Chapitre 18 : Les Brumeurs

Je lui attrape la main, et ensemble, nous sautons.

J'atterris lourdement sur mes jambes, lesquelles lâchent sous mon poids.
Adriel, quant à lui, atterrit souplement sur ma pelouse, et fait plusieurs roulades avant de se relever.

J'étouffe un soupir.
Je me lève en me frottant le dos.

- T'es un malade, toi !

Je grogne et vérifie d'un geste si ma queue n'est pas abîmée. Apparemment non.
Adriel me sourit et me répond, les yeux rieurs :

- C'est bon, tu n'allais rien avoir de toute façon !

- Comment ça ? Je guéris toute seule ?

Il lève les yeux au ciel, et s'élance vers la route.

- Attends-moi, m'écrié-je.

Je me dépêche de le rattraper, et arrivée à sa hauteur, je pose une question. Plusieurs même.

- Où est Hakan ? Que se passe-t-il ? Comment sais-tu qu'il a des problèmes ? Et comment as-tu fait pour rentrer chez moi ?

Adriel s'engage sur la route, le bitume brillant sous le soleil couchant.
Il me répond, sans perdre son calme :

- Je ne sais pas où il est, je sais juste qu'il s'est fait enlevé. Les fenêtres existent pour entrer chez les gens.

Je m'immobilise face à cette dernière phrase.
Oui, bien sûr ! Tout le monde passe par les fenêtres, c'est bien connu !

- Enlevé par qui ? je reprends en le rattrapant une nouvelle fois.

Nous arrivons rapidement près de la forêt.

- Je ne sais pas, m'avoue-t-il en baissant la tête.

Je ne comprends rien. Comment sait-il que Hakan s'est fait enlevé, alors ?

- Bon, viens.

Il se faufile entre les arbres, avec la grâce d'un chat. Tandis que moi, j'essaie surtout de ne pas me faire distancer.

- On est bien trop lent, murmure-t-il.

Il s'adosse à un arbre, et enlève son t-shirt.

- Heu, tu fais quoi là ?

Il s'attaque désormais à enlever ses chaussures.

- On n'est pas assez rapide. Il faut se transformer.

Abasourdie par sa réponse, je le regarde déboutonner son pantalon, et l'enlever.

- Mais, je ne sais pas faire, moi !

Il est bien gentil, lui ! Je ne connais même pas mes capacités, et il veut que je me transforme ? Non, mais je rêve !

- Pas toi ! Moi. Tu vas monter sur mon dos.

Il jette ses habits au pied de l'arbre sur lequel il se tenait, et expire fortement.

Le voir avec aussi peu de vêtements me déstabilise, mais je n'en montre rien.
Je concentre mon attention sur lui.

Ses abdominaux se contractent, et il sert les poings. Des poils roux poussent sur son corps.
Il se retrouve à quatre pattes, désormais couvert d'une fourrure rousse. Sa tête s'agrandit, son nez s'allonge, des oreilles apparaissent.
Tout ceci s'est passé en moins de cinq secondes.

Un immense loup roux se tient en face de moi. De loin, on pourrait dire qu'il fait la taille d'un loup normal, mais de près, ce n'est pas le cas. Ses épaules arrivent au niveau de mon nombril.

Deux grands yeux oranges se lèvent vers moi. Il me désigne d'un signe de tête son dos, et il se couche par terre.
Il ne me faut pas longtemps pour comprendre. Je me hâte de monter sur sur sa colonne vertébrale. J'agrippe avec appréhension ses poils. Mes pieds ne touchent même pas le sol, à ma grande surprise.

Il se lève, et secoue légèrement sa tête. Puis, s'en prévenir, il s'élance au triple galop vers les montagnes rocheuses qui se tiennent fièrement dans le lointain.

Secouée par ce brusque départ, je me contracte, et me plaque en avant, la tête posée sur son doux pelage.

Je n'aurais jamais dû monter sur son dos. J'aurais dû refuser. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Mais, je me sentais obligée, comme si une force me disait d'y aller, de ne pas prendre peur. Comme si c'était normal.

Je me décontracte et me rassois sur son dos. Il avance extrêmement vite. Beaucoup trop vite. Les arbres se succèdent, les uns après les autres, de plus en plus flous.

Une sensation d'euphorie se propage dans mon corps, jusqu'au bout de mes doigts. C'est tellement grisant ! Être lancée à vitesse si fulgurante, m'a fait perdre tous mes moyens. Mais maintenant, se dire que je vais actuellement plus vite qu'une voiture de course, c'est juste indéfinissable comme émotion. Je n'exagère pas lorsque je dis que je vais plus vite qu'un bolide. Nous allons si vite, que j'en ai les larmes aux yeux.

Adriel s'arrête brusquement. La truffe en l'air, il semble avoir senti quelque chose.

