Chapitre 21 : Révélations
- Je vais tout t'expliquer...
Ses yeux sont emplis de désolation et d'une pointe de douleur.
J'attends effectivement une explication, mais je ne peux pas le laisser souffrir.
- Attends, que peut-on te donner pour que tu aies moins mal ?
Je le vois soudainement serrer les dents et fermer les yeux, la traînée rouge sur sa main devenant rouge vif. Il souffle un coup, puis déclare d'une voix trainante en regardant Hakan :
- C'est de l'aconit tue-loup, tu sais quoi faire.
Le visage d'Hakan devient soudain dur et ses yeux fixent Adriel froidement. Il se précipite vers la fenêtre et saute par dessus.
- Hakan ! je hurle.
J'accours vers la vitre, et me penche en avant. Je vois une forme floue partir à toute allure et disparaître dans l'angle de la rue.
Je me retourne vers Adriel, découragée.
Que faire en attendant ?
Ce dernier se tord de douleur sur son fauteuil. Je vais dans la salle de bain, attrape un des verres, mets un médicament anti-douleur dedans, verse de l'eau, et me dépêche de donner le verre à Adriel.
Il boit goulûment jusqu'à la dernière gorgée, sans me demander ce qu'il y avait à l'intérieur.
Il doit vraiment avoir mal. Mais je veux des réponses. Cela lui permettra peut-être d'oublier la douleur.
- Adriel, murmuré-je compatissante. Ça va ?
Il hoche la tête, les yeux fermés. Il souffle un peu, la tête rejetée en arrière. Le médicament à l'air d'avoir fait effet.
- Adriel, j'ai besoin de réponses.
- Et je vais t'en donner, dit-il en ouvrant les yeux.
Il se redresse légèrement sur son large fauteuil.
- J'ai utilisé de l'aconit tue-loup, mais tu te trompes sur son usage. Je sais ce que tu penses, mais je n'ai pas tué la louve que nous avons guérie.
Je hausse les sourcils, surprise. Il attend une réaction de ma part, mais je n'en ai aucune. J'attends juste qu'il poursuive. Ce qu'il ne tarde pas à faire.
- Je me suis servi de l'aconit, pour une simple raison. Tu n'étais pas venue au travail mercredi, alors je me suis inquiété, vu que tu ne m'avais pas appelé pour me dire que tu ne pouvais pas venir. J'ai donc pris une décision un peu débile et dangereuse, mais je ne la regrette pas.
Il fait une courte pause, et choisit ses mots avec soin.
- J'ai utilisé de l'aconit tue-loup pour soutirer des informations à la louve.
Je reste abasourdie devant son explication. C'est possible de faire ça ?
- Comment as-tu fait ? je demande avec doute.
- L'aconit est assez facile à manipuler lorsqu'elle est mélangée avec d'autres produits. En l'occurrence, j'ai utilisé une potion de Vérité, qui appartenait à un sorcier. Sauf qu'elle ne fonctionne que sur les humains. Je l'ai mélangée avec de l'aconit pour que ça marche avec la louve.
- Et comment savait-t-elle où j'étais ? je l'interromps.
- Tu le lui as dit, dit-il en souriant.
- Quoi ? Mais ce n'est pas possible, puisque moi-même je ne savais pas que ce rocher existait !
- Je ne sais pas comment tu as fait, soupire-il en secouant la tête, mais elle me l'a dit. Tu étais au rocher. Mais quand j'ai voulu partir, la louve a renversé le reste du mélange sur ma main. Et voilà le résultat.
Il montre sa main d'un signe de tête sa main.
- Mais cela remonte à plusieurs jours. Nous sommes samedi maintenant. Tu n'as pas eu mal avant ? je le questionne.
- Non, les effets de l'aconit arrivent bien plus tard. Et je croyais l'avoir retiré de ma main avant que ça ne me provoque une réaction, ajoute-t-il avec une grimace de douleur.
Je jette un coup d'œil à ma fenêtre. Hakan ne devrait plus tarder, maintenant.
- Donc, tu n'as pas tué la louve ? je réalise, enfin.
Il hoche doucement la tête, en fermant les yeux.
- Comment tu t'y es pris, pour lui injecter le produit ? Ça reste du poison, non ?
- Effectivement, cela reste du poison. Mais comme je te l'ai dit, je l'ai mélangé à un autre produit, qui a eu comme effet "d'annuler" en quelque sorte le poison. J'aurais dû l'injecter dans les veines, mais je n'ai pas pu m'y résoudre. S'il y avait eu un quelconque risque, je ne voulais pas faire du mal aux louveteaux dans son ventre. Ni à elle, d'ailleurs. Je lui ai déposé quelques gouttes sur la langue, et ça a fonctionné de la même manière.
- La louve n'a pas eu de séquelles, du coup ? je demande tout à coup.
- Non, ne t'inquiète pas, elle va bien.
- Je veux la voir, déclaré-je d'une voix décidée.
Il sourit, et me répond, légèrement ironique :
- Je t'aurais bien emmenée, mais là, tout de suite, ça ne va être possible.
