Chapitre 16 : Adriel
- Adriel.
Je suis tellement choquée de le voir là, que je ne bouge plus.
Que fait-il ici ? Comment m'a t-il retrouvée ? Savait-il que j'étais là ?
Tant de questions se bousculent dans ma tête, mais je décide de cacher mes émotions avant qu'elles ne se peignent sur mon visage, même si c'est compliqué. Je déclare d'une voix froide :
- Qu'est ce que tu fais ici ?
Ma super vue zoome sur son corps, nonchalamment prostré contre la paroi.
- Et toi, que fais-tu ici ?
Sa question me prend tellement au dépourvu que je chancèle un peu.
Je garde néanmoins mon masque d'impassibilité, et lui rétorque :
- Comment tu m'as trouvée ?
Il se redresse et commence à marcher vers moi.
Ma super vue se retire, et je remarque qu'il est à environ vingt mètres de moi, se rapprochant un peu plus à chaque seconde.
- Tu as une odeur bien particulière.
Je reste ahurie devant cette phrase.
Comment ça une "odeur particulière" ?
Mais, au lieu de lui poser cette question, je prends la peine de retenir le ton de sa voix. Elle n'a plus rien de joyeuse ou d'amicale.
- Que veux-tu ?
À mon tour d'être froide.
- Juste te poser des questions, répond-t-il, arrivant dangereusement vers moi, à dix mètres de distance.
C'est avec difficulté, que je plisse les paupières, en ayant vu deux éclats oranges attirer mon attention.
Ses yeux, luisent dans l'obscurité du tunnel, comme deux topazes oranges.
- N'approche pas ! je hurle.
Il s'arrête d'un coup, et me scrute de ses yeux colorés.
- Pourquoi ?
Une lueur de perplexité demeure ancrée dans ses yeux, mais il y a autre chose, je dirais du défi.
Mais, d'un côté, il a raison. Pourquoi ai-je peur de lui ? Ce n'est pas comme s'il allait se jeter sur moi pour me soutirer des informations, si ? Si.
Il serait capable. Je ne le connais presque pas, il vaut mieux me méfier de lui.
Je décide donc de reculer lentement, sans qu'il ne s'en aperçoive.
- Ne t'approche pas, c'est tout. Pas avec ces trucs là, en tout cas, dis-je en désignant ses yeux.
Il sourit, et secoue la tête en fermant ses paupières. Ils reprennent leur couleur marrons orangé habituelle.
- Tu n'as pas répondu à ma question, que fais-tu ici ? dit Adriel, en marchant ver moi, ne laissant qu'un mètre d'écart.
Je souffle pour me calmer, et décide de faire mon enquiquineuse.
- Toi non plus, tu n'y as pas répondu.
Un froncement de sourcils de sa part, et je me retiens de lâcher un cri de joie. Ma ruse fonctionne. J'en profite pour faire un pas en arrière.
Ce n'est pas qu'il me fasse peur, mais il paraît dangereux, et il a l'air d'avoir une dent contre moi.
- De quoi tu parles ?
Je dirais presque qu'il est perdu. Presque. Il a gardé une lueur féroce dans le regard.
Je sais que ce n'est pas une bonne idée de le mettre en colère, mais j'y suis obligée.
- Je te parle de ma question.
Il commence à taper du pied, et à s'énerver.
- Quelle question ? crache-t-il, rageur.
Je refais un pas en arrière. Je veux absolument m'éloigner de lui, et aller chercher de l'aide pour le maîtriser, parce là, il est devenu rouge de rage.
- Celle que je t'ai posée.
Je vois qu'il veut vraiment se jeter sur moi, comme je le redoutais. Mais, encore un peu de sang-froid le parcourt, et il déclare d'une voix posée :
- Tu peux la répéter ?
J'hésite sérieusement entre arrêter de le faire tourner en bourrique et partir en courant, ou continuer et attendre de l'aide.
Continue, quelqu'un arrive.
Victor ! La voix que je suis la seule à percevoir est de retour !
Je suis tellement heureuse de l'entendre. Apparemment, il veut mon bien. Donc, je vais l'écouter.
- Non, tu as oublié le mot magique.
Je vois ses yeux devenir orange, et je sais que le jeu est terminé.