Un flot de paroles incompréhensibles me parviennent. Mon cerveau assimile automatiquement ce que cela signifie : Danger.

- Cache-toi, chuchoté-je à Adriel.

Il ne proteste pas et se dissimule derrière des buissons épais. Je me laisse glisser au sol.

Quelques secondes après, des nuages noires semblables à celui qui avait blessé Léo surgissent d'entre les arbres.

Leurs mots sans-queue ni-tête résonnent dans l'air froid de la nuit. Ils se mettent en cercle, leurs têtes tournées vers l'intérieur. En son centre, un homme, avec les mains attachées devant lui, se tient fièrement.
Hakan.

Je me tourne vers Adriel, qui est toujours sous sa forme de loup, et l'interroge en murmurant, d'une voix inaudible.

- Des Brumeurs ?

Il dodeline de la tête, son regard grave posé sur Hakan. Ce dernier prend la parole.

- Je vous dis que je ne veux pas.

De là où je suis, je le vois plutôt détendu. Ce type est malade !

Personnellement, si j'ai ces trucs qui m'entourent, je chercherai au moins à fuir. Lui non. Il a forcément une idée derrière la tête.

Un Brumeur se détache soudainement du lot. Il s'approche d'Hakan en laissant des bribes de fumée derrière lui. Il commence à tendre la main pour toucher Hakan.

Je sens Adriel se tendre à mes côtés.
Hakan recule brusquement, esquivant son geste.

- Je sais que tu m'aimes, mais là, ça va beaucoup trop vite entre nous.

Son arrogance me fera toujours serrer les dents. Comme si c'était le moment de nous en faire profiter !

D'un seul geste, tous les Brumeurs sortent leurs épées. Exactement les mêmes que la dernière fois.

Hakan lève les mains en signe d'apaisement, mais cela ne fait qu'accentuer leur méfiance.

- C'est bon, un peu d'humour ne fait pas de mal.

Je reste admirative devant son culot. Moi, je suis incapable de faire ça. Hormis dans les situations critiques, comme dans le tunnel avec Adriel, quand je l'avais fait tourner en bourrique.

Leurs paroles -que je ne comprends toujours pas- envahissent une nouvelle fois les bois, mais seul Hakan à l'air de les écouter attentivement.

Je le vois secouer négativement la tête, puis déclarer d'une voix décidée :

- Je vous ai dit que je ne voulais pas.

Ils se taisent brusquement, et lèvent leurs épées.

J'ai dit que je n'avais du culot que dans les situations critiques ? Eh bien, s'en est une.

- Fais-moi confiance, et surtout, intervient au bon moment, chuchoté-je à Adriel.

Je pousse les buissons, et m'approche du cercle. Le bruissement que j'ai créé en sortant de ma cachette a attiré toute l'attention sur moi. Bien, exactement ce que je voulais.

- C'est bon, laissez-le. Ça ne sert à rien de le forcer à faire quelque chose qui ne veut pas faire, dis-je avec indifférence.

Hakan est complètement choqué. Ses sourcils sont haussés au maximum, et ses yeux se sont agrandis en me voyant.

- Tu ne devrais pas être là, siffle-t-il entre ses dents.

- Merci pour cette accueil chaleureux.

Je me rapproche un peu plus du cercle, cachant ma peur grandissante.

J'ai un plan, mais je ne sais pas comment m'y prendre. Je voudrais invoquer la voix qui m'avait permis de stopper le Brumeur qui voulait tuer Léo.

Comment faire ?
J'implore mentalement de l'aide, mais le temps est compté. Il faut que je fasse quelque chose.

- Qu'est ce que vous lui voulez ?

Le Brumeur le plus près de moi pointe son épée sur moi. Le bout cisaille légèrement mon vêtement.

- C'est bon, du calme.

Je lève les mains pour montrer que je n'ai pas d'armes, mais cela ne fait rien. Il enfonce désormais le bout de son épée dans mon ventre. Je retiens une grimace de douleur en sentant le sang couler légèrement sur mon t-shirt.

Approche-toi de lui, et touche-le.

Merci encore une fois, Victor.
En un éclair, je baisse l'épée avec ma main, et tends l'autre sur l'épaule du Brumeur.

J'ai juste le temps d'entendre Hakan crier avant que les sons soient étouffés.

- Ne fais rien de stupide ! hurle-t-il.

Je n'entends plus rien. Les gestes autour de moi se déroulent au ralenti.
Je vois juste le Brumeur lever ses deux prunelles jaunes emplies de surprise, puis la voix résonne dans ma tête. Ma voix résonne dans nos têtes.

- Disparais.

Ma main retombe lourdement lorsque le Brumeur s'évapore. La suite se passe beaucoup trop vite.