Je lève les yeux au ciel, excédée.
Comme si je ne le savais pas ! je pense.
- Au fait, elle t'a laissé l'approcher ? dis-je en changeant de sujet.
- Pas vraiment, non, se renfrogne-t-il. J'ai dû l'obliger à me laisser l'atteindre.
Je n'ose même pas demander comment il s'y est pris. Elle va bien, c'est tout ce qui compte.
- Tu étais vraiment déterminé à me retrouver, alors, ricané-je.
Ses yeux, s'emplissant du plus grand des sérieux, se plantent soudainement dans les miens, et luisent d'un éclat que je ne connaissais pas chez lui.
- Tu ne peux pas savoir à quel point.
Un raclement de gorge retentit derrière moi. Je me retourne, légèrement perdue.
- C'est bon, j'ai ce qu'il te faut, déclare Hakan.
Il sort une petite boîte en bois venant de sa poche de son manteau en cuir, et l'ouvre. La boîte fait moins de dix centimètres, et il n'y a rien dedans.
- Qu'est-ce que tu vas faire avec ça ? Elle est vide ! je demande, sceptique.
- Tu ne la vois pas comme moi.
Je le regarde, ahurie. Que veut-il dire par là ?
- Ne bouge pas.
D'un geste, il lève son bras, et me jette une poudre blanche au visage. Je tousse et secoue les mains devant mon visage. La poudre à un goût âcre et froid sur ma langue.
- Qu'est-ce qu'il te prend ? grogné-je, coléreuse.
J'essuie le reste de poudre devant mes yeux, et fixe la boîte que tient Hakan.
Elle n'était pas en bois ? Et puis, elle était vide, non ?
- Tu m'as fait prendre de la drogue ou quoi ? J'hallucine, là ?
Il sourit, et me répond, narquois :
- Non, je ne t'ai pas droguée.
La petite boîte de dix centimètres en a pris dix de plus. Je remarque désormais que c'est un petit coffre peint d'une jolie couleur rouge rubis. A l'intérieur, de petites compresses vertes se chevauchent, collées à de petites fioles contenant des liquides plus ou moins transparents.
- Comment est-ce possible ? murmuré-je, effarée.
Hakan s'approche d'Adriel, pose sa boîte sur le sol, et commence à prendre les petites compresses.
- La poudre que je t'ai lancée, est de la Poudre de Lune. Elle est récoltée les soirs de pleine Lune. Ce sont les rayons de la Lune, transformées en poudre. Ses vertus sont assez efficaces. Elle sert à beaucoup de choses, comme par exemple, éclairer l'esprit de quelqu'un.
- C'est à dire ? je demande, toujours aussi stupéfaite.
- Je t'ai fait "ouvrir les yeux", répond-t-il en déposant les compresses sur la trainée rouge d'Adriel. Tu la voyais autrement, non ? C'est une ruse, un trompe-l'œil. Ces coffres sont très difficiles à confectionner. Cependant, chaque Midas a la sienne. Tu peux y ranger tout ce que tu veux.
- Pas tout, je rétorque. Elle reste tout de même petite.
Hakan prend une des petites fioles.
- Oui, mais ça aussi c'est un leurre. Tu n'as vu que les compresses et les fioles, parce que c'est moi qui l'ai décidé ainsi. C'est ma boîte, c'est moi qui décide.
Il débouche une des fioles, et la verse le contenu sur les compresses, ces dernières prenant une teinte vert foncé au contact du liquide.
Je reste ahurie devant son explication. Je n'arrive toujours pas à croire que c'est possible.
- Comme le sac d'Hermione, dans Harry Potter ?
J'ai vraiment besoin de faire une comparaison pour mieux m'y retrouver.
- Oui, si on veut, sourit Hakan.
Adriel ne parle plus. Ses yeux sont fermés, et la peau de son visage est blanche. Il est avachi sur la chaise, son bras boursoufflé entre les mains d'Hakan. Ce dernier enroule un bandeau adhésif autour des compresses humides.
- Il vaudrait peut-être mieux que vous rentreriez, non ?
Hakan range la fiole dans son coffre, se tourne vers moi.
- Non. Je t'avais promis de tout te raconter vendredi, et je n'ai pas tenu ma promesse. Donc, il hors de question de repousser ces explications. Surtout avec ce qui se passe en ce moment...
- Qu'est ce qui se passe en ce moment ? je demande.
Il me lance un regard plein de sérieux, et me prend la main.
- Viens.
Il m'entraîne jusqu'au lit, et nous nous asseyons côte à côte.
- Je vais commencer par la base, déclare-t-il d'une voix décidée.
Enfin... enfin des réponses.
- Il existe deux tribus de métamorphes à Laruns : les Noths et les Midas. Adriel et moi faisons partie des Midas.
Je jette un coup d'œil à Adriel. Il est complètement affalé sur l'un des accoudoirs et dort profondément.