- Arrête de faire la débile.
Sa voix est dure, et gronde comme le tonnerre lorsqu'il parle.
Il reprend, s'approchant de moi, détruisant mon travail d'éloignement.
Il faut que je trouve un moyen de faire passer encore un peu le temps.
- Sérieusement, pourquoi es-tu ici ? dis-je.
J'ai vraiment besoin de savoir.
Il répond en souriant, sa voix et ses yeux redevenus normaux.
- Voilà, tu vois quand tu veux. Mais, c'est moi qui pose les questions.
Il réduit la distance qui nous sépare, mêlant son souffle au mien.
- N'essaye pas de t'enfuir. Que fais-tu chez Maya ?
Ses yeux me captivent. Ils étaient oranges. Cela prouve que c'est un métamorphe, du moins une créature magique.
- J'apprends à contrôler mes pouvoirs, et toi ?
Je ne lui ai dit que la demi-vérité.
Je suis aussi ici pour en apprendre un peu plus, sur mon nouveau moi.
- Je suis venu te chercher.
En un éclair, je recule d'un pas, mais il est plus rapide, et me saisit le poignet.
Je lutte en tirant, mais il me traine vers la sortie. Je me défends comme une furie. Je tape de ma main restante, je donne des coups de pied, saute, tout en essayant de revenir sur mes pas, vers l'Antre.
Il me tire d'un coup sec vers lui, et je me retrouve dans ses bras. Le parfum habituel m'assaillent les narines. Boisée, mais contrairement à d'habitude, j'en sens un autre. En me concentrant un peu, je creuse plus profondément dans ma mémoire, en essayant de mettre un nom sur cette odeur.
~~~
Cela remonte à plusieurs années, lorsque j'aidais ma tante dans son salon de toilettage. Je me souviens avoir malencontreusement renversé un produit sur moi, et ma tante s'était tout de suite inquiétée. Elle m'avait dit précipitamment :
- Ne touche pas à ça Kami, laisse-le se renverser. C'est un produit toxique.
Je me souviens aussi de cette odeur poivrée, qui m'avait fait retrousser les narines.
J'avais posé une question, tout en fixant la substance violette claire, couler de mon manteau.
- Qu'est-ce que c'est ?
Ma tante m'avait alors aidée à enlever mon blouson, et m'avait répondu en tenant mes deux mains dans les siennes :
- Une plante très toxique mélangée avec un médicament. Les deux créent ce produit. Si tu le touches, tu vas te perforer la peau.
Elle avait mis des gants épais, et avait nettoyé la table.
- Quelle est le nom de cette plante ?
Ma tante avait arrêté sa tâche, et m'avait regardée droit dans les yeux.
- De l'aconit. Ne touche jamais à cette plante.
~~~
Je tire de toutes mes forces, et arrive à me dégager des bras d'Adriel.
- Qu'as-tu fait ?
Je me retourne vers lui, et attends sa réponse.
Bizarrement, je n'ai plus peur, c'est tout le contraire même. Je suis dans une rage folle.
- Qu'as-tu fait avec de l'aconit ?
Il écarquille les yeux, et entrouvre légèrement la bouche.
Ses yeux, expriment de la surprise, mais peu de temps après laissent place à de la désolation.
C'est en voyant cette émotion que je replonge une nouvelle fois dans mon passé.
~~~
J'avais tapé sur internet des recherches, pour savoir qu'elle était cette fameuse plante.
Quelques noms s'étaient détachés sur la page web, mais il n'y en avait qu'un seul qui était ressorti, beaucoup plus présent que les autres :
Aconit tue-loup.
~~~
Automatiquement, je repense à la jolie louve aux yeux ambrés.
- Qu'est ce que tu lui as fait ? Qu'est ce que tu as fait à la louve ?
Il baisse la tête, et se prépare à répondre, mais je ne lui en laisse pas le temps.
Je me jette sur lui, une force nouvelle émergeant des tréfonds de mon âme.
Je le pousse violemment, m'accrochant à lui. Nous roulons ensemble sur plusieurs mètres, les épines de pin parsemant le sol s'accrochant à nos vêtements.
Je suis littéralement enragée. Il l'a tuée.
Il a tuée la louve enceinte.