Tous les Brumeurs se précipitent sur moi. Adriel sort à cet instant des buissons. Je le vois courir vers moi, se baisser et passer entre mes jambes. Oui, il passe entre mes jambes, mais en même temps se relève. Je me retrouve donc sur dos, à l'envers qui plus est.
Je serre automatiquement mes mollets, histoire de me stabiliser.

- Plus vite ! je hurle à Adriel en voyant les Brumeurs voler après nous.

Hakan commence à courir à nos côtés, aussi rapide que lorsqu'il était intervenu dans le tunnel. Je ne le vois pas nettement, ses mouvements sont trop vifs.

- Allez-y ! Je les occupe ! nous crie Hakan.

- Non ! je m'égosille.

Mais c'est trop tard, je le vois s'engouffrer entre les arbres, à notre gauche. J'ai juste eu le temps de le voir, se jeter à quatre pattes, et d'apercevoir une queue disparaître entre les feuilles.

Adriel et moi, on vient pour le sauver, et lui, il se jette dans la gueule du loup. Et c'est le cas de le dire.

Je me remets dans le bon sens, et mon regard se pose sur la tête d'Adriel. Il n'y bouge plus pendant tout le trajet.
Adriel s'arrête enfin au bout d'environ une heure. Il se couche près de l'arbre où sont ses vêtements, et je descends.

Il prend ses habits dans sa gueule, et part se changer derrière un arbre, un peu plus loin.

Pendant ce temps, je me sens vidée, absente. On n'a pas eu de nouvelles d'Hakan. Je m'inquiète sérieusement.
Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Qu'est ce que les Brumeurs auraient-t-ils pu lui faire ?

Beaucoup trop de questions se bousculent dans mon crâne, et me font devenir dingue. Il me faut des réponses !

Je m'assois sur le sol, et pose les mains sur mon visage. Je baisse la tête, fixant mes doigts. Il faut que je réfléchisse.

Plusieurs secondes plus tard, une légère pression apparaît sur mon épaule.

- Laisse moi encore un peu de temps, s'il te plait, m'adressé-je à Adriel en restant dans la même position.

Un silence. Puis une voix le rompt.

- Bah, dis donc ! Si j'avais su que je te mettrais dans un état pareil !

Je redresse soudain la tête. Ce n'est pas possible ! C'est lui !

Je me lève pour confirmer mes doutes. Il est là. Il se tient en chair et en os devant moi. Son sourire éclatant rien que pour moi. Je me précipite vers lui, et me jette dans ses bras.

D'abord un peu surpris, il ne réagit pas, puis me rends mon étreinte.

- Ne me refais plus ça, espèce de débile ! sangloté-je.

Il me repousse un peu, puis me lance un regard interrogateur.

- C'est toi qui dit ça ! Tu crois que c'était intelligent d'aller voir les Brumeurs comme ça ! dit-il en secouant la tête.

- Oui, parce que sans moi, tu y serais encore, dis-je en essuyant mes larmes.

- Ne dis pas n'importe quoi.

Il me serre un peu plus dans ses bras, et je l'entends souffler de soulagement.

- Tu ne sais pas ce qui aurait pu t'arriver, murmure-t-il dans mes cheveux.

- Non, je ne le sais pas, et j'aimerai que tu m'expliques ce que je dois savoir, s'il te plait.

- Pas maintenant, râle-t-il en resserrant sa poigne.

Notre étreinte dure encore quelques secondes. J'ai tellement eu peur pour lui. S'il lui était arrivé quelques chose, je ne m'en serais jamais remise.

Un craquement se fait entendre à quelques mètres, et une odeur de vanille envahit l'air.

- Adriel arrive, je murmure près de son oreille.

Il se détache brusquement de moi, laissant un bon mètre d'écart entre nous. Il me regarde avec étonnement.

- Ton ouïe s'est énormément développé !

Je regarde par terre en haussant les épaules.

- Mon odorat aussi. C'est normal ?

Il me regarde avec perplexité. Adriel sort de derrière un rideau de feuilles, habillé.

Je reporte mon attention sur Hakan, constatant que lui aussi est habillé. Ses vêtements semblent tout de même un peu usés, un vieux jean et un t-shirt noir poussiéreux.

- Comment as-tu réussi à trouver des vêtements ? je l'interroge en haussant les sourcils.

Il sourit, et ses yeux semblent se perdre dans une scène qu'il est le seul à voir.

Il me répond enfin, après quelques secondes de flottement :

- À une certaine époque, avec une des personnes que je connaissais, on s'amusait à cacher certains vêtements dans les différentes parties de la forêt. Des endroits cachés, et à l'abri de l'humidité. On devait essayer de retrouver où avait été caché les habits que l'autre avait dissimulé. C'était une bonne partie de ma vie, dit-il avec nostalgie.

Il ajoute d'une voix de nouveau froide :

- Je suis retourné dans une de mes anciennes planques.