- Avant, commence Hakan d'une voix froide, il n'y avait qu'une seule tribu. Unie et forte. Mais ça, c'était avant qu'un homme bouleverse tout. Il était jeune à l'époque, et avait beaucoup d'emprise. Certains le considéraient idéaliste, et révolutionnaire. D'autres le croyait fou et sadique. Car oui, cet homme a fait des choses horribles, il a créé des guerres, qui ont tué plus de cinq cents métamorphes dans le monde entier. Tout ça pour une chose : le pouvoir. C'était ce qu'il désirait le plus. Mais pas seulement. Il voulait créer une nouvelle espèce de métamorphe, en combinant le pouvoir d'autres créatures fantastiques. Il prenait le temps d'écorcher vifs, d'injecter des poisons, tester et faire souffrir tout ce qu'il y avait de vivants autour de lui, finit Hakan avec répugnance.
Je reste sans voix.
- C'est horrible ! je m'exclame soudain, attristée.
- Mais le pire dans tout ça, c'est qu'il a réussi à se faire obéir. Il a confectionné une armée de partisans qui le prenait pour un roi. L'ancienne tribu, les Unez, s'est trouvée divisée en deux parties : les Midas et les Noths. La première, sont ceux qui se battent contre l'idée d'une nouvelle espèce, et veulent continuer à vivre comme des métamorphes normaux. La seconde, les partisans de ce monstre qui ont cru en ses discours de fou.
Il me laisse un peu de temps pour assimiler ses informations. Je souffle un coup et observe Hakan. Sa mâchoire est contractée, ses yeux fixent le sol, et une veine tressaute dans le creux de son cou. La colère est présente.
- C'est donc comme ça que sont nés les tribus, je murmure.
Il poursuit, comme si il ne m'avait pas entendue, d'une voix coléreuse :
- Comment les gens peuvent s'allier à lui ! C'est un monstre. Il ne faut jamais croire ce qu'il nous dit. C'est un menteur.
Il a l'air d'attacher une importance particulière à ses paroles, comme s'il essayait de se convaincre lui-même. Je crois percevoir un léger tremblement dans sa voix.
- Les personnes qui sont avec lui sont naïves. Cet homme dit des tas de choses, toutes plus fausses que les autres.
Il se tourne brusquement vers moi, les yeux fous.
- Promets-moi une chose. Si jamais tu le rencontres...
- Je ne sais même pas à quoi il ressemble, je l'interromps, choquée par la colère sur son visage.
- Ne t'inquiète pas, tu sauras qui il est quand tu le verras. Je veux que tu me promettes, ne crois jamais ce qu'il te dit, peu importe qui il est par rapport à toi.
Sa fin de phrase capte mon attention. Comment ça, "par rapport à moi" ?
- Pourquoi tu veux que je te promette ? Ça n'a pas de sens, dis-je en secouant la tête.
- Promets-le. Il le faut avant que je te dise la suite.
Je le regarde en écarquillant les yeux. Je ne l'ai jamais vu aussi paniqué et en colère que maintenant.
- Je te le promets, dis-je d'une voix décidée, en lui prenant la main.
Il la serre doucement, et poursuit, une pointe de tristesse dans la voix :
- Les gens lui donnaient un surnom, ayant trop peur de l'appeler par son prénom. Ce surnom est resté.
Il me serre la main, comme pour me prévenir qu'il s'apprête à lâcher une bombe.
- On le surnomme : Le Monstre. Mais son surnom le plus courant est : Le Monstrueux Deland.
Je le regarde, bouche bée.
- Mais, ça veut dire qu'il... bégayé-je.
- Oui, Kami. Il fait partie de ta famille.
Il me regarde dans les yeux, une profonde compassion se lisant dans ses grands iris marrons-rouges.
C'est à ce moment que je comprends.
- Mais, il est...
- Oui, encore vivant. Et a environ plus de quarante ans.
Je lâche sa main, et la porte à mes lèvres. Ça y est, il l'a lâchée, sa bombe.
- Je suis désolé, Kami. Tu devais le savoir.
- Ce n'est pas possible, sangloté-je. Il ne peut pas...
- Je sais, j'aurais préféré qu'il soit mort, moi aussi.
Des larmes dévalent mes joues. Je me lève, les jambes tremblotantes. Il me faut un verre d'eau.
Hakan se lève à son tour, et me prend dans ses bras.
- Tu dois le dire à voix haute, j'ai l'impression que rien n'est vrai, que c'est un cauchemar, dis-je en laissant les larmes couler.
Il me serre fort contre lui, et déclare d'une voix sombre :
- C'est ton père. Le Monstrueux Deland est ton père.
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Alors, tout d'abord, je m'excuse pour cette longue absence. Je n'ai plus trop le temps d'écrire en ce moment...
Donc, pour l'instant, et je suis désolée, mais le rythme des publications va être assez irrégulier. J'essaierai de poster au moins toutes les deux semaines ! ;)
Enfin bref, merci d'avoir lu ce chapitre ! Commentez ! J'aime connaître vos ressentis ! :)
La louve est donc vivante ? Comment a-t-elle su où était Kami ? Adriel ira-t-il mieux ? Le père de Kami est vivant ? Et en plus de ça, c'est un meurtrier ?
Des éclaircissements au prochain chapitre !
❤️❤️❤️
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