Théo erre dans les rues, il est minuit passé, et il ne rentrera plus chez lui.

Il a seize ans.Théo n'est pas encore un homme et il a peur et il est gay. Sa mère l'a appris aujourd'hui. Après des mois de délibération, il s'est enfin décidé à lui en parler, à partager avec elle qui il est. Elle ne l'a a pas accepté. Elle l'a mis à la porte, et il s'est enfui.

Théo regrette. Ne jamais parler de soi, de ses défauts, ou tous vous rejettent. Il ne sait pas quoi faire. Où aller ? Il pourrait peut-être passer la nuit chez un ami. Mais il ne veut pas expliquer. Personne ne sait. Personne, sauf sa mère, et tout est de sa faute. Ou peut-être que c'est sa faute à lui, d'être né comme ça. Est-ce qu'il a fait ce choix, comme elle lui dit ?

Théo a peur. Il a entendu des histoires qui n'aident pas à le rassurer. Il ne sait pas où aller. Il a faim, froid, pas d'argent et rien sur lui. Que faire ? Un hôtel ? Dans l'urgence, il a oublié son téléphone. Il est perdu. Les rues de Paris sont vides, froides, dangereuses.

Théo est fatigué, lassé. Il aurait dû s'en douter. Il n'est pas normal, différent, malade. Est-ce que ça se soigne ? Si seulement. Il a entendu parler de camps où les tafioles comme lui étaient envoyées pour se faire soigner. Peut-être que ça marchait ? Il pourrait essayer de rentrer chez lui, demain, et d'en parler avec sa mère. Il est trop jeune, il a peur. Tout ce qu'il veut, c'est rentrer chez lui. Que tout s'arrête.

Il peut essayer, ça ne lui coûte rien. Il n'est plus à ça près. Mais il lui reste un autre problème — où dormir ? Comment faire ? C'est le mois de novembre, presque décembre, et il fait si froid qu'il ne sent plus ses pieds ni ses mains ni ses yeux ni son nez ni son cœur. Il doit trouver un endroit chaud de toute urgence, ou les choses se finiront mal pour lui.

(Mais peut-être qu'il l'a mérité)

Théo a seize ans, il est gay et il ne sait pas ce qu'il peut faire pour survivre jusqu'au lendemain.