Des larmes de désespoir me font lâcher prise. Je lâche Adriel, le laissant se relever pour mieux le faucher.
J'essuie mes larmes, et me remets en position de combat.
Adriel, debout, me regarde, toujours aussi désolé.
- Je...je peux t'expliquer, je n'avais pas le choix, pour te...
- Tais-toi ! hurlé-je. On a toujours le choix !
Je ne veux plus me battre, il m'a dégoûtée pour un moment.
Je repars vers l'Antre, laissant la rage et la tristesse planer dans mon sillage.
Mais une chose passe devant moi en coup de vent. Floue, et noire, elle se déplace extrêmement vite. Elle me frôle, et se jette sur Adriel, comme moi quelques instants plus tôt.
Adriel laisse échapper un cri étouffé, aussi surpris que moi, et se retrouve une nouvelle fois sur le sol sec du tunnel.
Il se retrouve vite sur le ventre, un homme posé de tout son poids sur sa taille, les poignets d'Adriel maintenus près des omoplates de celui-ci.
- Je t'ai entendue crier, dit Hakan, levant des yeux inquiets vers moi.
- On a un envahisseur, débité-je.
Hakan relève les poignets d'Adriel, ce dernier lâche un cri de douleur.
- Qui est-ce, cette fois-ci ? demande Hakan.
- T'es un peu aveugle en ce moment, non ? s'incruste Adriel dans la conversation.
Hakan, les sourcils froncés par l'incompréhension, lâche un poignet de mon agresseur, et le relève à l'aide de l'autre.
- Adriel ?! s'exclame Hakan.
Il le lâche, en se passant une main sur le visage.
- T'es malade ou quoi ? Te jette plus sur moi comme ça ! répond Adriel avec familiarité.
Attends, pause. C'est quoi ce délire ?
- Vous vous connaissez ? les interrogé-je avec effroi.
Je regarde Hakan, les yeux ronds et lui demande d'une voix d'hystérique :
- Tu connais ce gars ?
Je me prends la tête entre les mains, et me mets à faire les cents pas dans le tunnel.
- Et toi, comment tu le connais ? demande Hakan.
Je m'arrête net, prête à le rabâcher, mais quand je constate sa perplexité apparente, je souffle, n'y croyant pas :
- C'est celui qui m'a embauchée... Je pensais qu'il était mon ami.
Je lance un regard lourd de reproche à Adriel.
Je lui en veux terriblement. Pourquoi m'a t-il fait ça ?
Celui-ci baisse la tête et il demande d'une petite voix :
- Et vous ? Comment vous vous êtes connus ?
Un échange de regard avec Hakan suffit à faire comprendre à ce dernier que je suis fatiguée de parler. Il répond donc à Adriel.
- Nous sommes dans la même classe.
Adriel, ayant retrouvé sa langue, réagit au quart de tour.
- C'est donc pour ça que tu la recueilles ? Parce qu'elle a été transformé par les Noths ?
- Non ! s'exclame Hakan, c'est nous qui avons déclenché sa transformation !
Quoi ?! J'ai mal entendu là, j'espère ?
- Tu es sérieux ? m'adressé-je à Hakan, c'est vous qui m'avez fait devenir comme ça ?
Hakan essaie de parler, mais je le coupe d'un signe de la main.
- Non. Tu m'expliqueras tout demain, comme tu me l'as promis, ajouté-je en lui lançant un regard appuyé.
Il hoche la tête, et s'adosse au mur du tunnel.
Bon, maintenant, passons aux choses sérieuses.
- En attendant, vous ne m'avez pas répondu, vous vous connaissez alors ?
Adriel explose de rire, et déclare, comme si c'était une évidence :
- Évidemment, nous sommes frères !
Je laisse échapper un cri de surprise.
Non, c'est une blague ?
Le regard sérieux d'Hakan me dissuade immédiatement de rire.
Ce n'est pas une blague.
Je soupire et déclare à voix haute, lasse :
- Quand est-ce que je vais passer une journée à peu près normale ?
- Pas aujourd'hui en tout cas, répond Adriel, hilare.
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Alors, le lien de parenté avec Hakan et Adriel ? Adriel qui réapparaît soudainement ? Dites-moi ce que vous en pensez !
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