2

Deux heures de colle le prochain samedi. C'était la punition de Doriane pour avoir défendu Julien devant le rapace qu'était la prof. Le motif ? Insolence. La prof n'avait tout simplement pas apprécié que quelqu'un l'empêche de s'acharner sur le pauvre jeune homme.

Lorsqu'elle s'était rassise, et que la prof fulminante retournait au tableau, elle avait coulé un regard dans la direction de l'innocent.

Il était assis sur sa chaise et se balançait doucement, d'avant en arrière, sans bruit, en un mouvement lent, rythmique, hypnotique. Il avait le souffle court et paraissait au bord des larmes. Le cœur de Doriane se brisa en le voyant ainsi.

Cependant, la leçon continuait, aussi dût-elle reporter son attention sur ce qui se déroulait au tableau afin de ne pas écoper de nouvelles heures de colle. Ses pensées restaient tout de même rivées sur Julien. Julien, le musicien perdu, l'âme esseulée. Celui qu'elle aimait, qu'elle voulait aider à avancer.

Seulement, comment faire, alors qu'il ne lui accordait pas même un regard ? Qu'il n'avait pas conscience de son existence ? Car c'était ça, le problème, lorsqu'on aime un autiste. C'est galère, pour que l'amour soit à double sens.

Soupirant, elle décida de se changer les idées. Seulement, elle était en cours. Problématique. Mais bon, Doriane était débrouillarde, alors elle trouva une solution. Une feuille, un crayon, des gribouillis. Elle était nulle, mais ça l'occupait.

Le soir, ses parents l'attendaient de pied ferme lorsqu'elle rentra chez elle. En les voyant attablés dans le silence, elle déglutit. Le lycée avait dû les appeler.

Ses parents lui passèrent un savon monumental. La tête basse mais les poings serrés, elle supporta tout. Lorsqu'elle essaya de se défendre en précisant qu'elle défendait Julien, la colère de ses parents redoubla.

Il n'en valait pas la peine.

Ça servait à rien, il avait déjà tout oublié.

Ses parents parlaient de lui comme s'il était un animal, comme s'il ne pouvait pas comprendre comme le reste de la population. Mais c'était faux. Julien était un homme comme n'importe qui. Il comprenait un peu différemment, mais il était normal.

Et puis, qu'est-ce qu'était la norme ? Si c'était mépriser les autistes, les homosexuels, les noirs, ceux qui ne se fondent pas dans le moule, alors Doriane ne voulait pas. Elle préférait être différente.

Et ça, elle le hurla. Sa voix résonnait encore dans la maison vide lorsqu'elle claqua la porte de sa chambre. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top