Shana sourit.

Elle sourit tout le temps. Elle sourit quand le soleil brille et quand la pluie dégouline, elle sourit quand le vent de la vie menace de l'emporter, elle sourit pour faire sourire les autres et pour ravir son cœur.

C'est parce qu'elle est heureuse, à ce qu'on dit. Elle a de la chance, Shana, elle le sait. Sa famille est incroyable. Ils restent à ses côtés, toujours là dès qu'elle a besoin d'eux – et c'est souvent le cas. Il y a aussi Clarence, sa meilleure amie, qui est tellement plus que juste une amie.

Pourtant, aussi chanceuse qu'elle soit, Shana est triste, parfois. Elle a envie de pleurer jusqu'à en être déshydratée. Elle ne le fait pas.

C'est normal, d'être triste, Shana. Tu as le droit.

On lui dit ça, à Shana. Mais ça ne lui suffit pas. Ça ne lui suffit plus. Elle ne peut pas se permettre ça, tout comme elle ne peut plus se contenter d'excuses, de prétendues vérités qu'on lui rapporte.

Elle aimerait courir dans l'herbe verte. Elle aimerait nager dans la mer si bleue. Elle aimerait rire sous le soleil d'or. Elle aimerait vivre, enfin, sentir la caresse du vent dans ses cheveux et voir leur couleur se mélanger avec celle du ciel. Elle aimerait se sentir exister.

Mais plus que tout, elle aimerait, enfin, savoir à quoi elle ressemble.

Tout ça, aussi fort qu'elle le veuille, Shana ne le peut pas.