est incroyable le changement de comportement de Sarah. Dans la Verrière, elle me semblait tendue, presque distante. Alors que là, elle est carrément sympathique. Une bouffée de gratitude envers elle s'empare de moi. Nous rions ensemble comme si nous l'avions toujours fait. Nous parlons de tout et de rien comme si elle avait toujours été là pour moi. Nous nous comprenons comme si nous étions sur la même longueur d'ondes. Je me sens tellement bien avec elle. Elle m'apporte cette touche d'amusement qui me manquait depuis le début de cette aventure. Et ça, c'est un point à ne pas négliger.

- On va se coucher, alors, commencé-je en mettant fin à mes pensées divagantes. Je suis crevée, aussi.

Elle laisse échapper un rire moqueur avant de me balancer un coussin au visage. Je me le prends de plein fouet et ris doucement alors que Sarah s'installe à côté de moi dans le lit. J'appuie sur l'interrupteur à côté de moi et me glisse sous la couette.

- Bonne nuit, lancé-je.

- Fais de beaux rêves, répond-elle en clôturant la conversation.

Quelques minutes plus tard, sa respiration ralentit, signifiant qu'elle s'était plongée dans le sommeil. Sa dernière phrase tourne encore dans ma tête alors que je sombre aussi dans le sommeil.

"Fais de beaux rêves."

Sans que je puisse comprendre pourquoi, tout le contraire s'est produit.








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Et voilà pour ce chapitre ! Il ne s'y passe pas grand chose, mais il fallait bien un chapitre de transition, avant que "l'action" commence... x)
Il est aussi plus court, j'ai été obligée de le couper, sinon il aurait été beaucoup trop long... :/

J'ai vu qu'on pouvait dédicacer les parties ! (enfin je me réveille XD) Ce sera pour cette fois-ci Roserouge123 qui m'a dit des choses tellement gentille que ça m'a marquée... Merci à toi ! Je dédicacerai chaque chapitre, si vous le voulez ! ;)

Bref. Dites-moi ce que vous en avez pensé ! N'hésitez pas à voter et à commenter !

Kami/Sarah maintenant amies ? Sa mère trop fatiguée par son travail ? Que vont faire les deux métamorphes le lendemain ? La réponse au prochain chapitre !
❤️❤️❤️

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