Je n'insiste pas. Lui parler de ce souvenir le blesse. Je change rapidement de conversation.

- Tu nous expliques comment tu t'es fait kidnappé ?

Il semble avoir un instant de réflexion. Puis, ses yeux se perdent dans le vague.

- Je ne sais pas, avoue-t-il.

Puis, un éclat de rage rallume ses prunelles.

- Il me l'ont volé ! s'écrit-il.

Du coin de l'œil, je vois Adriel serrer les poings.

- Voler quoi Hakan ? demandé-je, un peu perplexe.

- Allons Kami, à ton avis ? crache-t-il.

Ce brusque changement de comportement me fait sursauter. Il se met à faire les cents pas.

- Je ne sais pas, dis-je légèrement apeurée.

Il s'arrête, se rendant compte du ton qu'il a pris.

- Désolé, marmone-t-il.

Il fait une courte pause, et reprend ses esprits.

- Ils m'ont pris un souvenir. Les Brumeurs sont réputés pour savoir faire ça. Ils peuvent t'effacer un ou plusieurs souvenirs, sans que tu t'en aperçoives.

J'acquiesce de la tête, dubitative.
Et s'ils m'avaient déjà pris un souvenir ?

- À moi, maintenant, dit Hakan, comment as-tu fait pour en faire disparaître un ?

J'écarquille les yeux de surprise. Je ne m'y attendais pas à celle-là.

- En plus, rajoute Adriel, tes yeux ont brillé. Pour la première fois en plus, non ?

Je ne sais pas quoi répondre, hormis une chose.

- Oui, c'était la première fois.

- Non, me contredit Hakan, la première fois, c'était quand tu as sauvé Léo.

Je fronce les sourcils d'incompréhension. Pourquoi il ne me l'a pas dit ?

- De quelle couleur sont-ils ?

C'est la seule chose d'à peu près censé à laquelle j'ai pensé.

C'est Hakan qui me répond. Ses yeux sont plantés dans les miens.

- Bleu. Bleu très clair.

- Et phosphorescent, ajoute Adriel avec un clin d'œil.

Je souris. C'est logique qu'ils soient bleus, mes yeux sont de cette couleur au naturel.

Je lève la tête en sentant une goutte s'écraser sur mon front.

- La pluie commence à tomber, on ferait mieux de rentrer.

J'étouffe un cri d'effroi.
J'aurai dû rentrer il y a longtemps. Ma mère a été claire sur ce sujet. C'est fini les sorties, sans prévenir, tard le soir.

- Il faut que je me dépêche de rentrer chez moi, ou sinon je vais être privée de sorties pendant des mois !

Je commence à partir, mais une main se referme sur mon bras.

- Je vais venir avec toi. Si jamais tu croises un Brumeur.

Hakan m'emboite donc le pas. Je m'arrête soudainement. Et Adriel ?

- Adriel ? Tu pourrais venir ? Comme ça vous rentrerez tous les deux.

Il approuve et nous nous mettons en marche. Ça me rassure qu'on soit tous ensemble.

L'union fait la force, ne l'oublie jamais.

Même si cela est très joliment dit, Victor n'intervient que dans les moments cruciaux. C'est une mise en garde, j'en suis sûre.

Nous faisons le reste du trajet en silence.

Arrivés dans ma rue, je constate qu'il y a une autre voiture garée à côté de la mienne.

Une fois devant le perron, je m'apprête à rentrer et dire au revoir à mes amis, lorsque la porte s'ouvre, et laisse apparaître ma mère bien énervée et prête à me sermonner.

Mais lorsqu'elle voit Adriel et Hakan, elle sourit de toutes ses dents, et ouvre grand la porte.

Ce geste me permet de jeter un coup d'œil à l'horloge. Onze heures.

- Kami ! Toi aussi tu as amené des amis ?

C'est à ce moment là que je me rends compte que ma mère est trop bien habillée pour un vendredi soir à la maison. Un chignon haut, et plusieurs bijoux parcourent ses bras et ses doigts.
Mais le pire, c'est qu'elle n'est pas seule. Derrière elle, se tient un homme grand et souriant. Mais ce n'est pas sa tête qui capte mon attention.

Ce sont ses chaussures.
Deux grosses bottes noires.








●●●●●●●●●●

Je suis vraiment désolée pour ce retard ! J'étais un peu débordée... :(
Enfin bref, n'hésitez pas à commenter et à me faire part de votre avis ! ;)
La rencontre avec le beau-père ? Que veulent les Brumeurs à Hakan ?
Celui qui se souvient des "grosses bottes noires", a vraiment une bonne mémoire ! ^^
Pour ceux qui ont un doute, relisez la fin du chapitre 8 ! ;)
♡♡♡

●●●●●●●●●●

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top