5
Julien était dans la salle de musique, comme toujours. En train de jouer du violoncelle. Cet instrument, c'était son meilleur ami, son confident, celui qui partageait ses pensées, le seul qui le comprenait vraiment, et qui lui permettait de se comprendre. Il le voyait comme un être vivant à part entière, même s'il n'était qu'un morceau de bois sculpté.
Ce qu'il aimait par-dessus tout dans la musique, c'était non pas de suivre les partitions, mais d'en créer. Bien sûr, il n'était pas très doué, jamais il n'arriverait à la cheville des compositeurs qu'il admirait.Mais il aimait tellement, tellement faire jouer son inspiration, faire glisser son archet sur ses émotions que cela n'avait pas d'importance pour lui.
C'était dans ce genre de moment où il se laissait totalement emporter par la mélodie de sa vie qu'il se sentait le plus vivant. Les notes vibraient, résonnaient en lui comme autant de cœurs, et il ne pouvait pas s'en passer. Plus important, il ne voulait pas. Il en avait besoin pour survivre, pour cohabiter avec son esprit surchargé.
La musique était son seul refuge. Pour une fois, son esprit était clair et il voyait parfaitement ce qu'il fallait faire. Pas de surplus, pas de manque, tout était parfait, accordé. Il ne ressentait ça que lorsqu'il jouait de son violoncelle. En fait, il ressentait la musique, il était les notes et mélodies. Il vivait symphonie.
Doriane, elle, regardait Julien, comme toujours. Elle ne voyait que lui. Elle était debout, appuyée contre l'embrasure de la porte, et l'écoutait jouer. Et, nom d'une galaxie, elle aimait ça.
Elle vibrait avec les notes qui voltigeaient, son cœur dansait au rythme de la mélodie de celui de Julien. Les yeux fermés, la rousse était submergée. Submergée par la beauté des notes, engloutie par l'âme de Julien qui s'en déversait, dévastée par la symphonie de sa vie.
Souvent, c'était de la douleur qui coulait du violon. L'amertume d'être en vie, la haine envers les autres, le désespoir d'être ainsi. Julien ne s'aimait pas, mais Doriane si. Elle avait envie de jouer avec lui, de faire partie de ses notes.
Mais Julien ne savait même pas qu'elle existait. Julien ne vivait que pour la musique, il ne connaissait que ça. Il était dans sa bulle, son monde à lui.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top